dans_la_cuisine_autrefois
Dans la cuisine autrefois.
La cuisine, "de Kìsch",
était le domaine réservé de la maîtresse de maison. C’était la pièce à
vivre de la maison, celle où on se retrouvait avant, pendant et après
les repas, celle où on passait le plus de temps. La cuisine était un
espace convivial et chaleureux, surtout pendant la mauvaise saison où
on se rassemblait autour du feu. C’était aussi la seule pièce chauffée
chaque jour, car il fallait cuisiner et donc alimenter la cuisinière à
bois,
"de Kìscheoowe". Avec le massif évier en grès, "de Wàsserschdèèn", la cuisinière était l’élément principal de la pièce.
Photo INA
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Maison des arts et métiers.
Rouhling.
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Le reste de l’ameublement était
sommaire : une table, des chaises, une armoire et parfois un
banc-caisson en bois placé contre le mur. Chez mes grands-parents
maternels, un tel banc avec chevet surélevé se trouvait entre la table
et le mur et nous le trouvions toujours bien dur. Je ne sais pas ce
qu’on rangeait dans le banc.
Chez nous, à la maison, une chaise-longue, sans accoudoirs, mais avec un chevet relevable, "e Schääslong",
se trouvait placée contre le mur et c’était très pratique pour s’y
coucher après le repas et faire une petite sieste, surtout le dimanche.
Les ressorts de ce meuble ne remplissaient plus leur rôle au fil des
années et un important creux se formait à l’endroit le plus sollicité,
où nous nous mettions assis. Il fallait alors que le sellier-tapissier
remplace certains ressorts et redonne à la couche une nouvelle jeunesse.
Notre chaise-longue avait un chevet moins volumineux.
L’évier se trouvait encastré sous
une fenêtre, pour pouvoir profiter de la lumière et un simple trou
pratiqué dans le mur permettait de faire écouler l’eau de vaisselle
vers l’extérieur. Ce trou était rebouché avec un chiffon lorsqu’il
était inutilisé, pour éviter les courants d’air. L’évier en grès nous
servait aussi à tailler nos crayons d’ardoise : nous les frottions sur
le bord pour les rendre pointus et pouvoir écrire plus fin.
Evier de la maison Stamm de Hutting (1902).
Sous l’évier se trouvait souvent une étagère.
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Crayon d’ardoise et son porte-crayon.
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Sur le bord de l’évier se trouvait
toujours une réserve d’eau dans un seau émaillé équipé d’une louche :
l’eau suffisait pratiquement pour la journée, pour la toilette matinale
qui se faisait devant l’évier, pour le lavage des mains au cours de la
journée, pour les besoins de la cuisine et pour la boisson.
La cuisinière aux multiples usages était le plus indispensable des appareils ménagers.
(Photo internet)
Il fallait allumer le feu chaque matin au moyen de petit bois, "Fierhols",
que l’on gardait dans un compartiment du fourneau, en-dessous de la
porte du four, avec du papier d’allumage. Pendant la saison froide, le
feu était entretenu toute la journée. Le reste de l’année, il fallait
allumer le feu pour chaque repas, matin, midi et soir. Pour gagner du
temps, l’on disposait aussi d’un réchaud à alcool à brûler pour
réchauffer de petits volumes, surtout le matin, lors du petit-déjeuner.
(Les collections de Wab.blogpost.com)
Une briquette, achetée dans le
commerce et enveloppée dans du papier-journal était placée dans le
foyer, la nuit, pour garder des braises, ou lorsqu’on s’absentait
pendant quelques heures. Le feu était alors facile à ranimer.
(Photo internet)
Le tirage de la cuisinière se
réglait grâce à un volet basculant situé en façade, sous la porte de
chargement, ou grâce à une réglette placée à la base du tuyau et qui
agissait sur son ouverture.
