la_poste_a_kalhausen
La Poste de Kalhausen à partir de 1893
Préambule
Les paragraphes qui suivent
couvrent les années 1893 à 1951, période durant laquelle la
Poste se trouvait dans l’immeuble situé au 20, rue des Jardins, qui se
trouve justement être ma maison maternelle.
Ce texte se veut être un hommage à
ma famille qui a fourni 3 générations de gérants de
l’Agence Postale de Kalhausen et en même temps un clin d’œil
à mon grand-père Joseph Greff,
appelé "de Greff Sépp" ainsi qu’à ma grand-tante Victorine Albertus dont les récits ont bercé mon enfance.
* 03/11/1902
+ 21/03/1990
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* 03/09/1905
+ 17/10/1994
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Les parcours philatélique
(timbres, cachets postaux) et monétique témoignent des nombreux
changements administratifs, mais surtout des changements de nationalité
que nous avons subis. Il prend aussi une dimension hautement politique
à des moments bien précis de notre histoire locale.
Un peu d’histoire
1871
Cédée par la France lors du Traité
de Francfort du 10 mai 1871, l’Alsace-Lorraine devient le "Reichsland Elsass-Lothringen". Formé à partir des départements
français correspondant aujourd’hui à la Moselle, au Bas-Rhin et au
Haut-Rhin, ce nouveau "Reichsland" couvrait une superficie de
14 522
km2. Il comptait 1 884 014 habitants lors du recensement de 1900.
Cette population était majoritairement germanophone (86 %) :
dialectes alémanique et francique.
(Photo internet)
(
Photo internet)
Avec au cœur des armoiries les blasons de la Lorraine et de l’Alsace
(Carte internet)
Soucieux de s’attirer la
sympathie des sujets lorrains et alsaciens et de les intégrer
dans le "Reich", le "Kaiser" Guillaume II (qui prit ses fonctions
en 1888) va mettre en place une politique de grands travaux. A Metz, il
fait construire "le quartier impérial" : la gare, la poste, le
Temple Neuf, le Palais
du Gouverneur. A Strasbourg, il fait
ériger le Palais du Rhin, l’université, la gare …
Si les grandes villes (Metz,
Strasbourg) étaient les vitrines de la grandeur du "Reich", les
petites villes et la campagne ne devaient pas rester en retard.
Son objectif était aussi
d’utiliser la communication comme vecteur d’intégration et de
développer le sentiment d’appartenance au "Reich", en créant un
fort développement économique et en générant des vecteurs de prospérité. Un vaste réseau de chemin de fer, de communication postale et téléphonique fut mis en place.
C’est ainsi que notre petit village de Kalhausen allait obtenir la création d’une Agence Postale (Postagentur) en 1893.
Le document ci-dessous, émanant de
la Direction de la Poste de Metz et daté du 28 avril 1893, annonce
l’ouverture de l’agence postale de Kalhausen en date du 1er Mai
1893, en remplacement de l’annexe postale (Posthülfstelle) qui y
existait déjà.
(Document AD57)
1er Mai 1893 : ouverture de l’agence postale "Kaiserlische Postagentur" de Kalhausen
(Photo internet)
L’agence postale est rattachée à la
poste (Postamt) de Rohrbach et va couvrir un secteur comprenant le
village de Kalhausen et ses écarts (Hutting , Weidesheim et la
Rùtsch). S’y rajoutent encore les moulins de la Gallenmühle et de la
Oligmühle qui sont rattachés administrativement à la commune
d’Achen et qui se situent entre Kalhausen et Achen.
Cette agence postale sera gérée par
Jean Bruch (1842 – 1916) dit "de Grolé", sans
doute à cause de sa petite taille et sa forte corpulence. Grolé est
un
surnom fabriqué à partir de l’adjectif qualificatif français "gros"
auquel on a rajouté le suffixe allemand "lé", formant ainsi un
diminutif. Le surnom signifie donc "le petit gros", tout comme de
Pièrrlé signifie le petit Pierre. La gérance de l’agence postale est
une occupation complémentaire pour
Jean Bruch qui se consacre toujours
à son activité principale d’exploitant agricole.
Jean Bruch (1842-1916) et son épouse Marie Muller (1852-1925)
Sur la photo ci-dessous, issue d’une
carte postale tamponnée le 27.1.1900, Jean Bruch est identifiable sur
le seuil de sa maison, avec à sa droite le facteur Jean Gross,
appelé "de Bott". A cette époque, le facteur faisait sa
tournée entièrement à pied.
