comment_se_soignait_on_autrefois
Comment se soignait-on autrefois ?
Toute la pharmacopée que nous
connaissons aujourd’hui n’existait pas jadis et les gens se soignaient
bien différemment. La maladie était considérée comme un châtiment divin
qui atteignait l’âme par l’infirmité du corps. Aussi fallait-il
chercher le secours dans la religion. Le mal a cependant toujours une
cause mystérieuse, alors pourquoi ne cherche-t-on pas aussi le remède
dans le surnaturel, auprès du sorcier ? En dernier ressort, l’on
pouvait encore avoir recours au médecin, même si cela était difficile.
Le recours aux saints guérisseurs, les médecins du ciel
Toute la vie de nos ancêtres était
régie par la religion et il n’était pas anormal que dans des cas de
maladie, les gens se tournent vers la religion et les saints. Dans
beaucoup de maisons existait un livre des saints, une sorte de
biographie. La vie des saints y était retracée, mais aussi leurs vertus
et leurs pouvoirs.
Lebensbeschreibungen der Heiligen Gottes auf alle Tage des Jahres.
Le livre des saints de tous les jours
Edition 1906
Forts de ce savoir et conscients
que certains saints vénérés lors de pèlerinages pouvaient être d’un
secours précieux, les habitants se sont trouvé des intercesseurs
puissants et disponibles, les saints.
Les saints, qui ont vécu ici-bas,
connaissaient bien la condition humaine, ils tendaient une oreille
attentive et aidante à nos supplications. Ils recueillaient nos
demandes et se chargeaient de les acheminer vers Dieu et de les lui
présenter. C’est Dieu seul qui guérissait et restait le possesseur de
ce pouvoir de guérison.
La chapelle de " l’Altkirch",
construite sur le ban de Rahling et dédiée à saint Hubert, est le but
d’un pèlerinage le 3 novembre. On y vénère aussi les saints
auxiliaires, "dìe vìerzèhn Noothèlfer". Le trésor de la chapelle renferme
3 couronnes en fer de taille différente, que l’on posait sur la tête en
cas de céphalées. Le mal passait dans la couronne où il restait
définitivement fixé.
Les saints auxiliaires, au nombre
de 14, sont considérés comme particulièrement secourables, soit que
leur intercession auprès de Dieu ait plus d’efficacité, soit qu’ils
passent pour plus accessibles aux prières, surtout dans les situations
d’urgence. Ce sont tous des martyrs, sauf un et leur vie est émaillée
d’aventures terrifiantes et édifiantes : miracles, conversions,
supplices… Leurs pouvoirs couvrent presque tous les aspects de la vie
courante et répondent à la plupart des besoins tant physiques que
spirituels : troubles de la santé du corps et de l’esprit, mais aussi
difficultés de la foi. Ils étaient fêtés chaque année le lundi de la
Pentecôte lors d’un grand pèlerinage.
Dans des cas graves de maladie, des
neuvaines avaient lieu, soit à la maison, soit à l’église du village ou
à la chapelle de " l’Altkirch". C’était des prières qui étaient adressées
neuf jours de suite à un saint, ou des pèlerinages qui se suivaient
pendant neuf jours.
Liste des saints auxiliaires et leur spécialité.
Sainte Acace : maux de têtes, dartres
Sainte Barbe : fièvre
Saint Blaise : maux de gorge
Sainte Catherine d’Alexandrie : maladies de la langue, dangers des femmes enceintes
Saint Christophe : peste bubonique
Saint Cyriaque : maladies des yeux
Saint Denis : maux de tête
Saint Egide : folie, cancer, stérilité des femmes, difficultés d’allaitement
Saint Erasme : mal de ventre
Saint Eustache : feu, discorde dans la famille
Saint Georges : dartres, santé des animaux domestiques
Saint Guy : épilepsie, morsures de bêtes
Sainte Marguerite d’Antioche : maux de reins, grossesse, accouchement
Saint Pantaléon : tuberculeuse
(Photos internet)
Les statues de l’église
L’église paroissiale de Kalhausen
renferme de nombreuses statues de saints et de saintes qui
avaient chacun leur spécialité et qui étaient vénérés tout au cours de
l’année.
