l_habitat_rural_a_kalhausen
L’habitat rural ancien à Kalhausen
Plan
1. Le village
1.1 L’habitat
1.2 La structure du village
- Les rues
- L’usoir
2. Les maisons
2.1 L’aspect extérieur
2.2 Les catégories de maisons
2.2.1 La maison à une travée
2.2.2 La maison à deux travées
2.2.3 La maison à trois travées
2.2.4 La maison à plus de trois travées
2.3 La description de la maison
2.3.1 La toiture
2.3.2 La maçonnerie
2.3.3 Le pan de bois
2.3.4 Les plafonds
2.3.5 La charpente
2.3.6 Les ouvertures
- Les fenêtres
- les portes
2.3.7 Les éléments architecturaux
2.3.8 La disposition Intérieure
- La partie habitation
- La partie agricole
2.4 Des particularités locales
- La maison à Schopp
- La maison à porterue
3. Le décor architectural
3.1 Le 18° siècle
3.2 Le 19° siècle
3.3 Le 20° siècle
3.4 Quelques bâtiments remarquables
3.5 Bâtiments disparus
4. Aujourd’hui
Conclusion
Lexique
L’habitat rural ancien à Kalhausen
Porte d’entrée du pays de Bitche à partir de la vallée de la Sarre,
Kalhausen se trouve sur le plateau lorrain, dans la partie germanophone
de la Moselle,
à la limite orientale de la Lorraine. Situé en pays
découvert, là où les terrains cultivés et les prairies alternent à
perte de vue au milieu de quelques
rares forêts, par opposition au pays
couvert des Vosges du nord, Kalhausen a un habitat de type lorrain, dont on retrouve les particularités dans les
4 départements qui forment la province lorraine.
Mais dans cette partie orientale de la Lorraine, l’habitat rural se
démarque quelque peu du modèle lorrain, car il a subi une influence
extérieure, celle de l’Alsace voisine et de ses pans de bois. Il reste
résolument lorrain, par son caractère de maison-bloc à terre, mais
arbore quelques caractéristiques alsaciennes, comme la pente du toit,
l’utilisation du pan de bois, la couverture en tuiles écailles et
l’absence de cuisine aveugle, ce qui en fait un habitat hybride, tout à
fait original et caractéristique, qui s’étend jusque dans la proche
Sarre, le Palatinat et l’Alsace Bossue.
1. Le village
1.1. L’habitat
Eloigné des centres industriels urbains et des villages verriers du
pays de Bitche, le village de Kalhausen était autrefois, comme ses
voisins, essentiellement agricole et entièrement voué au travail de la
terre.
L’habitat ancien local est donc un habitat rural de type lorrain,
composé de maisons paysannes qui regroupent sous un même toit les
pièces d’habitation, les locaux de travail et les espaces de stockage.
Il reste peu de choses, sinon rien de l’habitat antérieur à la Guerre
de Trente Ans et de ses maisons à pans de bois. Cette guerre, qui
représente la plus grande catastrophe économique et démographique que
la Lorraine ait connue, a causé la désertification de nombreux villages.
Il faut attendre la fin du 17° siècle avec le traité de Ryswick pour
voir disparaître entièrement l’insécurité et notre région se repeupler
lentement par l’immigration.
Cette reconstruction des villages surtout au cours du 18° siècle et
pendant le 19° est le signe réel d’un retour à la prospérité et de
l’essor démographique consécutif.
Elle s’est réalisée principalement en matériaux durables, en pierres,
et non plus uniquement en bois, surtout pour les maisons de laboureurs.
Kalhausen se rebâtit autour de sa petite chapelle, et de sa place,
véritable noyau central d’où partent, en étoiles, les rues du village.
Carte postale datant du début du 20° siècle.
L’église paroissiale bâtie en 1847,
l’ancien presbytère datant de 1807 et la rue des roses.
Les maisons les plus anciennes, datées du 18° siècle, se trouvent donc dans un rayon de 50 m autour de l’église. Progressivement les rues s’allongent
par des constructions aux 19° et
20° siècles et tout l’espace constructible disponible est occupé selon
les possibilités du terrain.
Cadastre de 1829.
Le ruisseau n’est pas encore canalisé au centre-village, le cimetière entoure la chapelle.
Après la Seconde Guerre Mondiale, la modernisation touche aussi
l’habitat et de nombreuses maisons anciennes qui ont survécu au conflit
armé sont transformées par leurs propriétaires.
Ce sont principalement les façades qui changent de physionomie. Pour
gagner de la place, un étage est rajouté au rez-de-chaussée des maisons
les plus basses. Pour faire entrer plus de lumière et de clarté, les
fenêtres sont agrandies aussi bien pour l’habitation que pour l’étable,
ce qui provoque la disparition des encadrements de grès. La porte de la
grange est réduite en hauteur et sert désormais d’accès pour le garage
qui abrite la toute nouvelle voiture automobile. Un nouveau crépi
recouvre la façade, cachant ainsi les encadrements en pierres de
taille, principalement de la porte piétonne. Une peinture de finition,
du blanc, vient apporter une touche de couleur, de luminosité au
village.
Mais cette modernisation, rendue possible par l’accroissement du niveau
de vie, n’a pas toujours été très heureuse. Bien qu’elle ait apporté de
meilleures conditions de logement, elle a enlevé aux constructions le
cachet qui faisait leur charme.
Ces transformations qui ont causé la disparition de nombreux éléments
architecturaux ornementaux expliquent en partie la pauvreté des décors
des façades du village, contrairement à d’autres communes, surtout de
la proche Alsace Bossue.
Quelques rares maisons à usage agricole ont gardé pour des raisons
diverses leur façade originelle, avec les encadrements des ouvertures
et le linteau de la porte piétonne qui faisait la fierté des
constructeurs. Certains propriétaires avisés ont aussi su conserver et
mettre en valeur ce qui faisait la fierté de leurs prédécesseurs.
Malheureusement, suite au recul de l’agriculture et au changement de
destination des demeures paysannes, ces transformations ne sont pas
prêtes de s’arrêter. La "modernisation" devient parfois radicale.
C’est toute la partie réservée autrefois à l’activité agricole qui est
transformée en logements locatifs, si ce n’est la construction entière.
Les façades sont dénaturées, la maison lorraine perd son âme, son
authenticité.
1. 2. La structure du village
Les rues
Kalhausen se caractérise par son habitat groupé. Village-tas, il s’est
bâti dans un petit vallon adjacent au ruisseau d’Achen, autour d’un
noyau central formé d’une chapelle et d’une petite place d’où partent,
comme on l’a vu précédemment, en étoile, les rues du village.
La rue des jardins, "de Hohléck" a une orientation nord-est et mène à Achen, puis à Rohrbach-lès-Bitche.
La rue de la libération, "de Lòngenéck" a une orientation sud-est et mène
par Schmittviller vers le pays couvert et gréseux des Vosges du nord
ou
vers Oermingen, dans le proche Bas-Rhin.
La rue de la montagne, "de Guggelsbèrsch" a une orientation ouest et
menait jadis, par l’écart de Hutting, vers Herbitzheim et l’Alsace.
La rue des fleurs et celle des roses forment le "Wélschebèrsch".
Une des rues les plus récentes est la rue de la gare, "de nòu Schtròòss",
ouverte au début du 20° siècle. Cette rue est le prolongement direct de
la route départementale 83 venant de Schmittviller, Rahling en
direction de Sarreguemines, par la vallée de la Sarre. Auparavant cette
route passait par la rue des jardins et la dangereuse pente de la
"Rùtsch", pour se diriger vers la gare, par la vallée du ruisseau d’Achen
et au-delà, vers Sarreguemines.
La rue des vergers, appelée improprement de "Rùtsch", fait la jonction
entre la rue des jardins et la rue de la gare. Elle permet d’éviter la
côte de la partie arrière de la rue des jardins.
Il faut encore citer la rue de l’abbé Albert ouverte à la fin des
années 1950 en remplacement d’un sentier existant et les rues nouvelles
créées dans les lotissements récents (rue Beaupré, rue de Benest, rue
de Pleuville).
Un petit ruisseau traversait le village, il prenait sa source derrière
les maisons de la rue de la libération et était déjà canalisé au 19°
siècle au centre village. Il coulait ensuite dans une sorte de mini
ravin appelé "de Kluus", en direction du ruisseau d’Achen.
Le ruisseau
fut canalisé au 20° siècle dans la rue de la gare sur une centaine de
mètres.
Lorsque Nicolas Muller bâtit en 1925 la boucherie de la rue de
la gare, il dut faire édifier un pont privé pour pouvoir accéder à sa
maison construite au-delà de ce petit ravin.
Le développement du village au 20° siècle s’est réalisé le long des
rues et se poursuit encore actuellement dans la limite des parcelles
constructibles disponibles le long de ces artères.
Deux lotissements ont vu le jour : le premier est l’oeuvre d’un
promoteur privé de la commune au début des années 1980, le second, plus
important, est à mettre à l’actif de la commune. Ce dernier se situe à
proximité du complexe sportif au lieu-dit "Hààbrètt" et a été réalisé à
partir de 1998.
Pour le moment, une troisième tranche est en voie de
réalisation et a été confiée à une société immobilière.
Le PLU (plan local d’urbanisme), élaboré en 2003-2004, a réservé des
zones constructibles sur le ban de la commune pour des extensions
futures du village.
L’usoir
Comme dans tous les villages lorrains, les habitations se dressent de
part et d’autre des rues, séparées d’elles par un espace plus ou moins
large, privé ou collectif, selon les cas.
Cet espace, appelé usoir, "vòr de Dìer", est une caractéristique du
plateau lorrain. Généralement de forme rectangulaire, compris entre la
façade de la maison et le caniveau, cet espace est une propriété
collective, non cadastrée, appartenant à la commune, mais à usage
privatif. Même s’il est réservé plus spécialement aux riverains qui
peuvent en disposer à leur guise, sans pouvoir en empêcher le passage,
l’usoir est accessible à tous.
IL servait autrefois à stocker le bois de chauffage, les fagots, le
fumier. On y entreposait aussi la charrette, la brouette à fumier, la
tonne à purin et les engins agricoles comme la charrue ou la faucheuse
mécanique.
Cadastre actuel.
Aperçu des usoirs et des constructions du centre-village
(Pour agrandir le plan, cliquer sur la photo)
L’usoir, profond de 5 à 6 m en général, parfois moins, était le seul
endroit de travail disponible pour les villageois, avec la grange.
L’absence de cour intérieure et l’impossibilité d’accéder aux champs,
par l’arrière de la maison, à cause des jardins et des vergers formant
la ceinture végétale du village, obligeaient les habitants à effectuer
leurs travaux dans la grange (déchargement des récoltes, battage du
blé, nettoyage des céréales au tarare) et devant la maison (sciage et
fendage du bois, chargement du fumier).
Avec ses entassements de bois, de fumier, avec ses machines agricoles
et l’animation qui y régnait aussi bien pendant la journée que le soir,
après le travail, surtout pendant la belle saison, cette place était
une immense cour ouverte, un endroit de vie collective, un terrain de
jeux pour les enfants et même un lieu de nourrissage des volailles qui
s’y ébattaient librement.
L’emplacement du tas de fumier, "de Mìschthuffe", était parfois délimité
par des dalles de grès enfoncées verticalement dans le sol et dépassant
d’une trentaine de cm. La pompe à purin manuelle, "de Mìsch–Sèèsch-Bùmb",
pouvait occuper l’un des angles du quadrilatère. Une fosse à purin
tardive se trouvait creusée sous la fumière, c’était tout simplement
une excavation non maçonnée avec une dalle faite de traverses de chemin
de fer.
Le trop plein de cette fosse se déversait dans le caniveau, "ìn
de Rìnn", tout comme les eaux de ruissellement qui s’échappaient du tas
de fumier. Il va sans dire que les abords de la fumière ne présentaient
pas un spectacle très propre. Pour éviter que les poules en liberté
n’éparpillent trop le fumier, il fallait le couvrir de branchages.
Un banc de conversation, de facture assez rustique, trouvait aussi sa
place sur l’usoir, contre la façade de la maison et permettait de se
reposer le soir, après le travail, et de participer à la vie sociale du
village, en accueillant voisins et passants.
Un petit jardin potager privé, clos par un mur de pierres sèches ou
maçonnées, pouvait s’étendre devant la maison, comme c’est le cas dans
la rue de la libération, devant la maison Neu ou dans la rue des fleurs
devant la maison Simon.
Parfois un arbre propageait un peu d’ombre sur cet espace, mais c’était
très rare. Le fameux poirier situé au début de la rue de la montagne,
"de Lìhbòòm", "l’arbre aux mensonges", portait bien son nom : il était
le point de rencontre de certains villageois, les soirs d’été, après
une dure journée de labeur. Ils venaient là pour se détendre un peu et
surtout pour échanger des nouvelles de "comptoir" et s’adonner au
commérage.
Années 1950. Belle perspective de la rue de la montagne vers le centre–village.
L’arbre aux mensonges est nettement visible.
On remarquera un parfait alignement des façades sur la gauche de la photo.
L’usoir présente toujours une pente vers le caniveau, pour assurer un
bon drainage des eaux de pluie. Mais cela n’empêchait pas sa
transformation en bourbier en cas de pluie.
En général, la bande la plus proche de la maison et les accès aux
différentes portes étaient pavés de pierres calcaires dressées sur le
chant pour éviter d’avoir à marcher dans la boue.
L’usoir était entièrement pavé devant les maisons les plus cossues et
devenait un signe d’aisance, tout comme l’importance du tas de fumier.
Les pierres aux arêtes arrondies par les nombreux passages formaient
parfois une œuvre artistique par les motifs utilisés ou la symétrie des
formes.
Ce pavage très pratique donnait son nom dialectal à l’espace
devant les maisons appelé "de Pawaï", le pavé.
Herbitzheim.
Bel exemplaire de pavage, avec rares motifs décoratifs, devant la travée-habitation.
Mais certaines maisons ne disposaient pas du tout de place disponible
sur l’avant et les entassements de bois ou les machines agricoles
pouvaient empiéter sur la voie publique.
Les fontaines communales, "de Dòrfbrùnne", se trouvaient également sur
cet espace et il y en avait une, en principe, par quartier du village :
au "Wélschebèrsch", au "Guggelsbèrsch", "ìm Brùùch", au centre village, sans
compter celle du lavoir.
De nombreux puits privés, à manivelle ou munis d’une pompe manuelle à
balancier, se situaient aussi sur l’usoir et servaient à l’usage
exclusif du riverain, pour abreuver ses bêtes, matin et soir.
Un abreuvoir de grès, "e Drogg", se trouvait à côté du puits et rarement,
contre le mur de l’étable. Dans la maison Jean Baptiste Neu, la pompe
du puits se trouvait dans la cuisine et permettait de remplir
l’abreuvoir extérieur grâce à un tuyau en façade.
Maison Lang Nicolas, actuellement Agnès Muller, rue de la libération.
2. Les maisons paysannes
2.1. L’aspect extérieur
Les maisons lorraines sont mitoyennes, se touchant par les pignons et
pouvant ainsi former une succession d’une dizaine de bâtiments collés
les uns aux autres.
Elles sont alignées, parallèlement à la rue, en deux files qui se font
face, derrière les deux bandes de terre libre jusqu’aux façades qui
forment l’usoir.
La disposition mitoyenne des maisons et la répétition des mêmes types
de façades pourrait provoquer une lassitude visuelle à cause d’une
certaine uniformité.
Ce n’est pas le cas à cause d’un habitat moins compact qu’il n’y paraît
et plus aéré et aussi à cause du décrochement de certaines façades, les
unes par rapport aux autres. L’alignement des façades n’était pas de
règle et le moindre espace constructible libre était utilisé.
Une telle configuration due au manque de place contribuait beaucoup à
la bonne isolation des maisons dont seuls deux murs étaient exposés au
froid de l’hiver ou à la chaleur de l’été, tout en permettant de faire
des économies lors de la construction grâce au pignon commun.
Mais l’inconvénient était qu’aucune pièce de la maison ne pouvait alors disposer d’un éclairage latéral.
Le haut de la rue de la Libération avant 1939.
Groupe de maisons jointives.
Il existe pourtant une certaine fantaisie, voire un désordre, dans la
contiguïté des habitations, par ailleurs parfaitement alignées de part
et d’autre des rues. Des immeubles dérogent à la règle générale et sont
érigés en biais, en retrait ou perpendiculairement à la rue. Cette
disposition reste quand même exceptionnelle et s’explique par la taille
et l’emplacement des parcelles.