Lorsqu’on voulait effectuer une
cuisson rapide à feu vif, l’on retirait au moyen du tisonnier, quelques
anneaux en fonte de la plaque de cuisson et l’on mettait ainsi la
cocote ou la marmite en contact direct avec les flammes. Au contraire,
lorsqu’il s’agissait d’une cuisson à feu doux, l’on éloignait le
récipient du point de chauffe principal et on laissait mijoter.
La réserve de bois se trouvait souvent à proximité immédiate de la cuisinière, dans une caisse ouverte, "de Holtskàschde".
Plus tard, le menuisier du village fabriqua une sorte de caisse à bois
avec couvercle et accoudoirs qui pouvait servir en même temps de
siège.
Le bois sèche encore un peu dans le four de la cuisinière.
En permanence, une bouilloire se
trouvait sur les plaques de la cuisinière pour pouvoir disposer d’une
petite réserve d’eau chaude. Un autre récipient à eau en tôle se
trouvait encastré dans la cuisinière, à l’opposé du foyer. Il
représentait un volume plus important d’eau chaude pour les besoins
journaliers. Après l’adduction de l’eau en 1958, mon père érigea un
robinet à l’aplomb de ce réservoir, afin de pouvoir le remplir plus
rapidement. Parfois, un robinet fixé à la cuisinière permettait de
soutirer de l’eau chaude du réservoir.
(Photo internet)
Le four "de Bàckoowe" servait surtout à la
confection des tartes et des gâteaux. Il était aussi utile en automne
pour déshydrater les fruits : pommes, poires et quetsches. Mais il
fallait faire attention pour ne pas les brûler.
Le linge était mis à sécher
au-dessus de la cuisinière, accroché à des tringles en bois ou en acier
disposés en rayons, repliables et fixés au mur.
La maison lorraine d’Oberdorff.
Les serviettes et torchons étaient accrochés, pour sécher, à la main courante de la cuisinière.
Pendant l’hiver, l’on réchauffait
une brique, "e Bàckschdèèn", dans le four de la cuisinière. Cette brique, enveloppée dans
du papier-journal, servait à réchauffer le lit et remplaçait la
traditionnelle bouillotte.
La bouillotte, "de Bull, de Béttflàsch", remplie d’eau et
destinée à réchauffer le lit, se plaçait vers le soir sur la cuisinière.
Mais attention de ne pas la verrouiller, car elle pouvait exploser à
cause de la pression !
Quand nous faisions des parties de
luge et que nos chaussettes étaient mouillées, nous allions chez la
grand-mère pour les sécher : elle plaçait un petit rondin de bois dans
le four et nous pouvions y poser nos pieds pour évacuer l’humidité.
Les plaques de la cuisinière se
salissaient, surtout si l’on faisait rôtir des tranches de pommes de
terre sur le dessus. Il fallait alors les frotter avec une pâte en tube
de marque Zébrasif.
Un tisonnier, appelé "e Hägeliese", ou "e Ooweléésel " faisait partie de
l’équipement de la cuisinière et il servait à attiser le feu. Les
cendres et des braises tombaient alors dans le cendrier, un tiroir
situé sous le foyer, "de Ääscheschublàt", qu’il fallait vider de temps en temps.
Chaque année, il fallait démonter
le tuyau de la cuisinière, le transporter dans le jardin et en sortir
la suie qui l’obstruait. De même, il fallait nettoyer le foyer de la
cuisinière. C’était un travail nécessaire, mais salissant.
Dans la cuisine se trouvait encore,
fixé au mur près de la cuisinière, un râtelier-égouttoir en tôle
émaillée pour le rangement des ustensiles tels qu’une spatule,"e Schbàchdel", une
louche, "e Schébbléffel", une écumoire, "e Schummléffel", et une fourchette à viande, "e Flèèschgàwwel ".