Dans le chœur :
Saint Florian : protège des brûlures et des incendies
Sainte Barbe : protège des brûlures et de la fièvre, contre les maladies des seins
Sainte Agathe : protège des incendies
Dans la nef :
Saint Antoine de Padoue : protège les enfants
Saint François d’Assise : protège des maladies de l’estomac, du foie et de la rate.
Dans l’entrée, sous le clocher :
Saint Wendelin : protège les bergers et le bétail, ainsi que tous les animaux domestiques
Sainte Jeanne d’Arc : patronne de la France
De nos jours, on trouve sur internet des prières pour guérir certains maux.
Pour enlever la sciatique.
Tandis qu’on fait avec les 2 mains le geste de tirer le mal vers l’extrémité du membre, on dit 9 fois de suite :
Saint Pierre, saint Jean, saint Roch
Enlevez-moi la sciatique au galop.
Prière contre la migraine et le mal de tête.
On fait 3 signes de croix.
Mal profond.
On refait 3 signes de croix.
Mal rongeur, que tu sois chassé et confondu
Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ.
Et qu’aussitôt tu disparaisses de la tête de…
Par sainte Apolline la divine,
Par ma bouche, Dieu l’ordonne. Amen.
Prière pour enlever une verrue.
J’enlève les verrues au nom du Père
(on fait une croix sur la verrue), au nom du Fils (on fait une croix
sur la verrue), au nom du Saint Esprit (encore une croix). Puis on récite un Pater et un Ave.
Pour enlever un eczéma, un psoriasis. Poser la main sur l’endroit à soigner et dire :
O bienheureux saint Marcoul,
Qui avez été choisi de Dieu
Pour la guérison du mal contagieux,
Des écrouelles et de toute maladie de peau,
Faites par vos prières
Que nous en soyons entièrement guéris.
Nous vous en prions. Amen.
Pour apaiser les brûlures.
Les textes sont dits à voix basse.
On souffle sur la brûlure en formant un signe de croix (de haut en bas
et de gauche à droite).
O grand saint Laurent, sur un brasier ardent
Tournant et retournant, vous n’étiez pas souffrant.
On souffle sur la brûlure.
Faites-moi la grâce que cette ardeur se passe.
On souffle.
Feu de Dieu, perds ta chaleur comme Judas perdit sa couleur
Quand il trahit, par passion juive, Jésus au jardin des oliviers.
Répéter 3 fois la prière à voix basse, en soufflant 3 fois sur la brûlure et dire 3 Pater et 3 Ave.
Les recettes de grand-mère
La grand-mère, "de Oma", est un
membre important de la cellule familiale. C’est elle qui veille sur les
enfants lorsque les parents travaillent dans les champs. C’est encore
elle qui est la gardienne des traditions. Parents et enfants, jeunes et
vieux habitent le même village, si ce n’est la même maison. Souvent les
grands-mères prennent en charge les malades de la maisonnée. Ces femmes
âgées étaient les garantes d’un savoir médical traditionnel, d’un
enseignement qu’elles transmettaient aux plus jeunes par
imitation.
Ces sont des médecines simples à
base de plantes, de légumes, d’alcool, d’objets du quotidien, des
médecines qui réconfortent si elles ne guérissent pas. Ce sont des
médecines empiriques, parfois magiques.
L’alcool
Dans la pharmacopée traditionnelle
de nos ancêtres, l’eau-de-vie, "de Schnàps", jouait un grand rôle, pour
la bonne raison que c’était un produit que l’on trouvait dans toutes
les maisons.
Pour soigner un mal de gorge, l’on
faisait un brûlot (on disait "Schnàps brènne") : on mettait 3 ou 2
morceaux de sucre dans une assiette avec de l’eau-de-vie et on faisait
flamber. Lorsque les flammes avaient disparu, on buvait le liquide
chaud.