L’agence postale est installée dans la première pièce, à gauche de
l’entrée. L’enseigne de la poste et la boîte aux lettres sont
bien visibles. La maison est une ferme lorraine typique de la région
avec les travées caractéristiques (habitation, étable, grange).
Cachet utilisé du 1er Mai 1893 jusqu’en 1920
Au centre, une autre vue de l’agence postale.
15 Décembre 1894 : installation du télégraphe.
Modèle de télégraphe à bande de papier,
installé dans les agences postales autour de 1880 / 1890.
(Photos internet)
Quelques timbres assez communément utilisés de 1893 à 1900
ils portent la mention "Reichspost".
(Photos internet)
Les timbres ci-dessus seront utilisés à partir de 1900 jusqu’en 1918
ils portent la mention "Deutsches Reich".
1902 : le téléphone vient compléter le télégraphe (nous ne disposons pas de la date exacte d’installation).
En tout cas, un document des
Services de Renseignements Français datant de 1907 confirme la
présence du téléphone à l’agence postale de Kalhausen.
(renseignement Bernard Zins)
(Photo internet)
11 Mars 1908 : le chèque postal et
le mandat postal sont introduits. L’objectif est de réduire les risques
pour la circulation de l’argent liquide et de faciliter les
transferts de sommes importantes.
18 Mai 1908 : les villages de Schmittviller et d’Etting sont rattachés à la poste de Kalhausen.
Voici l’uniforme d’un facteur en tenue allemande.
Jean Gross portait sans doute la même.
(Cette photographie a été prêtée par La Société d’Histoire de La Poste
et de France Télécom en Alsace, Strasbourg )
Le gérant de l’agence postale sera
soutenu dans ses fonctions par sa fille Marie Bruch (1878 –
1952). Elle épousera en 1901 Jean Pierre Albertus et sera connue
sous le nom de "Brùùche Marie", "Àlbèèrtusse Marie" ou encore
"de Poschtfrau".
Le 31 Juillet 1914, l’Allemagne
déclare le "Kriegsgefahrzustand" ou situation de danger de guerre.
L’ensemble du courrier international passe
dorénavant au service
de censure et va devoir porter la mention "GEPRÜFT und ZU
BEFÖRDERN" par un tampon apposé sur l’adresse.
Le 1er Août 1914, la mobilisation générale est déclarée, le 3 Août, c’est la guerre.
L’ensemble des correspondances
militaires va porter des mentions spécifiques : "Feldpostkarte,
Feldpostbrief, Lazareth-Briefstempel …. " . Pour les militaires,
l’envoi du courrier sera gratuit.
Carte de correspondance militaire expédiée le 21 août 1914
de Kalhausen et adressée au réserviste Dier incorporé au 13° régiment d’Uhlans.
Cette carte est retournée à la famille avec la mention " gefallen", c’est-à-dire tombé au front.
Nous ne disposons pas de date
exacte de la prise de fonction de Marie Albertus (née Bruch) en tant
que gérante de la poste de Kalhausen. En tout cas, c’est en 1916,
après le décès de son père Jean Bruch qu’elle dirige la poste de Kalhausen. Avant la 1ère Guerre Mondiale, il
est peu commun qu’une femme exerce ce métier. Mais avec le départ
des hommes pour le front et la nécessité de continuer à faire fonctionner le pays, les femmes accèdent à part entière à de
nouvelles responsabilités.
Pendant la période de la guerre,
les employés de l’agence postale, que ce soit Jean Bruch ou sa fille,
ont la délicate tâche d’annoncer à la famille le décès au front d’un
proche, un fils, un époux ou un père. En effet, un télégramme est
envoyé à la famille le jour même ou le lendemain du décès et il faut le
remettre en mains propres à la famille, avec tout le tact que cela
suppose. La visite des employés postaux est toujours redoutée, car elle
annonce immanquablement un grand malheur qui s’abat sur la famille.
Télégramme réceptionné le 23 juillet, à 5 heures 25 par Bruch
et adressé à Madeleine Lenhard, pour lui annoncer que son fils
Christian est décédé la veille et qu’une lettre suivra.
