Croix et calvaires de Kalhausen
Les croix rurales de Kalhausen
Ce dossier a pour ambition de mieux faire connaître ces humbles
monuments qui font partie de notre vie quotidienne et qui marquent le
paysage. Signes de la foi profonde de nos ancêtres, ces croix sont des
éléments vivants et parlants de notre histoire locale. C’est dans cet
esprit qu’il faut protéger et préserver ce précieux patrimoine.
Sommaire
1. Généralités
- Les types de croix
- Les fondateurs
- Les sculpteurs et tailleurs de pierres
- L’évolution des croix
- Les matériaux et éléments des croix
- L’iconographie et le décor des croix
- La datation des croix
- Leur implantation
- Leur rôle
- Leur bénédiction
- L’état de conservation des croix
2. Recensement et description des croix situées sur le ban de Kalhausen
- La croix du 18° siècle
- Les croix du 19° siècle
- Les croix du 20° siècle
- Les croix disparues
Conclusion
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Dans nos contrées chrétiennes,
l’habitude de planter des croix, non seulement dans les cimetières,
mais aussi au bord des chemins et le long des rues
est très ancienne.
Les premières croix, sans doute de
simples croix de bois, comme on en trouve encore parfois dans certains
villages de montagne, n’ont pas résisté aux intempéries. Après les
dévastations dues à la Guerre de Trente Ans (1618-1648), la situation
matérielle s’améliore et permet à de nombreuses familles rurales de
faire ériger une croix, surtout aux 18° et 19° siècles. Dans la région,
le grès rose issu des carrières toutes proches de l’Alsace Bossue est
alors utilisé comme matériau de construction des croix.
Le 20° siècle avec ses deux conflits majeurs a également vu l’érection de croix en rapport avec les guerres mondiales.
1. Généralités
Les types de croix
On peut cataloguer les croix en plusieurs catégories.
• Les croix de dévotion, érigées en l’honneur de Dieu, "zur Ehre Gottes" ou pour la gloire de Dieu, "zum Lob Gottes", sont la manifestation publique
de la foi et de la piété du donateur. Dressées tout simplement pour
rendre hommage à Dieu, elles s’élèvent comme une prière qui monte vers
le Ciel. Ce sont les plus nombreuses.
• Les croix
votives ont été érigées suite à l’accomplissement d’un vœu fait par le
donateur (guérison, maternité, protection pendant une guerre, retour au
pays d’un fils soldat…)
• Les croix
commémoratives rappellent un évènement souvent tragique survenu à
l’endroit de leur érection ou ailleurs (accident mortel, meurtre,
disparition à la guerre, épizootie…)
• Les croix de
mission ont été élevées par la communauté après une mission paroissiale
d’approfondissement de la foi prêchée au village. Bâties grâce à des
dons ou une souscription publique, elles sont en général des
monuments plus importants que les autres croix privées. Elles se
dressent sur le domaine public, soit contre un mur de l’église, soit au
centre du cimetière.
• Les croix de
cimetière sont érigées au centre du cimetière, au bout de l’allée
centrale, face à la porte d’entrée, de sorte qu’elles interpellent
chaque visiteur. Ce sont des croix monumentales, imposantes, élancées
et ouvragées, visibles de loin, auxquelles des indulgences sont souvent
accordées. Elles ont pour rôle de bien marquer le caractère sacré du
lieu. Les prêtres de la paroisse sont souvent inhumés à leur pied.
Les fondateurs
Sur la plupart des monuments figure entre autres le nom des fondateurs, mari et femme en général.
Aussi laconique que cette
inscription puisse paraître, ces hommes et ces femmes dont les noms
sont gravés dans la pierre, reprennent vie et on imagine aisément leur
existence de labeur et de piété, leur état d’esprit au moment de la
construction de la croix, eux qui ont certainement dû consentir un
grand sacrifice financier pour accomplir une promesse, mettre à
l’honneur une personne chère ou tout simplement manifester leur foi et
leur espérance.
Seules les familles les plus aisées
pouvaient se permettre une telle dépense mais à travers elles, toutes
les personnes du village avaient la possibilité de profiter de leur
prodigalité en priant devant les croix.
En faisant ériger une croix, le fondateur faisait ainsi œuvre utile, non seulement pour lui, mais pour toute la communauté.
Les registres paroissiaux ne nous
donnent aucun renseignement sur les gestes de foi et de piété des
fondateurs ou sur leurs motivations. Parfois la mémoire collective ou
la tradition orale apportent quelques éclaircissements qu’il faudrait
pouvoir vérifier.
Les sculpteurs et tailleurs de pierres
Modestes artisans, les tailleurs de
pierres et sculpteurs n’ont en général pas laissé de signature sur les
monuments qui sortaient de leur atelier et sont restés anonymes. Les
croix du 18° et du 19° siècle ne sont pas signées, excepté l’ancien
grand calvaire du cimetière (Laroche et Houth de Urbach, d’après Henri
Hiegel). Quelques monuments plus récents du 20° siècle sont signés
Karmann de Woelfling, Moser de Meisenthal, ou encore Kirsch de Rohrbach.
Ce sont ces mêmes artisans qui
taillaient également les pierres destinées aux encadrements des
ouvertures des maisons, aux chaînages d’angles, aux marches d’escalier.
De leur atelier sortaient aussi les pierres tombales de nos cimetières.
Ces tailleurs de pierres avaient
leur atelier le plus souvent sur le lieu d’extraction de la pierre ou
tout au moins à proximité.
La règle générale voulait qu’un
contrat oral fût établi, après avoir choisi un modèle dans un carnet de
croquis et après avoir convenu du prix.
L’étude des croix et les
comparaisons possibles permettent de reconnaître un certain air de
famille entre différents monuments de la même époque, ce qui permet de
déduire qu’ils sont issus du même atelier. Il n’est pas étonnant alors
qu’à cause de nombreux caractères communs, ces monuments paraissent
stéréotypés dans leur composition et leur iconographie.
De nombreuses ressemblances existent entre ces 2 monuments,
le premier se trouvant à Kalhausen et le second à Etting.
Un de ces ateliers de production
est attesté à Rahling aux 18° et 19° siècles. En effet, la dynastie des
Burgund, maçons, tailleurs de pierres, sculpteurs prend naissance avec
Pierre Burgund (1712-1782) et se poursuit avec ses fils Pierre
(1750-1813) et Jean (1758-1810).
Leurs descendants et la famille affiliée Aloyse Lang (Aloyse 1808-1873
est le conjoint de Suzanne Burgund 1786-1863) continueront de pratiquer
cette activité.
L’activité cesse après l’émigration de Bernard Burgund (1821-) pour l’Amérique et le décès d’Aloyse Lang.
La carrière d’extraction des
Burgund se situait à la sortie du village, un peu avant l’écart de la
Saumühle, à droite de la départementale menant à Montbronn.
(communication de Claude Freyermuth)
L’évolution des croix
Les croix du 17° siècle, du style "Bildstock",
sont très rares au pays de Bitche. Leur forme évolue au cours des deux
siècles suivants : le fût prend de la hauteur et s’élance vers le ciel,
il est couronné par un croisillon en forme de croix latine, orné sur la
face avant du Christ crucifié. La niche disparaît.
A partir de 1750, la partie
inférieure du fût s’élargit, tout en continuant à gagner en hauteur,
pour faire de la place à des reproductions de saints.
L’iconographie s’enrichit et le socle de la croix prend parfois la
forme d’un petit autel avec tablette saillante. Le fût s’affine
progressivement en hauteur, se rétrécissant de plus en plus.
Au milieu du 19° siècle, le fût se galbe en plan tout d’abord, puis en élévation, donnant à la croix une forme violonnée.
Dans tous les cas, contrairement au
Bildstock, le monument est toujours couronné par un croisillon qui lui
donne tout son sens.
Le décor, inexistant au 17° siècle,
est limité à une coquille et à des fleurs au siècle suivant. Il devient
beaucoup plus riche au 19° siècle
(têtes d’angelots ailés, delta mystique, colombe, guirlandes, fleurs
stylisées) pour de nouveau disparaître sur les croix modernes du 20°
siècle.
Du Bildstock (17° siècle) vers la croix violonnée (19° siècle)
Inventaire des monuments du pays de Bitche. (Didier Hemmert)
Les matériaux et éléments des croix
Les croix antérieures au 18° siècle
sont des monuments monolithes, c’est-à-dire que le fût est sculpté dans
un seul bloc de grès.
Les croix des 18° et 19° siècles
sont des édifices construits au moyen d’éléments superposés et fixés
entre eux par des agrafes métalliques placées à l’arrière ou sur le
côté. Quelques-unes ont été peintes au cours des siècles, simplement en
blanc, avec une touche multicolore pourtant pour les statues en relief.
Cette peinture, mise dans un souci esthétique, a certainement contribué
à protéger les croix des intempéries, mais a eu l’inconvénient de ne
pas laisser respirer la pierre. L’humidité n’a par endroits pas pu être
évacuée par évaporation et a provoqué parfois l’effritement du grès
sous l’effet du gel.
Le matériau employé pendant les 18°
et 19° siècles et encore au début du 20° est le grès des Vosges,
présent dans les carrières toutes proches des Vosges du Nord.
Après 1945, le granite et le terrazzo (1) prennent le dessus, tout comme le béton.
Toutes les croix, qu’elles soient
monolithiques ou constituées d’éléments étagés, comportent, comme toute
construction, des parties bien distinctes et facilement reconnaissables.
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(1) Le
terrazzo est un matériau formé de petits morceaux de marbre noyés dans
du ciment. Il est utilisé pour la confection de sols et de marches
d’escalier.
Le soubassement, c’est la fondation
du monument, qui lui assure stabilité et verticalité. Il s’agit d’une
épaisse et large dalle de grès, posée à même le sol ou mi-enterrée,
portant en son centre un trou de scellement pour le socle ou le fût.
Pour les croix modernes, le soubassement est une dalle bétonnée.
Le socle, c'est la base du monument.
De forme parallélépipédique, il a souvent une section rectangulaire
proche du carré. Il peut aussi prendre la forme d’un tronc de pyramide.
Parfois, il est posé sur un emmarchement d’une ou plusieurs marches, ce qui rehausse le monument et lui donne plus d’allure.
Une table couronne quelquefois le socle, transformant le monument en un petit autel-reposoir.
Socle et table sont aussi pourvus d’un trou de scellement, destiné à recevoir le dé qui est la base du fût. On parle parfois de piédestal ou de socle-piédestal.
Le fût est la partie verticale du
monument comprise entre la base et la croix proprement dite qui le
domine. C’est lui qui donne la hauteur au monument. Cette partie est la
plus travaillée car elle porte le décor principal : les statues des
saints et les motifs ornementaux religieux.
D’élévation droite au 19° siècle, il se galbe ensuite en plan et en élévation, prenant une jolie forme violonnée. On parle parfois de fût-stèle.
La croix, improprement appelée
croisillon, couronne le monument et c’est l’élément principal de
l’ensemble, indispensable et présent sur tous les monuments de ce
genre, au point de lui donner son nom.
La partie verticale est le montant de la croix ou hampe, alors que la partie horizontale est la traverse ou croisillon.
La section du montant et des bras
est quadrangulaire (rectangulaire ou carrée) et peut devenir circulaire
au début du 20° siècle dans le style néoromantique.
La forme de la croix est celle
d’une croix latine (le montant est plus long que les bras), avec une
grande variété dans les dimensions et les proportions.
Du fait que la silhouette de la
croix s’affine en élévation et que la section des divers éléments
diminue, les passages entre les étages superposés sont toujours très
soignés et marqués par des ressauts, des moulures ou des corniches.
Toutes les croix recensées sont
complètes, à l’exception de 3 qui ont subi des dégâts suite à des
tempêtes ou des accidents. C’est principalement le croisillon sommital
qui a disparu ou gît à terre.
L’iconographie et le décor des croix
Le Christ en croix est l’élément le
plus présent sur les monuments étudiés, exception faite des monuments à
piéta qui présentent un croisillon nu, puisque la Vierge de Pitié y
tient son Fils sur les genoux.
Sculpté le plus souvent en
haut-relief, le Crucifié est toujours un Christ de souffrance, aux
côtes saillantes et au visage triste. Il porte toujours un perizonum
(2) autour de sa taille et parfois une couronne d’épines sur la tête.
Le titulus (3) est également toujours présent, en forme de panneau ou de bannière, ainsi que le suppedaneum (4).
Parmi les éléments religieux
décoratifs, figurent le delta mystique rayonnant dans lequel s’inscrit
un œil, la colombe du Saint Esprit et les figures d’angelots ailés.