Les maisons Rummler-Greiner, de la rue des roses, (autrefois Albert
Borner †22 juin 1978) et Marie Jeanne Freyermuth († 26/02/2015), de la rue de la montagne, sont
bâties perpendiculairement à la rue, avec pignon sur rue, comme la
maison alsacienne.
Maison Rummler-Greiner.
Rue des roses, construite « en profondeur ».
La maison Joséphine Steffanus, dans la rue de la libération, l'ancien immeuble
locatif Kirch de la rue des jardins, les maisons Duché, de la rue des
fleurs et la maison anciennement Henri Rimlinger († 07/08/1997), de la rue des la
montagne, sont quant à eux bâtis en retrait, parfois derrière une autre
construction.
La maison Joséphine Steffanus est placée
derrière 3 petits immeubles de la rue de la Libération.
Dans le haut de la rue des roses,
on distingue nettement 3 maisons avec pignon
sur rue et une autre bâtie en avant des autres.
Les maisons de nos villages sont toutes du type lorrain, par leur
emplacement derrière l’usoir d’abord, leur alignement, leur contiguïté
et leur distribution intérieure en travées ensuite.
La maison lorraine est une maison-bloc à terre, toute en longueur, de
forme rectangulaire, parallèle à la rue, sans annexes séparées, sans
cour intérieure, qui réunit sous un même toit allongé les personnes,
les animaux et les récoltes et dont l’un des murs gouttereaux est la
belle façade.
Ce modèle de maison en largeur, qui regroupe sous un toit unique le
logement, les locaux de travail, l’abri des bêtes et les récoltes,
(Eindachhaus, maison à toit unique, ou Wohnstallhaus,
maison-logement-étable) s’est développé après les guerres du 17° siècle
et a perduré jusqu’au début du 20°siècle.
La maison lorraine, appelée encore "Quereinhaus" (maison bloc
transversale) est organisée en travées fonctionnelles parallèles qui
peuvent être au nombre de 2, 3 et parfois plus : la travée-habitation,
la travée-grange, la travée-étable. Ces travées, disposées
transversalement par rapport aux pignons, ont chacune un accès direct
sur la rue et ne communiquent pas forcément entre elles.
La
travée-grange seule est déplafonnée et ouverte jusqu’au faîte du toit,
elle communique avec le vaste grenier à fourrage, communément appelé
fenil, "de Hauschdàll", qui se trouve au-dessus de l’étable. Nous verrons
plus loin les différentes combinaisons possibles de ces travées.
L’organisation des travées est parfaitement visible en façade, avec des
ouvertures bien distinctes et spécifiques à chaque travée, qui laissent
deviner l’agencement intérieur.
Maison des arts et traditions Rouhling.
De gauche à droite : travée-grange, travée-étable et travée-habitation.
La maison lorraine s’oppose au modèle alsacien qui a pignon sur rue et
dont les bâtiments jointifs entourent une cour intérieure accessible
par un porche. Dans ce cas, tout le matériel agricole est à l’abri des
regards des passants et c’est ce qui donne aux villages alsaciens ce
caractère coquet et ordonné, alors que l’usoir, qui est en fait une
vaste cour ouverte, donne aux villages lorrains l’impression d’un grand
désordre.
La maison de l’est mosellan, tout comme celle de l’Alsace Bossue
voisine et de la proche Sarre, se différencie pourtant du modèle
lorrain par quelques particularités alsaciennes comme la pente du toit,
plus accentuée, la couverture de tuiles plates et non de tuiles canal,
l’utilisation du pan de bois pour les murs intérieurs et les pignons,
et une profondeur moindre à cause de l’absence de la cuisine aveugle,
enserrée entre 2 chambres, et de son puits intérieur de lumière, la
flamande.
Si la pierre est la partie visible de la maison rurale, le bois est
encore très présent dans la structure intérieure et de nombreux pans de
bois sont utilisés pour former les murs non-porteurs ainsi que la
partie haute des pignons, pour délimiter les différentes travées
agricoles et supporter les fermes de charpente. Le bois se rencontre
encore dans la structure de l’appentis en façade appelé "Schopp" (maison
Thinnes).
Mur de refend entre la travée-étable et la travée-habitation.
A l’arrière des maisons s’étendent le jardin, entouré de murs de
pierres sèches, et le verger, qui forme la ceinture végétale du village.
Dans la disposition jointive des maisons lorraines, cette partie
arrière de la parcelle bâtie n’est jamais accessible aux attelages.
Dans de rares cas, un petit jardin clos s’est approprié une partie de
l’usoir et s’étend devant le logement (maisons Simon, rue des fleurs et
Neu, rue de la libération).
Vergers à l’arrière des maisons de la rue des jardins
De nombreux petits sentiers, appelés "Gässle", passent derrière les
maisons et permettent l’accès des personnes aux champs, sans avoir à
passer par
le centre-village.
Jolie perspective estivale du sentier appelé
Séltzersch Gässel ou Kìrschegässel partant de la rue
des roses vers la rue des jardins
Sentier partant de la rue des roses en direction du lotissement Beaupré.
L’agrandissement de la maison lorraine n’était possible que vers le
haut, par l’adjonction d’un étage ou le rehaussement du grenier et du
fenil, et vers l’arrière par la construction d’un appentis maçonné qui
prolonge les travées agricoles, "de Àànbòu".
Maison Pefferkorn. Hutting.
L’appentis a été rajouté après la construction de la maison.
Le toit de la maison se prolonge sur l’appentis.
Maison Seltzer, actuellement Freyermuth, rue des roses.
Agrandie en 1858 par l’adjonction d’un niveau et l’augmentation de la profondeur
(les linteaux d’origine sont cintrés et délardés).
On devine l’ancien faîte du toit au-dessus de la petite ouverture du pignon.
On trouve ainsi, réunies sous l’appentis, les dépendances comme la
porcherie, "de Sòuschdàll", le poulailler, "de Hìnggelschdàll", éloignés de
la partie habitation à cause des odeurs et du bruit, ainsi que l’abri
pour le bois de chauffage, et parfois le four à pain, "de Bàggoowe".
L’agrandissement de la construction ne pouvait se réaliser ni vers
l’avant, sur l’usoir qui n’était pas propriété privée, ni sur les
côtés, à cause du caractère jointif des maisons.
Il est curieux de noter à Kalhausen une seule extension de maison sur
l’avant, par la construction d’un hangar devant la partie agricole. Ce
"Schopp",
qui caractérise la maison rurale d’Alsace Bossue, mais aussi de
certains villages lorrains du côté de Phalsbourg, est de construction
récente, puisqu’il
n’est apparu qu’au début du 19° siècle et semble
arrivé dans nos contrées avec l’immigration suisse.
Maison Thinnes au centre-village.
L’agrandissement de la maison vers l’arrière, par la construction d’un
appentis, est presque général, surtout pour les petites demeures.
L’appentis, construit en dur à l’arrière, est l’équivalent du "Schopp",
qui lui, est bâti en bois, devant la maison. Le toit de l’appentis,
comme celui du "Schopp", est dans le prolongement du toit de la travée
agricole, le rendant asymétrique.
Parfois l’extension de la partie agricole est en équerre,
perpendiculaire au corps de ferme, et une seconde ligne faîtière donne
au bâtiment la forme d’un T. Dans cette configuration, l’extension, de
la même hauteur que le bâtiment d’origine, prend des airs de petite nef
d’église et offre un supplément important de volume de stockage pour
les récoltes.
Exemple d’agrandissements successifs vers l’arrière,
ancienne maison Gross-Taesch, rue des jardins.
Partie agricole agrandie perpendiculairement à la maison, puis appentis.
Certaines fermes ont encore subi des transformations au niveau de la
toiture dans la 1ère moitié du 20° siècle, lors de l’installation de la
déchargeuse à griffe, "de Hauàblààder". La construction d’un auvent s’est
parfois avérée nécessaire, la plupart du temps au-dessus du pignon
libre, pour faire descendre la griffe et décharger les charrettes de
l’extérieur, sans avoir besoin de les faire entrer dans la grange. La
ferme Hiegel de la rue de la montagne présentait un rare auvent en
façade, qui a été ensuite démonté.
Maison Meyer-Lenhard rue des jardins et ferme Hiegel rue de la montagne.
2.2 Les catégories de fermes lorraines
2.2.1 La maison à une travée
Ce type de maison minuscule est rare. Elle ne comporte que la travée
d’habitation et se différencie par là de la ferme lorraine ou
vosgienne. On peut la rapprocher de la maison vigneronne qui ne possède
pas de travée agricole, mais une cave dédiée à l’activité
professionnelle.
Le rez-de-chaussée de la maison à une travée ne comporte souvent que 3
pièces : la cuisine, accessible directement à partir de la porte
d’entrée et 2 chambres dont l’une appelée la "Schdobb ou la Schdùbb"
occupe toute la profondeur de la maison. La seconde chambre, plus
petite, se trouve derrière la cuisine. Elle est accessible, soit à
partir de la cuisine, soit à partir de la grande chambre. L’absence de
corridor est une générale. La petite fenêtre contigüe à la porte
d’entrée est celle de l’évier. L’accès à la cave, creusée sous la belle
chambre, se fait par une trappe. De nombreuses niches, de tailles
différentes, aménagées dans les murs, font office de placards
rudimentaires.
Dans le cas d’un second niveau d’habitation, toujours tardif, un
escalier de meunier, rudimentaire et exigu, conduit aux deux chambres
de l’étage, à partir de la cuisine.
La petite maison atypique de la rue des jardins a été détruite en
septembre 2016 pour permettre l’agrandissement de l’immeuble mitoyen.
Elle pourrait dater du début du 19° siècle.
D’après la tradition orale, elle servait de demeure à une famille de
bohémiens qui ne l’habitait qu’en hiver. On la nommait par conséquent
"’s Hèèdehuss", la maison des bohémiens. La fenêtre en façade est celle
de la grande chambre, par contre celle de la cuisine, proche de la
porte d’entrée, a été murée.
Porte située entre la cuisine et la grande chambre.
La fenêtre de la cuisine, visible dans l’entrebâillement de la porte, est murée en façade.
Vestiges du four à pain de la cuisine.
L’isolation en torchis de la voûte est visible.
La fenêtre du fond de la grande chambre a été murée.
Le plancher du grenier n’est pas d’origine.
La cave n’était visiblement pas voûtée.
Notez l’épaisseur du mur communiquant avec la cave voisine.
Vue arrière.
La baie visible est celle de la petite chambre.
Maisons à une seule travée, rue de la montagne.
Toutes les deux ont été rehaussées pour gagner
du volume sous le toit et une gerbière a été
rajoutée pour pallier l’absence de grange.
En général, le propriétaire de cette sorte de maison n’a pas d’animaux
de trait et il se met, en tant que journalier, au service d’un
agriculteur plus important, qui lui prête ses chevaux ou ses vaches
pour effectuer les travaux agricoles et les transports.
Par contre, il élève une vache ou une chèvre pour améliorer
l’ordinaire, alors la cave sert d’étable, si elle est au niveau de la
rue, et le grenier de fenil. La promiscuité est de règle dans ce cas et
on n’ose imaginer aujourd’hui le travail nécessaire pour monter le foin
au grenier, dans une toile, par l’escalier, en l’absence de gerbière.
La cave, humide et sombre, n’était pas le lieu idéal pour élever des
animaux et les maladies étaient fréquentes, aussi bien chez le bétail
que chez les humains. Ces demeures ne possèdent pas d’annexes isolées,
à l’image de toutes les fermes de type lorrain.
1945. Rue des roses.
Maison à une travée, avec l’étable en sous-sol.
La fenêtre à droite de la porte piétonne est celle de la cuisine.
Pourtant, plusieurs maisons à une seule travée d’habitation ont été
recensées dans le village sur des plans anciens, avec des dépendances
isolées (grange et étable), bâties soit directement à l’arrière,
parallèlement à la maison et séparées par une cour ou
perpendiculairement à elle, soit à côté.
Ce type de construction se
trouvait à l’intersection de deux rues, endroit propice pour accéder
aux annexes sans avoir à passer par un porche. Il semble que cet
habitat séparé soit une réminiscence de l’habitat antérieur à la guerre
de Trente Ans où les bâtiments renfermant les récoltes étaient séparés
des locaux d’habitation pour une question de sécurité.
(Pour agrandir le plan, cliquer sur la photo)
Plan cadastral 1829.
Les immeubles marqués en noir sur le plan correspondent
aux maisons d’habitation avec annexes isolées placées à l’arrière.
Maison Marie Jeanne Freyermuth, rue de la montagne (1791),
construite "en profondeur". Les annexes (grange, étable, porcherie)
se trouvent accolées à gauche.
2.2.2 La maison à deux travées
La maison du manœuvre, appelé aussi journalier, est une modeste demeure
à deux travées. La façade est percée d’une porte piétonne, de deux ou
trois fenêtres et d’une grande porte charretière à deux battants.
Ancienne maison Nicolas Lenhard, 9 rue de la Libération.
1. Belle chambre ou "Schdùbb" 2. Chambre secondaire
3. Cuisine 3.1. Pierre à eau 3.2. Four à pain 3.3. Escalier
4. Grange 5. Etable-porcherie sous appentis 6. Escalier de cave
La façade sur rue, par ses dimensions, donne plus d’importance à la
travée habitation, alors que c’est l’inverse pour le côté sur jardin.
La surface utile que la construction perd à cause de l’étroitesse de la
parcelle bâtie est gagnée en profondeur et en hauteur. C’est le cas de
presque toutes les maisons de manœuvres à 2 travées.
Le toit de la maison se prolonge à l’arrière sur l’appentis.
La disposition des pièces se rapproche de celle de la maison à une travée.
Au rez-de-chaussée, un long couloir, perpendiculaire à la rue, permet
l’accès à la belle chambre donnant sur la rue et à l’arrière à la
cuisine, avec
son four à pain faisant saillie sur le jardin ou dans
l’appentis. A droite se trouvent la grange et dans son prolongement,
l’étable.
Le corridor, "de Hussgòng" ou "de Hussìere", est à l’origine pavé de
briques rouges ou de dalles de grès des Vosges, comme la cuisine. Dans
les maisons cossues, il est carrelé.
La cuisine est assez sombre et souvent froide, car elle n’est éclairée
que par une fenêtre placée au-dessus de la pierre à eau, "de
Wàsserschdèèn". Cet évier rudimentaire est en fait une grande pierre, du
grès des Vosges, creusée en son centre, qui se vide par un conduit
évidé sortant du mur et fermé par un bouchon de bois ou un chiffon.
Maison Florian Stephanus, "de Schdèffe", rue des fleurs,avant sa démolition.
La fenêtre à droite de la porte piétonne est celle de la cuisine.
Le conduit d’évacuation de l’eau de l’évier est visible.
Souvent la belle chambre, "de Grossschtùbb", est scindée en deux : la
chambre proprement dite et une autre pièce plus petite, servant aussi
de chambre à coucher et appelée "de Kàmmer" ou "de Schlòòfkàmmer".
L’accès à cette chambre secondaire se fait par la cuisine ou par "la Schdubb".
"La Schdubb" est ce qu’on appellerait maintenant le séjour ou la salle à
manger, elle renfermait la table familiale pour les grandes occasions,
l’armoire à linge et le lit des parents.
A l’origine, la maison du manœuvre ne comporte qu’un seul niveau et au
fil du temps, un rehaussement s’est avéré nécessaire pour gagner de la
place dans les deux travées.
L’appentis, qui est d’origine placé dans le prolongement de la grange, renferme l’étable et la porcherie.
Le poulailler ne peut trouver sa place à l’arrière de la maison, dans
l’appentis, car les volailles doivent pouvoir sortir et il n’y a pas de
parc à poules comme aujourd’hui. On les enferme alors dans la cave et
elles ont un accès sur l’usoir où elles passent les journées.
La disposition de l’étage est calquée sur celle du rez-de-chaussée.
Un escalier de meunier en bois part de la cuisine et, se prolongeant
par un étroit couloir, mène aux deux ou trois pièces du haut : les
chambres à coucher "Schlòòfzìmmer" et la chambre à provisions
appelée "Vòrràtszìmmer", dans laquelle on gardait la farine,
le blé, les pommes, les bonbonnes d’eau-de-vie et le lard fumé.
Le fumoir, "de Rààchkàmmer", se trouve encore dans cette pièce, à moins qu’il ne soit au grenier.