1917 : nous retrouvons un
dénommé Johan Peter Demmerlé qui officie en tant que "Post
Hilfsbote", aide facteur. (renseignement Bernard Zins )
Le 11 Novembre 1918, la 1ère Guerre
Mondiale se termine par la défaite de l’Allemagne. Nous redevenons
Français et l’administration française va reprendre le contrôle des
bureaux de poste.
Ce changement administratif ne se fera pas du jour au lendemain, comme le témoigne le télégramme qui suit :
(Document AD57)
Ce télégramme daté du 30 Novembre
1918, relayant les directives du Ministre français des Postes, est
réalisé sur un télégramme allemand portant les mentions "Telegraphie
des Deutschen Reichs".
Ce type de document sera même
encore très fréquent en 1919. Sur certains courriers, des timbres
français et allemands vont même coexister. Le modèle allemand du
tampon à date sera d’ailleurs utilisé jusqu’en 1920.
Avec le rattachement à
l’administration française, Marie Albertus n’obtiendra qu’un statut "d’aide des Postes" pour l’exécution de l’ensemble des
opérations postales, ainsi que pour l’exécution des tâches
domestiques du bureau dans son logement privé.
Elle devra attendre octobre 1921 pour que l’administration lui accorde la fonction de "gérante d’agence".
En 1919, la Poste va également proposer l’utilisation du "service de comptes courants et de chèques postaux". (loi du 8
janvier 1918, mise en place
en 1919). Ce n’est pas une grande
nouveauté, ce service existait déjà sous l’administration allemande
depuis 1908.
La Poste fait aussi office de
bureau de change des Reichs Mark en Francs : le taux de change
utilisé est la valeur OR du Mark en 1914. Ce taux de change est
extrêmement favorable pour les Alsaciens-Lorrains.
Ci-dessous, billets de 50 et 100 Francs de 1919.
(Photos internet)
Le rôle du facteur
Si pendant la guerre, le facteur
est porteur de mauvaises nouvelles, distributeur des "horreurs de la
guerre" ( courrier de décès au front… ), après la guerre
se dessine l’image d’un facteur populaire.
Il redevient le trait d’union
entre la ville et la campagne. Il est aussi le commissionnaire fidèle
que l’on charge de rapporter de la ville voisine des comestibles, des
médicaments, des provisions de toutes sortes ….
Uniforme de facteur français.
(Photo internet-Musée de la poste)
Bouton d’uniforme et képi de facteur français.
(Photos internet-Musée de la poste)
Cachet vu entre 1922 et 1923. Kalhausen est devenu "Kalhouse". C’est le parfait témoin de la "francisation à tout prix" …
C’est en 1925 que
l’administration des Postes et Télégraphes devient officiellement l’administration des Postes, Télégraphes et Téléphones : PTT
Voici les logos 1930 et 1934.
Cachet vu de 1928 à 1939, on y
retrouve Kalhausen, et non plus Kalhouse, car le conseil municipal a
refusé en 1924 la francisation du nom de la localité.
Les timbres suivants sont communément utilisés de 1918 à 1939. (Victoire, Semeuse et Semeuse camée)
(Photos internet)
L’année 1936 est marquée par la mise en place d’une étude statistique de la poste.
Voici l’activité répertoriée sur l’agence de Kalhausen :
1er Septembre 1939 : l’ordre
d’évacuation du village vient de tomber. A pied, à cheval, en
charrette, les habitants de Kalhausen quittent le village dans des
conditions d’expulsion.
En plus des maigres effets
personnels autorisés à être emportés (30 kg par personne), il
faut évacuer la poste : les registres postaux les plus récents,
l’argent et les timbres …
Après 2 jours passés sur les
routes, la première étape est Réchicourt-le-Château, à 54 km de
Kalhausen (point de ralliement pour les habitants de Kalhausen).
C’est là que Marie Albertus,
gérante de la poste, va se présenter à la poste de Réchicourt pour
y confier "les objets et documents de valeur".
Les
agents de la poste, n’ayant reçu aucune instruction, acceptent
volontiers l’argent et les timbres mais refusent de lui donner un
reçu ……
Ensuite, c’est le départ pour la Charente dans des wagons à bestiaux. (Souvenirs de Marie Madeleine Richter, née Greff, petite-fille de l’agent des Postes)
1er Août 1940 : réouverture du bureau de Poste, après le retour de l’évacuation. Nous redevenons Allemands !!!!!!. La Poste se met à l’heure du 3ème Reich.