L’œil inscrit au centre du triangle
est l’œil de Dieu, qui voit tout et sait tout. Le triangle ou delta est
le symbole de la trinité.
L’urne présente sur une même série
de monuments n’est pas une urne funéraire, mais un récipient contenant
des parfums ou des huiles destinés à embaumer le corps du Christ.
Le crâne humain présent sur 2 édifices, fait référence au Golgotha, "le mont du crâne" en hébreu, lieu de la crucifixion.
Le reste du décor ornemental se limite à des entrelacs et des motifs floraux destinés à embellir la croix.
Les fleurs sont le plus souvent
stylisées et prennent la forme de rosaces, de rosettes. Les palmes
présentes sur une croix étudiée sont les attributs des martyrs et les
feuilles de vigne identifiables sur une autre croix évoquent le Christ
("Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron". Jean XV
verset 1)
La mode évolue au cours du 19°
siècle et on arrive au siècle suivant à beaucoup plus de sobriété,
voire à une absence totale de décor. Ce sera la mode néoromantique de
l’imitation de la nature, avec représentation de rocailles et de troncs
d’arbres écotés. La rocaille représente aussi le Golgotha, sur lequel s’élève la croix.
Puis la seconde moitié du 20° siècle verra l’apparition du granite et du béton, sans aucun décor.
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(2). Le perizonum est le morceau d’étoffe qui cache la nudité du crucifié.
(3). Le titulus est le petit
cartouche représentant la pancarte fixée au sommet du montant et
portant les lettres INRI (Iesus Nazarenus Rex Iudeorum, Jésus de
Nazareth Roi des Juifs). Il est absent dans le cas d’une croix sans
crucifié.
(4). Le suppedaneum est la petite
pièce sur laquelle reposent les pieds du Christ et permettant au
crucifié de mieux respirer, ce qui prolonge son agonie.
Les inscriptions
La majorité des croix sont le
support d’inscriptions rappelant les noms des fondateurs, l’année de
construction et le motif de l’érection du monument.
Aux 18° et 19° siècles, de même
qu’au début du 20°, jusqu’en 1918, l’inscription est toujours en langue
allemande. Elle figure soit directement sur le
fût ou sur le socle, sur
un cartouche ou un panneau.
Les monuments postérieurs utilisent ensuite la langue française et l’inscription figure sur une plaque de marbre rapportée.
Les lettres latines majuscules sont
le plus souvent employées, parfois les minuscules gothiques pour la
langue allemande. Il n’a pas été relevé beaucoup de fautes
d’orthographe ou de grammaire.
Sur une croix, le jambage du N est
inversé ainsi que le S, et le V est utilisé pour le U, ce qui est
attesté sur une croix disparue.
Quelques rares croix récentes présentent cependant des fautes de syntaxe ou de vocabulaire.
La datation des croix
Aucun monument antérieur au 18°
siècle n’existe plus au village pour deux raisons : la première est que
le bois utilisé auparavant n’est pas un matériau durable et que le
grès, qui a suivi, est facilement érodé par les intempéries. La seconde
est que beaucoup de croix ont été les victimes des évènements de la
Révolution : le décret du 17 brumaire An II ordonnait en effet de faire
disparaître des places et des chemins tous les emblèmes religieux.
Si
les croix n’ont pas toutes été fracassées à la masse, beaucoup ont tout
simplement été renversées pendant ces évènements et laissées à terre
par la suite.
La mémoire collective raconte que
la seule croix du 18° siècle présente au village a dû son salut au fait
qu’elle était cachée aux yeux des fanatiques, étrangers au village, par
des buissons.
La plupart des croix du village
datent du 19° siècle, période faste qui correspond non seulement à un
essor démographique et architectural, mais aussi à un regain de la
vitalité de l’Eglise. Leur nombre se monte à 13.
Mais le 20° siècle n’est pas en
reste et d’autres croix sont encore érigées, témoins de la foi et de la
piété des habitants. Le dernier monument recensé date de 1966.
Actuellement, l’érection d’une croix semble une mode dépassée.
L’implantation des croix
Les croix de village se dressent le
plus souvent devant la maison du fondateur, parfois adossées à un mur
de jardin ou encore à côté de la maison.
Elles peuvent être implantées
sur domaine privé ou sur domaine public (sur l’usoir).
Cinq croix, toutes du 19° siècle,
se trouvent au centre de l’agglomération villageoise, dans un rayon de
100 m autour de l’église. Ainsi disposées, elles faisaient partie
intégrante de la vie quotidienne des villageois dont toutes les
activités se déroulaient devant elles.
Six croix, également du 19° siècle,
sont des croix de carrefour, bâties à la croisée de deux rues ou de
deux chemins. Cet emplacement n’est pas anodin, car une telle croix de
carrefour a beaucoup plus de chance qu’une autre d’être visitée par les
passants. Selon que l’on aille, au carrefour, à droite ou à gauche,
l’on passe forcément devant le monument, ce qui n’est pas le cas d’une
croix placée le long d’une rue, qui ne sera vue que par ceux qui
empruntent la voie.
Il est curieux de noter que les
croix du 19° siècle, qu’elles soient érigées dans l’agglomération
villageoise ou dans les champs, sont toutes orientées vers l’église.
4 croix ne sont plus à leur emplacement d’origine et ont été déplacées suite à des travaux.
Les croix des champs sont
implantées sur une partie de parcelle privée située à l’origine en
dehors des limites du village et englobée désormais dans
l’agglomération villageoise pour certaines. Elles sont en général
entourées d’une grille qui délimite parfaitement l’espace sacré sur
lequel elles s’érigent et qui les protège en même temps.
Le rôle des croix
Si la foi et la piété sont à
l’origine de l’élévation de la plupart des croix, le rôle premier d’un
tel monument est de rendre hommage à Dieu, à la Vierge et aux Saints,
mais aussi de montrer publiquement la foi du fondateur.
L’érection d’une croix avait valeur
de prière et c’était un moyen pour le fondateur et sa famille de
pratiquer sa foi, de montrer publiquement sa dévotion.
Par la croix, l’on cherchait aussi
protection contre la maladie, les accidents et toutes sortes de
malheurs. C’est la raison pour laquelle parfois les saints patrons des
fondateurs ainsi que des saints "utiles" sont représentés sur le fût
des monuments, entre autres, les Saints Auxiliaires, "dìe vìerzéhn
Noothèlfer". (5)
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(5). Les saints implorés localement
sont entre autres Florian, patron de l’église (contre l’incendie),
Barbe (contre la foudre, la tempête et pour une bonne mort), Wendelin
(contre les maladies du bétail) et Agathe, seconde patronne de l’église
(contre les maux de seins et l’incendie).
Les croix sont bâties pour être
vues, pour être visitées tout au long de la journée et de l’année. La
vie de nos ancêtres se déroulait au grand jour, dans le village et dans
les champs. Les passages devant les croix étaient journaliers et
fréquents dans la journée.
Les passants se signaient et
pouvaient marquer un temps d’arrêt pour une brève prière, les hommes se
découvraient en passant devant la croix.
Les croix, même si en fin de
compte, par habitude, elles ne rappelaient plus beaucoup le sacrifice
du Christ, même si les haltes devenaient machinales et les signes de
croix automatiques, n’étaient jamais des monuments anodins à cause de
la valeur qu’on y attachait. Les croix avaient été bénies par le curé
et leur emplacement était devenu une terre sacrée.
Les croix d’indulgence devant
lesquelles le passant pouvait trouver un profit personnel quantifié et
reconnu par l’Eglise, pour le salut de son âme, avaient aussi une
grande importance. Une seule de ces croix a été répertoriée. (6)
Par l’érection d’une croix, le
fondateur, tout en accomplissant son devoir de chrétien, faisait aussi
œuvre d’utilité publique car tout un chacun pouvait, grâce à lui, y
effectuer ses dévotions, par là s’attirer les bonnes grâces célestes et
œuvrer pour le salut de son âme.
Et c’est tout un village qui
vaquait à ses occupations quotidiennes tant à l’intérieur de l’enceinte
villageoise qu’à l’extérieur, sous le regard des nombreuses croix
jalonnant le ban : labeur et piété faisaient bon ménage chez nos
ancêtres.
L’érection d’une croix de la part
d’un particulier n’allait pas non plus sans arrière-pensée. L’autorité
religieuse encourageait à l’époque les dons pour l’Eglise et pour
l’âme. Eriger une croix, instituer une fondation pieuse, en un mot,
faire une bonne action en faveur de la religion permettait au
chrétien
de "s’acheter" une place au Paradis, pour après la mort.
Certaines croix judicieusement
implantées sur le ban de la commune (c’était peut-être uniquement le
fait du hasard ou une recommandation du curé), servaient de destination
et de halte pour les processions de la Saint Marc (7) et des Rogations
(8). C’était l’occasion pour toute la communauté paroissiale de prier
pour avoir de bonnes récoltes et pour le prêtre de bénir les champs. (9)
______________________
(6). Des indulgences sont souvent attachées aux croix de mission ou de cimetière.
(7). Saint Marc est fêté le 25 mars.
(8). Elles avaient lieu les lundi, mardi et mercredi avant l’Ascension.
(9). La famine due à de mauvaises récoltes était la hantise de nos aïeux.
La bénédiction des croix
La bénédiction d’une croix était
toujours une fête non seulement pour le fondateur ainsi mis en valeur,
mais aussi pour toute la communauté. Elle avait lieu en général
un dimanche, jour chômé, à l’issue des vêpres, après que le curé ait eu
l’autorisation épiscopale de la bénir. (10)
On se rendait, curé et enfants de
chœur en tête, en procession à la croix et le prêtre bénissait
solennellement le monument au milieu des chants et des prières de
l’assemblée.
La bénédiction d’une croix de mission était plus festive
que celle d’une croix privée car une telle fête devait profondément
marquer les esprits pour que les effets de la mission durent dans le
temps.
Les croix devenaient ainsi, de même
que la parcelle de terrain les supportant, des choses sacrées et nul
n’aurait l’idée de les profaner sans commettre un grave sacrilège.
Cette bénédiction qui allait de soi
n’est que rarement relatée dans les archives paroissiales : seules,
trois bénédictions de croix sont relatées par le curé dans le registre
des délibérations du conseil de fabrique. (l’une par l’abbé Brunagel en
1870 et deux autres, en 1915 et 1925 par l’abbé Albert)
L’état de conservation des croix
Toutes les croix anciennes ont
souffert des intempéries car elles ne sont en général pas abritées et
le grès, largement utilisé aux 18° et 19° siècles, est une roche
fragile qui s’effrite facilement. Ce sont les inscriptions et les
personnages représentés qui ont le plus subi l’érosion, de même que le
croisillon sommital, souvent tombé à terre.
Pour garantir la verticalité du monument ou au moins empêcher son
écroulement, un support en fer rond a quelquefois été installé au dos
du monument.
Certaines croix qui gênaient un
riverain ont tout simplement été détruites sans laisser de traces.
D’autres, qui se sont écroulées accidentellement ou
par suite de leur
détérioration due aux intempéries, n’ont plus été relevées : elles ont
fini sur une décharge ou ont servi de remblai.
Quelques-unes ont été peintes, peut-être maladroitement, mais dans un souci d’embellissement et de protection.
Aucune n’a semble-t-il été la cible d’un vandalisme bête et méchant.
Nos croix des rues et des champs,
bien qu’elles ne soient pas toutes entretenues, sont dans un état de
conservation plus ou moins acceptable. Les plus détériorées
mériteraient certainement une cure de rajeunissement, une restauration.
Et celles qui sont tombées à terre ou démembrées mériteraient une
reconstruction.
Rappelons l’action de l’ancienne
municipalité qui a réussi, en les déplaçant, à sauver la croix à
l’entrée de la rue des lilas, le calvaire du cimetière et la croix de
mission accolée à l’église (11). Mais le déplacement de ces monuments
aurait dû aller de pair avec leur restauration.
Certaines croix, surtout celles
situées à l’extérieur du village, ne sont plus entretenues et laissées
à l’abandon de telle sorte que la végétation a vite fait de les envahir
: ronces, lierre, herbes folles et arbustes. Notre association a mené
en août 2015 une action de débroussaillage sur ces monuments et les a
dégagés de toute la végétation qui les envahissait.
Tristes vues de deux croix des champs victimes des intempéries et envahies par la végétation.
Celle de gauche a été réparée depuis la prise de la photo.
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(10). Vers 15 heures.