Les denrées alimentaires attiraient immanquablement les souris et cette
pièce s’appelait souvent "de Musskàmmer", la chambre aux souris.
L’espace disponible sous le toit est assez important, il est occupé par
le grenier pour la travée habitation et par le fenil, pour la seconde
travée. Le grenier dispose de 2 niveaux. Une minuscule cave assez basse
est creusée sous "la Schdùbb" et son accès se fait le plus souvent par
une trappe intérieure.
Devant ce type de maison, l’usoir est réduit et l’emplacement du fumier
est forcément devant la travée habitation, pour laisser le passage
libre devant
la porte charretière.
Les habitants de ces maisons sont de petits exploitants agricoles, ceux
qu’on appelle les "Kìhbuure", les cultivateurs à vaches, qui n’ont pas de
chevaux de trait. Ils attellent deux vaches pour les transports et les
travaux faciles comme le fauchage.
Pour les travaux plus difficiles
comme le labour, ils ont besoin des chevaux des agriculteurs plus
importants. Ils se mettent donc au service de ces exploitants comme
journaliers.
Ce sont parfois aussi des ouvriers paysans dont l’agriculture n’est pas le métier principal.
2.2.3 La maison à trois travées
Quand elle ne comporte qu’un seul niveau, elle est bien sûr modeste et
appartient, tout comme la maison à deux travées, à un petit exploitant
agricole.
Rue des roses, la maison Schmitt, construite en 1908 est toute en longueur.
La porte charretière utilise toute la hauteur de la façade.
Les ouvertures de la travée habitation ne sont pas disposées symétriquement.
Maison Pefferkorn à Hutting.
Par contre, la maison à deux niveaux est beaucoup plus importante
non en surface au sol, mais en volume, donc plus imposante et cossue.
C’est alors la maison type du laboureur, du "propriétaire", de celui
qui possède des chevaux, "e Pèèrdsbuur" et elle est le signe distinctif
et tangible de l’aisance de son propriétaire. Elle a au moins trois
travées : la partie habitation, la grange et une étable.
L’escalier intérieur ne part pas de la cuisine, mais du couloir.
L’espace disponible sous le toit, au-dessus de l’habitation, permet d’aménager deux niveaux au grenier.
Le plus souvent, l’étable est reléguée à l’extrémité de la maison, pour
une question évidente d’odeurs et le corridor permet l’accès aux pièces
de la
partie habitation ainsi qu’à la grange.
Une belle cave voûtée, "e gewélbder Kéller", creusée sous la "Schdùbb" sert
d’entrepôt pour les pommes de terre, les betteraves fourragères et
les
fruits disposés sur des claies appelées "Hùùrde".
L’accès à la cave se fait de l’intérieur, à partir du corridor, mais aussi à partir de l’usoir.
Maison Pefferkorn à Hutting.
Porte extérieure de la cave et soupirail.
Maison Simon, rue des fleurs, construite en 1830.
La façade est bien proportionnée.
Le cintre de la porte charretière lui donne un cachet particulier.
Maison Lucie Schlegel, rue des mésanges.
On notera l’absence, à l’étage, de la fenêtre de couloir au-dessus
de la porte d’entrée et la fenêtre d’étable remaniée
2.2.4 La maison de plus de trois travées
Ce type de maison reprend les caractéristiques de la maison à trois
travées et ne diffère d’elle que par son emprise plus importante au sol
et la présence d’une deuxième étable, voire d’une seconde grange.
La partie habitation est bien sûr plus importante. Au rez-de-chaussée,
le couloir central de la travée habitation scinde parfois l’espace en
deux parties symétriques et permet l’accès à la cour arrière ou au
jardin. A gauche et à droite du couloir se trouve la même disposition :
deux pièces, la belle chambre et la cuisine.
Le plan de l’étage correspond à celui du rez-de-chaussée et comprend 4 chambres.
Le nombre important des pièces et la disposition intérieure autorisent
alors deux familles distinctes à cohabiter et il n’est pas rare que le
propriétaire d’une telle maison, trop grande pour lui, ait des
locataires.
1. Belle chambre 2. Cuisine 3. Corridor 4. Cour arrière 5. Jardin
6. Appentis avec fournil, fumoir et réserve de bois.
7. Etable 8. Grange 9. Ecurie
La porcherie et le poulailler ne sont pas représentés ici, ils pourraient se situer aussi dans l’appentis.
Maison Richter (1827).
La seconde étable n’est pas visible sur la photo.
Même si l’une des deux étables se trouve directement à côté de la
travée habitation, il n’y a pas d’accès direct de la cuisine ni du
corridor vers l’étable.
Les espaces dévolus aux bêtes ne sont
accessibles dans ce cas que par l’appentis, ce qui évite l’intrusion
des mauvaises odeurs dans l’habitation.
L’étable située à gauche de la grange, et la plus proche du logement,
est réservée aux vaches, alors que la seconde est l’écurie.
Le four à pain ne se trouve pas dans la cuisine, mais dans une pièce
spéciale aménagée sur l’arrière, dans un appentis, accessible à partir
de la cuisine ou d’une chambre, et appelée "de Bàggkìsch", le fournil.
C’est là aussi que se prépare la nourriture pour les animaux et en
particulier pour les porcs, au moyen du chaudron, le "Kochkéssel" ou
"Fùtterkéssel" qui sert à cuire les pommes de terre. C’est là aussi que
l’on peut faire la lessive.
L’accès à la cave se fait de l’intérieur, mais aussi de l’extérieur,
par une large porte en plein cintre, au bout d’un escalier creusé sur
l’usoir et généralement perpendiculaire à la façade. La porte est assez
large, dit-on, pour laisser passer un tonneau de vin. C’est que le
propriétaire d’une telle maison a un petit vignoble et fait son vin
lui-même.
Deux petits murs obliques encadrent parfois l’escalier extérieur de la
cave et assurent une protection contre les chutes. Une porte à deux
battants permet de fermer cet accès à la cave situé sur l’usoir.
Herbitzheim. Années 1910.
Belle maison de la fin du 18°siècle, agrandie par l’adjonction
d’une seconde grange et d’une autre étable. (6 travées)
Grande travée habitation (2 logements) 3 étables et 2 granges.
Eléments architecturaux de la maison rurale :
chaînage d’angle, bandeau, encadrement des baies
en pierres de taille, corniche sous-toiture en briques.
L’accès à la cave est visible derrière les personnages.
L’aspect imposant de la maison de laboureur est bien le signe de son
rang social dans la vie du village : le laboureur, parfois dénommé
propriétaire, est un agriculteur important, il possède au moins une
dizaine de bêtes, des vaches laitières et des chevaux de trait, ainsi
que des engins agricoles comme une charrue, des herses, une faucheuse
mécanique, une ou deux charrettes, un rouleau et une batteuse installée
dans la grange. Il cultive de nombreuses terres, jusqu’à 20 ha, et
emploie ponctuellement des journaliers.
L’importance du tas de fumier qui trône sur l’usoir et dont la vue
frappe en premier le visiteur est un signe extérieur de richesse.
Les artisans et commerçants du village (le boulanger, l’épicier, le
cafetier, le sellier, le cordonnier) ne disposent pas de locaux
spécifiques dédiés à leur métier. Ils transforment simplement une pièce
de leur habitation en local commercial ou en atelier et c’est le plus
souvent la pièce de devant,
la "Schdùbb" qui reçoit les clients. Leur
maison est celle du laboureur ou du manœuvre, ce qu’ils restent
d’ailleurs, car le commerce ou l’artisanat ne sont souvent qu’un revenu
d’appoint.
Rue de la montagne, quincaillerie Grosz (Àléxe)
et épicerie Pefferkorn (Maiébs)
Restaurant Juving début du 20° siècle.
Travée habitation à gauche, puis étable et grange.
2.3 La description de la maison
2.3.1 La toiture
Les toits sont toujours à deux pans, c’est-à-dire en bâtière "e
Sàtteldàch" ou toit cavalier) à cause de la forte mitoyenneté des
constructions. La pente est forte (environ 35°) à cause de la
pluviosité et des chutes de neige fréquentes dans la région alors que
la pente des toits de la zone francophone est moindre (25°).
Les maisons non mitoyennes ont souvent un toit à croupes, ou pans
cassés "e Wàlmdàch", ce qui réduit certes le volume intérieur disponible,
mais apporte une touche d’originalité aux longs pans rectangulaires et
plus d’esthétique à la construction. La croupe (petite croupe ou
demi-croupe) est l’apanage des maisons cossues, non mitoyennes, celles
des laboureurs, au 19° siècle.
L’absence de chéneaux, "Dàchkànnle", et de volets à l’étage, "Lääde", est
aussi une composante presque générale de l’habitat rural et cela
jusqu’à la seconde moitié du 20° siècle.
L’eau de pluie n’était pas rejetée loin de la façade, en l’absence d’un
coyau, et on remédiait à cet état de choses au moins au-dessus de la
porte d’entrée de la maison, en glissant sous les tuiles une tôle pliée
en équerre, destinée à canaliser le ruissellement vers le côté. De nombreux toits ont ce coyau qui brise un peu leur pente.
La présence de lucarnes en forme de chien-assis est très rare et ne se
trouve que sur des constructions plus récentes (20° siècle) ou sur de
constructions anciennes transformées (aménagement des combles). Les
combles des maisons rurales traditionnelles n’étaient jamais aménagés
en pièces d’habitation, les greniers servant d’entrepôt pour les
récoltes et les outils.
Maison Schmitt, rue des jardins.
Le logement est minuscule, d’où la nécessité de pièces sous combles
Ces toits étaient tous couverts de tuiles–écailles, ces tuiles plates à crochet, les queues de castor appelées "Biwwerschwäntz".
La pose la plus simple et aussi la plus archaïque consistait à placer
les tuiles l’une à côté de l’autre, en les alignant verticalement,
ainsi que leurs joints. Une languette de bois, appelée échandole, "e
Schènnel" assurait l’étanchéité entre deux tuiles. Ces lames en bois
fendu, généralement du châtaignier, avaient tendance à glisser et elles
se dégradaient avec le temps. Il fallait par conséquent les changer
périodiquement pour éviter les infiltrations d’eau. Il n’était pas
toujours possible de les remplacer sur un fenil vide ou au-dessus de la
grange car elles étaient alors inaccessibles par le bas.
Photo www. asma.fr
Paquet d'échandoles
La seconde méthode de pose, la pose double, exigeait une charpente plus
solide car le nombre de tuiles au mètre carré était plus important et
la dépense était aussi plus grande. Cette pose était donc rarement
utilisée. Dans ce système de pose, les tuiles se recouvrent presque de
moitié, tant latéralement qu’en hauteur, et on n’a plus besoin
d’échandoles.
fr.wikipedia.org
L’absence de gouttière faisait pourrir les dernières lattes exposées
aux intempéries et les rangées de tuiles du bas avaient tendance à
glisser.
Quand on réparait le toit, on ne refaisait, par souci d’économie, que
la partie endommagée et on en profitait pour poser la tuile mécanique
inventée en 1851 "e Fàlzzìehel ", à recouvrement latéral et plus facile
à poser. Cela explique la présence parfois de deux sortes de tuiles sur
un même pan de toit.
Tuiles plates et tuiles mécaniques.
Maison Dengler, rue des roses (anciennement Mourer-Phillip).
2.3.2 La maçonnerie
Les façades des maisons et les murs porteurs intérieurs jusqu’au niveau
supérieur de l’étage sont toujours en moellons calcaires, "Brùchschdèèn",
maçonnés au mortier à la chaux.
Ces moellons sont les pierres du
terroir, celles qu’on trouve dans les champs et que la charrue déterre,
celles qui sont aussi extraites du sous-sol lors des travaux de
terrassement et de construction ou dans les carrières locales. Ce sont
surtout celles qu’on n’a souvent pas besoin d’acheter, qu’on a
entassées au bord du chemin dans un but d’utilisation future. Ces
moellons sont dressés sur une face par le maçon lors de la pose.
Les fondations ne s’enfoncent que jusqu’au sol argileux compact, soit à
une profondeur de 0,60 m à 1 m et on ne creuse plus profondément que
pour la cave qui s’étend seulement sous une partie du logement (sous la
belle chambre et parfois encore la cuisine).
Les linteaux des portes intérieures, "de Schdììrz", sont faits de poutres
de chêne équarries, de même section que les pannes de la charpente
(12
x 12 ou 14 x 14).
Les façades et les pignons, dans leur partie basse, sont en général
crépis avec un mortier à la chaux non teinté, "e Kàlckverbùdz". Les murs
arrière
et la partie haute des pignons sont souvent dépourvus de tout
enduit par mesure d’économie.
Schéma d’un mur.
Les murs, d’une épaisseur comprise entre 50 et 90 cm, sont en réalité formés de deux
murs parallèles constitués de moellons grossièrement dressés, appelés les parements.
L’intervalle compris entre les deux murs est comblé avec du tout-venant, appelé le blocage
(éclats de pierres, petites pierres, restes de mortier, argile, foin).
Pour solidariser les deux appareils, des pierres de lien sont utilisées :
ce sont des pierres plates et longues, appelées boutisses, "Bìndschdèèn" ou" Dùrschgänger".
Ces boutisses, aussi décoratives qu’utiles, sont nettement visibles sur
certains pignons. Dans le village voisin d’Etting, j’en ai même vu sur
le mur arrière d’une construction ayant pignon sur rue, qui lui en est
dépourvu. Posées de manière tout à fait aléatoire ou alignées, elles
peuvent dépasser jusqu’à 20 cm vers l’extérieur et donnent un certain
cachet à la construction.
Maisons Duché et Simon, rue des fleurs
On peut se poser la question de l’utilité du dépassement de ces
pierres. Il est évident qu’aucune nécessité de dépassement n’existe sur
le plan technique.
Les boutisses existent bien dans tous les murs maçonnés de la maison,
aussi bien dans les murs gouttereaux (façade et mur arrière) que dans
les pignons, sans être toujours saillantes, donc apparentes.
Elles sont le plus souvent visibles dans certains pignons aveugles,
c’est-à-dire sans ouvertures et dans les pignons non mitoyens, contre
lesquels aucune construction n’est possible.
Leur dépassement ne serait pas esthétique dans les façades et les pignons dotés de fenêtres. Le dépassement de ces pierres spéciales ne semble obéir qu’à un usage
de droit oral, toléré par certains constructeurs et profitable aux
maçons.
Une tradition veut qu’à chaque boutisse posée par les maçons, le
propriétaire paie, à cause du travail supplémentaire exigé, une
certaine somme d’argent ou verse un verre d’eau-de-vie. D’où le nom de
"Schnàpsschdèèn".
La présence visible des boutisses ne servirait alors qu’à comptabiliser
le nombre de pierres posées. Mais la tricherie était toujours possible
de la part des maçons.
Cette tricherie était difficilement constatable pourtant et il est sûr
que de nombreuses boutisses apparentes n’ont de boutisses que le nom et
ne servent qu’à rassurer le propriétaire sur la solidité de sa maison.
En tout cas, elles devaient faire la fierté du propriétaire puisqu’elles l’assuraient de la solidité du mur.
De nombreux pignons ne montrent actuellement plus leurs boutisses, car
elles ont sans aucun doute été arasées lors de travaux de crépissage,
pour la simple raison que leur présence semblait inesthétique au
propriétaire épris de modernisme, alors qu’elles donnent un cachet
particulier au pignon.
De plus, certains pignons exposés aux intempéries ont été dotés d’une
protection contre la pluie : des ardoises ou des plaques de
fibro-ciment du genre Eternit, par exemple, ce qui a exigé la
disparition de la partie apparente des boutisses.
8 pignons à boutisses apparentes ont encore été pour le moment
répertoriés dans le village et concernent des habitations du 18° et du
19° siècle.
Il est sûr que certains pignons ont été débarrassés de la
partie saillante des boutisses, la preuve se trouve sur cette photo de
1929.
A gauche, l’ancienne grange Lett et, en face, le pignon Freyermuth
présentent encore des boutisses, ce qui n’est plus le cas actuellement.
Chantier de maçonnerie au début du 20° siècle.
Le Schnàps est servi par la maîtresse de maison.
2.3.3 Les pans de bois
Les maisons à colombage, "Hiesere mìt Fàchwèèrck", sont très rares dans
notre région. Très fréquentes avant le 18° siècle, car c’était une
solution rapide pour reconstruire après les dévastations des guerres,
elles ont été remplacées peu à peu par la pierre, plus solide et donc
plus durable.