Cachet utilisé
d’août 1940 à septembre 1941 : calligraphie de Kalhausen en
allemand gothique. Ce cachet ne comporte aucune date.
Les timbres utilisés durant cette période portent une contremarque : "Lothringen" pour Lorraine.
(Photos internet)
L’ensemble des correspondances vers
l’étranger, la France y compris, va subir la censure et
transitera d’abord par Cologne ou Francfort où tout sera contrôlé.
Le 1er Mai 1941, en Alsace-Moselle,
le Franc n’est plus reconnu. Le taux de change sera fixé à 1 Mark
pour 20 Francs, alors qu’en 1939 le taux de change était de 1
Mark pour 10 Francs. Cela signifie que les Alsaciens-Mosellans se
voient dépossédés de la moitié de leurs économies. De plus, ils sont
maintenant contraints d’acheter leurs biens de consommation
au tarif allemand (bien plus élevé qu’en France).
(Photos internet)
Ce
cachet utilisé d’octobre 1941 à février 1945
témoignait de la complète
annexion de notre région au Troisième Reich.
Le siège administratif du Gau
Westmark était Sarrebruck1. Le Gau Westmark comprenait la Sarre, le
Palatinat et la Moselle, département français annexé officiellement au
territoire allemand dès le 18 octobre 1940, par un décret de Hitler,
pour former le Reichsgau Westmark.
Auparavant, la Sarre et le Palatinat
formaient le Gau Saarpfalz, dont la capitale était Neustadt an der
Weinstraße. Le Troisième Reich comptait 32 Gaue ou provinces, auxquels
sont venus s'ajouter 10 Gaue supplémentaires formés par les territoires
nouvellement annexés. (source Wikipedia)
Avec l’intégration de la
Moselle au "Gau Westmark", nous ne sommes
plus considérés comme un territoire occupé mais nous
faisons véritablement partie d’une division administrative
territoriale et civile de l’Allemagne nazie.
Les timbres utilisés durant cette période sont pour la plupart à l’effigie d’Adolf Hitler ou à caractère de propagande.
(Photos internet)
De gauche à droite, à l’avant-plan Yvonne et Marie Madeleine Greff.
Puis, Marie Albertus, gérante, Mlle Gutmuller, employée de poste à Sarreguemines, en visite à l’agence de Kalhausen,
Marie Greff, née
Albertus, employée de poste, et son père Jean Pierre
Albertus.
A l’arrière-plan, Joseph Greff et sa belle-soeur,
Victorine Albertus.
Photographies prises en 1942 ou 1943.
Sur la façade de la maison, l’aigle allemand avec la croix gammée portant la mention "POST". A droite de la porte se trouvent la boîte à lettres portant
la mention "Deutsche Reichspost" et une plaque émaillée portant la mention "Öffentlicher Fernsprecher" stipulant l’accès au téléphone. A gauche de
la porte se trouve un petit cadre dans lequel les habitants du village
pouvaient quotidiennement trouver le bulletin météorologique. On peut
également distinguer un porte-drapeau obligatoire sur tout bâtiment à
usage administratif durant la période d’occupation.
Durant la période d’occupation,
certains courriers étaient hautement prioritaires. Il s’agissait de la
correspondance destinée aux autorités allemandes présentes dans
les villages : la "Polizeiliche Meldestelle", une permanence de la
police ou le bureau de la gendarmerie, qui passait avant le
"Bürgermeister" (le maire).
Si ces courriers n’étaient pas
relevés le matin même par un représentant de cette police du régime
nazi, le facteur avait pour ordre de modifier sa tournée et de
les livrer prioritairement.
(Photo collection privée)
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(Photo collection privée)
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Nicolas Freyermuth (*1912 +1991),
notre facteur,
appelé "de Bodde Nìggel", en tenue
allemande.
Il était originaire du village, tout comme Jean Gross.
1945 : la libération : Changement de devise et stockage des billets …
Janvier 1945,
c’est la libération par les troupes alliées, c’est aussi, dès
février 1945, le retour à l’administration française. La Poste reprend
"le drapeau français" : changements de registres, de timbres……
C’est une procédure qui est déjà connue par les "anciens" des services postaux……
Le 22 février 1945, Marie Albertus
doit témoigner "Ne pas avoir fait partie d’une formation
politique allemande", afin de pouvoir exercer sa fonction sous
l’administration française. (Le 9 avril 1945, elle va signer un
certificat de prestation de serment …).