(11). La croix à
l’entrée de la rue des lilas a été déplacée à droite du dépôt
mortuaire, le calvaire du cimetière a été remonté à l’extérieur du
village, près du verger collectif et la croix de mission qui servait de
monument aux morts de la première guerre mondiale a été déplacée contre
la façade du dépôt funéraire de la rue des lilas. Mais aucune
restauration de ces monuments n’a été malheureusement effectuée et la
croix de la rue des lilas est incomplète.
2. Recensement des croix situées sur le ban de Kalhausen
Le nombre de monuments recensés
s’élève à 25, nombre qui est assez important pour un village comme
Kalhausen. Il est à noter qu’à Herbitzheim, village beaucoup plus
important par le nombre de ses habitants, seulement une dizaine de
croix ont été répertoriées. (12)
La plupart de ces croix sont des
croix de dévotion, au nombre de 15. Les croix commémoratives sont au
nombre de 4 et les croix votives au nombre de 5. Un seul monument n’est
pas une croix, mais un monument marial.
L’écart de Hutting ne compte plus
qu’une seule croix, alors que Weidesheim n’en compte aucune pour
plusieurs raisons : les d’Hausen n’ont jamais résidé en continu dans
leur château, les autres habitants du lieu étaient locataires et ne s’y
fixaient pas, enfin les métayers des fermes et leurs familles étaient
des mennonites et bannissaient tout signe religieux.
Nous avons essayé de classer les
croix, chronologiquement, par période de construction, en nous basant
sur leur date d’érection, quand cela a été possible. Dans les autres
cas, la déduction et la comparaison nous ont permis de déterminer un
classement.
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(12). Cahiers du 2ième semestre 1999 et de juin 2001 édités par le Groupe d’Histoire Locale de Herbitzheim.
Il est à noter que la Confession
Réformée est présente à Herbitzheim et que les Protestants n’érigent
pas de croix. Ce qui explique peut-être le nombre peu important des
croix présentes.
La croix du 18° siècle
1. La croix du Hohléck (croix de dévotion)
Un seul monument datant du 18°
siècle existe au village, il s’agit de la croix qui s’élève après la
maison n°26 de la rue des jardins, ìm Hohléck.
Cette croix trinitaire datée de
1741 se situe entre le Bildstock (croix trapue à niche renfermant une
statue) et les croix du 19° siècle plus élancées,
au fût plus large et
à l’iconographie plus riche.
Monument en grès, recouvert de peinture blanche fortement écaillée.
Hauteur totale 2,50 m dont 0,85 m pour le croisillon.
Soubassement formé d’une épaisse
plaque de grès apparente (0,90 m x 0,95 m x 0,35 m) qui assure
l’équilibre de l’édifice, malgré une légère inclinaison vers la droite.
Dé haut de 20 cm se terminant par
un ressaut mouluré et surmonté du fût d’élévation droite, élancé,
appelé "Stock", haut de 1,35 m, de forme parallélépipédique, à
section rectangulaire, aux arêtes vives, en deux parties scellées par
des agrafes latérales.
Largeur du fût 0,50 m.
Les 2/3 inférieurs du fût ont une section rétrécie sur 3 côtés et sont restés nus, en attente d’une inscription.
Couronnement du fût en corniche légèrement saillante, épaulement en légères courbe et contre-courbe.
Croisillon en forme de croix latine
droite avec le Christ en haut-relief, suspendu par les bras exagérément
lâches, revêtu d’un périzonum noué sur le côté et débordant largement.
Iconographie
Moulure en tore entre le dé et le fût.
Coquille entourée de 2 volutes jointives et surmontée de la colombe du Saint-Esprit.
Millésime éclaté de part et d’autre de la colombe.
Tête de mort comme suppedaneum, ce qui signifie que le Christ a vaincu la Mort.
Christ de douleur en haut-relief (tête penchée, côtes saillantes).
Dieu le Père en vieillard au sommet du montant.
Historique
Cette croix antérieure à la
Révolution Française aurait été sauvée de la destruction parce qu’elle
était cachée par des broussailles à la vue des Révolutionnaires.
Les croix du 19° siècle, au nombre de 13
La partie inférieure du fût
s’élargit maintenant, faisant de la place pour les statues des saints
protecteurs, puis se galbe en plan ou en élévation jusqu’à prendre une
forme violonnée.
L’iconographie s’enrichit d’angelots, de guirlandes et de fleurs.
La base du fût porte les inscriptions.
Ces croix, les plus nombreuses,
sont stéréotypées puisqu’elles sortent probablement du même atelier et
on retrouve sinon une forme générale identique, du moins la même
iconographie à peu de choses près. Pourtant une évolution se fait
remarquer dans la forme des monuments et leur iconographie.
Ces croix sont toutes tournées vers
le centre du village et donc vers l’église, elles ne sont pas forcément
parallèles à la rue, mais parfois perpendiculaires et présentent déjà
de loin leur face aux passants qui s’en approchent. De par leur
position, elles les interpellent de loin, lorsqu’ils quittent le centre
du village en direction des champs et nul ne peut les ignorer.
Quelques-unes sont des croix de carrefour.
2. La croix de la rue des jardins appelée "Jààkobs Kritz" (croix de dévotion)
Ce monument daté par déduction de
1805 et situé à l’intersection de la rue des jardins et de la rue des
roses a été récemment restauré. Il est situé parallèlement à la route
et orienté vers l’église.
Edifice élancé en grès rose, bien conservé, adossé au mur d’un jardin. Hauteur totale 2,56 m.
Socle en forme de table d’autel, en
tronc de pyramide de 0,65 m de haut et de 0,80 m de large, avec une
épaisse table saillante aux arêtes adoucies.
Fût galbé en plan, d’élévation droite, consolidé par des agrafes.
Epaulement concave souligné à la base par un réglet en arc surbaissé et au sommet par un autre réglet plus large.
Couronnement du fût par un croisillon en forme de croix latine droite.
Iconographie
En relief sur le fût, deux
registres de sculptures : les patrons des fondateurs (saint Pierre et
sainte Anne) et ceux de la paroisse (saint Florian et sainte Agathe).
Les 4 figurines sont posées sur des consoles, comme les statues dans
l’église.
Christ en bas-relief, avec titulus en forme d’oriflamme bifide.
L’inscription "PETER METZIER"
(pour METZGER) et "ANNA SELTZER", en lettres latines, figure sur la
base du fût alors que toute la place nécessaire était disponible sur le
socle.
Ce choix a obligé le sculpteur à
adapter les statues à la place disponible en réduisant la taille des 2
figurines supérieures et l’a empêché de respecter la symétrie dans
l’élévation.
Le sculpteur a gravé le patronyme
et le prénom du donateur sur une ligne, mais n’a pu le faire, par
manque de place, pour son épouse, dont les coordonnées s’étendent sur 2
lignes.
Historique
Pierre Metzger (1743-1814) et Anne
Seltzer (vers 1751-1814) ont fait ériger la croix peu après le décès de
Jacques Seltzer (1721-1800), le père de Pierre. Pierre Metzger est le
petit fils de Pierre Murer et de Catherine Seiler qui habitaient la
maison située derrière la croix et construite en 1721. (renseignements
et datation de la croix : Jean Meyer)
3. La croix de la rue de la libération devant la maison Muller (croix de dévotion)
Edifice de la même année que le
précédent (1805), ayant de nombreuses similitudes avec lui et sortant
par conséquent du même atelier.
Situé perpendiculairement à la rue de la libération, dirigé vers l’église et incorporé dans un mur de jardin.
Monument de grès, recouvert de
peinture ancienne et remanié : le socle d’origine et la tablette qui le
recouvrait sont figurés par du crépis légèrement saillant. Ces
remaniements sont consécutifs au déplacement de la croix suite à la
construction d’un garage et au recul du mur du jardin.
Hauteur totale 2,45 m dont 1,05 m pour le croisillon.
Fût d’élévation droite, galbé en plan, surmonté d’un croisillon en forme de croix latine droite.
Epaulement concave avec réglet en arc surbaissé.
Iconographie
En relief sur le fût, deux
registres de sculptures : les patrons des fondateurs (saint Pierre et
sainte Madeleine) et la Vierge. Les 3 figurines sont aussi posées sur
des consoles.
Têtes d’angelots ailés et colombe du Saint Esprit, tête de mort sous les pieds du crucifié. Christ en bas-relief.
Titulus en forme d’oriflamme bifide.
L’inscription "ZUM LOB GOTTES HATT DIESES KREUTZ AUFGERICHT JOHANN PETER DEMERLE UND MAGDALENA FREYERMUTH 1805" figure également à la base du fût.
Jean Pierre Demmerlé et Madeleine Freyermuth ont érigé cette croix pour la gloire de Dieu en 1805.
Le sculpteur a eu le même problème
que précédemment et a pu le résoudre plus facilement grâce à la place
centrale de la troisième statue. Mais l’asymétrie persiste dans
l’élévation. Quant à la grammaire, l’auxiliaire avoir est au singulier
au lieu d’être au pluriel.
Historique
Jean Pierre Demmerlé (1770-1820) et Anne Marie Madeleine Freyermuth (1767-1831) n’ont pas eu de descendants.
4. La croix du Guggelsbèrsch (croix de dévotion)
Croix dirigée vers l’église, située
au croisement de la rue de la montagne (Guggelsbèrsch) et de la rue des
mésanges (Schbàtzenéck) et insérée dans
un mur de jardin.
Monument malheureusement défiguré
dans sa partie supérieure et peint en gris. Ressemblances avec les
monuments précédents qui laissent présager le même atelier de sculpture
et la même période.
Hauteur totale 2,15 m dont 0,70 m pour le croisillon.
Epais soubassement non peint, de dimensions 0,70 m x 0,25 m et portant un dé de section rectangulaire. Fût d’élévation droite, galbé en plan.
Epaulement concave se terminant par un réglet et devant à l’origine porter directement le croisillon actuel.
Iconographie
Sur le fût, sculptures en relief de saint Jean et de la Vierge.Têtes d’angelots ailés. Christ en bas-relief.
Titulus en forme d’oriflamme bifide, suppedaneum absent.
Pas d’inscription sur le soubassement.
5. La croix devant la maison Hehn (croix de dévotion)
Edifice ressemblant aux précédents, issu du même atelier et semblant être à peu près de la même période.
Monument remanié (absence de socle), sans doute déplacé et planté directement dans le sol.
Hauteur de l’ensemble actuel 2,50 m dont 1,10 m pour le croisillon. Fût d’élévation droite, galbé en plan, épaulement à ressauts et cavet.
Dé de section rectangulaire et
portant le croisillon d’élévation droite, en forme de croix latine,
avec Christ et titulus en métal, tous deux rapportés et malheureusement
mal proportionnés.
Iconographie
En relief sur le fût, deux
registres de sculptures placées différemment : au niveau inférieur,
saint Wendelin (invoqué pour protéger les animaux domestiques) et au
supérieur saint Jean et sainte Madeleine, peut-être les patrons des
fondateurs.
L’inscription est certainement
présente sur la base du fût malheureusement enterrée. De ce fait les
noms des fondateurs nous sont inconnus.
Monument restauré et bien entretenu.
Historique
Selon Pierre List, Muur Hònse Pééder, la croix rappellerait le décès accidentel d’un habitant de Kalhausen, issu de la maison Krìschdoffels et qui aurait été traîné par son cheval.
6. La croix de la maison Pefferkorn (ònn de Rùtsch) croix de dévotion
Monument situé dans un jardin, à l’intersection de la rue des vergers et de la rue des jardins, regardant vers le village.
Edifice en grès gris, restauré en
1861. Il se différencie des autres monuments précédemment décrits par
le fait que les sculptures sont beaucoup plus importantes et moins
fines, ce qui laisse supposer un atelier de sculpture différent ou une
période de production antérieure.
Hauteur totale 2,60 m dont 1,05 m pour le croisillon. Absence de socle. Fût d’élévation droite, galbé en plan. Epaulement souligné par 2 bandeaux.
Croisillon en forme de croix latine droite, de section carrée.
La croix n’est plus verticale et son élévation n’est plus rectiligne, mais convexe. Elle s’appuie sur un support arrière en fer.
Iconographie
En relief sur le fût, saint Jean et
la Vierge, tous deux de taille plus grande que sur les monuments
précédents, également debout sur des consoles et
qui occupent tout
l’espace disponible.
Christ en bas-relief et large titulus rectangulaire en forme de panneau.
L’inscription "Dieses Kreuz
war verfallen und ist wieder aufgerichtet worden durch Jean Dellinger
und Agathe Gonthier", gravée en lettres gothiques, et la date se
trouvent à la base du fût, sur un panneau à champ plat aux angles
rabattus et entouré d’un filet.
Cette croix était détruite et a été relevée par Jean Dellinger et Agathe Gonthier.