On soulageait les douleurs
musculaires, articulaires ou rhumatismales avec des frictions à
l’eau-de-vie. On utilisait de préférence l’alcool de tête, "de Vorlauf",
de toute façon impropre à la consommation.
Pour lutter contre les maux de
dents, on mélangeait de la farine et du "Schnàps" et on plaçait la
mixture dans un linge que l’on appliquait contre la joue. Ou bien on
faisait des gargarismes à l’eau-de-vie.
Contre les maux d’estomac, on
prenait de la liqueur de noix : on faisait macérer des noix vertes
cueillies à la Saint Jean (24 juin) dans de l’eau-de-vie et on buvait.
On désinfectait toute plaie avec de
l’eau-de-vie. Pour combattre les migraines, on mettait un peu d’alcool
dans le creux de la main et on reniflait.
Contre les bronchites, l’on faisait
fondre du saindoux, on y incorporait du "Schnàps" et lorsque ce mélange
était encore tiède, on frictionnait la poitrine et le dos, puis on
couvrait avec une épaisse couche d’ouate ou d’un linge chaud.
Les plantes
Elles sont à portée de main, aux
alentours du village, et il n’y a que quelques pas à effectuer pour que
la récolte soit faite. On soigne avec les produits du terroir.
Les maladies soignées sont en
général bénignes : les rhumes, les maux de gorge, les affections de la
peau, les brûlures, les foulures, les cors, les verrues, les
traitements pour les vers…
La tisane de thym soigne les
infections intestinales, celle de la bourrache est diurétique, celle de
l’ortie arrête les hémorragies, l’aubépine favorise le sommeil et la
sauge stimule l’appétit. Il y a aussi les cataplasmes, les bouillons d’herbes (céleri, carottes poireaux, laitue).
En cas d’arthrose, on faisait
bouillir des feuilles de choux ("Kruttblädder") et on les appliquait
tièdes sur les mains ou les articulations à l’aide d’une serviette.
Pour dégager les bronches, l’on faisait des inhalations à base de fleur de foin ("Haublùùme").
Pour soulager les troubles digestifs, on prenait de la tisane de camomille ("Kamìlle")
Contre les refroidissements, l’on
prenait une betterave, un navet ou un radis noir évidés en leur centre,
on y mettait quelques morceaux de sucre et on recueillait le jus qui se
formait avec le sucre dissout et que l’on buvait.
Les cataplasmes de feuilles de choux et d’avoine fixaient les abcès.
Pour calmer les piqûres de guêpes, on les frottait avec du persil ("Pééderlìng").
Pour se débarrasser des verrues, on utilisait le suc jaune orangé qui s’écoulait de la chélidoine ("Wàrtzelkrutt").
Contre les coliques, on prenait une tisane de fenouil ("Fènscheltéé").
Autres moyens
Le miel ("de Hùnnisch") était utilisé pour cicatriser une plaie, contre les maux de gorge et les brûlures.
Les ventouses ("Schrèppglééser") étaient fréquemment utilisées contre les bronchites.
Le lavement à base d’eau savonneuse ("e Krischdìer") permettait de lutter contre la constipation.
Seringue à lavement.
Le son de blé ("Kléije"), chauffé et contenu dans un tissu, permettait de lutter contre les entorses.
En cas de rage de dent, on fabriquait un cataplasme ("e Plàschder") avec de la pâte à pain ("Dèèg") et on l’appliquait sur la joue pour extirper le mal. (communication de Claude Freyermuth)
Le bétail
Les vaches souffraient parfois de
ballonnements lorsqu’elles mangeaient de la luzerne. On les soignait
alors avec de l’achillée mille-feuilles ("Schòòfgààrwe") qu’on faisait
bouillir dans de l’eau sucrée et à laquelle on ajoutait un verre de
"Schnàps".