Les pans de bois des murs extérieurs ont donc progressivement disparu à cause de leur fragilité et des dégâts dus aux conflits.
Quelques maisons à pans de bois subsistent encore dans des villages de
l’est mosellan (de la région des Etangs : Insviller, Albestroff,
Hellimer, Insming… jusqu’aux Vosges du nord :Siersthal, Baerenthal,
Mouterhouse…) ou d’Alsace Bossue (Herbitzheim, Altwiller, Schopperten…).
Herbitzheim. Maisons à pans de bois.
Habitation et annexes séparées.
Le pan de bois reste pourtant aujourd’hui encore une des composantes de
la maison rurale ancienne dans 3 domaines : les pignons dans leur
partie haute, les murs non-porteurs et les séparations des différentes
travées. Cette technique de construction présente l’avantage d’être
rapide à mettre en œuvre et moins chère que la pierre. Utilisé à l’abri
des intempéries, sauf pour les pignons, le pan de bois est un matériau
durable et solide.
Il est formé d’une ossature de poutres de chêne avec un remplissage des vides par du torchis appliqué sur un clayonnage.
Des éclisses de bois refendu ou des baliveaux sont introduits dans les
rainures faites dans deux poutres horizontales et forment ainsi
l’armature verticale du clayonnage. Ensuite, des tiges de noisetier ou
de saule sont tressées entre les montants verticaux. Enfin une couche
de torchis (argile et paille mélangées), "Lääme", est appliquée des deux
côtés du clayonnage et lissée à la main.
Décharge, entretoise et poteau assemblés par mortaises,
tenons et chevilles. Remplissage en torchis.
( Photo internet)
|
Aspect du torchis
avant recouvrement
les stries faites avec les doigts permettent un
meilleur
accrochage de la couche de plâtre ou de crépi.
(Photo Maison des
Arts et des Traditions. Rouhling).
|
Un crépi à la chaux (pour l’extérieur) ou une couche de plâtre (pour l’intérieur des pièces) recouvre enfin le remplissage.
Les pans de bois de nos régions ont une composition simplifiée par
rapport aux pans de bois alsaciens beaucoup plus sophistiqués. Ils sont
formés de cadres indépendants composés d’une sablière basse, d’une
sablière haute, de poteaux, de décharges obliques et d’entretoises, le
tout assemblé par mortaises, tenons et chevilles.
Pour les pignons et le mur de refend qui sépare la travée habitation de
la travée agricole voisine, le pan de bois ne commence généralement
qu’au niveau supérieur de l’étage et ne concerne que le grenier.
Pour les cloisons intérieures et les séparations des travées, le pan de
bois est posé sur un soubassement maçonné, le solin, qui l’isole de
l’humidité du sol.
Les cloisons intermédiaires et les pignons ont un remplissage en
torchis, ainsi que le mur entre l’étable et la grange jusqu’au niveau
du fenil.
La partie du pan de bois située au-dessus de l’étable et séparant les
travées agricoles n’a pas de remplissage, pour permettre le
déchargement des récoltes et se simplifie à l’extrême pour se prolonger
vers le haut par une ferme de charpente : réduction du nombre de
poteaux et absence des entretoises. Son but n’est plus de former une
cloison, mais de porter une ferme de charpente.
Tous les pans de bois sont solidarisés entre eux par des étrésillons de
la largeur de la travée, dans le but de raidir la structure générale.
Mur de refend entre la partie habitation et la partie agricole.
Le rez-de-chaussée et l’étage sont maçonnés,
les deux niveaux du grenier sont en pan de bois avec remplissage en torchis.
|
Le torchis a été appliqué à l’économie, laissant le clayonnage visible
|
Pan de bois de pignon et pan de bois ouvert séparant 2 travées agricoles.
(maisons-pays-loiret.org)
Plus aucun pan de bois extérieur n’est visible dans le village. Au fil
du temps, les colombages des pignons, jugés inesthétiques ont été
remplacés par une maçonnerie de briques ou de moellons ou bien ils ont
été carrément recouverts d’un crépi sur grillage pour les protéger. Si
le colombage a été maintenu, le remplissage de torchis a souvent été
remplacé par des moellons ou des briques.
Sur des photos anciennes de maisons du village, deux pignons en pans de
bois sont encore visibles au début du 20° siècle (maisons Freyermuth
Albert, rue de la montagne et Léon Lett).
Salzbronn.
Bel exemple de pignon jadis mitoyen en pan de bois en l’état.
On reconnaît quelques remplissages d’origine avec clayonnage
apparent et torchis, et puis du remplissage en briques.
2.3.4 Les plafonds
Les plafonds, aussi bien ceux de l’habitation que ceux de l’étable sont
réalisés selon la même technique : des solives (poutres équarries en
chêne), rainurées et supportant entre elles des planchettes également
en chêne, grossièrement fendues et formant hourdis. Ces planchettes
portent un mélange de chaux, de sable et d’argile formant l’épaisseur
de la dalle jusqu’au niveau haut des solives.
Dans les chambres et au grenier, le dessus des solives supporte un
plancher fait de planches de sapin jointives, non rainurées, "e
Dielebòdde".
Plus tard, du parquet en chêne remplacera les planches de
sapin dans les chambres.
Plafond d’étable blanchi à la chaux.
Solives et hourdis.
|
Dans la petite maison appelée "’s Hèèdehuss", vue sur le plafond de la grande chambre.
Le hourdissage d’origine a disparu, remplacé par un simple plancher.
|
Lorsque la portée des solives est importante comme dans la belle
chambre, une poutre-maîtresse de forte section, appelée "Dùrschzùgg",
leur sert de soutien.
2.3.5 La charpente
Jusque vers 1840, le bois de chêne est utilisé pour constituer la charpente de la maison, "de Dàchschdùhl".
Il sera remplacé plus tard par du sapin, meilleur marché. Pour
compenser des qualités mécaniques moindres, la section du bois de sapin
utilisé augmentera sensiblement.
Les belles charpentes en chêne sont toujours composées de bois équarri,
ce qui n’est pas toujours le cas pour les charpentes en sapin (les
chevrons sont souvent des perches de sapin et les pannes des troncs).
Charpente en bois de sapin rehaussée, avec une nouvelle panne faîtière.
Ferme à assemblage moisé, contreventement.
Le type de charpente présent dans la partie orientale de la Lorraine
est la charpente traditionnelle à fermes, dite à l’allemande et
caractérisée par l’absence de panne faîtière "de Fììrschdpètt".
Dans ce cas, les chevrons "de Schbarre" se font face, forment eux-mêmes des fermettes et se supportent par leur propre poids.
En général, les fermes de charpentes diffèrent un peu, selon qu’elles
se situent sur le logis (fermes de comble) ou sur la partie agricole
(ferme de pignon).
Les fermes de logis doivent ouvrir l’espace situé au grenier, le
rendant ainsi habitable. Ce sont des fermes dites à reprise de forces
obliques, formées de 2 épais arbalétriers interrompus au niveau du
double entrait retroussé, d’un double entrait retroussé supportant le
plancher du second étage du grenier et de jambes de force ou
aisseliers. Les dernières pannes sont simplement soutenues par de
courts potelets avec contreventement, posés sur l’entrait.
Les fermes de la partie agricole et celle du mur de refend (mur
coupe-feu) sont des fermes dites à reprise de forces verticales. Celle
du mur de refend
est portée par un pan de bois qui débute au niveau du
comble (sablière, entraits, poteaux, entretoises et décharges).
Celles de la partie agricole sont également portées par un pan de bois
qui débute au niveau du sol et elles sont identiques aux fermes de
comble.
La couverture de tuiles plates, en pose simple, admettait une charpente
allégée, sans panne faîtière et avec des arbalétriers interrompus au
niveau
du double entrait retroussé.
Vue sur le double entrait retroussé avec les potelets soutenant les pannes.
Le faux entrait reliant les potelets a été supprimé pour le passage de
la déchargeuse, de même que les étrésillons centraux reliant les pans de bois
entre eux.
|
Vue sur les arbalétriers, les aisseliers, le double entrait retroussé et les potelets soutenant une panne.
(maisons-pays-loiret.org)
|
Vue sur les potelets soutenant la panne supérieure, les contreventements et le faux entrait.
(maisons-pays-loiret.org)
|
Vue sur les solives soutenant le plancher
supérieur (démonté) et reposant sur la panne supérieure.
|
Second niveau du grenier.
Pannes, potelets, faux entrait et contreventevents
|
2.3.6 Les ouvertures
Les façades, en général, sont harmonieusement pourvues d’ouvertures à
encadrement de pierres de taille, du grès des Vosges extrait dans les
carrières proches de l’Alsace Bossue.
Toutes les ouvertures de la construction sont en général pourvues d’un
encadrement de pierres de taille et il n’y a que la porte charretière
qui déroge parfois à cette règle.
Actuellement, de nombreux encadrements en grès ne sont plus visibles,
car recouverts de crépi et de nombreuses ouvertures ont été agrandies,
tant pour la partie habitation que pour la partie agricole, et ont par
là perdu leur encadrement d’origine.
Les fenêtres
La partie habitation
Les fenêtres, de Fènschdere, sont toujours plus hautes que larges : de
80 cm à 1 m pour la largeur, de 1,10 m à 1,40 m pour la hauteur.
Souvent le linteau est délardé pour laisser passer encore plus de
lumière. Pour soulager le linteau du poids du mur, un arc de décharge
est toujours présent, fait de briques ou plus simplement de deux
pierres plates et parfois même de deux planches épaisses, placées en
forme de V inversé.
Linteaux légèrement cintrés et aplatis aux extrémités,
faiblement délardés avec fausses clés saillantes.
Encadrement feuilluré. Appuis de fenêtre saillants et moulurés
(maison Noël Demmerlé rue des fleurs)
Les fenêtres sont généralement formées de croisées à 6 carreaux. Un des
carreaux est en général mobile pour permettre l’aération, celui du haut
ou
celui du milieu.
Par souci d’économie, les fenêtres de l’étage ne sont pas dotées de contrevents.
L’encadrement à feuillure des fenêtres permet au contrevent de bien
s’ajuster. Les contrevents sont en bois plein, avec un petit trou de
lumière en forme de cœur. Les contrevents à persiennes mobiles ou non
sont plus récents.
Pour remédier au manque d’étanchéité des croisées, surtout en hiver,
l’on disposait de gros boudins de paille au bas des fenêtres.
Boudin de paille isolant le bas de la croisée. Hiver 1955.
La partie haute des pignons non mitoyens présente souvent de petites
ouvertures non munies de croisées et servant surtout d’aérateurs pour
le grenier. L’encadrement de ces ouvertures se résume parfois à des
pierres calcaires allongées et plates, couplées à un linteau en bois.
Maison Pefferkorn (Hutting).
Une des pierres de l’encadrement de l’ouverture du
grenier sert même de tablette de fenêtre.
Les soupiraux de la cave, "de Kéllerfènschdere", frappent par leur taille
excessivement petite. Ils peuvent être munis de volets de bois et de
barreaux de fer. Leur croisée est amovible et n’est en place qu’en
hiver, pour protéger la cave du froid.
Destinés à préserver, en été, la fraîcheur de la cave, ils ne
laissaient pas rentrer beaucoup de lumière. La faible hauteur des
soupiraux rendait leur utilisation difficile lors de l’encavement des
betteraves fourragères et des pommes de terre. Aussi a-t-on au fil du
temps souvent modifié les dimensions de ces ouvertures en les
agrandissant et cela au mépris de l’harmonie de la façade et de
l’esthétique.
Maison Thaller.
Soupirail encadré de 2 pierres taillées.
Dimensions : O, 50 m x 0, 16 Hauteur intérieure : 0,08 m
|
Maison Bruch-Scheh.
Soupirail avec barreau. Dommage que l’encadrement a été crépi.
|
La partie agricole
Les fenêtres des étables, "de Schdàllfènschdere", frappent également par
leurs faibles dimensions. Elles sont aussi garnies parfois de barreaux
et de volets. Leur rôle, tout comme celui des soupiraux, n’est pas de
faire entrer la lumière, mais plutôt de préserver la fraîcheur de
l’étable.
La croisée est aussi amovible et n’est pas en place en été, car il faut aérer l’étable.
L’étable était ainsi plongée toute l’année dans une quasi-obscurité et
cela ne facilitait pas la traite des vaches. Ces ouvertures ont été
systématiquement agrandies dans la seconde moitié du 20° siècle, cela
allant de pair avec l’amélioration des conditions de stabulation des
bêtes.
Certaines façades présentent des aérateurs au niveau du fenil,
au-dessus des étables. Ces ouvertures de formes diverses (fente étroite
ressemblant à une meurtrière de château, cœur, trèfle, plus tard croix
de Lorraine) ont le rôle d’aérer le fenil pour un bon séchage de la
récolte. Ces aérateurs ne sont apparus qu’au 20° siècle.
8 façades à aérateurs ont été dénombrées.
La maison lorraine de Moselle-est ne comporte pas de gerbière. Tous les
déchargements se font dans la grange ou le long du pignon au moyen de
la griffe à décharger, après les années 1930.
Les gerbières répertoriées, au nombre de 3, sont des éléments rapportés
après travaux, destinés à faciliter le déchargement des récoltes,
surtout en l’absence de grange.
Les portes
La partie habitation
La porte d’entrée
Pour les maisons des laboureurs, de toutes les ouvertures, c’est
incontestablement la porte d’entrée de la maison, "de Hussdìer", qui
attire le plus l’attention et qui fait, avec son encadrement, la fierté
du propriétaire. Elle est aussi le signe de son aisance.
La porte en bois massif, souvent en chêne, porte des motifs sculptés,
en général des soleils radiants, symboles du succès, de la prospérité,
et des losanges, symboles de la fécondité.
Composée de deux battants verticaux, l’un parfois plus large que
l’autre, elle n’a pas de vitrage. Le petit battant ne s’ouvre qu’aux
grandes occasions (lors d’un mariage ou d’un enterrement par exemple)
ou pour faire rentrer un meuble important.
Pour les maisons modestes des journaliers, la porte est toute simple,
faite de planches verticales rabotées et peintes. Parfois elle est en
deux
vantaux superposés, comme la porte de l’étable.
Un escalier de grès, composé de quelques marches et d’un petit perron, précède la porte d’entrée, selon le niveau de l’usoir.
Porte pleine en chêne du 18° siècle, à battants égaux.
Panneaux sculptés de soleils radiants et de losanges.
Encadrement en grès, bases avec cartouches.
|
Porte pleine en planches
jointives à feuillure. Encadrement
mouluré sur bases nues.
Clé de voûte factice.
|
Porte piétonne vitrée avec grilles de protection.
Encadrement en grès : piédroits d’un seul tenant,
linteau cintré avec fausse clé saillante, sans inscription,
grosse moulure concave en quart de rond.
(maison Pefferkorn Hutting)
La porte de cave
Dans les constructions des 18° et 19° siècles, la porte de la cave, "de
Kéllerdìer", encadrée de pierres de taille, est toujours en cintre, ce
qui lui donne l’aspect d’une petite porte romane. Ce dispositif est
beaucoup plus solide qu’un linteau droit, surtout au niveau de la cave.
Pour les maisons de journaliers, elle est généralement formée d’un seul
battant fait de planches jointives, comme la porte de l’étable, alors
que les maisons de laboureurs possèdent une porte plus large, composée
de 2 battants verticaux. L’ouverture, dans ce cas, permettait de faire
rentrer facilement les tonneaux de vin dans la cave.
L’escalier d’accès à la cave, composé de marches en grès, est construit
soit parallèlement à la façade (dans ce cas, il empiète peu sur
l’usoir), soit perpendiculairement. Dans cette dernière configuration,
il avance sur l’usoir, parfois jusqu’au caniveau et doit être protégé
par des parapets obliques couronnés d’une porte.
Maison Mourer rue des mésanges.
Porte de cave donnant sur la rue. Linteau surdimensionné.
La partie agricole
La porte charretière
La plus grande ouverture, la porte charretière, " ’s Schierdòr", est large
de 3 m à 3,50 m et haute de 3 m à 5 m. Elle a souvent un linteau droit,
en réalité un tronc d’arbre grossièrement équarri, parfois un peu
cintré, remplacé dans les constructions plus récentes du 20° siècle par
une poutrelle en acier.
Linteau en bois équarri légèrement
cintré et daté de 1926. Pieds droits factices.
(maison Lucie Schlegel)
Détail du linteau de la porte charretière
de la maison Bernard Zins, avant sa dépose.