Effectivement, le fût monolithique
à l’origine est fendu en deux dans le sens de la largeur au niveau du
cou des statues et a été réparé au moyen d’agrafes latérales et d’une
agrafe dorsale.
7. La croix près du dépôt funéraire (croix de dévotion)
Monument en grès des Vosges, daté
de 1832, érigé à l’origine devant la maison Gross de la place de
l’église, à l’entrée de la rue de l’école, de Schùùlgàss et déplacé
lors de la démolition de l’immeuble.
Hauteur de l’ensemble actuel incomplet 1,40 m.
Socle monolithique massif en forme
de tronc de pyramide surmonté d’une épaisse tablette débordant, aux
arêtes arrondies (0,80 m x 0, 60m x 0,40m) et fortement abîmée sur
l’avant.
Large dé de section rectangulaire, se rétrécissant par un cavet et portant le fût galbé en plan. Epaulement concave, souligné à la base par un réglet.
Dé carré proéminent à la base du croisillon avec inscription sur cartouche, encadré sur l’avant par deux filets.
Croisillon manquant.
Iconographie
Sur le fût, statues en bas-relief de saint Nicolas et de la Vierge.
Au sommet du fût, entrelacs et fleur centrale sur le réglet.
Sur la base du fût, inscription : "DIESES KREUTZ HAT JOHANES KREMER UND MARIA SCHREINER LASSEN ERICHTEN ZUR EHRE GOTTES".
Jean Kremer et Marie Schreiner ont fait ériger cette croix pour la gloire de Dieu.
A noter que le sculpteur a aussi
mis l’auxiliaire avoir au singulier (hat à la place de haben) et qu’il
a oublié un r à errichten.
Inscription sur le dé supérieur : "CONSUMMATUM EST" (Tout est consommé.).
Ce sont les dernières paroles du
Christ, avant de mourir sur la croix (Jean 19 verset 30). Cela signifie
que tout est accompli, achevé, c’est-à-dire les prophéties concernant
sa naissance, sa vie, son enseignement, son œuvre.
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La croix à son emplacement originel
Photo prise en 1960.
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Historique
Jean Kremer, bonnetier, laboureur
(1781-1840) et Marie Anne Schreiner (1778-1822) sont attestés dans
l’ascendance de la famille Kremer présente au village. Croix récupérée par la commune, déplacée et ayant besoin d’une restauration.
8. L’ancien calvaire du cimetière
Cette croix est en fait un imposant
calvaire représentant la 12° station du chemin de croix (Jésus meurt
sur la croix en présence de sa mère et de l’apôtre Jean, tous deux
debout au pied de la croix).
Ce calvaire, déplacé par la
commune, était bien plus haut autrefois à son emplacement originel, car
le socle est enterré actuellement pour garantir la stabilité du
monument.
De même le soubassement d’origine
n’a plus été utilisé. Le calvaire a souffert de nombreuses dégradations
et des réparations ont été réalisées
(recollage des personnages
latéraux, renforts en fer à l’arrière et tiges filetées au niveau du
croisillon).
Hauteur de l’ensemble actuel 2,95 m dont 1,85 m pour le croisillon.
Socle, de forme parallèlépipédique,
galbé en élévation, presque entièrement enterré, surmonté d’une épaisse
table saillante moulurée donnant au monument l’aspect d’un petit autel.
Dé imposant, de 0,65 m de large, orné d’un bandeau dans sa partie supérieure.
Haut épaulement concave aboutissant à une petite tablette saillante
Base du fût en forme de dé proéminent.
Haut croisillon en forme de croix
latine droite, de section rectangulaire, mais la traverse semble un peu
disproportionnée par rapport au Christ.
Peut-être les deux extrémités ont-elles été raccourcies ?
Sur ce cliché pris au cimetière, le socle est visible en totalité et dans son état originel.
Sa hauteur sous la table d’autel avoisine le mètre.
Une des deux statues entourant le fût est mutilée et placée à terre,devant l’édifice.
On aperçoit des sculptures en relief sur une des faces du socle.
Iconographie
Outre un cartouche, dont la partie
supérieure est visible sur le socle, mais dont les inscriptions ne
peuvent être déchiffrées à cause de la situation enterrée, le décor se
limite au delta mystique trinitaire, avec l’œil divin, rayonnant et
émergeant d’un nuage, sculpté sur la base du fût et au visage du Christ
tel qu’il figure sur le Saint Suaire, sculpté sur la base du montant du
croisillon.
La transcription du texte figurant
sur le socle a été trouvée aux Archives Départementales, recopiée par
l’historien Henri Hiegel. Il s'agit de 2 versets bibliques et d'un
texte funéraire sur le caractère éphémère de la vie. Hiegel a même noté
les sculpteurs du monument : Laroche et L. Houth de Urbach.
"Seelig sind die reinen Herzens sind
Denn sie werden Gott schauen" (Mathieu 5, 8)
"...Jesus Barmherzichkeit
Hier lieg ich begraben in kühler Erden
Das ich bin wirst du werden
Hier lieg ich und ward auf dich
Geh nicht vorbei, dann bet auch für mich
Nicht mein Wille sondern dein Wille geschehe" (Luc 22, 42)
Traduction
Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu.
…Jésus Miséricorde
C'est ici que je suis enterré, dans la fraîcheur de la terre.
Ce que je suis, tu le deviendras aussi.
Je repose ici et je t'attends.
Ne passe pas ton chemin, prie pour moi.
Que ta volonté soit faite et non la mienne.
Les personnages présents sont des plus classiques :
• le Christ,
sculpté en haut-relief, majestueux et longiligne, occupe tout l’espace
disponible sur le croisillon. Sa tête est ceinte de la couronne
d’épines, le perizonum, retenu par un cordon, dévoile toute la jambe
droite et dépasse largement du montant. La plaie faite par la lance est
nettement visible sur le côté.
• la Vierge,
placée à gauche, a les mains jointes à hauteur de poitrine; son visage
immensément triste regarde le sol, sa tête est entourée d’une guimpe
plissée réservée d’ordinaire aux personnes âgées, sa robe à encolure
ronde est ceinturée à la taille.
• l’apôtre Jean,
un des 4 évangélistes, porte un livre sous le bras gauche, il lève la
tête vers la croix et pleure. Sa main droite se lève dans un geste de
refus ou de plainte.
Comme toujours, les personnages latéraux sont de plus petite taille que le Christ, pour montrer la prédominance du Crucifié.
Titulus en forme de bannière drapée.
Historique
La date d’érection de cette croix
ne nous est pas connue, mais on peut présumer qu’elle a été érigée dès
l’aménagement du cimetière, soit tout de suite après 1847. En tout cas,
elle est présente en 1854, année où le curé Brunagel obtient de
l’évêché une indulgence de 40 jours se rattachant à elle.
L’indulgence est accordée "à
chaque fidèle de l’un et l’autre sexe qui récitera dans les
dispositions requises devant la croix cinq Pater et cinq Ave pour
l’affermissement de la foi et la prospérité de la religion dans la
paroisse de Kalhausen et dans notre diocèse".
(Indulgence accordée le 26 août 1854 par Monseigneur Dupont des Loges. Registre des délibérations du Conseil de Fabrique de Kalhausen)
La croix est déplacée dans les
années 1985 dans le cadre de travaux d'aménagement du cimetière et
reconstituée à l’extérieur du village, près de la ferme Hiegel, au
carrefour de 2 chemins ruraux.
Ce calvaire imposant mériterait une
restauration soignée car les réparations effectuées l’ont été très
grossièrement, et surtout un entretien régulier (émoussage). De même,
l’accès au monument n’est actuellement plus entretenu.
Photo prise dans les années 85
9. La croix Stéphanus appelée "Schtrùmpwééwersch Kritz" (croix de dévotion)
Monument en grès des Vosges, daté
de 1855, situé perpendiculairement au chemin de Hutting, au lieu-dit
"Wàldwies", dirigé vers le village, entouré à l’origine par un grillage
avec portillon, mais victime de la tempête de 1999 et en attente d’une
reconstruction.
Photo des années 1980.
Large dé de section rectangulaire surmonté du fût galbé en élévation à la base. Corniche largement saillante et épaulement concave portant un dé de section rectangulaire. Croisillon d’élévation verticale, de section rectangulaire, en forme de croix latine.
Iconographie
Sur le fût, 2 registres de sculptures :
-au niveau inférieur, les statues des patrons du fondateur : saint Jacques et sainte Catherine
- au niveau supérieur, la colombe du saint Esprit étendant ses ailes. Christ en haut-relief, titulus en forme de parchemin.
Inscription en lettres gothiques sur le socle : Dieses Kreuz ist errichtet worden von Jacob Hoffmann und Catharina Murer 1855
Cette croix a été érigée par Jacques Hoffmann et Catherine Murer.1855
Historique
Jacques Hoffmann, tisserand
(1777-1845) et Catherine Murer (1784-1863) font partie des familles
Hoffmann et Stéphanus dont les ascendants exerçaient le métier de
tisserands (noms de maisons "Schtrùmpwééwersch" et "Wééweràms"). Cette
croix a changé de propriétaire avec le remembrement et se trouve
actuellement sur un fonds appartenant à Adrien Simon.
Lien vers la page "réparation de la croix"
Voici la croix dans son état actuel. Il a fallu de nombreuses heures de travail pour la réparer.
10. La croix de la rue des fleurs, "Thìewels Kritz" (croix de dévotion)
Monument de la même époque que le précédent (1857), issu du même atelier et regardant vers l’église.
Situé perpendiculairement à la rue
des fleurs, devant la maison Klam (Thìewels), il est entouré d’une
grille joliment ouvragée avec portillon.
Hauteur totale 2,20 m dont 1,05 m pour le croisillon.
Socle peu élevé en forme de
pyramide tronquée aux arêtes concaves, surmonté d’une tablette talutée
lui donnant l’aspect d’un minuscule autel et surmonté d’un dé de
section rectangulaire.
Fût d’élévation droite surmonté d’une corniche moulurée, de 0.50 m de large. Epaulement de forme concave.
Dé élargi, en deux parties, à la
base du croisillon de section rectangulaire en forme de croix latine
droite. Agrafes de maintien sur le côté.
Iconographie
Sur le fût, en relief, la statue de
la Vierge en premier, puis celle du patron du fondateur, saint
Théobald (Thiébaut) posées sur une console commune.
Têtes d’angelots ailés sur l’épaulement concave. Christ en bas-relief et titulus en forme de panneau.
L’inscription : "Dieses Kreuz hat
lasen aufrichten Theobaldus Demmerle zur Ehre Gottes" figure en lettres
gothiques sur un panneau rectangulaire gravé en creux sur le socle.
Thiébaut Demmerlé a fait ériger cette croix en l’honneur de Dieu.
Il est à noter que le sculpteur a fait une faute d’orthographe en écrivant lasen et non lassen.
Historique
Théobald ou Thiébaut Demmerlé
(1828-1855) est décédé prématurément à l’âge de 27 ans. Ses parents
Pierre Demmerlé (1789-1879) et Marie Anne
Muller (1786-1852) ont pu
faire ériger la croix. Monument bien entretenu et fleuri par la famille Klam.
11. La croix du Làntzebrùnne (croix commémorative)
Monument en grès rose daté de 1868,
situé à côté du chemin du Làntzebrùnne, entouré d’une grille simple,
sans portillon et regardant vers le village.
Hauteur totale 2,25 m dont 1,05 m pour le croisillon.
Soubassement surmonté d’un dé
massif de section rectangulaire faisant office de socle-piédestal et
coiffé d’une tablette légèrement saillante, lui
donnant l’aspect d’un
autel.
Fût d’élévation droite, ayant à sa
base un dé de section rectangulaire, galbé en plan, ce qui donne une
forme violonnée, se terminant par un épaulement en forme de chapeau de
gendarme. Dé en deux étages, portant le croisillon en forme de croix latine droite.
Iconographie
Sur le fût, en relief, les statues
des patrons des fondateurs : saint Nicolas et sainte Agathe, surmontées
de têtes d’angelots ailés.
Guirlande avec rang d’oves et moulures sur l’épaulement. Fleur stylisée sur le dé supérieur. Christ en bas-relief et titulus en forme de banderole.
Petit panneau d’inscription
rectangulaire sur le dé à la base du fût, entouré d’une moulure en
forme de gorge. Inscription illisible.
L’inscription en lettres gothiques
"Dieses Kreuz ist errichtet worden durch Agatha Dier zur Ehre Gottes
und zum Andenken ihres verstorbenen Mannes Nicklaus Assant 1868"
figure sur le dé-socle de l’ensemble.