Les soins aux sabots des chevaux et
des vaches se faisaient par le forgeron ou le maréchal-ferrant qui
pouvait immobiliser l’animal dans un "travail ", "de Nootschdàll ".
Le livre de médecine
Dans quelques rares familles
existait un livre de médecine, "e Àrzneibùùch", qui répertoriait tous les
remèdes contre les maladies de la vie courante.
Je suis tombé sur un livre édité en
1606 à Francfort, écrit en allemand gothique et qui renferme de
nombreuses recettes médicales dont certaines nous feraient sourire
aujourd’hui par leur naïveté. Mais si elles figurent dans le livre,
c’est qu’elles ont apparemment fait leurs preuves.
Le livre se partage en 5 chapitres ou parties :
Fin de la 1ère partie et début de la seconde.
Partie 1 : les maladies de la tête jusqu’aux pieds
Partie 2 : les maladies des femmes et des jeunes enfants
Partie 3 : la fièvre et les maladies fiévreuses, les poisons
Partie 4 : les maladies dues aux blessures et le cancer, les vers
Partie 5 : recettes de pommades, d’emplâtres
Quelques exemples de recettes.
"die Kinder nicht hart zanen". (Pour que la dentition se fasse bien.)
Wann man dem Kind den ersten Brey
kocht / so melcke die Mutter ein wenig von ihrer Milch dareyn /
und laß mit sieden / und gibs dem Kind zu essen / so zanet es ohn
Schmerzen : Das ist bewehrt worden.
Lorsqu’on donne la première
bouillie à l’enfant, on ajoute un peu de lait maternel et on fait
bouillir. On le donne à manger à l’enfant qui fera ses dents sans
douleur. Cela a été prouvé.
"Für das Zanwehe". (Contre les maux de dents)
Nim von einer Gansfedern den
hindern Stil/ da die Federn anstehen/ nicht den Kil/ uund brenn den
Stil zu Pulver/ mach ein Taiglin aus demselben Pulver/ mit Honig / und
leg das Taigling auff den bösen Zan. Mann muß aber die Federn vom Stil
thun/ und nur den blossen Stil nemen.
Prends la partie arrière d’une
plume d’oie, seulement la partie creuse et brûle-la. Fais une pâte avec
la cendre de plume et du miel et place la pâte sur la dent qui fait
mal. Il ne faut prendre que la partie creuse.
Nim Habern/ wie viel du wilt/ seud
ihn in einem Hafen/ mit halb Wein und halb Wasser/ laß den Dampff
daraus in den Mund gehen/ so fleußt viel aus den Zänen. Nim auch die
Brühe in Mund/ so warm du es leiden magst/ schwenck den Mund offt damit.
Prends de l’avoine, autant que tu
veux, fais bouillir dans un récipient avec autant de vin que d’eau,
fais rentrer la vapeur dans ta bouche, elle extirpera le mal. Prends
aussi le liquide dans ta bouche, il sera aussi chaud que tu le
supporteras, rince souvent ta bouche.
"Wann einer hustert und kan nicht außwerffen". (Contre une toux sèche)
Nim ein warme Hünerbrüe/ ongesalßen unnd ongeschmalßen/ darin vertreib ein frischen Eyerdotter/ und trinks wol warm.
Prends un bouillon de poule chaud, ajoute du sel et du saindoux ainsi qu’un jaune d’oeuf frais et bois-le chaud.
"Daß ein Fraw leichtlich niderkomme". (Pour un accouchement sans problème)
Gib ihr einer andern Frawen Milch zu trinken/ doch daß sie es nicht wisse.
Donne lui à boire du lait qui provient d’une autre femme, mais sans qu’elle le sache.
"Für den Husten der Kinder". (Contre la toux des enfants)
Nim Honig und Schmalß : Mischs wol durch einander/ laß es ein wenig warm werden/ und streichs ihnen ein für den Husten.
Prends du miel et du saindoux et mélange. Réchauffe un peu et étale (sur la poitrine) contre la toux.