C’est enfin en Juillet
1948, après enquête des autorités et l’avis du Préfet qui va
stipuler sur un document officiel "Attitude correcte au point de vue
National / Avis favorable", qu’elle entrera officiellement en
service.
Du 8 au 19 janvier 1945, une
fonction importante est assignée à la Poste : le changement de monnaie.
Il faut convertir les "Reichsmark" en Francs.
La poste de Kalhausen
devient aussi un bureau de change pour les communes de Kalhausen,
Etting et Schmittviller.
Le taux de change est fixé par
arrêté préfectoral à 15 Francs pour 1 Mark. Rappelons
qu’il était de 20 Francs pour 1 Mark en 1941.
Les
Alsaciens-Mosellans se voient à nouveau amputés de 25 % de leurs
économies ! Cette mesure impopulaire permettra tout de même de relancer
rapidement l’économie.
Les habitants faisaient la
queue devant le bureau de poste pour échanger leurs
Reichsmarks jusqu’à épuisement de la livraison de Francs.
A l’intérieur du local de poste,
les sacs de billets s’accumulaient. En effet, si les Francs
étaient livrés par une voiture postale, c’est le facteur
Nicolas Freyermuth qui avait pour mission de ramener les sacs remplis
de Marks démonétisés à la poste de Sarreguemines. Comme il
effectuait ce trajet à vélo, les livraisons allaient
s’étaler sur plusieurs semaines. Faute de place dans le local de la
poste, les sacs de vieux billets furent temporairement stockés
sur le fenil dans une cache improvisée. (Souvenir de Marie Madeleine Richter)
(Photos internet)
Une nouvelle opération d’échange de
billets fut renouvelée entre le 4 Juin et le 15 juin 1945. 34 000
guichets (banques, bureaux de poste, caisses d’épargne et
perceptions) répartis sur toute la France allaient procéder à l’échange
de coupures de 50 à 5000 Francs contre des nouveaux billets.
L’objectif était triple :
- retirer les
innombrables types de billets de banques en circulation (outre les
billets ci-dessous les plus communs, bien d’autres billets
étaient
en circulation : billets de banque des troupes alliées (solde
des soldats), billets imprimés aux Etats-Unis par
l’administration française en exil
à Londres, etc ……
- établir un "cadastre des fortunes"
- faciliter la reconstruction de la France.
(Photos internet)
Photo de la poste prise à la fin des années 40.
Cachet de 1946 peu courant
le millésime de l’année est en 2 chiffres.
Les timbres utilisés alors
témoignent de la Libération : les chaînes brisées (imprimé dès 1944 en
France Libérée), la Cérès de "Mazelin", l’Arc de Triomphe et la
Marianne de "Godon", utilisée jusqu’en 1955 ainsi que des
timbres portant le blason de la Lorraine et de l’Alsace.
(Photos internet)
Cachet utilisé de janvier 1949 à septembre 1951
(Photo collection privée)
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(Photo collection privée)
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Le facteur, Nicolas Freyermuth, au début des années 50.
"Qu’il vente ou qu’il neige, été
comme hiver, le facteur marche par tous les temps". Nicolas
Freyermuth prenait cette mission très à cœur! Cet homme à la
silhouette imposante était connu pour sa gentillesse, sa
serviabilité et son professionnalisme.
(Photo collection privée)
Photo prise à l’entrée de Sarreguemines.
Nicolas Freyermuth avec sa bicyclette.
Il allait quotidiennement à Sarreguemines chercher le courrier
de Kalhausen, Etting et Schmittwiller avant de le distribuer.
C’est le 7 décembre 1949 que
Marie Albertus (dite Brùùche Marie), alors âgée de 71 ans, va
prendre sa retraite et passer la responsabilité de gérante de
l’agence postale à sa fille Marie Greff, née Albertus.
Cette dernière était connue sous le nom de "Greffs Marie, de Poschtfrau", la dame de la poste.
Le 15 novembre 1951, suite à une
décision administrative d’agrandissement de l’agence postale, Marie
Greff va quitter ses fonctions. 3 générations de gérants d’agences
postales se seront succédées dans la même famille et la même maison
durant près de 58 ans.