Cette croix a été érigée par Agathe Dier en l’honneur de Dieu et en souvenir de son époux défunt Nicolas Assant.1868
Historique
La croix a été érigée à cet endroit
en 1868 par Agathe Dier (1811-1879) en souvenir de son mari Nicolas
Assant, tonnelier (1813-1866) qui venait de décéder subitement en ce
lieu deux années plus tôt, le 15 décembre 1866. Il aurait travaillé
comme journalier à la ferme du "Langenwald" (commune
de Dehlingen) et
serait tombé de cheval, victime d’une attaque cérébrale, sur le chemin
du retour.
Le croisillon, tombé à terre
pendant l’hiver 2012-2013 a été réparé et consolidé par Lucien Lauer,
nouveau propriétaire du fonds.
12. La croix de mission (croix commémorative)
Grande croix érigée à l’origine
contre le mur de l’église, à droite de la porte d’entrée et ayant servi
de monument aux morts pour les victimes de la première guerre mondiale.
Hauteur totale 3,62 m dont 0,72 m pour le socle.
Déplacée par la municipalité contre le dépôt mortuaire de la rue des lilas.
Piédestal massif en grès, épaulement en courbes et contre-courbes, de dimensions 0,90 m x 0,70 m x 0,70 m.
Couronnement du socle par un haut
croisillon en bois (2,90 m) aux extrémités trilobées, qui n’est plus
emboîté dans le socle, mais fixé au mur du dépôt funéraire.
Iconographie
Grand Christ en bois. Titulus en
bois avec l’inscription INRI (Iesus Nazarenus Rex Iudeorum, Jésus de
Nazareth le Roi des Juifs).
L’inscription latine : O crux ave
spes unica (Salut ô croix, notre unique espoir) se trouve sur la face
avant du socle, sur un panneau à table rentrante
aux angles abattus.
Ces mots latins sont le 1er verset
de la 6° strophe de l’hymne Vexilla Regis, composée au VI° siècle par
Venance Fortunat, évêque de Poitiers.
Grandes palmes croisées sur la face
avant du socle. Les palmes sont les attributs des martyrs chrétiens et
font référence ici aux soldats morts pour leur patrie. Elles ont pu
être rajoutées après 1918, en remplacement de l’inscription originelle.
Les noms des victimes de la
Première Guerre Mondiale
sont gravés sur les 2 côtés du socle, sur
champ plat.
Ils sont devenus pour la plupart illisibles.
34 noms figurent sur les 2 faces latérales du socle (2 fois 17)
Ils ne sont pas rangés par ordre
alphabétique, mais par ordre chronologique de leur décès. Le choix des
noms par face semble aléatoire.
Un prénom est gravé phonétiquement, il s’agit de Gross Aloyse, écrit Alice (en francique Àliss).
Lors d’une cérémonie tenue le
dimanche 13 septembre 2015, la commune a inauguré l’apposition de
plaques de plexiglas sur les 2 faces du socle,
rendant ainsi lisibles
tous les noms des victimes de la Grande Guerre.
Une autre plaque retraçant l’historique de la croix a été apposée au mur du dépôt mortuaire.
Photomontage "Inauguration des plaques"
Historique
Cette grande croix de mission a été
bénie le 24 mars 1870 après une mission prêchée à Kalhausen. Elle a
sans doute été érigée par la paroisse au moyen de dons faits par les
fidèles et était destinée à rappeler à tous les paroissiens les temps
forts de la mission et les bonnes résolutions prises à son issue.
"L’an mil huit cent soixante dix,
le vingt-quatre mars, à deux heures de l’après-midi, a été érigée et
bénie la croix de mission par le Révérend Père Lallée, rédemptoriste,
en souvenir de la mission de douze jours qu’ont donnée les pères
Pierrard, Lallée et Muller de la maison de Téterchen".
Etaient présents à la cérémonie les
prêtres Brunagel, curé de la paroisse, Vilzmann, curé d’Etting, Bigam,
curé de Bining, Bettinger, curé de Wittring, Marschal, curé de Tesala
(diocèse d’Oran, Algérie), Grosse, curé de Schmittviller, Pefferkorn,
vicaire à Bitche et tous les habitants de la paroisse de Kalhausen. (Compte-rendu extrait du registre des délibérations du Conseil de Fabrique).
La croix à son emplacement d’origine.
Années 1960.
|
Et actuellement contre la façade
du dépot mortuaire
|
13. La croix du Schwitzerfèld, appelée "Ängels Kritz" (croix de dévotion)
Située au bout de la rue des roses, à l’extérieur du village et tournée vers le village.
Monument daté de 1882, entouré d’une simple grille, sans portillon, un peu abîmée par les machines agricoles.
Hauteur totale 2,55 m dont 1,40 m pour le croisillon.
Socle trapézoïdal (0,30 m de haut) avec table saillante de dimensions 0,75 m x 0,75 m x 0,10 m.
Fût d’élévation droite, galbé en
plan, de 1,15 m de haut, surmonté d’un dé séparé du fût par une moulure
en grain d’orge et à la partie supérieure arrondie.
Croisillon rapporté en fonte industrielle, richement ouvragé, de 1,40 m de haut.
Des traces de fixation d’agrafe au
sommet du fût (partie dorsale) laissent penser qu’à l’origine le fût
était couronné par un croisillon de grès.
Le socle semble un peu enterré et le croisillon d’origine devait être de moindre hauteur que l’actuel en fonte.
Iconographie
Panneau d’inscription sur le fût, entouré d’un fin réglet en forme de chapeau cardinalice. Delta mystique rayonnant symbolisant la Trinité.
Croix de fonte avec le Christ à
l’intersection des bras, et les symboles des 4 évangélistes (le lion,
l’aigle, le taureau et l’ange), décor d’épis de blé, de lierre et de
fleurs stylisées.
L’inscription en lettres latines
majuscules: "DIESES KREUZ HAT ZUR EHRE GOTTES LASSEN AUFRICHTE IM JAHR
1882 FLORIAN FREYERMUTH UND SEINE EHEFRAU ANGELIQUE LAUER" se trouve à
la base du fût, ce qui laisse un espace disponible pour un autre
ornement, hélas absent.
Florian Freyermuth et son épouse Angélique Lauer ont fait ériger cette croix en l’an 1882 en l’honneur de Dieu.
Il est à noter que le sculpteur a
inversé les S et le jambage des N. Il a aussi utilisé le singulier au
lieu du pluriel (hat et non haben) et écrit aufrichte à la place de
aufrichten, à cause d'un manque de place.
Mise à jour - La croix a été rénovée par l'association. La voilà dans son état actuel.
(juillet 2021)
Historique
Jean Pierre Florian Freyermuth,
journalier (1816-1889) et Angélique Lauer, domestique (1820-1893) sont
les arrière-grands-parents paternels d’Antoinette, Madeleine et Florian
Freyermuth. Angélique est à l’origine du nom de maison Ängels.
14. La croix de la Ritterschtròòss (croix votive)
Monument de grès, non daté, se
trouvant au croisement de la rue de Schmittviller (D83) et du chemin
communal appelé "Ritterschtròòss", dirigé vers le village.
Hauteur de l'ensemble actuel 1,20 m, largeur du fût 0,48 m.
Fût droit, galbé en plan, sans socle, arborant une piéta.
Epaulement concave, jadis surmonté d’un croisillon droit rapporté, en forme de croix latine.
Iconographie
Statues sculptées dans une sorte de
niche à fond plat, de façon assez naïve : le Christ est chétif par
rapport à la taille de la Vierge.
Cette dernière porte une ample robe
aux plis très marqués et un nimbe rayonné en pétales de fleurs, un peu
lourd, entoure sa tête. Traces de peinture
sur les pétales.
Histoire
Cette croix appelée également
"Jààkobs Kritz", comme celle du début de la rue des jardins, a été
érigée ou relevée après 1918 par la famille Florian Metzger, laboureur
(1849-1935) et Madeleine Demmerlé (1860-) pour remercier le Ciel
d’avoir permis à ses 4 fils de rentrer sains et saufs de la guerre :
Jean Pierre (1882-1965), Jean Nicolas (1888-1975), Florian (1889-1962)
et Auguste (1889-1975).
Auguste et Jean Pierre
A l’origine, la famille Metzger
avait promis de faire ériger une petite chapelle, mais les fonds
disponibles n’étaient pas suffisants pour une telle construction.
(renseignement fourni par Jean Marie Lang)
Hiver 44-45. La croix semble couchée à terre.
Photo ECPAD.
Pendant l’hiver 44-45, le monument
aurait été jeté à terre lors de l’opération Nordwind, peut-être par des
soldats de la 2° DB. Aucune trace de choc avec un blindé n’est visible.
Les éléments de la croix gisaient longtemps à terre et le croisillon
sommital a disparu à cette époque. Après le relevage du monument, un
nouveau croisillon a été installé par les soins de Bernadette Kimmel,
née Stéphanus, originaire d’Etting, en souvenir de son père Joseph,
décédé en 1980 dans un accident de la circulation, au niveau du
carrefour. (communication d’André Neu)
Le croisillon rapporté est visiblement
disproportionné par rapport
au monument et il est fait dans un matériau différent.
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Etat actuel
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Mise à jour décembre 2017
Récemment, Jean Marie Lang a fait
reculer la croix de telle sorte qu’elle se trouve en retrait de 3 m par
rapport au chemin. Le monument est érigé désormais sur une plateforme
bétonnée, recouverte de dalles de grès, et le soubassement n’est plus enterré, comme c’était le cas à
l’origine, ce qui rehausse l’ensemble. Un nouveau croisillon est
également venu couronner le monument. Le croisillon n’est pas nu, comme
c'est le cas de toutes les croix à Piéta, mais il arbore un Christ
moderne, de facture assez naïve, ressemblant au Christ Rédempteur
dominant la baie de Rio de Janeiro, au Brésil, sur la colline du
Corcovado.
Pour finir, une inscription a trouvé place sur le haut de la face avant du soubassement.
Une autre Piéta figurant sur un fût
de croix est emmurée dans le mur de la partie ancienne du cimetière, au
niveau du dépôt mortuaire. Elle semble provenir du même atelier et
pourrait être de la même période, non déterminée pour le moment.
Si l’on part de la supposition que
ce vestige de croix a été maçonné à cet endroit lors de l’aménagement
du cimetière, l’on pourrait dater ces deux monuments de la première
moitié du 19° siècle. La croix Metzger ne daterait alors pas du début
du 20° siècle, mais serait antérieure.
Les détails du visage du Christ
sont passablement effacés car il servait d’appuie-pied aux enfants de
l’école qui montaient sur le mur du cimetière pour jouer. (Anecdote
rapportée par Joseph Etienne List)
Les monuments du 20° siècle, au nombre de 11.
La forme du monument évolue dès le
dernier tiers du siècle précédent : le socle devient plus large et
prépondérant, les sculptures se raréfient, des niches réapparaissent,
plus grandes que sur les Bildstock et le style néoromantique, à
l’imitation de la nature, s’installe.
Certaines croix construites après
1945, n’échappent pas à la mode du granite poli et lustré qui a aussi
investi les cimetières. C’en est fini maintenant avec la période
glorieuse et faste où le sculpteur avait tout loisir d’exprimer son
talent et son imagination.
Les croix ressemblent désormais de
plus en plus aux monuments funéraires de nos cimetières, constituées
d’un large fût-stèle et d’un croisillon sommital. L’uniformité et la
monotonie sont en route…
15. La croix de la rue de la gare appelée "Pééder Pàtts Krìtz" (croix de dévotion)
Monument en grès, élevé en 1915 et constitué d’un emmarchement sur lequel se dresse un imposant piédestal.
Hauteur totale 2 m.
Socle massif élargi, de section rectangulaire, terminé par une fine moulure à gorge et un tore.
Haut dé de section rectangulaire surmonté d’une épaisse corniche moulurée saillante.
Fût court à niche en plein cintre,
à renforts latéraux concaves, surmonté d’un grand croisillon
d’élévation droite, de section rectangulaire en forme de croix latine,
à base élargie.
Iconographie
Dans la niche, statue en buste, en bas-relief du Sacré Cœur de Marie, très abîmée par l’érosion. Christ et titulus en bronze.
L’inscription : "O crux ave spes
unica Errichtet von Peter Müller 1915" se trouve sur un
petit panneau carré à table rentrante situé sur le piédestal.
Salut, ô croix, notre unique espoir. Erigé par Pierre Muller 1915
Historique
Pierre Muller (1839-1925) était
cuisinier au Grand Séminaire de Metz. Il est décédé célibataire.