Plus esthétique et plus noble est la porte en arc cintré, en plein
cintre ou non, avec un encadrement en pierres de taille, parfois avec
une clé d’arc datée.
Au bas de la porte et de part et d’autre se trouvent souvent des
pierres chasse-roues saillantes qui servent à écarter les roues des
voitures rentrant dans la grange pour le cas où elles passeraient trop
près des encadrements.
Parfois, par mesure d’économie, le propriétaire de la maison n’a pas
voulu d’encadrement de grès pour la porte de la grange cintrée et
l’ouverture est simplement bâtie en moellons maçonnés qui s’emboîtent
comme des claveaux, avec une clé de voûte. Cette solution bien sûr
n’est pas aussi esthétique ni aussi solide que la pierre de taille.
Quatre ouvertures en cintre subsistent encore dans le village, dont 2
sont des ouvertures à cru dans la maçonnerie, sans encadrement de
pierres de taille (maisons Simon Adrien et Marie-Thérèse Pefferkorn).
Maisons Pefferkorn et Simon.
Le linteau droit est plus adapté au passage des charrettes chargées de foin ou de gerbes et c’est pourquoi il est plus fréquent.
Il arrive aussi que l’arc en plein cintre n’ait pas tenu au fil du
temps, aussi a-t-il été remplacé plus tard par un linteau droit.
Parfois le linteau est en arc surbaissé, en forme d’anse de panier,
comme celui de la maison lorraine en pays francophone, et permet un
meilleur
passage des charrettes.
Rare linteau en arc extrêmement surbaissé, avec clé d’arc.
(grange du moulin, propriétaire Dominique Herrmann)
Les pierres chasse-roues sont visibles ainsi que les sommiers
au départ de l’arc et certains des supports du toit débordant.
De nombreux clichés pris au début du 20° siècle montrent la présence
quasi générale de portes charretières cintrées, que ce soit dans les
humbles maisons à 2 travées ou dans les fermes plus cossues à 3 et 4
travées. Or, plus tard, dans la seconde moitié de ce même siècle,
toutes les portes cintrées ont pratiquement disparu, à l’exception de 4.
Il est évident que les constructions du 18° siècle et celles du début
du 19° arboraient presque toutes des portes de grange cintrées et qu’au
fil du temps, la maçonnerie s’est fragilisée et a dû être remplacée.
Peut-être aussi que l’avènement du tracteur et la possibilité de
surcharger les remorques a obligé le propriétaire à agrandir
l’ouverture pour un meilleur engrangement. En tout cas, le linteau
cintré précède toujours le linteau droit.
La grande porte charretière, faite de simples planches jointives
comporte deux battants ou vantaux dont l’un est muni d’une porte
piétonne. Parfois deux losanges ou deux cœurs agrémentent les vantaux.
Ils servent de trous de lumière et accessoirement d’ouvertures pour les
hirondelles qui nichent dans la grange.
Les vantaux s’ouvrent en général vers l’intérieur et se bloquent grâce
aux barres transversales internes qui dépassent un peu le bord des
vantaux. Un levier de bois fixé verticalement à un des vantaux peut se
rabattre et bloque ainsi les 2 barres.
Cette grande porte n’était jamais étanche et le vent froid de l’hiver
passait par le bas, en l’absence de seuil de porte. Comme elle était
condamnée pendant la mauvaise saison, on disposait une couche de fumier
au bas de la porte, tout le long, pour la rendre ainsi étanche aux
courants d’air.
La porte de l’étable
La porte de l’étable,"de Schdàlldìer", est toujours en deux vantaux
superposés : une partie basse pour évacuer rapidement le fumier en
hiver et ainsi garder la chaleur, une partie haute pour une bonne
aération. La partie haute restait ouverte la journée, pendant la belle
saison.
La partie basse fermée permettait au propriétaire de s’y accouder pour
souffler un peu et observer la vie animée et bruyante qui se déroulait
devant les constructions et dans la rue.
Porte et fenêtre d’étable (maison Adrien Simon)
Les linteaux sont surdimensionnés par rapport aux montants,
pour une plus grande résistance. Les dalles de décharge sont visibles.
2.3.7 Les éléments architecturaux
Les maisons cossues, celles de laboureurs, peuvent étaler sur la
façade, toutes les composantes architecturales des maisons urbaines :
- le chaînage d’angle, droit ou harpé, en pierres de
taille qui sert aussi à renforcer les angles (en cas de non mitoyenneté)
- le bandeau séparant les deux niveaux de la construction
- le chaînage de séparation entre la travée habitation et la travée agricole
- la corniche moulurée sous toiture, faite en pierres
de taille ou en briques, réservée pour les maisons à étage. Quand il
n’y a pas de corniche,
des planches ferment l’avancée des chevrons sur
les murs gouttereaux.
- le riche encadrement de la porte piétonne.
Extrait de la revue de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Saverne et environs.
Cahier 49-50 de 1965
Nous n’avons pas retrouvé à Kalhausen de soubassement en pierres de
taille, ni de corniche moulurée, alors que ces éléments auraient pu
certainement exister sur des bâtiments anciens, quoique le soubassement
en grès se retrouve plutôt dans les villages des Vosges du nord.
Herbitzheim. Rare soubassement décoré de galets pris dans le crépi.
L’entrée de la cave, surmontée d’une dalle, se trouve sur l’usoir.
Il arrive aussi que certains éléments architecturaux soient factices et
simplement peints, en trompe l’œil, sur le crépi : c’est le cas souvent
du chaînage d’angle et du soubassement.
Nous parlerons plus loin des encadrements des portes d’entrée ainsi que
des décorations et inscriptions présentes sur les linteaux.
Les petites maisons, celles des manœuvres, ne comportent pas beaucoup
d’éléments architecturaux, si ce n’est les encadrements extrêmement
simples des ouvertures en pierres de taille.
Ces constructions à un seul niveau ne bénéficient pas de linteaux
monumentaux, à cause d’un manque d’espace évident sur la façade et du
peu de moyens de leurs bâtisseurs, de pauvres journaliers, Elles se
contentent de simples linteaux moulurés ou non, parfois délardés,
identiques pour les portes et les fenêtres. Tous les autres éléments
décoratifs comme le chaînage d’angle, la corniche ou le bandeau sont
absents.
Anciennement maison Rimlinger Joseph, rue des fleurs
Maison Bruch, rue des jardins, avant sa transformation.
Maison à 4 travées. Rare porte d’étable cintrée
2.3.8 L’intérieur
Partie habitation
Nous avons déjà décrit précédemment la disposition des pièces, selon la catégorie de la maison.
La porte d’entrée conduit parfois directement à la cuisine, "de Kìsch",
éclairée par une petite fenêtre donnant sur la rue et qui se trouve
au-dessus de la pierre à eau taillée dans le grès, "de Wàsserschdèèn".
L’évacuation de l’eau se fait directement sur l’usoir au moyen d’un
conduit de pierre évidé sortant
du mur.
Mais le plus souvent, la porte d’entrée donne sur un long corridor
perpendiculaire à la façade. Ce corridor, étroit et sombre, est carrelé
de briques pleines, de dalles de grès ou, luxe suprême, de beaux
carreaux de terre cuite à motifs géométriques issus des usines de
Mettlach, en Sarre.
Il peut être éclairé par la fenêtre d’imposte située au-dessus de la porte d’entrée.
Ce corridor aboutit à la cuisine, froide et austère, dallée de briques,
éclairée uniquement par une fenêtre donnant sur l’arrière, au-dessus de
l’évier.
Beaux carrelages de Mettlach dans une maison du 18° siècle
Les chambres ont toutes des planchers faits de grandes lames de bois non emboîtées, plus tard de lames de parquet.
Dans la belle chambre et parfois dans la cuisine, un placard, "e Wòndschònck", occupe l’un des murs.
Belle façade de placard avec corniche et moulures.
Malheureusement la peinture gâche tout.
Le chauffage de ces demeures était assuré par des cheminées dans la
belle chambre et la cuisine. Le conduit de fumée, maçonné en briques
pleines, regroupait l’évacuation des deux pièces, il était de ce fait
assez important, en forme de pyramide tronquée à quatre côtés, et
servait à l’étage de
fumoir avant de s’élever vers le grenier.
Plus tard des poêles à carreaux de faïence, "Kàchelééwe", permettront de
chauffer la belle pièce, avant de laisser leur place à des poêles plus
modernes et moins encombrants.
Cheminée murée dans la chambre
Poêle à faïence de la salle à manger du presbytère,
installé par l’abbé Albert. La porte sur le devant permettait de chauffer de petits plats.
Le four à pain avait son ouverture dans la cuisine et faisait saillie
sur le mur arrière, à moins qu’il n’ait été installé dans l’appentis
qui prenait alors le nom de "Bàggkìsch", le fournil.
La salle de bain n’existait pas et il fallait prendre son bain dans une
bassine posée à même le sol dans la cuisine ou sur deux chaises pour
les enfants.
Il va sans dire que dans ces conditions les bains étaient
rares.
Un puits peut encore avoir été creusé dans la cuisine, dans la cave,
dans la cour arrière ou sur l’usoir et une pompe à bras sert à l’usage
quotidien des personnes et des bêtes.
Du fait de la forte pente du toit, l’espace disponible au grenier et au
fenil est assez important pour stocker les récoltes (foin, paille et
céréales).
Il n’est pas rare que le grenier ait deux niveaux, "de ùnnerschde ùnn de éwwerschde Schbischer".
Le grenier sert d’entrepôt pour les outils peu utilisés au cours de
l’année : les cribles à grains, les cordes, les chaînes, les sacs à
céréales et à farine.
On y entrepose aussi les sacs de céréales ou les céréales en vrac, dans de grands compartiments faits de planches.
Le grenier supérieur, de surface plus réduite, est parfois utilisé pour
l’étendage du linge, en cas de pluie, si un escalier y donne accès. Parfois une simple échelle permet d’y monter et il ne sert alors que d’entrepôt.
Escalier de meunier menant au grenier supérieur.
Vue sur le double entrait retroussé et un aisselier d’une ferme de charpente.
De petites ouvertures pratiquées dans le pignon, souvent dépourvues de
croisées, apportent un peu de lumière et assurent l’aération du
grenier.
Maisons Pefferkorn. Hutting et Kalhausen.
La cave, "de Kéller", est creusée seulement sous la chambre de devant,
parfois sous toute la largeur de la maison, en englobant la cuisine,
mais jamais sous la totalité de la travée habitation. L’accès se fait
de l’intérieur, à partir d’une chambre ou de la cuisine, au moyen d’une
trappe, à partir du corridor, ou de l’extérieur, à partir de l’usoir.
Dans les maisons cossues, le plafond de la cave est formé d’une belle voûte maçonnée et le parterre est carrelé de briques.
Les soupiraux donnant sur la rue et la large porte d’entrée.
L’arrière de l’encadrement de la porte est
rectangulaire, alors que l’avant est en plein cintre.
|
Les soupiraux du fond, le placard
central et l’escalier de meunier.
|
Maison Mourer, rue des mésanges.
Un dispositif de drainage est souvent installé dans la cave pour
évacuer les eaux d’infiltration : c’est une rigole de briques qui longe
les murs et aboutit
à l’extérieur, "de Kéllerdohle".
Les toilettes, " ’s Kabbiné", dans le meilleur des cas, sont reléguées
dans une petite cabane de planches au fond du jardin : c’est le système
des toilettes sèches et la fosse se vide tous les ans au printemps,
lorsqu’on bêche le jardin, pour fumer la terre. Sinon, les besoins se
font sur la paille de l’étable, derrière les vaches.
Henriette Juving dans son jardin.
Partie agricole
L’accès à l’étable et à la grange se fait à partir du couloir pour les
maisons à deux travées, mais jamais à partir de la cuisine, pour éviter
l’intrusion de mauvaises odeurs.
La présence de l’étable à côté de la partie habitation aide au
chauffage des locaux en hiver et permet une bonne surveillance des
bêtes, surtout en cas
de vêlage.
La grange, "de Schier", occupe toute la profondeur de la maison pour permettre l’entrée des charrettes à foin et à gerbes.
D’une largeur de 3 à 4 m, elle peut être agrandie vers l’arrière par un
appentis qui renferme le manège, "de Manéésch", permettant de mouvoir la
batteuse ou qui sert d’entrepôt pour le bois.
La porcherie, "de Sòuschdàll", se trouve également dans l’appentis, à
l’écart de la partie habitation, à cause des odeurs, ainsi que le
poulailler.
Une échelle de bois d’une longueur d’environ 8 m, "de Grìschtlèèder", est
fixée verticalement sur un des côtés de la grange et permet l’accès au
fenil et à la plate-forme de planches au-dessus de la grange. Cette
plate-forme surélevée, appelée " ’s Grìscht", est souvent en deux parties,
une partie avant et une partie arrière. Elle sert à entreposer les
gerbes de céréales avant leur battage qui a lieu en général en hiver.
Une seconde plate-forme de dimensions réduites peut encore exister
au-dessus de la première, on parle alors "d’Iwwergrìscht", ou plate-forme
supérieure.
Echelle de fenil et pignon mitoyen en pan de bois.
On remarquera que le remplissage est réduit au minimum.
Les plates-formes de la grange. On devine celle de droite.
Vue sur le pan de bois séparant 2 travées agricoles L’échelle arrive
jusqu’au double entrait retroussé de la ferme de charpente.
Le sol de la grange est en terre damée et sert d’aire de battage au fléau pour les céréales. Plus tard, il sera bétonné.
Une batteuse, "e Dréschmaschinn", est installée sur une sorte de
plate-forme, au fond de la grange, et le sol de la grange sert à
entreposer la paille pendant les séances de battage. Les opérations de
nettoyage des grains au moyen du tarare, "de Wònnmihl", se font aussi sur
l’aire à battre.
Dans les années 30, une déchargeuse à griffes, "e Hauàblààder ou
Greifer", mue par un treuil à câble et un moteur électrique, est
installée dans la grange et facilite le travail de déchargement du
foin. Son installation nécessite souvent un aménagement de la
charpente. ( suppression des faux entraits et des étrésillons centraux
entre les pans de bois ).
Il arrive aussi que le poste de déchargement se trouve contre le
pignon, "àm Gèwwell", dans ce cas une sorte d’auvent abrite la
déchargeuse à griffe et un grand panneau mobile permet de fermer la
partie haute du pignon.
La déchargeuse à griffe sur son rail.
Vue sur la charpente modifiée
En général, le mur du fond de la grange est percé d’une porte qui donne
accès au jardin, à la porcherie d’un côté et parfois à l’étable ou
l’écurie de l’autre côté. Cette ouverture est bien pratique pour
évacuer les animaux de trait, une fois que la charrette est rentrée
dans la grange et qu’il faut la décharger. Par cette porte ouverte
passe également le long timon de la remorque.
Si aucune porte d’évacuation n’est disponible au fond de la grange, le
long timon de la charrette doit passer par un petit trou pratiqué dans
le mur du fond.
Rares sont les granges passantes dotées de deux portes se faisant face.
L’étable des fermes à 3 travées, "de Schdàll", abrite aussi bien les
chevaux que les vaches. Généralement, pour une question pratique (ils
doivent pouvoir sortir facilement de l’écurie pour être attelés), les
chevaux sont logés dans la partie avant de l’étable, les vaches au
milieu et les génisses et veaux au fond.
Les chevaux sont attachés dans des box séparés par des planches, pour éviter les accidents.
Dans l’étable, les bêtes sont toutes alignées, la tête vers la grange
et attachées au moyen de chaînes. Devant elles se trouvent la
mangeoire,
"de Krìpp", destinée à recevoir les betteraves hachées et le
son, et en hauteur, le râtelier, "de Rààf", qui reçoit le foin.
Entre les bêtes et le mur du fond se trouve un couloir de 80 cm à 1 m
de large, permettant le passage des personnes pour la traite et celui
des animaux lors de leur déplacement.
Une rigole, "de Rìnn", avec pente vers l’avant permet au purin de s’écouler vers l’extérieur.
Le sol de l’étable ainsi que la rigole sont faits d’un pavage de
pierres calcaires dressées sur chant et usées par les passages
successifs.
L’étable communique avec la grange par une porte et de petites
ouvertures placées à une hauteur d’environ 1m70 permettant de fourrager
les bêtes. Ces ouvertures, appelées "Rààfléscher", sont garnies de volets
de bois coulissant, empêchant la vapeur, "de Dùnscht", de s’échapper et
le froid de rentrer dans l’étable.