(Photo internet)
Un porte-serviettes et torchons "e Hònddùchhàlder"
était aussi accroché au mur, près de l’évier. Un cache-serviettes
finement ouvragé de broderies cachait les serviettes passablement
sales. Je me rappelle du texte qui figurait sur l’un de ces
cache-serviettes :
Ich bin der Herr im Haus
Je suis le maître de la maison
Das wäre gelacht.
Cela peut prêter à rire.
Was meine Frau sagt,
Ce que ma femme dit,
Das wird gemacht.
Je le fais.
Porte-serviettes et torchons.
(Photo internet)
Cache-serviettes.
(Photo internet)
On pouvait encore trouver dans la
cuisine, placées sur une étagère ou simplement fixées au mur, des
boîtes en bois ou en métal, fermées par un couvercle et contenant des
denrées alimentaires comme du sel, du riz, de la farine, de la
chicorée…ou même des allumettes.
Maison des arts et traditions. Rouhling.
La cuisine servait aussi de salle
de bain car tout le monde faisait sa toilette corporelle quotidienne à
l’évier et je sais que mon père se rasait devant le petit miroir
accroché sur un des côtés. Des peignes et des brosses à cheveux étaient
aussi disponibles dans un petit rangement fixé au mur.
Le samedi, mes parents plaçaient, dans la cuisine, sur deux chaises, une bassine à linge, "e Wéschbitt",
ils la remplissaient d’eau tiède et nous prenions notre bain, l’un
après l’autre, de cette manière. Je ne sais pas si les adultes
prenaient aussi un bain, je pense qu’ils se lavaient de pied en cap,
debout dans une bassine posée à terre. Tout cela bien sûr, avant
l’adduction de l’eau dans les logements et l’installation des salles de
bain.
Quelques ustensiles de la cuisine :
Pressoirs à purée
Pürééschdòmmber
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Cafetière, pot à lait et cruche Kàffekònn,
Mìllìschdìbbe, Krùgg
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Bidons à lait de 2 l, 1 l et ½ l
Mìllìschblèscher
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Pots à saindoux
Schmàlsdìbbe
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Moule à Kouglof et plat en terre cuite.
Kugloffùrme ùnn Plàtt uss Toon.
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Gourde et gamelle en aluminium.
Èßeblèsch.
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Vaisselle émaillée. On reconnaît une passoire et une gamelle.
Émaill Geschèrr.
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Un récipient d’un litre servant à mesurer le lait après la traite,
un bol à manche destiné à puiser de l’eau et une râpe à fromage ou à noix.
e Liddermòòs.
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De
gauche à droite, 2 hachoirs à main, 1 moulin à légumes, 1 presse-purée,
1 fer à cannelés, 2 fourchettes et 2 fouets mécaniques.
Schnéébèèse. (Manche rouge)
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Seringue à décorer, pour les pâtisseries.
Kùùcheschbrìtz.
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Fers à repasser.
Bìggeliese.
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Moulin à café manuel
Kàffémihl.
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Attendrisseur à viande en bois.
Flèèschhàmmer.
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Balance Roberval et sa boîte de poids.
Wòò ùnn Gewischder.
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Baratte de ménage.
Bùdderfàß.
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Lampe-tempête à pétrole.
Pétrollònder.
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Conclusion
La cuisine a bien changé depuis
quelques décennies. Ouverte, fermée ou de petite taille, elle reste le
cœur de la maison. Fabriquée désormais sur mesure, entièrement équipée
(lave-vaisselle, réfrigérateur, fours…), elle se décline avec un îlot
central, en "L" ou en "U"
et se personnalise selon les envies, en choisissant les couleurs, les
façades, le plan de travail et les accessoires exclusifs et astucieux.
Les meubles sont tendances et fonctionnels, adaptés à un espace de vie choisi selon les besoins et surtout les envies.
Où s’arrêtera le progrès ? Déjà la domotique permet aujourd’hui de piloter à distance certains appareils. Et la maison devient de plus en plus
"intelligente ".
Gérard Kuffler
Janvier 2021