"Daß die Narben der Wunden wider weiß werden" (Pour blanchir les cicatrices des plaies)
Leg ein Stuck Eisen / das wol
rostig sey / in ein Wasser / das setz uber ein Fewr solang / biß der
Rost vom Eisen fällt / mit solchem Wasser wasch die Narben. Oder salbs
nur mit Hechtschmalß.
Place un morceau de fer bien
rouillé dans de l’eau, mets-le au-dessus du feu jusqu’à ce que la
rouille tombe. Lave la plaie avec cette eau. Ou bien enduis la plaie
avec de la graisse de brochet.
"Daß ein Wunden in zwei Tagen heile". (Pour la guérison d’une plaie en deux jours)
Nim außgelaßnen Spek/ Honig und
Rockenmeel : Machs zu einer Salben/ bestreich die Wunden
damit / so heilt sie in zwei Tagen zu.
Prends du lard fondu, du miel et de
la farine de seigle. Fais-en une pommade et étale-la sur les plaies.
Elles cicatriseront au bout de deux jours.
"Ein Sälbling / so Pfeil auß den Wunden zeucht". (Une pommade qui aspire une flèche de la plaie)
Nim Hasenschmalß / und ein wenig
weiß Meel : Machs under einander zu einem Pflaster / legs uber die
Wunden. Es zeucht Eisen und Pfeil auß.
Prends de la graisse de lapin et un
peu de farine blanche. Mélange le tout et fais un cataplasme. Place–le
sur la plaie. Il aspirera le fer et la flèche.
"Für gifftige auch wütige Hund Biß". (Contre une morsure empoisonnée d’un chien furieux)
Nim ein leinin Tuch / das netz in
Baumöl / legs über den Biß. Darnach röste ein Brot / binds also heiß
auff das Tüchlin mit dem Baumöl / Das zeucht in einer Nacht das Gifft
aus den Wunden / die mag man heilen darnach wie andere Wunden. Man sol
aber das Brot und Tüchlin / und die Gebänd / gleich darnach vergraben /
damit niemands mehr davon beschädiget werde / und mit dem zuheilen
nicht zu sehr eyle.
Prends un tissu de lin, trempe-le
dans de l’huile d’arbre et place-le sur la morsure. Puis grille du pain
et fixe-le chaud sur le tissu. Le poison sera extirpé pendant la nuit
de la morsure. On guérira la plaie comme toutes les plaies. Le pain et
le tissu ainsi que le pansement doivent être aussitôt enterrés
pour que plus personne ne soit touché et que la guérison ne soit pas
trop rapide.
Ces quelques exemples montrent bien
le caractère "magique" de ces recettes de guérison. Les ingrédients
étaient des produits qu’on trouvait presque dans toutes les maisons et
les recettes étaient faciles à réaliser. Il fallait bien sûr avoir foi
dans ces recettes et croire dans leur efficacité. En cas d’échec, il
restait à recommencer ou à choisir une autre recette du livre.
Le médecin
Le recours au médecin n’était pas
immédiat en cas de maladie. Le médecin ne pouvait pas intervenir
rapidement, il habitait à Rohrbach et était difficilement joignable,
avant l’installation du téléphone.
La médecine n’était pas toujours efficace non plus pour soigner et l’on
se tournait vers elle que si l’on était riche, et en dernier ressort.
D’ailleurs les gens étaient plus résistants qu’aujourd’hui et on
n’allait pas se faire soigner par le médecin pour un simple rhume ou un
mal de gorge. On attendait que cela passe et on se soignait avec les
moyens que l’on avait.
Les admissions à l’hôpital étaient rares et intervenaient seulement
dans les cas graves où une opération chirurgicale était
nécessaire. Les personnes malades restaient chez elles. Les vieilles
personnes étaient prises en charge par les plus jeunes et demeuraient à
la maison jusqu’à leur décès.