L’appellation "Pééder Pàtts Kritz" se traduit par "La croix du parrain
Pierre". Dans une famille, l’oncle célibataire devenait le Pàtt, le
parrain, tout comme la tante célibataire était la Gòòt, la marraine.
Ce même Pierre Muller est
bénéficiaire d’une fondation de la part de l’abbé Albert en 1895. Le
curé, qui peut l’avoir connu au Grand Séminaire, lègue une certaine
somme à la paroisse pour que chaque année, au jeudi précédant la fête
des 7 Douleurs, une messe haute soit dite à l’intention de Pierre
Muller, suivie d’une exposition du Saint sacrement et d’une
bénédiction. (Délibération du 21 avril 1895. Registre des délibérations
du Conseil de Fabrique de Kalhausen)
L'abbé Michel Albert, curé de
Kalhausen, relate dans le registre des délibérations du conseil de
fabrique la bénédiction de cette croix en ces termes (traduction de
l’allemand) :
"En ce 4 mai de l'an de grâces mil
neuf cent dix-sept, en la fête de Saint Florian, patron de la paroisse,
a été solennellement bénite la croix érigée en l'année 1915 par Pierre
Muller dans la rue de la gare. Vers la fin de l'après-midi, toute
la paroisse s'est rendue en procession à la croix ornée de drapeaux et
de fleurs, chantant " le Magnificat " et le " Vexilla regis ".
Sur cette croix sont gravés les
mots suivants : "O crux ave, spes unica" (Salut, ô croix, unique
espérance), ce qui est bien vrai pendant notre vie et à l'heure de
notre mort, et plus particulièrement aujourd'hui, en ces temps
sanglants de guerre. Pour finir, la croix a été bénie solennellement et l'assistance a prié pour les enfants de la paroisse mobilisés au "front".
Kalhausen, le 5 mai 1917
M. Albert, curé.
16. La seconde croix de la rue des jardins ou croix Mourer (croix de dévotion)
Monument daté de 1925, en grès, avec quelques motifs peints, signé Kirsch de Rohrbach.
Hauteur totale 2,20 m dont 0,90 m pour le croisillon.
Large soubassement de 1,36 m x 1,13 m.
Piédestal à base élargie talutée surmonté d’une tablette.
Fût-stèle creusé de 2 niches.
Epaulement à corniche moulurée en larges courbe et contre-courbe.
Croisillon d’élévation droite, de section rectangulaire, en forme de croix latine aux extrémités trilobées.
Iconographie
A l’origine, statues en ronde-bosse
de saint Antoine et de saint Wendelin posées sur consoles. Ces statues
ont été volées et remplacées par de plus petites (la Vierge de Douleur
et saint Joseph à l’Enfant Jésus. Volutes latérales composées à la base du fût-stèle. Composition florale à dessin symétrique au-dessus des niches.
L’inscription : "ERRICHTET ZUR EHRE GOTTES DURCH DIE EHELEUTE JEAN PIERRE MOURER UND MARIA
HOFFMANN 1925" se trouve sur un panneau rectangulaire aux angles
abattus, à champ plat entouré d’une moulure plate en creux.
Erigé par les époux Jean Pierre Mourer et Marie Hoffmann en l’honneur de Dieu.1925
Historique
Jean Pierre Mourer (1863-1927) et
Anne Marie Hoffmann (1866-) sont les grands-parents maternels de
Thérèse Holtzritter, épouse Brechenmacher.
L’abbé Albert relate la bénédiction de cette croix dans le registre des délibérations du conseil de fabrique en ces termes :
"L’an de grâces mil neuf cent
vingt-cinq, le 12 juillet, huitième dimanche après Pentecôte, à l’issue
des vêpres, a eu lieu la bénédiction solennelle
de la croix érigée par
les époux Jean-Pierre Mourer et Marie Hoffmann". L’autorisation
épiscopale en avait été accordée en date du 8 juillet.
Le prédicateur avait choisi pour le
texte de son sermon les paroles de Saint Paul aux Corinthiens I,
chapitre 1, verset 18 : "Verbum enim crucis pereuntibus quidem
stultitia est, iis autem qui salvi fiunt id est nobis, Dei virtus
est".
Ce qui se traduit ainsi : "Le langage que parle la croix est une folie pour ceux qui vont à leur
perte, tandis que pour ceux qui sont sauvés, pour nous,
c’est une force
divine".
La
croix a été cédée, avec le fonds sur lequel elle est érigée, à un
nouveau propriétaire, Christian Herrmann, qui a fixé une plaque de
plexiglas devant les statues pour les protéger autant du vol que des
intempéries.
Mise à jour octobre 2019
Peu de temps après, le terrain et la
croix ont de nouveau changé de propriétaire. Le nouveau propriétaire,
Charles Hoffmann envisage de faire bâtir une maison à usage
d’habitation sur le terrain. Les travaux débutent fin 2018 et la croix
est démontée. Personne ne la veut.
Le terrassier du chantier, Mr Anthony, ne pouvant se résigner à ce que
cette belle croix soit détruite, la transporte chez lui, à
Rohrbach-lès-Bitche pour la sauvegarder. Il la monte provisoirement
contre un mur de son atelier.
Quelques
membres de l'association, s’émeuvent de la situation et se mettent à la
recherche de la croix. Ils la découvrent à Rohrbach, prennent contact
avec Mr Anthony et décident de la faire revenir au village. Fin
septembre, un voyage est organisé et c’est grâce à Jean Paul Hiegel et
à son engin de manutention que la croix est rapatriée. Entre temps, un
emplacement a été trouvé avec l’aide de la commune, à la place de la
croix de bois du cimetière. Jean Marie Pefferkorn repeint les deux
statues.
Les ouvriers communaux exécutent les travaux de préparation et la croix
trouve enfin sa place définitive au centre de l’ancien cimetière. Il
faut ici remercier toutes les personnes qui se sont dévouées pour
sauver ce petit morceau du patrimoine dont la place était au village.
La croix a trouvé sa place définitive au cimetière, la commune
envisage d'apposer une plaque avec un texte adapté.
Le mercredi 25
mai 2022, lors des funérailles de Mme Marie Madeleine Richter, un engin
de chantier manipulé par un ouvrier de l’entreprise Goetschel de
Sarralbe, chargé de creuser la tombe, percuta la croix et la renversa.
Elle se cassa en plusieurs morceaux.
Début 2023 la croix fut réparée par l’entreprise Raucher d’Adamswiller.
Le montant de la réparation est pris en charge par la compagnie
d’assurance du fossoyeur. La Croix fut remise en place début mai 2023.
Les statuettes et le christ en croix, cassés lors de la chute, ont été
remplacés.
17. La croix Simonin appelée "Simonns Kritz" (rue de la libération) croix de dévotion
Monument de grès, daté de 1930,
érigé à côté de la maison Pia Kremer, rue de la libération (ìm
Làngenéck) et signé Moser de Meisenthal.
Hauteur totale 2,25 m dont 1,35 m pour le croisillon.
Croix de style néoromantique, à l’imitation de la nature.
Socle de dimensions 0,80 m x 0,50 m
x 0,40 m et fût en moellons factices maçonnés avec joint apparent,
formant des blocs de rocailles.
Epaulement également en moellons.
Croisillon d’élévation droite, à section circulaire, en forme de croix latine, fait de troncs d’arbres écotés.
Iconographie
Détails du style naturaliste : moellons, écorce, saillies de branches, fissures. Feuilles de vigne sculptées sur le socle et feuilles de laurier à la base du fût-stèle.
Présence d’un titulus en bronze et marques apparentes de fixation d’un Christ certainement aussi en bronze.
L’inscription : "ERIGEE PAR LA
FAMILLE SIMONIN 1930" se trouve sur un panneau à table saillante présent
à la partie inférieure du fût.
Historique
Cette croix aurait été érigée par une des 3 filles de Nicolas Simonin, appelé de Simonn Nìggel.
Nicolas Simonin, laboureur
(1847-1919) et Odile Zins (1855-1914) ont eu en tout 10 enfants, dont
Madeleine (1891-1968), Marie (1896 -) et Anne (1900-1973). Une de leurs filles aurait fait
ériger cette croix en remerciement, pour avoir été délivrée d’esprits
mauvais qui hantaient sa maison. (communication d’Agnès Muller)
L’ensemble mériterait un petit
nettoyage, car la pierre est noircie et couverte de mousse. De plus, la
croix penche vers l’avant et n’est donc plus verticale.
Mise à jour
La
croix a été rénové, la voilà après entretien et remise en place d'un
christ que nous a donné un particulier. Le christ d'origine n'avait pas
résisté au
temps qui passe.
(Juillet 2021)
18. La croix Weittmann de la rue des roses (croix votive)
Monument en grès gris daté de 1948, situé dans le jardin de la famille Sylvie Prando et signé Jean Karmann de Woelfling.
Rénové en 1979 (remplacement du socle en terrazzo par un socle en grès rose).
Photo de la croix d’origine prise dans les années 60.
Le monument d’origine comportait un
emmarchement sur soubassement, un fût-stèle avec plaque d’inscription
surmonté du croisillon et de la statue de la Vierge. Sa taille était
plus grande que celle du monument actuel.
Le monument actuel comporte un
fût-stèle en maçonnerie de pierres de taille, avec joints apparents, en
forme de tronc de pyramide, très élancé, surmonté d’une tablette aux
arêtes droites. (Travail exécuté par Raymond Grabherr père, de Butten).
Hauteur totale 2,40 m dont 1,50 m pour le croisillon.
Le croisillon et la statue de la
Vierge ayant appartenu au premier monument sont posés désormais sur le
nouveau fût-stèle, de dimensions
0,90 m x 0,80 m x 0,80 m.
Grand croisillon d’élévation droite, en forme de croix latine, de section circulaire.
Iconographie
Détails du style naturaliste : troncs d’arbres écotés, écorce, saillies de branches, fentes dans le bois.
Statue de la Vierge en ronde-bosse et du Christ en haut-relief.
Vierge de douleur, immensément
triste, portant la guimpe sur un front haut. Vêtement formé d’une
longue robe ceinturée traînant sur le sol et d’un manteau porté sur les
épaules en larges plis. Grand Christ aux côtes nettement
marquées et à la couronne d’épines. Large périzonum aux plis très
marqués et aux extrémités glissées sous un bandeau.
Titulus en forme de banderole. Massif floral au pied de la croix.
L’inscription des noms des fondateurs se trouve sur le champ avant de la tablette (WEITTMANN-LIST).
Historique
Croix érigée par Joseph Weittmann,
ouvrier mineur (1914-1996) et son épouse Marie List (1911-1967) pour
avoir survécu à la guerre. Ce sont les parents d’Odette Beck et Marie
Antoinette Freyermuth, nées Weittmann.
Ce monument s’apparente à un
calvaire par la présence d’un personnage au pied de la croix. Néanmoins
la place n’était pas suffisante pour représenter aussi l’apôtre Jean,
remplacé par conséquent par la composition florale dans le but
d’équilibrer l’ensemble. Dommage que la Vierge cache une partie de la
sculpture centrale.
19. La croix Bour-Lenhard de la route d’Oermingen (croix votive)
Monument en grès gris situé sur la
route d'Oermingen, daté de 1958, entouré d’un muret surmonté d’un petit
grillage, avec portillon et signé Karmann de Woelfling.
Hauteur de l’ensemble 2,70 m dont 1,30 m pour le croisillon. Soubassement en béton.
Socle élargi de section
rectangulaire et fût-stèle élancé en forme de pyramide légèrement
tronquée, tous deux en massif de rocailles.
Epaulement concave surmonté d’un
croisillon d’élévation droite, en forme de croix latine, à base
élargie, en troncs d’arbres écotés.
Iconographie
Socle en blocs à l’imitation de la
nature, maçonnés dans les traditions de l’art. Fût-stèle à blocs
disparates, disposés en rayons autour du panneau d’inscriptions
légèrement saillant.
Détails du style naturaliste : écorce, saillies de branches, fentes dans le bois. Christ en haut-relief.
L’Inscription : "O CRUX AVE SPES
UNICA ERIGEE PAR LA FAMILLE BOUR-LENHARD 1958" se trouve au centre du
fût-stèle sur un panneau à champ plat au sommet arrondi.
Historique
Croix érigée par Henri Bour
(1894-1974) et Marie Eugénie Lenhard (1901-1966) pour avoir été
épargnés lors de la libération, début décembre 1944.