Au-dessus de l’étable et de l’écurie se trouve le grenier à foin, c’est-à-dire le fenil, "de Hauschdàll".
2.4 Particularités
Deux particularités existent à Kalhausen concernant l’habitat rural :
la présence d’un appentis devant une maison et le passage sous une
maison d’habitation pour accéder aux bâtiments agricoles.
La maison à Schopp
Place de l’église, la maison Marcel Thinnes, bâtie en 1720, est la
seule du village à posséder un appentis érigé devant la grange et une
des deux étables. Ce Schopp ne se rencontre pas ailleurs sur le plateau
lorrain, excepté au voisinage de l’Alsace Bossue dont c’est un élément
typique de l’habitat. Il semble que cette mode soit arrivée dans notre
région avec les immigrants suisses après la Guerre de Trente Ans. C’est
aussi un signe incontestable d’aisance du constructeur de la maison.
Cet appentis, d’une profondeur de 3 à 5 m et dont le toit est en
prolongement de celui de la maison, est soutenu à l’origine par trois
poteaux en bois qui reposent sur des socles en pierre (parfois des
blocs de grès en forme de pyramide tronquée dans les villages proches
des Vosges du Nord).
Il est fermé, dans sa partie supérieure, par des planches dont le bas est découpé en dents de scie.
Un plancher de bois, situé à 2, 50 m du sol, permet d’entreposer le
bois de chauffage, les fagots et les petits outils agricoles. Il sert
aussi parfois d’abri aux lapins et au chien.
Par son côté pratique, il sert de cour ouverte et d’espace de travail
protégé en cas d’intempéries. C’est aussi dans sa pénombre que l’on
peut s’adonner à diverses occupations extérieures, étant plus ou moins
protégé de la vue des passants.
C’est là aussi qu’on tue le cochon, à l’approche de l’hiver et que se
trouvent la buanderie, "de Wéschkìsch" et le chaudron, "de Fùtterkessel".
On peut également y installer l’alambic ambulant servant à distiller les fruits du verger pendant l’hiver.
Malheureusement l’appentis de la maison Thinnes n’a pas gardé son
aspect d’origine : l’un des poteaux de bois a été remplacé par un
pilier en pierres et un mur en maçonnerie de briques ferme la partie
située devant la porte de l’étable. Le toit de l’appentis a été agrandi
vers la droite jusqu’à la limite de propriété et une porte installée.
Cette maison possède également un
escalier à vis en grès. Cet escalier insolite dans une construction
datant du 18° siècle laisse à penser qu’il pourrait dater d’avant 1720
et que la maison Thinnes aurait été construite sur l’emplacement d’un
bâtiment antérieur, de style renaissance, détruit pendant la Guerre de
Trente Ans. L’escalier, de par sa place centrale, desservait les 4 niveaux du bâtiment : la cave, la cuisine, les chambres de l’étage et le grenier.
Départ de l’escalier dans la cave.
(Photo Jean-Michel Thinnes)
Porte donnant sur le grenier.
(Photo jean-Michel Thinnes)
Il s’agissait sans doute d’une maison imposante qui dominait
littéralement la place centrale du village s’étalant devant elle. Son
bâtisseur faisait certainement partie des familles les plus anciennes
et les plus riches du village. Les deux lions de grès présents de part
et d’autre du perron de l’escalier menant à la porte d’entrée
pourraient aussi avoir appartenu à la première construction.
(renseignements fournis par Jean Michel Thinnes)
On peut rapprocher cet escalier de
celui qui existait dans l’ancien presbytère catholique de Herbitzheim,
incendié en 1504 et reconstruit en 1597.
Les lions ont été remisés dans le jardin.
La maison à porterue.
Au début de la rue des fleurs, la maison Noël Demmerlé qui appartenait
auparavant à Aloyse Pefferkorn "Parissersch" était, avant sa
transformation, l’unique demeure à ne pas posséder de porte piétonne en
façade. Elle possédait à côté de la travée habitation un passage sous
bâtiment vers la grange et les bâtiments agricoles situés à l’arrière
et séparés de l’habitation par une petite cour intérieure. Ce n’est
qu’après 1945 que ce passage sera doté d’une porte charretière en bois.
L’accès au logement se faisait sous le passage.
Ce passage, appelé porterue, "e Fàhrt", est d’origine marnaise. Une
telle particularité existe aussi à Herbitzheim, dans la rue de
Keskastel.
Le passage muré par les actuels propriétaires semble
de faibles dimensions par rapport à une porte charretière normale.
3. Décor architectural
La décoration de l’habitat rural comme de l’habitat urbain a évolué au
gré des modes. Le décor qui se concentre essentiellement sur les
encadrements
des ouvertures est très sobre, voire inexistant, au 18°
siècle. Peu à peu, suivant les sensibilités, les envies et les moyens
financiers des candidats à
la construction, il devient de plus en plus
chargé au cours du 19° siècle pour redevenir sobre au 20° et
disparaître presque complètement dans la construction moderne faite de
béton.
3.1 Le 18° siècle
Les maisons du début du 18° siècle, édifiées après les dévastations de
la Guerre de Trente Ans et donc les plus anciennes du village, se
reconnaissent par la présence d’un linteau de porte piétonne
caractéristique. La mode était alors au faux-tympan délimité par une
moulure en escalier.
Cette mode semble antérieure à la Guerre de Trente Ans et a servi de
modèle aux tailleurs de pierre lors de la reconstruction à la fin du
17° siècle et
au 18°.
La moulure, élément décoratif qui apporte une plus-value à
l’encadrement de la porte par rapport à des montants nus, prend en
général appui sur une embase rectangulaire ou carrée.
Elle s’élève le long du montant et présente plusieurs "marches
d’escalier" au niveau du linteau. Le linteau est creusé sur une
épaisseur de quelques centimètres et offre ainsi un espace suffisant
pour y faire figurer le millésime et les coordonnées des bâtisseurs.
Au-dessus de ce "faux-tympan" , la moulure est rectiligne et non
cintrée.
Maison Juving, rue de la montagne, actuellement Nau.
Encadrement de la porte piétonne peint.
Imposte tardive à la porte de l’étable avec linteau en bois.
Maison Thinnes, place du village.
Encadrement aujourd’hui disparu.
|
Maison Hiegel, rue de la montagne.
1727 H D G SH
|
Ancienne maison Kirch, rue des jardins. Millésime éclaté : 1715
Frantz Seltzer Catarina Grosin
Il est à noter que les Z sont inversés et que le matronyme a la forme du féminin.
Il ne reste plus que deux exemplaires de cet encadrement typique de
porte, quatre autres, aujourd’hui disparus, ont pu être répertoriés sur
d’anciennes photos.
Une autre caractéristique des maisons du 18° siècle est la présence de
linteaux de fenêtres cintrés, sans autre décor que la feuillure des
contrevents,
au moins pour les ouvertures du premier niveau. En général
les ouvertures de l’étage ne sont pas dotées de volets et les
feuillures sont donc inutiles.
Le tailleur de pierre a parfois choisi une solution intermédiaire entre
le linteau droit et le linteau arqué : c’est le délardement qui
consiste à évider sphériquement le front du linteau et à faire
apparaître ainsi une ligne courbe et une autre droite.
Une fausse clé de voûte apporte un surplus de valeur esthétique au linteau.
La mode du faux-tympan et des moulures en marches d’escalier disparaît dans la seconde moitié du 18° siècle.
L’espace assez important en hauteur occupé par le faux-tympan est
remplacé vers la fin du siècle par le linteau d’imposte et le linteau
supérieur qui délimitent une petite baie vitrée appelée haut-jour,
"Owwerlìscht, destinée à éclairer le corridor.
Les inscriptions trouvent place sur le linteau inférieur alors que
celui du haut, orné d’une fausse clé, présente les mêmes moulures aux
angles arrondis que les montants.
Plus aucune imposte n’est visible actuellement, elles ont disparu peut-être pour une question de hauteur de passage.
Maison Zins, rue de la libération. Photo années 1930.
Le linteau supérieur de l’imposte est remplacé ici par une corniche
En nous basant sur les encadrements des portes piétonnes et des
fenêtres restés en l’état ou sur des prises de vue anciennes, nous
avons pu répertorier plusieurs constructions de cette époque.
Ces
maisons, des demeures de laboureurs et de journaliers, se concentraient
au centre du village, c’est-à-dire autour et près de l’église, au début
de la rue de la montagne "de Guggelsbèrsch", de la rue des fleurs "de
Wélschebèrsch" et de la rue des jardins, "de Hohléck".
Faux tympans existant encore : maisons Kirch 1715 (rue des jardins) et Hiegel 1727 (rue de la montagne).
Faux tympans disparus : maisons Thinnes 1720 et Lett (place de
l’église), Nicolas Fabing (rue des fleurs, actuellement Lejosne),
Théophile Juving
(rue de la montagne, actuellement Nau).
Pour cette période, un seul symbole de profession est encore visible,
quoiqu’en réemploi sur une porte annexe : une botte indiquant la
présence d’un cordonnier, avec la date 1799 (maison Fortunée Duché).
On n’a gardé que le linteau-entablement avec la fausse clé de voûte saillante,
exagérément haute, ornée d’une botte et entourée de la date éclatée.
3.2 Le 19° siècle
La mode de la fin du siècle précédent continue au début de ce siècle, mais peu à peu des changements se font visibles.
Le linteau d’imposte disparaît et laisse la place à un large
linteau-entablement, une sorte de fronton rectangulaire surmonté d’une
corniche saillante destinée à le protéger de la pluie.
Les inscriptions se concentrent sur le linteau alors que l’entablement
est richement orné de motifs populaires (guirlandes, fleurs, végétaux,
motifs géométriques), ou religieux (monogramme du Christ, croix). Les
montants ressemblent à de petites colonnes de style ionique
d’inspiration néo-classique qui semblent soutenir des chapiteaux à
volutes et montent jusqu’à la corniche.
Les linteaux des fenêtres redeviennent droits.
Parfois un chaînage d’angle, une corniche sous toit et un bandeau
horizontal en pierre de taille, séparant les deux niveaux de la
construction, sont le signe de l’aisance du constructeur.
Linteau-entablement et corniche aujourd’hui disparus.
Maison Kremer, rue des jardins.
Ces maisons du 19° siècle, des demeures de laboureurs, sont de belles
fermes cossues, signe de la prospérité durable de l’époque. Ce sont des
constructions à étage, dont la façade présente des ouvertures
harmonieusement disposées, des maisons de caractère.
Elles se trouvent aux extrémités des rues, au-delà des bâtiments du
siècle précédent, dans la rue de la libération, "ìm Lòngenéck", dans la
rue des jardins, "ìm Hohléck", dans la rue des fleurs et celle des roses,
"ùff em Wélschebèrsch" et autour de la place de l’église où elles
occupent l’espace constructible laissé disponible.
Plusieurs présentent un décor architectural identique, ce qui prouve
que les encadrements en grès proviennent sans doute du même atelier et
que
ces maisons ont été bâties sensiblement à la même époque.
On dénombre presqu’une vingtaine de ces constructions imposantes bâties au 19° siècle, pratiquement toutes entre 1820 et 1870 :
Maisons Henri Fabing (1816), Mourer-Phillip (1823), Richter (1827),
Jean-Marie Pefferkorn (1828), Aloyse Taesch (1829), Adrien Simon et
Dengler (1830), Klamm (1833), Neu (1835), Sabine Freyermuth
(transformation en 1858), Claude Kirch Hutting (1868).
Autres maisons non datées, certainement de la même époque : Edouard
Muller, Bach-Kremer, Richard Freyermuth, Théo Freyermuth, Simonet
(anciennement Hoffmann), Edouard Freyermuth (Schmìtt Hònse), Sylvie
Prando (anciennement Weittmann), le restaurant Simonin, le moulin.
Ces belles maisons présentent presque l’ensemble des éléments
architecturaux propres aux demeures urbaines et transposées dans les
villages
(cf paragraphe 2.3.4).
1. Soubassement 2. Chaînage d’angle 3. Chaîne de séparation de travées
4. Bandeau séparant les étages 5. Corniche sous-toit 6. Porte piétonne
(a. base b. montants ou jambages c. linteau d’imposte d.
linteau-entablement e. corniche) 7. Soupirail 8. Fenêtre (a. tablette
d’appui b. montant c. linteau cintré) 9. Souche de cheminée 10. Mitre
11. Porte d’étable 12. Fenêtre d’étable 13. Porte charretière (a.
pierre chasse-roues b. montants ou piédroits c. sommier ou coussinet d.
clé de voûte)
Les inscriptions se limitent le plus souvent à la date de la
construction et aux coordonnées des bâtisseurs. Pourtant dans deux cas,
en l’absence de tout autre élément décoratif, l’on peut trouver des
inscriptions détaillées en lettres gothiques :
- la maison Marc Freyermuth porte l’inscription
suivante : "Dies Haus hat lassen erneuern Anna Maria Bellott und Florian
Seltzer 1858". (Achetée
en 1851, cette maison a été rénovée,
c’est-à-dire agrandie, transformée en 1858.) Une niche à statuette est
encore visible au-dessus du linteau.
- la maison Marie-Thérèse Muller " 's Schrinner Marie"
porte une sentence moralisante que l’on retrouve par ailleurs
fréquemment, avec des variantes, dans l’espace francique et alémanique
: "Dieses Haus ist mein und nicht mein, der nach mir kommt bleibt auch
nicht drein". Lenhard Henrich Mari Anne Murer (Cette maison m’appartient
et n’est pas à moi, celui qui me succèdera n’y restera pas non plus.)
Les 2 inscriptions sont détériorées et difficilement lisibles.
La maison Kirch de Hutting présente un emblème de métier : un cor de
chasse, car son constructeur, Dominique Pfister, était garde chasse
privé à Weidesheim.
Emblèmes de métiers disparus : maison Mourer-Phillip (enclumette de cordonnier), maison Gross-Taesch (pinces de forgeron)
Linteaux d’imposte disparus : maisons Taesch, Henri Hoffmann
(actuellement Simonet), Henri Fabing, Sylvie Prando, Jean-Luc Zins,
Jean-Marie Pefferkorn. Ces linteaux ont été enlevés lors de
transformations peut-être à cause d’un problème de hauteur de passage.
Quelques encadrements de portes actuels remarquables
Maison Richter, rue des jardins.
Décor sobre.
Bases et piédroits ornés d’un listel et d’une grosse moulure concave en quart de rond qui se poursuivent sur le linteau entablement.
Cartouche
rectangulaire aux angles décorés portant la date éclatée et les
initiales des bâtisseurs autour d’une fleur de lys centrale. Corniche protégeant le linteau. Inscription : 18 CH M M G 27
|
Maison Richard Freyermuth, rue de la libération.
Décor issu d’un atelier de Rahling et dont on retrouve d’autres modèles
à Kalhausen et dans les villages environnants,
notamment à Montbronn et Rahling. Courtes bases plus épaisses que les piédroits, avec cartouches.
Piédroits ornés de tablettes longitudinales qui se prolongent par des éléments décoratifs cannelés et se
terminent par des imitations de chapiteaux avec de
belles fleurs épanouies. Linteau-entablement lisse légèrement cintré avec
fausse clé portant un cartouche. Entablement décoré de deux boules. Corniche reliant les chapiteaux
Maison Edouard Freyermuth, rue des jardins.
Décor semblable au précédent, issu du même atelier,
avec néanmoins un entablement plus haut et des fleurs plus simples.
Seul élément décoratif de l’entablement,
le monogramme du Christ surmonté d’une croix.
(La croix est dans la mentalité un véritable bouclier protecteur contre les puissances du mal.)
Maison Fabing, rue des fleurs.
Piédroits et linteau finement moulurés. Linteau en arc segmentaire,
avec fausse clé passante comportant le millésime 1816.
Entablement peu développé décoré de deux étoiles à 6 branches. Corniche peu saillante.
(L’étoile à 6 branches est aussi censée protéger la maison des puissances malignes : sorciers et démons).
Maison Pefferkorn, rue des lilas.
Bases sans décorations. Grosse moulure concave en quart de
cercle sur les bases, les piédroits et le linteau.
Entablement saillant peu développé atténuant la corniche.
Cette corniche n’est pas nécessaire ici d’un point de vue pratique,
puisque le toit protège l’encadrement (maison à un seul niveau).
Ensemble très sobre (absence de toute décoration et de toute inscription)
Cette maison a été bâtie par le curé du village Joseph Kirsch,
peu avant sa mort en 1836 et léguée à sa gouvernante Barbe Pefferkorn.
