L'évacuation

En septembre 1939, à la déclaration de la guerre, tout le village est évacué, en grande partie vers la Charente. Les ouvriers-mineurs sont dirigés vers le Pas-de-Calais, pour travailler dans les mines de charbon, alors que les cheminots sont dispersés dans toute la Lorraine.

Il n’est pas étonnant alors qu’une seule naissance ait été déclarée dans le village en 1940, celle d’un garçon, né au retour de la Charente, dans la famille de Charles Dellinger-Lucie Dier, garde forestier à Weidesheim.

Tous les natifs de cette année 1940 sont donc nés dans différentes communes françaises :

-    Gilbert (Thomas) Herrmann, Jean Claude Freyermuth, Marie Kremer et Louise (Marie Louise) Lohmann, en Charente

-    André Borner à Loudrefing

-    Blanche Lenhard à Pagny-la-Blanche-Côte (Meuse)

-    Marie Rose Lenhard à Sarreguemines

-    François Freyermuth à Epinal

-    Jeannette Zins à Chaudenay-sur-Moselle

-    Charles Dellinger à Weidesheim

Deux autres naissances ont encore eu lieu en Charente, mais les enfants sont décédés pendant l’évacuation : l'un dans la famille Jacques Seltzer-Marie Rimlinger et l’autre dans la famille Chrétien Stéphanus-Rosa Bruch.

En octobre 1940, les familles des évacués reviennent dans leur village et retrouvent leur maison, pillée, dévastée ou même détruite.

Notre jeunesse

En 1946, nous avons l’âge d’entrer à l’école. C’est ainsi que le mardi 1er octobre 1946, nous sommes 9 garçons et filles à franchir pour la première fois le seuil de "la petite école" (aujourd’hui le dépôt funéraire). Nous y resterons jusqu’au CE 2.



Notre classe d'âge

Notre première institutrice se prénomme Alice. Les maîtresses changent souvent, il y en a une nouvelle à chaque rentrée, et parfois deux dans la même année.

Marie Rose Lenhard

Marie Kremer

Louise (Marie Louise) Lohmann

Jeannette Zins

Gilbert (Thomas) Herrmann

André Borner

Jean Claude Freyermuth

François Freyermuth

Charles Dellinger

A partir du CM 1, nous sommes dans la grande école et il n’y a plus de mixité. Pendant 5 années, nous aurons comme instituteur Monsieur Albert Sprunck et les filles auront Mademoiselle Joséphine Schreiner, originaire d’Etting.

Albert Sprunck

Joséphine Schreiner

A cette époque, notre jour de repos était le jeudi, mais il y avait école toute la journée du samedi.

Pendant la récréation, nous devions nous rendre, au nombre de six, au lavoir distant d’une cinquantaine de mètres, et rapporter trois seaux d’eau pour les besoins ménagers de la famille de l’instituteur. Les seaux d’eau étaient lourds et nous devions être à deux pour les porter. La femme de l’instituteur nous donnait parfois des bonbons.

En tout, nous avons été scolarisés pendant 8 années. Notre dernier jour de classe a été le mercredi 14 juillet 1954. Ce jour-là, le maire Florian Gross est passé dans l’école pour distribuer à chacun un petit pain et une tablette de chocolat offerts par la commune. Quel plaisir pour nous !
 
En 1949, Jeannette Zins, qui habitait Weidesheim, où son père était jardinier, déménage à Wittring car ses parents y ont acheté une maison. Elle venait chaque jour à pied à l’école, ainsi que Charles Dellinger. Ils apportaient leur gamelle et mangeaient à midi dans une famille d’accueil (la famille Emile Muller).

En 1952, Blanche Lenhard emménage à Kalhausen, après le départ à la retraite de son père (La famille habitait à Petit-Réderching).
La même année, Charles Dellinger part pour le collège de Bitche et Jean Claude Freyermuth pour une école à Sarreguemines.


Notre vie religieuse

Le curé de la paroisse était l’abbé Nicolas Ichtertz de 1945 à 1971. Nous avons fait notre première communion le 16 juillet 1948. La confirmation nous a été donnée en l’église de Rahling, le 14 juin 1951, par monseigneur Heintz, évêque de Metz. Nous avons célébré notre communion solennelle le 24 mai 1953. L'abbé Ichtertz rassemblait deux classes d'âges, les uns pour célébrer la communion solennelle et la classe d'avant pour renouveller les voeux de baptême.