Le 1er décembre 1944, les
Américains tirent des obus de 155 sur le village, essayant d’atteindre
le clocher qui aurait pu servir de poste d’observation
pour les
Allemands toujours présents. Plusieurs obus s’abattent au centre du
village : l’un d’eux tombe dans la cour de la maison d’Aloyse
Pefferkorn "Parissersch", actuellement Noël Demmerlé, et blesse
mortellement Aloyse, un autre tombe sur la maison Pefferkorn située à
côté de Florian Thinnes et la détruit, un troisième tombe près de la
maison de Henri Bour et détruit le pignon.
Les occupants de la maison,
réfugiés dans la cave, sortent indemnes de ce bombardement et iront se
réfugier désormais dans une autre cave. (renseignements fournis par
Lucien Bour). Monument bien entretenu.
Les croix Koch et Kilh (20 - 21)
Ce sont deux monuments pratiquement
identiques issus du même atelier, celui de Jean Karmann de Woelfling,
tout comme le monument précédent et datant aussi de la période
après-guerre.
On trouve même un monument funéraire identique à ces 2
croix, à l’exception du socle et du fût-stèle, déplacé du cimetière et
conservé par Jean Marie Lang. Ce qui prouve bien qu’un même type de
monument pouvait servir pour deux buts différents et que peut-être le
carnet de croquis du sculpteur n’était pas bien étoffé…
Monument funéraire Lang-Kremer,
récupéré et conservé rue des vergers.
20. La croix Koch de la rue de la libération (croix votive)
Monument en pierre reconstituée blanche, situé dans le jardin de la maison Demmerlé-Koch, 18, rue de la libération.
Hauteur de l’édifice actuel 1,60 m. Le monument à l’origine avait une hauteur totale de 2,35 m. Soubassement en grès. Socle et fût-stèle en bloc de rocailles factices.
Statue de la Piéta couronnée à
l’origine par un croisillon d’élévation droite, de section
rectangulaire, en forme de croix latine.
Iconographie
Blocs de pierres avec fortes stries
saillantes et joints de maçonnerie apparents, disposés de façon
aléatoire sans recherche d’horizontalité ni de symétrie.
Statues aux visages tristes, amples vêtements drapés de la Vierge, aux plis nettement marqués. Urne à gauche, servant de pot à parfum.
Croisillon originel drapé de longs pans d’étoffe tombants, qui n’a plus été remplacé après la tempête de décembre 1999. Titulus en forme de pancarte.
Le Christ n’est pas représenté sur la croix, puisque sa mère a recueilli sa dépouille.
L’inscription : "Erigée en remerciement et à l'honneur de Dieu par la famille KOCH-PEFFERKORN" se trouve sur une plaque de marbre blanc, fixée
au centre du piédestal.
La croix complète avant la tempête de 1999
Historique
Jean Koch (1894-1969) et Clémence
Pefferkorn (1899-1970) sont les parents de Cécile Demmerlé, née
Koch.
21. La croix Kihl de la rue de la montagne (croix commémorative)
Située rue de la montagne, dans le jardin de la maison Kihl.
Piédestal à emmarchement en
terrazzo gris, surmonté d’une Piéta en grès rose sur socle. La forme et
le matériau de ce socle nous laissent imaginer ce que pouvait être le
monument Weittmann à l’origine.
Le croisillon sommital, comme sur
la croix précédente, n’a plus été remplacé après les dommages causés
par la tempête de décembre 1999 et pouvait
être semblable à celui de la
croix précédente.
Iconographie
Quelques différences existent entre
les deux compositions concernant l’inclinaison de la tête de la Vierge,
les plis de la guimpe et de la robe, le bras gauche du Christ.
L’inscription : "Erigé par la
famille Cath. KIHL-ZINZ en souvenir à leurs fils Henri né 1914 tombé en
Russie 1944 et André né 1923 tombé en Russie 1944" se trouve aussi sur
une plaque de marbre saillante, fixée au centre du piédestal.
A noter que le patronyme Zins
s’écrit normalement avec un s final. Le texte comporte encore quelques
autres particularités (en souvenir à leurs fils, né 1914, etc…).
Historique
Catherine Zins est l’épouse de
Henri Kihl, charron, né en 1876 et décédé en 1918. Le couple a 9
enfants entre 1906 et 1917. 3 d’entre eux décèdent en bas-âge. Après la
mort de son mari, Catherine met encore au monde un fils, André, né en
1923 et tombé en Russie, comme son demi-frère Henri. En tout, elle perd
5 des 10 enfants qu’elle met au monde. C’est elle qui fait ériger cette
croix.
Henri Kihl
(11.02.1914- 17.09.1944) Torva. Estonie
|
André Zins
(2.12.1923-8.03.1944) Orscha. Russie
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Mise à jour avril 2019
Suite à la vente de la maison Kihl, la
croix a été démontée par les héritiers et conservée dans la famille. La
pieta se trouve maintenant dans le jardin du domicile de Sébastien Jung
à Colmar. Sébastien est le fils de Jeanine Jung née Kihl.
La pieta est posée sur un socle en grès jaune.
22. La croix Bruch de la rue des mésanges (croix de dévotion)
Monument daté de 1962 et situé
devant la maison Daugs, 10, rue des mésanges. Cette croix a aussi
changé de propriétaire avec la vente de la parcelle, comme terrain à
bâtir, aux époux Daugs.
Hauteur totale 1,70 m dont 0,50 m pour le croisillon.
Socle massif surmonté d’un
fût-stèle à base élargie couronné d’un croisillon d’élévation droite,
de section rectangulaire, en forme de croix latine, à base faiblement
élargie et dont les extrémités sont centrées en pointe.
Iconographie
Socle à l’imitation de la nature, avec blocs factices dont les joints sont fantaisistes.
Christ et titulus en bronze.
L’inscription : "ERIGE EN
L'HONNEUR EN DIEU PAR LA FAMILLE BRUCH PALTZ 1962" se trouve au centre
du fût-stèle sur une plaque de marbre noir aux angles supérieurs
rabattus.
Histoire
Jean Bruch (1874–1958) et Anne
Barbe Palz (1880–1961) sont les grands-parents paternels de Marie José
Bruch, épouse Scheh, habitant Rohrbach-lès-Bitche.
Les époux Bruch avaient décidé,
avant leur décès, de faire ériger sur une parcelle leur appartenant,
une croix en l’honneur de Dieu, avec le ferme espoir
de voir revenir de
la guerre leur fils Joseph. Ce dernier n’avait jamais été
officiellement déclaré décédé. Hélas, Joseph ne revint jamais…
|
L’inscription est un peu fantaisiste et Palz comporte une erreur.
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23. La croix Laluet de la rue des jardins (croix commémorative)
Monument moderne en béton et en granit, érigé dans la partie médiane de la rue des jardins.
Hauteur totale 2,70 m dont 1,40 m pour le croisillon. Haut emmarchement, surmonté d’un socle plat de section rectangulaire supportant le fût-stèle.
Epaulement de section rectangulaire
portant un croisillon massif, d’élévation droite, de section
rectangulaire, en forme de croix latine.
Iconographie
Absence de décor, dans le style des monuments funéraires érigés dans la seconde moitié du 20° siècle.
L’inscription figure en lettres dorées sur le fût-stèle, sur un champ plat entouré d’un filet.
"Cette croix a été érigée en souvenir de JACQUES LALUET tué par un éclat d'obus le 3 janvier 1945. Sa famille. Miséricordieux Jésus donnez- lui
le repos éternel"
Historique
Ce monument a été
élevé près de l’endroit où Jacques Laluet, boucher, a trouvé la mort le
mercredi 3 janvier 1945, pendant l’opération Nordwind déclenchée par
les Allemands. L’évènement est relaté dans la
brochure "Kalhausen : les années sombres 1939-1945" de Claude
Freyermuth. Elle
est signée Gaston Laluet, âgé à l’époque de 6 ans.
"Je me rappelle la fin tragique de
mon père. Le 3 janvier 1945, les Américains ont réussi par une
contre-attaque à revenir jusqu’à Achen, mais ils ont à nouveau été mis
en déroute par l’arrivée de la 2° D.B.
En ce début d’après-midi, l’abbé
Schilt vient au magasin de la boucherie et demande à ma mère s’il peut
voir mon père avec lequel il entretient des contacts fréquents. Mais
mon père était sorti par derrière afin de se rendre dans le "Hohléck"
(rue des jardins). Sur ce, notre jeune abbé va rejoindre mon père qui
est en pleine discussion au milieu de la rue avec Bruch Jean Pierre,
Lauer Charles et Stephanus Pierre.
Après s’être mêlé à eux, l’abbé
Schilt demande à mon père s’il veut bien l’accompagner à la "Rùtsch"
pour aller aux nouvelles : il y a là, en position, un char de la 2°
D.B. qui pourrait leur fournir des renseignements sur le front. Mon
père refuse une première fois et la discussion continue. L’abbé réitère
sa demande une deuxième fois, puis une troisième. Après tant
d’insistance, mon père finit par accepter. Ensemble ils vont donc
auprès de ce char recueillir les dernières nouvelles des mouvements des
troupes. L’abbé Schilt est intéressé à plusieurs titres : en tant
qu’officier français, en tant que responsable d’un réseau de
résistants, mais il aurait aussi aimé rendre visite aux siens à
Saint-Louis-lès-Bitche.
Il est entre 14 et 15 h lorsque nos
deux amis, après avoir été aux renseignements, s’en retournent au
village. Mais ils sont à peine arrivés à hauteur de l’actuelle maison
Bour Lucien (rue des jardins), qu’un obus allemand tiré depuis Achen
explose sur le sol fortement gelé du talus longeant la rue. Surpris,
les deux hommes n’ont pas le temps de réagir, les éclats fusent, l’un
d’entre eux traverse la soutane de l’abbé Schilt sans le blesser, mais
vient frapper de plein fouet la cuisse de mon père et lui arrache la
jambe. Voyant qu’il gît à terre, grièvement blessé, perdant son sang en
abondance, l’abbé appelle du secours dans la maison Pefferkorn
(Schùmmàchersch, actuellement Bour Richard) et revient auprès du
blessé. Plusieurs personnes sortent de leur abri et accourent, mais
constatent leur impuissance. Il n’y a aucun moyen de poser un garrot,
et en quelques instants, vidé de son sang, mon père s’éteint.
L’abbé Schilt se sentait coupable
de la mort de mon père, mais le pauvre ne devait pas longtemps survivre
à son ami Jacques, puisque, dans la nuit du 17 au 18 janvier 1945, il
fut tué dans une embuscade près de Lemberg, entre les lignes allemandes
et alliées, alors qu’il voulait rejoindre son village natal. Cette
virée nocturne à bord d’une jeep en compagnie d’un certain Jost de
Sarreguemines fut fatale à ces deux résistants. »
Un autre témoignage est encore disponible, fourni par Emile Lenhard, 16 ans à l’époque.
"J’étais apprenti-boucher à
l’époque et je travaillais ce jour-là à la boucherie, en compagnie de
Charles Demmerlé, appelé "de Éddinger Karl ".
Dès que la nouvelle de l’accident
fut connue à la boucherie, je me précipitai avec Charles dans la rue
des jardins. Mon patron était couché
à même le plancher, dans la pièce
de devant de la maison Pefferkorn où vivaient des sœurs célibataires,
Catherine, Marie et Marie-Cécile (actuelle maison Richard Bour). Il
était hélas trop tard, il n’y avait plus rien à faire. On le coucha sur
une échelle et on le transporta ainsi jusqu’à son domicile en prenant
le chemin qui passe derrière les maisons Joseph List et Jean-Pierre
Freyermuth. Son épouse Anne, toute affolée, nous attendait déjà devant
la boucherie. On étendit le cadavre de son mari sur le canapé de la
pièce de devant, la "Schdob", en attendant la mise en bière. Je
plaignais sincèrement la jeune veuve avec ses 3 enfants en bas âge".
Jacques Laluet (1904-1945)
24. Le monument marial Schreiner-Demmerlé (monument votif)
Monument moderne daté de 1966, en
béton recouvert de peinture et situé rue des jardins en face de la
maison Schreiner-Thaller. C’est chronologiquement le dernier monument
religieux élevé dans le village.
Entouré d’un petit jardinet fermé par des grilles et une chaîne sur un muret de béton. L’ensemble s’inscrit parfaitement dans un triangle isocèle.
Hauteur totale 2,20 m dont 0,65 m pour la demi-sphère et 1,55 m pour l’étoile et les rayons.
Soubassement surmonté d’une
demi-sphère, elle-même portant une petite statue de la Vierge
dans une niche sans fond, couronnée d’une étoile d’où partent des
rayons.
Iconographie
Absence de tout décor. Petite statue de la Vierge de Lourdes.
Symbolique du monument.
La demi-sphère symbolise le globe terrestre. L’étoile représentant la Vierge éclaire de ses rayons la sphère.