Autres encadrements
Maison Klam rue des fleurs
Encadrement sobre, large moulure concave en quart de cercle sur les piédroits et le linteau.
Inscription : Peter Demmerlé-Maria Miller 1833
Maison Neu, rue de la libération.
Encadrement à feuillures, linteau-entablement surmonté
d’une corniche fortement saillante moulurée.
Inscription : Nicolaus Reich 1835 Christina Demmerlé
Maison Dengler, rue des roses
Bases et piédroits nus se terminant par une imitation
de chapiteau ionique à volutes. Petite corniche.
Inscription : 18 Nicolaus Murer Catarina Miller 30
Maison Simon, rue des fleurs.
Encadrement issu du même atelier que le précédent
et plus riche. Bases élargies avec cartouches, grosse moulure concave
en quart de rond et rainures sur les piédroits. Imitations de chapiteaux ioniques.
Linteau avec inscription sur cartouches aux angles rabattus. Corniche peu saillante à denticules.
Inscription : Migel Iung 1830 Catarina Miller (Michel Jung-Catherine Muller)
Maison Pefferkorn, rue de la montagne.
Bases avec cartouches partiels aux angles rabattus.
Piédroits et linteau richement décorés de moulures fines.
Entablement avec cartouches saillants aux angles rabattus séparés par
une fleur centrale stylisée. Large corniche saillante à denticules.
Inscription 18 N M 28 C M (Nicolas Muller- Catherine Muller, née Gross)
3.3 Le 20° siècle
On ne construit plus, au début de ce siècle, de grandes fermes comme au
siècle précédent, mais le plus souvent des maisons à un niveau. Ce sont
toujours des maisons destinées à l’agriculture, avec les trois travées
traditionnelles, mais le besoin de volume et de place n’est plus
impératif, puisque
ce sont maintenant des ouvriers-paysans qui ont fait
de l’agriculture une activité secondaire.
Le décor des encadrements de portes et de fenêtres redevient très sobre après la surcharge du siècle précédent.
Maison Schmitt, rue des roses.
Encadrement sans décor, à part le millésime.
Bases élargies chanfreinées. Corniche moulurée.
Millésime central 1908.
Maison Stéphanus, rue de la libération.
Encadrement sobre. Hautes bases avec cartouches
aux angles rabattus renfermant un losange. Piédroits et linteau
nus à part le millésime central. Corniche simple saillante.
Millésime central 1921
Maison Borner, rue de la montagne.
Décor inexistant. Ni bases, ni corniche. Millésime central 1928.
Maison Freyermuth, rue des roses.
Bel encadrement. Bases hautes à cartouche avec losange,
piédroits à moulures, linteau en faux cintre et corniche.
Millésime central 1931.
Maison Hugo Kirch Hutting.
Bases avec cartouches aux angles rabattus
décorés d’un losange. Piédroits et linteaux nus .
Corniche moulurée. Inscription: B P M M
(Balthasar Pefferkorn (1846-1916) Madeleine Muller (1846-1923)
A partir du milieu du siècle apparaissent les maisons ouvrières
dépourvues de grange et d’étable, mais dotées d’un garage accessible
depuis la rue.
C’est l’avènement du béton et des agglos. Le décor est
totalement inexistant, les encadrements des baies en pierres de taille
a disparu. Le vent de
la modernité a commencé de souffler.
Maison Proszenuck, rue de la gare.
A partir des années 60-70, les lotissements communaux apparaissent dans
les villages. Les premiers lotissements comportent des maisons du style
ouvrier précédées d’un petit jardin clos par un muret.
Il faudra attendre l’initiative d’un lotisseur privé pour que Kalhausen
se dote d’un lotissement au début des années 80. Ce sont maintenant de
jolis pavillons individuels modernes. L’espace devant la maison a été
remplacé par une pelouse plantée d’arbustes et de haies. C’est un tout
autre style
qui n’a plus rien à voir avec les maisons anciennes.
Quelques rares maisons modernes reprennent certains éléments décoratifs
des siècles précédents, comme les encadrements de fenêtres et de la
porte
du logis en pierre de taille (grès des Vosges ou pierre de
Jaumont) et l’inscription du millésime de la construction.
3.4 Quelques bâtiments remarquables
La boucherie Muller –Laluet
Construite dans les années 20, elle présentait à l’origine la
disposition traditionnelle de la maison de laboureur : travée
habitation à droite (magasin de vente, cuisine, chambres), travée
agricole à gauche (deux étables entourant la grange, et le fenil).
A l’arrière, un appentis renfermait l’abattoir et le fumoir.
Les éléments qui la différenciaient de la maison paysanne étaient la
grande vitrine du magasin de vente et surtout le balcon sur piliers qui
surplombait l’escalier de la porte d’entrée et qui donnait au bâtiment
un air bourgeois.
Une élégante frise festonnée en bois remplaçait la corniche sous
toiture et des aérateurs aux formes originales égayaient la partie
agricole.
Années 1970. Les étables ont déjà été transformées.
Le chien assis du toit est tardif et correspond à la salle de bain aménagée dans les combles.
Une élégante gloriette en fer ornait le jardin de fleurs devant la maison et permettait de trouver un peu d’ombre en été.
L’activité de la boucherie ne se limitait pas au commerce de la viande,
mais englobait également une activité agricole d’élevage et un commerce
de bestiaux. D’où la présence des étables et du fenil.
Des transformations sont intervenues suite à l’évolution de l’activité bouchère.
Une étable a été transformée en laboratoire, l’autre sert d’entrepôt et
la grange est devenue une chambre froide et un garage. Un appentis
servant de garage a été rajouté sur la partie gauche de la maison. Le
chaînage d’angle en grès a disparu sous le crépi.
Travée habitation avec la vitrine du magasin
Travée agricole réaménagée en laboratoire et garages.
A l’étage, fenil inutilisé.
En 2012, d’importants travaux de constructions et de transformations
ont été réalisés et ont changé la boucherie en une unité de production
moderne : le magasin a été décalé vers la gauche et mis au niveau de la
cour, toute l’ancienne travée agricole fait désormais partie de l’unité
de production, un grand garage à véhicules ferme le côté gauche de la
cour.
Le presbytère
C’est une imposante bâtisse à l’allure de maison de maître. Edifié en
1898-1899 par l’abbé Albert Michel en remplacement de l’ancien
presbytère jugé insalubre, il présente une façade percée d’ouvertures
encadrées de pierres de taille. Un bandeau horizontal également en grès
délimite les deux niveaux de la construction.
La porte d’entrée coupe la façade en deux parties asymétriques : la
partie gauche, plus importante, était réservée au prêtre et à sa
gouvernante, la partie droite à la paroisse (bureaux au rez-de-chaussée
et chambres pour l’évêque et ses accompagnateurs à l’étage).
Le chaînage d’angle et le soubassement en trompe l’œil apportent une touche esthétique supplémentaire.
Le décor est sobre. C’est la porte d’entrée en chêne massif qui est l’élément décoratif majeur.
Quelques transformations ont été faites : l’édification d’un garage
avec toit en terrasse à gauche du bâtiment et la transformation du toit
avec la disparition des deux chiens-assis d’origine.
L’intérieur du presbytère a gardé son cachet d’origine avec ses hautes
pièces, les décorations en stuc du couloir et surtout les magnifiques
paysages
et peintures religieuses dues au talent des abbés Pefferkorn.
Fresques murales de la salle à manger, dues aux talents
de peintres des abbés Adam et Henri Pefferkorn.
Le moulin appelé Wélschmihl
Le moulin de la Wélschmihl ne correspond pas à la typologie de la
maison lorraine puisqu’il n’est pas une maison bloc à terre, mais il
est formé de deux bâtiments distincts qui ont pratiquement des
dimensions et des formes identiques. Il s’agit du moulin proprement-dit
comprenant à l’origine le logement et les locaux techniques et d’un
bâtiment agricole lui faisant face.
Le moulin est aujourd’hui une belle maison d’habitation qui a gardé son
toit à croupes ainsi que ses ouvertures et plus rien ne laisse deviner
son passé. Tout ce qui avait trait à l’activité meunière a disparu
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. La grande roue à aubes a
disparu depuis longtemps et la fosse, à l’arrière du bâtiment, qui la
contenait, a été remblayée. Seul, le canal d’amenée d’eau est encore
visible, quoique partiellement comblé.
Le bâtiment agricole, séparé du moulin et lui faisant face, possède un
imposant toit à petites croupes. Il se compose de deux étables
enserrant une grange passante. Les ouvertures sont toutes encadrées de
pierres de taille et la porte charretière présente une belle
voûte extrêmement surbaissée en anse de panier. Un auvent
prolonge le toit vers l’avant et protège les ouvertures.
3.5 Bâtiments disparus
L’ancien presbytère
Des cartes postales anciennes et une photographie des années 1960,
prise lors de la démolition du bâtiment, sont disponibles et nous
donnent un aperçu de cette construction.
Construit en 1807, après l’érection de la paroisse, sur un vaste espace
communal établi devant deux immeubles donnant sur la place de l’église,
l’ancien presbytère avait l’allure d’une maison de maître, de style
bourgeois, avec un toit à demi-croupes. Il ne présentait pas la
configuration de la maison paysanne lorraine, mais possédait pourtant à
l’origine une écurie dans la partie gauche.
La façade présentait des ouvertures sur deux niveaux, réparties de
façon asymétrique, avec une porte piétonne un peu déportée vers la
gauche.
Le chaînage d’angle, la corniche sous toit, le bandeau séparant les
deux niveaux et les encadrements en pierres de taille conféraient au
bâtiment un cachet certain.
Le linteau-entablement de la porte d’entrée, surmonté d’une corniche
qui rejoint le bandeau, et les piédroits en forme de chapiteaux,
rappellent des éléments décoratifs similaires présents dans le village
et issus d’un même atelier de Rahling (voir plus haut maisons
Freyermuth Richard et Freyermuth Edouard).
Un appentis venait s’appuyer contre le pignon droit du bâtiment.
La construction qui apparaît sur les clichés n’est pas la construction originelle.
En effet, la visite épiscopale du 18 mai 1858 avait souligné dans son
sixième alinéa que l’état du presbytère nécessitait "de nombreuses
réparations et plus de développement ou une meilleure distribution".
La commune, propriétaire du bâtiment, semble ne pas avoir répondu favorablement à la demande du curé.
Le conseil de fabrique, en date du 23 avril 1865, rapporte que "la
commune est dans l’impossibilité de se charger des réparations à cause
de son manque de moyens". Il rajoute que "les réparations sont
urgentes, et si elles étaient différées plus longtemps, elles seraient
bien plus coûteuses".
Le conseil joint à sa délibération un devis établi par Henri Lenhard,
menuisier, et Nicolas Lauer, maçon, et qui se monte à 463,82
Francs.
Le conseil demande
- qu’une partie de l’écurie actuelle soit convertie
en chambre de 16 m2, avec une nouvelle fenêtre donnant sur le devant,
- qu’une porte soit établie au grenier, permettant
d’accéder aux latrines qui seront établies au-dessus de l’écurie,
- qu’une fenêtre soit créée dans le pignon pour éclairer le passage conduisant aux latrines,
- que la porte principale soit remplacée par une autre en chêne,
- que la façade soit recrépie,
- que les volets soient réparés,
- et que l’escalier d’accès au presbytère soit remanié.
Reproduction du plan annexé au devis.
Le bâtiment que nous connaissons d’après les clichés prend donc en
compte ces transformations qui incluent l’édification d’un second
conduit de fumée servant à raccorder la nouvelle chambre.
Le mur de pierres qui sépare le presbytère de la chaussée est érigé en 1871-1872.
L’abbé Pierron, entré en fonction en 1875, fait voter par le conseil de
fabrique, en 1876, la somme de 750 F pour des travaux intérieurs au
presbytère (planchers, plafonds, dallage du corridor, tapisseries).
La commune, à l’avenir, n’investira donc plus dans le presbytère pour
la simple raison qu’elle manque de moyens financiers et a d’autres
priorités.
L’abbé Albert, nommé en 1890, le jugera non conforme, insuffisant comme logement de service et insalubre.
Il fera alors construire, avec l’aide matérielle des paroissiens, une
maison personnelle qui n’est rien d’autre que le presbytère actuel,
dans le but de remplacer le logement de service mis à disposition par
la commune. Les deux bâtiments, l’ancien et le nouveau seront au centre
d’un conflit entre le curé, épaulé par le conseil de fabrique, et le
conseil municipal, conflit que je ne peux pas développer ici. vers le dossier traitant du conflit
L’ancien presbytère sera laissé à l’abandon pendant quelques années,
jusqu’à ce que la commune le vende à un particulier après 1912. Il
abritera alors une épicerie au rez-de-chaussée et des logements loués à
l’étage. Il sera démoli au début des années 60 pour laisser la place à
la nouvelle mairie-poste.
Le presbytère actuel, à cause de ces circonstances, n’est par
conséquent pas un bâtiment communal, comme dans les autres communes
d’Alsace-Lorraine, mais un bâtiment privé, appartenant au conseil de
fabrique.
La maison Gross-Lett
(Photo Roland Thinnes)
Ce grand bâtiment, bordant l’un des
côtés de la place centrale du village et constitué de deux logements
mitoyens, ne suivait pas la disposition traditionnelle de la maison
paysanne lorraine. Il s’agit, sur cette vue, uniquement d’un bâtiment à
usage d’habitation. Les locaux agricoles sont bâtis en annexes séparées
à l’arrière et accessibles par les côtés.
D’après l’encadrement caractéristique de la porte d’entrée, la date de
construction peut être fixée au début du 18° siècle. Dans les années
1980-1990,
le bâtiment a été acquis par la commune, puis détruit pour offrir des places de stationnement au centre-village.
L’immeuble Gross (Krìschängels) à gauche
C’est la partie gauche, elle ne
présente pas de porte d’entrée piétonne en façade et se différencie de
la partie droite, plus vaste, par un toit à petite croupe. Les baies ne
sont pas disposées symétriquement. L’entrée se fait par une porte dans
le mur gouttereau arrière.
Le bâtiment agricole, constitué d’une grange centrale entourée de 2 étables, est visible sur la vue.
Cet immeuble était habité en dernier par Florian Gross (1901-1983),
ancien maire de Kalhausen de 1945 à 1965 et son frère Albert, ancien
chef de corps des sapeurs-pompiers (1907-1984),
ainsi que leurs soeurs Marie (1897-1972) et Cécile (1893-1973), tous célibataires.
Florian Gross
|
Albert Gross
|
L’immeuble Lett (de Schmèdde Léo ùn Schmètts Léné) à droite
Il renferme, outre le logement de
la famille situé à l’arrière et à l’étage, un magasin de quincaillerie,
accessible directement à partir de la porte d’entrée et reconnaissable
par ses vitrines. A l’arrière se trouvent, autour d’une petite cour, la forge de Léon Lett et des bâtiments agricoles.
Sur l’enseigne, on peut lire :
Epicerie Bon Marché. Gérante : Anne Fabing
Sur cette carte postale éditée
après 1918 et représentant la partie droite du logement Lett, une
épicerie est ouverte dans la chambre de droite donnant sur la place de
l’église (de Schdùbb). Elle est tenue d’abord par Philippe Freyermuth, puis par Anne Fabing, appelée " ’s roode Ònna".
La porte d’entrée d’origine est celle du logement du propriétaire de la
maison, le forgeron Lett. L’entrée de la cave est recouverte d’une
dalle de grès formant le perron de l’escalier du magasin. Plus tard, le
forgeron Lett ouvrira lui-même un commerce de quincaillerie-bazar : la
porte du magasin sera transformée en vitrine, la chambre de gauche et
le corridor seront incorporés au magasin et une grande vitrine sera
créée à gauche de la porte d’entrée. Une station-service complètera le
tout.
Actuellement, il ne reste que les
bâtiments agricoles Gross-Lett, désertés par la commune et les
pompiers, et donc en sursis. La forge a aussi été démolie en même temps
que le logement.
Léon Lett (1903-1984) et son épouse Madeleine Jung (1903-1990)
La maison Bour-Lenhard
Cette petite maison de journalier,
à 2 travées, abritait Henri Bour (1894-1974), son épouse Marie Eugénie
Lenhard (1901-1966) et son frère célibataire Charles (1898-1974).
Elle a été acquise par la commune
dans les années 1975-1980 en vue de l’élargissement de la rue de la
libération. Un petit parking, pour moitié privé, pour moitié public, a
été créé à son emplacement.