Les garçons étaient enfants de chœur pendant une dizaine d’années, jusqu’à leurs 18 ans. Pour les récompenser, le curé leur donnait un peu d’argent et les emmenait en excursion-pèlerinage (Blieskastel en Allemagne, pour la Fête-Dieu ou Notre-Dame-de-Sion, entre autres).

Notre adolescence

A la fin de notre scolarité, dans l’année de nos 14 ans, nous sommes entrés automatiquement dans la vie active.

-    Gilbert Herrmann et François Freyermuth dans la maçonnerie (entreprise Félix Dehlinger de Schmittviller pour le premier et André Freyermuth de Kalhausen pour le second)

-    André Borner  entra en apprentissage à Sarreguemines chez le photographe Kraemer.




Pour nous, c’était le boulot du lundi au samedi et 9 heures par jour. Ce n’était que le dimanche que nous étions libres et encore le matin, il fallait aller à la messe. L’après-midi, c’était des balades à vélo ou des séances de cinéma à Sarreguemines. Le soir, on allait parfois au bal aux restaurants du village (Assant-Kihl et Simonin) ou dans les villages environnants.

Jean Claude Freyermuth continua ses études pour devenir dans un premier temps facteur, puis infirmier psychiatrique à Steinbach.

Charles Dellinger poursuivit également ses études pour devenir professeur de sport.

Quant aux filles,

-    Marie Kremer donna un coup de main dans le train de culture de ses parents.
-    Marie Louise Lohmann alla travailler en ville. (Ouvrière Spécialisée au CHS à Sarreguemines)
-    Blanche Lenhard était occupée dans sa famille et parfois au bureau de tabac Thinnes.
-    Marie Rose Lenhard entra au couvent de Saint-Jean-de-Bassel et devint sœur enseignante (sœur Marie Amata).
-    Jeannette Zins entra aussi dans un couvent en Belgique.

Les garçons sont passés devant le conseil de révision (de Mùschderùng) le 19 mars 1959 à Rohrbach-lès-Bitche où ils s’étaient rendus en bus. Ils étaient  au nombre de 4, André Borner, François Freyermuth, Jean Claude Freyermuth et Gilbert Herrmann, accompagnés par le maire Florian Gross.


L’orchestre qui les accompagnait était composé de 5 musiciens et venait d’Auersmacher, en Sarre. 

C’était la fête pendant 2 jours. Les conscrits passaient dans les rues du village, au son de l’orchestre qui faisait beaucoup de bruit et s’arrêtaient devant les maisons des membres de la classe 40, garçons et filles.

La musique jouait alors un morceau et les familles concernées invitaient les conscrits à manger une part de gâteau et à boire un coup. Devant la maison des camarades décédés, l’orchestre jouait "Ich hatte einen Kameraden". Là aussi, les conscrits étaient invités à manger et à boire.

Les bals des conscrits avaient lieu au restaurant Gérard Simonin les soirs du 19 et du 20 mars et ils réunissaient les familles des conscrits ainsi que les gens du village.




Le service militaire avait lieu en 1960 et durait de 18 mois à 2 ans, une période se déroulant en France et l’autre en Algérie. Après la quille, commençait la période des fréquentations et des mariages.

Les uns sont restés au village, d’autres se sont établis ailleurs et tous ont fondé une famille.

La classe 40 s’est enrichie de membres venus de l’extérieur et qui se sont installés au village, comme Alfred Brechenmacher et Lydie Manns.
Alfred, originaire de Gungwiller, passa sa jeunesse à Oermingen et à la gare de Kalhausen avec sa mère. Il épousa Thérèse Holtzritter originaire de Kalhausen.
Lydie Manns, née à Nozicko en Bosnie-Herzégovine, habitait à Hazembourg dans le pays d'Albe jusqu'à son mariage avec François Simonin de Kalhausen.

Membre défunt

Marie Kremer, épouse Lucien Bour, est décédée prématurément le 23 octobre 1990.


François Freyermuth

Avril 2019