L’inscription : "Stella matutina Erigé par la famille Schreiner-Demmerle 1966" figure sur la demi-sphère.
L’expression latine Stella matutina ou Etoile du matin est un vers des litanies de Lorette ou litanies de la Vierge.
Elle désigne aussi la planète Vénus
qui précède ou suit le soleil dans sa course céleste, ce qui nous la
rend visible soit en fin de nuit, soit en début de soirée.
L’étoile du matin annonce donc le
soleil, le jour qui va se lever. Marie a été très tôt associée à
l’image de l’étoile du matin, "cet astre qui révèle
le Soleil". Elle
est "la mère de l’astre sans déclin", c’est-à-dire le Christ.
"Comme l'étoile du matin, en même
temps que l'aurore, précède le lever du soleil, de même Marie, dès sa
conception immaculée, a précédé la venue du Sauveur, le lever du
"Soleil de justice" dans l'histoire du genre humain." Jean Paul II, Encyclique "Redemptoris Mater" § 3.
Marie, l’Etoile du matin, qui
annonce le Christ, le Soleil, porte ainsi à chaque aurore l’espoir d’un
jour nouveau et de la fin de la nuit avec ses terreurs, ses peines et
ses angoisses. Eclat du jour naissant, elle porte l’assurance que même
si les temps à venir seront difficiles, l’espérance demeure, car le
matin vient.
www.etoile-du-matin.fr
www.mariedenazareth.com
Historique
Stèle érigée par la famille Alphonse Schreiner - Lucie Demmerlé en reconnaissance d'une guérison.
Alphonse Schreiner (1925-1976)
|
Lucie Demmerlé (1928-2011)
|
Monument bien entretenu et périodiquement repeint.
25. La croix de Hutting (croix de dévotion)
Monument daté des années 70 et situé dans la rue principale, un peu plus loin que la maison Robert Neu.
Hauteur totale 1,76m dont 1,26 m pour le croisillon.
Constitué d’un soubassement en
béton, d’un socle également en béton, en forme de tronc de pyramide
surmonté d’un croisillon d’élévation droite en fonte industrielle.
Iconographie
Croisillon à l’imitation de la
nature, en troncs d’arbres écotés, richement décorés de guirlandes
florales formant une couronne au centre du croisillon.
Petit Christ à l’intersection des branches de la croix.
Historique
Cette croix a été élevée dans les
années 70-71 par Lucie Dehlinger (1903-1992), à côté de sa maison
(actuellement Robert Neu), sur l’emplacement de la croix Ducotau
détruite par les intempéries (voir plus loin). Le soubassement et le
socle ont été bétonnés par Camille Klein. (renseignements fournis par
Hugo Kirch)
Les croix disparues
Quatre monuments sont attestés disparus, deux à Kalhausen et deux autres à Hutting.
Le premier était très certainement
la croix se trouvant au centre de l’ancien cimetière enserrant la
chapelle qui s’élevait à la place de l’église paroissiale actuelle. Ce
cimetière ne fut plus utilisé pour les inhumations après la
construction de l’église en 1847. Cette croix fut maintenue à sa place
et finit par tomber en ruines ou bien fut détruite lors de travaux.
La croix, dont le fût est visible à gauche sur cette vue, était très
élancée, comme toutes les croix de cimetière. Elle se composait d’un
socle surmonté d’une tablette et d’un haut fût arborant une piéta. Le
croisillon est manquant sur ce cliché des années 1960.
Le second se trouvait au bout de la
rue de la montagne et a disparu dans les années 60, renversé par un
camion de ramassage de lait se rendant à la ferme Emile Hiegel. Il a dû
servir de remblai quelque part.
Les deux seules croix de Hutting
ont été détruites dans les années 70. C’était des monuments en grès
certainement semblables à ceux de Kalhausen et datant du 19° siècle. L’un se trouvait dans le mur du jardin Noël-Herrgott et apparemment il aurait gêné le propriétaire.
L’autre était une croix de
dévotion, la croix Ducotau (voir plus haut la croix n°24).
L’inscription présente sur ce monument a été fidèlement retranscrite
par Claude Kirch, la voici :
"Zu Ehren Gottes hat dieses Crevtz
aufrichten lassen Nicolav de Covtav avf Segen seines apgelebten H.
Vatters Georg de Covtav Herschaft in Hvtting den 4 September .8.3"
Nicolas de Coutau a fait ériger
cette croix le 4 septembre .8.3 en l’honneur de Dieu et pour le salut
de son père décédé Georges de Coutau seigneur de Hutting.
Il est à noter que le tailleur de
pierres a utilisé systématiquement la lettre v pour le u. L’orthographe
de certains mots est un peu fantaisiste.
Le monument datait vraisemblablement de la première moitié du 19° siècle.
Historique
Cette croix est une croix votive
érigée en l’honneur de Dieu et pour le salut de Georges Ducotau, né le
12 février 1706, ancien militaire et seigneur de Hutting. Il décède à
Hutting le 25 juin 1783, à l’âge de 77 ans. Son fils Jean Nicolas, né
en 1741, a fait ériger cette croix en son honneur.
D’après la tradition orale, cette
croix aurait été élevée à l’emplacement de l’assassinat de Louis
Ducotau par Nicolas Hertzog d’Oermingen. (renseignement fourni par Hugo
Kirch) Cela devrait donc être une croix commémorative, or ce n’est pas
le cas.
Louis Ducotau est un frère de
Georges, il est décédé suite à une agression, mais n’a pas été
assassiné à cet endroit. Voyons les faits.
Le drame est la conséquence directe des querelles de propriété entre les habitants d’Oermingen et ceux de Hutting. Louis Normant Ducotau, conseiller
du Roi et receveur de l’office de Sarrelouis, à son arrivée à Hutting
en 1690, considère que ses terres s’étendent jusqu’à la séparation
actuelle entre les bans d’Oermingen et de Kalhausen. Les paysans
d’Oermingen voient en cela un grignotage de leur espace vital et ne
l’admettent pas. Les habitants de Kalhausen, de leur côté, aimeraient
que ces terres contentieuses soient lorraines, mais indépendantes du
fief de Hutting appartenant à Ducotau. Il s’y rajoute une espèce de
lutte de classe entre la noblesse locale représentée par le seigneur de
Hutting et les paysans d’Oermingen. Dans ce contexte tendu, il n’est
pas anormal que des querelles éclatent, accompagnées parfois de
violences physiques.
L’affaire concerne le fils aîné de
Louis Normant Ducotau, prénommé également Louis, né vers 1693 et
Nicolas Hertzog, le fils de l’ancien maire d’Oermingen. Le jeune Ducotau, lieutenant de la
compagnie d’arquebusiers du sieur de Plonquett de Bitche, avait au
printemps 1721 chassé d’un champ
la servante et le plus jeune fils de
la veuve Hertzog qui étaient en train de brûler des haies. Cela n’avait
pas plu au grand frère Hertzog qui s’était juré
de se venger à la
prochaine rencontre.
Cette rencontre entre Claude
Ducotau et Nicolas Hertzog eut lieu le samedi 13 septembre sur le
chemin qui conduit d’Oermingen à Kalhausen, au lieu-dit "Klééblàtt".
Cet endroit longe la "Ritterstròòss" qui fait la séparation entre le
ban de Kalhausen-Hutting et celui d’Oermingen et se trouve éloigné
d’environ 2 km de Hutting.
Claude Ducotau semble avoir menacé
Nicolas Hertzog avec un fusil. Ce dernier s’empare d’un piquet de parc
et lui assène quelques coups sur la tête. Il arrache le fusil des mains
de Ducotau et l’utilise pour lui donner d’autres coups. Ducotau tombe à
terre pendant que Nicolas Hertzog s’enfuit. Claude Ducotau, blessé,
ramasse les morceaux du fusil brisé et rentre à travers champs à
Hutting. C’est là, dans la demeure paternelle qu’il décède des suites
de ses blessures, dans la nuit du 13 au 14 septembre. (renseignements fournis par Albert Lang)
Conclusion
Tous ces monuments religieux
présents sur le ban communal sont des témoins forts des croyances de
ceux qui nous ont précédés, de leur foi et de leur piété ainsi que de
leur histoire, tragique ou heureuse.
Ils font partie intégrante de notre
patrimoine et nous interpellent aujourd’hui, tout comme ils ont
interpellé nos ancêtres. Toutes ces croix, de la plus humble à la plus
imposante, méritent notre respect et notre protection.
Beaucoup de ces monuments, surtout
les plus anciens, ont subi des dégâts ou se sont dégradés, car le grès
est une roche friable. Certains, et c’est bien dommage, ne sont plus
entretenus, parce que leurs fondateurs n’ont pas eu de descendants ou
qu’ils ont été aliénés avec le fonds sur lequel ils s’élèvent.
Ils
n’intéressent souvent pas les nouveaux propriétaires qui les tolèrent
cependant sur leur parcelle. D’autres ont été maladroitement peints ou consolidés. Les croix qui sont tombées à terre, en totalité ou partie, réclament une reconstruction.
Il serait souhaitable que les
propriétaires de ces croix endommagées ou négligées, envisagent, avec
l’aide de la collectivité, leur restauration et leur mise en valeur ou
du moins leur sauvegarde. Il serait grandement dommage qu’elles
disparaissent à jamais de notre paysage, dans l’indifférence totale.
Il faut quand même signaler que
quelques rares croix sont entretenues par des personnes avisées et
fleuries chaque année. Ces monuments sont en bon état. Dans le souci de mettre à l’honneur
ce patrimoine, des membres de l’Association Historique de Kalhausen ont
décidé dans un premier temps de débroussailler certaines croix envahies
par du lierre, des ronces ou des arbustes. Ils entretiendront à
l’avenir ces monuments et pourront dans un second temps les rénover et
les restaurer, selon leurs moyens.
Lien vers la page "Mise en valeur des croix"
Pour information. Ci-dessous, une réponse du ministre de la culture de 2011 au sujet des croix rurales et de leur protection.
Question écrite de M. François Vannson (JO, 26 juillet 2011, p. 7950).
M. François Vannson attire
l’attention de M. le ministre de la culture et de la communication sur
la protection des croix rurales. Lorsque ces croix ne sont pas
inscrites au titre des monuments historiques, elles obéissent au régime
juridique des biens meubles. Il est dès lors possible, pour le
propriétaire du sol sur lequel elles sont érigées, de les vendre ou
même de les détruire, quand bien même dateraient-elles du 16e siècle.
Ces témoins de la vie quotidienne du 16e au 20e siècle sont de
véritables éléments de notre patrimoine et mériteraient une meilleure
protection à ce titre. Il lui demande donc de bien vouloir lui indiquer
ses intentions à ce propos.
Réponse du Ministre de la culture et de la communication (JO, 4 octobre 2011, p. 10571).
"Les croix situées en plein air ont
la qualité d’immeubles par nature, dès lors qu’elles sont fixées au sol
par des fondations, même peu profondes, et ce indépendamment de leur
protection au titre des monuments historiques. Le ministère de la
culture et de la communication a toujours été très attentif à la
préservation des petits édifices relevant du patrimoine rural, en les
protégeant notamment au titre des monuments historiques, quand ils
présentent l’intérêt minimum requis, au regard de l’art ou de
l’histoire. C’est ainsi que la base Mérimée du ministère recense 344
croix de chemin inscrites ou classées au titre des monuments
historiques. De nouvelles protections sont possibles à partir de
l’important recensement effectué par les services de l’inventaire
général du patrimoine culturel, qui a abouti à l’étude de plus de 4700
croix de chemin".
La loi du 13 août 2004, relative
aux libertés et responsabilités locales, a transféré aux départements
les moyens budgétaires que l’État consacrait annuellement au patrimoine
rural non protégé (5,4 Meuros). Il leur appartient, depuis lors, de
définir les projets de travaux susceptibles de bénéficier d’une aide
financière. Dans certains départements, les services territoriaux de
l’architecture et du patrimoine participent à l’examen des projets.
Enfin, la fondation du patrimoine, dont l’organisation et les missions
sont définies par le code du patrimoine, s’est fixé comme but principal
la sauvegarde et la valorisation des éléments du patrimoine rural qui
ne bénéficient pas d’une protection au titre des monuments historiques.
Elle aide notamment à financer les projets de restauration. Les croix
rurales, qui ne peuvent être toutes protégées au titre des monuments
historiques, peuvent bénéficier de ces deux dispositifs, que les maires
connaissent bien.
Le groupe d’étude des croix.
Nicole Meyer, Etienne List, Claude Freyermuth, Gérard Kuffler
Gabriel Freyermuth (* 18/01/1948 + 21/01/2014)