L’ancienne agence postale est devenue un beau bâtiment
qui garde les caractéristiques de la ferme lorraine.
Le destin du nouveau bureau de poste
Un nouveau bureau de poste est
alors ouvert au numéro 18 de la rue des fleurs. Un receveur des postes
est nommé en la personne d’Antoine Frantz, qui assure également la
distribution du courrier dans le village. En 1957, Alfred Chardon,
originaire d’Arc-en-Barrois, dans la Marne, lui succède.
Sur cette photo prise en 1954,
le bureau de poste est visible à l’arrière-plan.
Récépissé d'un mandat postal
Après la construction de l’actuelle
mairie, au centre du village, à la place de l’ancien presbytère, le
bureau de poste intègre la partie droite du bâtiment
en 1965 : le
bureau fonctionne au rez-de-chaussée et le logement du receveur se
trouve à l’étage. Alfred Chardon est désormais uniquement receveur.
Edouard Muller assure la distribution du courrier au village et à
Etting à partir de 1972.
Alfred Chardon prend sa retraite en
1986, il est remplacé par Alain Davenet qui s’occupera du bureau de
poste desservant désormais Kalhausen, Achen et Etting. Ce dernier
quitte Kalhausen en 1991, pour un bureau de poste plus important à
Mortrée, dans l’Orne. Son remplaçant est Aloyse Kriegel,
originaire de Siersthal. En 1994 est nommé Claude Muller, natif
de Keskastel.
Le bureau de poste intègre la partie droite du bâtiment
Alfred Chardon
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Alain Davenet
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Mais avec le développement du
téléphone à domicile, l’apparition du Minitel et d’Internet, l’activité
commerciale de la poste ne cesse de décliner et, en juillet
2000, avec le départ du dernier receveur, le bureau de poste devient
une annexe de celui de Rohrbach-lès-Bitche.
Finalement, en février 2007,
l’annexe postale est transformée en point-poste ou relais-poste. Elle
déménage au 13, rue des fleurs où elle est reprise par un commerce, le
bar-tabac "Le Roc". Les services sont désormais réduits aux virements,
retraits et envois de fonds et à l’achat de timbres et de
prêts-à-poster, mais l’horaire d’ouverture est celui d’un commerce, de
9h à 19h. Ce déplacement ne fait pas l’unanimité parmi les habitants,
car l’emplacement est excentré par rapport au centre du village.
A peine 4 mois plus tard, le
bar-tabac ferme et le point-poste revient au centre du village,
réintégrant l’ancien local du bureau de poste, dans le bâtiment de la
mairie où vient d’ouvrir un dépôt de pain. Depuis cette date, il
fonctionne sans problème, pour quelques opérations limitées, à la
satisfaction des habitants du village. Mais que de péripéties !
Conclusion
La fermeture des bureaux de poste
dans les villages et leur remplacement par des points-relais contribue
malheureusement, tout comme la disparition des commerces de
proximité, à la désertification des campagnes. Cette mutation, devenue
nécessaire pour des raisons économiques, était inéluctable.
L’existence d’une poste annexe,
puis de l’agence postale pendant près de 58 ans dans ma maison
maternelle, enfin du bureau de poste, aura quand-même contribué à
apporter aux nombreux usagers du village, mais aussi de quelques
villages voisins, des services de proximité appréciés par tous.
Laurent Richter, petit-fils de Marie Greff
En collaboration avec l'A.H.K
Novembre 2015
PS : Je dédie ce récit à ma nièce
et mon neveu, Marion et Joffrey Tilly, vivant à New-York, pour
qu’ils se souviennent de leur histoire familiale et de leurs ancêtres
de Kalhausen.
Remerciements :
Pierre Muller de
Puttelange-aux-Lacs (spécialiste de cartes postales
anciennes) pour ses informations et ses documents.
Bertand Hiegel et Bernard Zins pour leur aide et leurs conseils.
SHPTA : Société Historique de la Poste et des Télécommunication en Alsace : Madame Marie Lyne Simler.
Le Groupe La Poste - Direction des archives du Groupe (DIRAG ) : Madame Sophie Bruneton
44 boulevard de Vaugirard - 75757 Paris Cédex 15
Museum für Kommunikation Frankfurt / Schaumainkai 53, 60596 Frankfurt am Main, Allemagne