Il faut noter que le mur qui
protège l’escalier de la cave a été renforcé au temps de la Drôle de
Guerre (1939-1940) et doté d’une fenêtre de tir pour prendre en
enfilade la rue de la gare.
La petite maison derrière l’église, ainsi que la sacristie, ont aussi été démolies (point rouge).
Dans la rue des roses
Deux petites maisons situées au
bout de la rue des roses ont aussi été détruites dans la seconde moitié
du 20° siècle, pour ne plus être reconstruites. C’étaient des bâtiments
étroits construits pignon sur rue devant l’alignement des autres
maisons. Leur destruction pour cause de vétusté a permis l’augmentation
de l’espace utile sur l’usoir.
La première se situait devant la grange Wendel (Rudolfs) et l’autre devant la ferme Muller-Phillip (Muurés).
(Les maisons marquées d'un point rouge sont les maisons détruites)
Il reste encore une maison avec pignon sur rue dans le haut de la rue des roses.
4. Aujourd’hui
De nombreuses maisons anciennes ont malheureusement perdu leur aspect
d’origine pour diverses raisons et subi de profondes transformations de
façades : disparition de certains éléments, voire de l’ensemble des
encadrements en pierre de taille des portes et des fenêtres.
D’autres ont purement et simplement été détruites et remplacées par de nouvelles constructions plus modernes.
Parfois la partie habitation a été conservée dans sa disposition
originelle ou peu transformée. Ce sont par contre alors les travées
réservées à l’agriculture qui ont fait les frais de la transformation :
démolition ou mutation en logements.
Maison Freyermuth, rue des jardins, en pleines transformations.
Toute la partie agricole est transformée en logements locatifs.
On devine la porte charretière centrale entourée de part et d’autre d’une étable.
Après les transformations.
L’usoir se privatise par achat et peut donc être aménagé au gré des
envies par les riverains qui les ont acquis. Les emplacements à fumier
disparaissent et laissent place à des parkings. Parfois l’usoir est
engazonné, planté de haies arbustives et de fleurs ou recouvert de
pavés, de macadam, de béton.
L’emplacement à fumier est dans un premier temps
fleuri tout au cours de l’année, avant de peut-être disparaître
avec un changement de propriétaire. Maisons Simon et Pefferkorn.
Cette transformation de l’espace devant les maisons ainsi que le
ravalement des façades avec des couleurs gaies profitent à
l’embellissement du village.
A terme, les maisons anciennes qui ont gardé jusqu’à présent leur
caractère authentique sont elles aussi destinées à subir une mutation :
devenues trop grandes ou désertées du fait de la migration des
agriculteurs vers l‘extérieur du village, elles devront subir des
transformations, comme les autres l’ont déjà fait.
Mais il faudrait conserver la plupart des éléments qui font leur
authenticité et leur beauté, comme les encadrements des ouvertures et
surtout l’élégant linteau cintré de la grande porte charretière, si
cela est possible.
Maison Pefferkorn, rue des lilas.
Mariage harmonieux entre l’ancien et le moderne.
Voici quelques exemples de transformations plus ou moins radicales de
façades, avec parfois disparition de ce qui faisait le charme de la
maison rurale. Quand cela a été possible, nous avons adjoint une photo
ancienne pour pouvoir la comparer avec la vue actuelle.
Maison Bour, rue des jardins.
Les ouvertures de la travée habitation sont conservées,
mais celles de la partie agricole sont transformées.
Les encadrements des baies sont recouverts de crépi.
La même maison avant sa transformation.
Ferme du 19° siècle, toute en longueur Logement spacieux.
Maison Scheh, rue des jardins (4 logements locatifs).
Plus rien ne laisse deviner les anciennes travées agricoles.
La même maison dans les années 30.
Jolie ferme du 19° siècle avec portes cintrées
Maison Brechenmacher, rue des jardins.
Maison Meyer, rue des jardins.
Ancienne maison Herrmann (actuellement Jean Meyer) scindée en 2 logements.
D’après son propriétaire, elle daterait d’avant la Guerre de Trente Ans (1618-1648)
et serait donc la maison la plus ancienne du village.
Elle a été rénovée en 1721 par Pierre Murer et Catherine Seiler
Les annexes, séparées du logis, sont encore visibles.
Un pressoir (e Kéllter) y existait.
Maison Freyermuth, rue des jardins. Actuellement 2 logements.
Maison anciennement Metzger, rue des jardins.
Maison Richter, rue des jardins. 1827.
Maison de laboureur à 4 travées. Belle porte charretière refaite.
Cette demeure abritait l’agence postale de 1893 à 1951.
Maison Mayer, rue des jardins.
Petite maison de journalier bien restaurée
et ayant gardé son aspect d’origine.
Porte piétonne excentrée
Maison Thaller, rue des jardins. 2 logements.
Ancienne maison Taesch, rue des jardins. 1829
Actuellement Vuilliet-Wilmouth
Pour cette maison bâtie par Christian Seltzer, forgeron,
la baie à gauche de la porte charretière n’est pas
une porte d’étable, mais correspond à la porte de la forge.
L’encadrement de la porte charretière en plein cintre
et le linteau d’imposte de la porte piétonne
donnent un cachet certain à cette belle maison.
Maison Zins, rue des jardins.
Transformée une première fois après 1930 sur la base de 2 immeubles
datant respectivement de 1834 et 1841, puis de nouveau en 1989.
Maison Pefferkorn, rue de la montagne. 1828.
Logement entièrement remanié. Réemploi de l’encadrement de la porte
qui se trouvait à l’origine pratiquement au centre du bâtiment.
Les ouvertures de la partie agricole ont déjà été transformées
(linteaux en béton armé).
Maison Simonet, rue des lilas.
La même maison dans les années 1935.
C’était à l’origine une ferme à 3 travées. La particularité de cet
ensemble réside dans le prolongement de la partie agricole au
profit de la maison voisine : en effet, l’étable et la grange de droite
appartiennent à la maison Pefferkorn mitoyenne.
Maison Pefferkorn, rue des lilas.
C’était à l’origine la maison que l’abbé Kirsch,
curé de Kalhausen de 1818 à 1835 s’était fait construire
pour ses vieux jours et dont sa gouvernante,
Barbe Pefferkorn a hérité en 1836. Il n’y avait pas de travée
agricole et les propriétaires suivants ont dû bâtir une grange
et une étable pour pouvoir exercer leur activité.
Ancien restaurant Malmasson puis Juving, puis Simonin
Un garage a été créé au centre du bâtiment.
Le même bâtiment au début du 20° siècle.
Il semblerait qu’il n’y ait jamais eu de porte charretière.
Maison Dengler, rue des roses. (1830)
En pleines transformations actuellement.
La même construction jadis. Maison à 3 travées.
Encadrements des ouvertures du logement peints.
Maison Thinnes. 1720
La partie habitation est peu développée par rapport aux travées agricoles.
Il y a un manque évident de symétrie des ouvertures de la façade.
La tache foncée au niveau de l’étable provient de la condensation
provoquée par les bêtes (salpêtre dans les murs).
Maison Lang, rue de l’abbé Albert
Le même immeuble avant guerre.
Maison basse toute en longueur partagée pour moitié
en logement et pour moitié en travées agricoles
Maison Prando, rue des roses.
Maison à 3 travées du 19° siècle.
Porte charretière sans encadrement.
Maison Muller rue de l’abbé Albert.
La même maison au début du 20° siècle.
Maison à 4 travées datée de la fin du 19° siècle.
Accès à la cave non protégé.
Maison Mehlinger, rue des fleurs.
Ancien bâtiment de la poste de 1951 à 1965.
La même maison au début du 20° siècle.
Maison de journalier à 2 travées datée du 19° siècle.
Maisons Arend et Vogel, rue de la libération
La maison Arend, autrefois Nicolas Lenhard.
Les ouvertures sont pratiquement les mêmes
La maison Vogel en 1956
Bel encadrement de la porte charretière en anse de panier
Maison Fabing, rue des fleurs, datée de 1816.
Seule la travée-logement a été conservée.
Un appentis-garage s’appuie désormais au pignon droit
Photo de 1955. Grande ferme à 4 travées.
Belles proportions : 1/3 habitation, 2/3 travées agricoles.
Maison Zins, rue de la libération. Reconstruite après 1945.
Maison à 4 travées du 19° siècle.
Porte piétonne à linteau d’imposte et corniche.
Photo antérieure à 1945.
Maison Sinteff, rue de la gare, ancien restaurant Kihl.
Maison hybride de style urbain. De gauche à droite,
salle de spectacle, restaurant, logement et travées agricoles.
Ancienne maison Florian Gross, actuellement Claude Demmerle rue des roses.
Jadis, maison à 3 travées.
Conclusion
Nos belles maisons lorraines traditionnelles, aux façades harmonieuses
et au décor de pierres de taille, n’ont pas seulement subi l’usure du
temps, mais aussi les outrages infligés par le modernisme à outrance
des années 1970. Beaucoup ont été défigurées, dénaturées, amputées ou
tout simplement rasées et remplacées par des immeubles sans style.
Combien de baies ont été modifiées, combien d’encadrements de grès ont
été recouverts de crépi ? Il serait judicieux que les quelques
spécimens rescapés soient sauvegardés et restaurés dans l’esprit de la
tradition, au moins dans leur aspect extérieur.
Lexique
Maçonnerie
Arc : assemblage de pierres de taille, de moellons ou de briques formant le haut d’une baie.
Dans la construction rurale, l’arc peut être en plein cintre (en demi-cercle) ou surbaissé (en anse de panier).
Arc de décharge : arc maçonné en briques au-dessus du linteau d'une
baie pour reporter sur les côtés la charge verticale et ainsi soulager
le linteau. A défaut d’arc, il peut y avoir des pierres plates ou des
planches de décharge.
Baie : ouverture dans un mur (porte, fenêtre)
Bandeau : bande horizontale en pierres de taille, en façade et séparant deux niveaux.
Blocage : mélange de petites pierres et de mortier destiné à
remplir l'intervalle entre les deux parements d’un mur épais composés
de moellons dressés sur une face
Chaînage ou chaîne d’angle : pierres de taille apparentes aux angles
d’une construction et destinées à consolider les arêtes. Le chaînage
peut être harpé ou droit.
Chambranle : encadrement en pierres de taille (principalement grès vosgien) de porte et de fenêtre.
Chéneau : canal en métal à la base de la toiture destiné à
recevoir l'eau de pluie et à la conduire vers les tuyaux de descente.
On parle généralement de gouttière.
Cintre ou plein cintre : nom donné à l'arc d'une voûte en demi-cercle.
Claveau : pierre taillée en biseau (en forme de coin) et qui entre dans construction d’un arc ou d’une voûte.
Clef : claveau central de l’arc, posé en dernier pour fermer
l’arc et le bander. C’est la clef qui soutient tous les autres claveaux.
Corniche : couronnement en saillie d’un mur ou d’un linteau de porte.
Colombage ou pan de bois : ossature apparente de bois comblée de matériaux légers (torchis) ou non.
Contrevent : panneau opaque de fermeture de fenêtre, posé en extérieur du bâtiment. On parle aussi de volet.
Coussinet ou sommier : pierre posée en sommet de piédroit et recevant l'arc.
Coyau : court chevron rapporté à la base du versant du toit, destiné à adoucir la pente et à éloigner l’eau de pluie du mur.
Croisée : ouverture pratiquée dans un mur pour laisser passer la
lumière et fermée par un châssis composé ordinairement de plusieurs
traverses disposées en croix, pour recevoir les vitres. On parle
ordinairement de fenêtre.
Croupe : pan de toiture triangulaire situé sur le pignon et perpendiculaire au
versant principal. La croupe peut avoir différentes dimensions : la
fausse croupe, la demi-croupe
Entablement : couronnement d’une porte (partie en pierres de taille au-dessus du linteau en général surmonté d’une corniche)
Faux tympan : espace évidé du linteau et encadré par des moulures
Imposte : partie supérieure indépendante, vitrée, fixe ou ouvrante,
d’une porte. L’imposte est délimitée par le linteau de la porte et un
autre linteau-entablement.
Jambage : montant latéral d’une porte, d’une fenêtre, appelés aussi piédroits. Les jambages supportent le linteau.
Linteau : pierre de taille massive, ou poutre de bois, posée sur les piédroits et fermant l’encadrement de la baie.
Mur de refend : mur porteur intérieur, perpendiculaire aux murs
gouttereaux, séparant la partie habitation de la partie agricole.
Mur gouttereau : mur porteur en façade, parallèle à la rue, portant un chéneau.
Parement : surface apparente taillée d’une pierre (on dit aussi une pierre dressée)
Piédroit ou pied-droit : montant d’une baie (voir aussi jambage). Il peut être nu ou décoré par des moulures.
Solive : poutre de charpente de plancher posée sur des murs porteurs
Soubassement : socle d’un mur ou d’un encadrement de porte
Travée : espace résultant de la division transversale de la
maison en compartiments (habitation, étable, grange). Les travées sont
séparées par le mur de refend et des pans de bois supportant chacun une
ferme de charpente.
Charpente et pan de bois
Aisselier : élément d’une ferme de charpente, positionné sous l'entrait
retroussé d'une ferme de charpente et joignant l'arbalétrier situé sous
celle-ci afin de soulager l'assemblage à la jonction des deux pièces.
Arbalétrier : pièce de la ferme de charpente donnant la pente du toit et soutenant les pannes.
Assemblage moisé : assemblage liant deux pièces doubles, appelées
moises et une pièce simple par l’intermédiaire de boulons ou de pointes.
Contrefiche : pièce de charpente oblique reliant, dans une ferme, la base du poinçon à l'arbalétrier.
Contreventement : élément de charpente lié obliquement à un élément vertical pour rigidifier la structure
Décharge : pièce oblique du pan de bois rigidifiant l’ossature, appelée aussi jambe de force
Entrait : poutre horizontale formant la base d’une ferme
Entrait retroussé : entrait placé le plus en hauteur et reliant deux
arbalétriers. Cette construction permet de libérer de la place au
grenier et au fenil, la hauteur du poinçon étant réduite.
Entretoise : pièce du pan de bois reliant deux poteaux.
Etrésillon : pièce de bois reliant horizontalement deux pans de bois.
Faux entrait : pièce de bois horizontale reliant deux poteaux, placée
au-dessus de l’entrait retroussé, au niveau de la dernière panne.
Ferme : assemblage de charpente qu'on place de distance en distance
pour porter la toiture d'un bâtiment. Les fermes sont posées sur les
murs de refend et sur les pans de bois séparant les travées.
Panne : pièce de charpente longitudinale de forte section, soutenue par les pignons et les fermes et portant les chevrons
Poinçon : pièce de charpente soutenant la panne faîtière, posée sur l’entrait.
Poteau : pièce verticale du pan de bois, de la hauteur d’un étage
charpente-total-bricoleurs.wifeo.com
www.crdp-strasbourg.fr
Décor
Cartouche : ornement carré ou rectangulaire qui forme le champ d'une
inscription. Les coins sont souvent rabattus en quarts de cercle.
Chanfrein : petite surface formée en abattant l'arête de l’encadrement
d’une porte. Le plus souvent le chanfrein se taille en biseau, ou en
arrondi.
Denticule : ornement, petit cube saillant répété en série
Doucine ou talon renversé : ornementation, moulure formée de deux arcs de cercle, l'un convexe, l'autre concave, en S horizontal.
Feuillure : entaille pratiquée dans l’encadrement d’une fenêtre et destinée à recevoir le contrevent fermé
Listel : petite moulure carrée et unie qui accompagne une autre moulure plus grande.
Moulure : ornement en long, généralement en creux sur les encadrements de baies.
Rinceau : ornement de feuillage s'enroulant en volute.
Volute : moulure enroulée en forme de spirale.
Ouvrages consultés :
L’Alsace bossue (Alain Lieb- Théodore Rieger).
Etude d’habitat rural en Alsace bossue (Alain Lieb) dans Cahier 118-119
de 1982 de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne.
Villages et maisons de Lorraine (Guy Cabourdin et Jean Lanher) Presses universitaires de Nancy.
Au temps de la soupe au lait (Daniel Bontemps) La vie traditionnelle d’autrefois en Lorraine 1993 Edition Serpenoise.
La maison rurale en Lorraine (Claude Gérard) Editions Créer.
Dorf und Bauernhaus im deutschsprachigem Lothringen und im Saarland (Werner Habicht) Saarbrücken 1980
Gérard Kuffler
Janvier 2017