La prise de médicaments était rare également, d’ailleurs, jusqu’en
1945, l’assurance maladie n’existait pas. Rien n’était remboursé. Les
médicaments étaient souvent fabriqués par les pharmaciens.
A partir de la fin du 19° siècle, les quelques habitants de Hutting
étaient privilégiés par rapport à ceux de Kalhausen, car ils pouvaient
s’adresser aux sœurs infirmières de Herbitzheim qui se déplaçaient
spécialement en cas de grave maladie ou que l’on pouvait aller
consulter sur place.
En effet, Charlotte Sophie Ress,
épouse Jacquet, (24.11.1825-03.01.1894), la dernière descendante des Du
Coteau, seigneurs de Hutting, avait légué tous ses biens, y compris sa
maison, à la paroisse catholique de Herbitzheim, à charge pour cette
dernière de mettre la maison à disposition des deux sœurs infirmières, "Krònkeschwéschdere", qui auraient pour mission de soigner les malades de Herbitzheim et de Hutting.
Les premières sœurs, issues de la Congrégation de la Croix de
Strasbourg, arrivèrent le 12 novembre 1894. Pendant une soixantaine
d’années, les sœurs s’occupèrent à soulager gratuitement les maux de
leurs compatriotes et elles ne manquaient pas de travail. Pansements,
arrachage de dents, distribution de médicaments étaient leur quotidien.
Les habitants subvenaient partiellement aux besoins des sœurs en leur
offrant des aliments au moment des récoltes (pommes de terre, viande de
porc…).
Source : L’église catholique de Herbitzheim. Groupe d’histoire locale.
Les guérisseurs et les rebouteux
Pourquoi consulter un médecin lorsqu’un guérisseur ou un rebouteux habitait au village ?
Les guérisseurs avaient un pouvoir
paranormal qui trouvait son origine dans la religion. Grâce à une
imposition des mains ou à un contact, grâce à la formulation d’une
prière, la guérisseuse de Kalhausen, Marie Jung, traitait avec succès
le muguet ("de Kòngert") et la dartre ("de Schwìng").
Les rebouteux peuvent se cataloguer
parmi les masseurs-kinésithérapeutes. Ils manipulent les nerfs et
massent les muscles, ils peuvent réduire une fracture. La lignée des
Muller, initiée par Madeleine Schillé, originaire de Wiesviller,
continue de rebouter avec succès.
Lien vers la page "Les guérisseurs et les guérisseuses"
Lien vers la page " Les rebouteurs et rebouteuses"
Les magnétiseurs se servent de leur
énergie magnétique qu’ils transmettent au patient, dans le but de mieux
gérer les perturbations comme le stress et l’anxiété et de soulager des
problèmes de peau. C’est une technique de soins naturels qui soulage
les troubles physiques, psychiques et émotionnels.
Le coupeur ou barreur de feu est
une personne qui stoppe les dommages d’une brûlure et enlève la douleur
par une simple imposition des mains et une incantation ou prière. Ils
sont efficaces après une radio ou une chimiothérapie.
Magnétiseurs et coupeurs de feu ne
guérissent pas, ils apaisent seulement la douleur et accompagnent
thérapeutiquement les patients.
Conclusion
La médecine a fait d’immenses progrès en deux siècles, les gens se soignent mieux et vivent plus longtemps en bonne santé.
Mais elle est, actuellement, omni
présente et toute puissante. Dès que l’on a un petit bobo, on va
consulter et cela d’autant plus facilement qu’on est assuré social et
qu’on se fait rembourser les frais de consultation et les médicaments.
Les médicaments ne sont pas étrangers à l’allongement de la durée de
vie. Mais malgré leur efficacité, ils ne sont pas la panacée, à
cause de leurs effets secondaires.
De plus en plus de personnes se
tournent vers les médecines douces (ostéopathie, acupuncture,
homéopathie, phytothérapie…) et vers les médicaments à base de plantes,
les huiles essentielles, les eaux florales et les tisanes.
Gérard Kuffler.
Septembre 2021