la_boucherie_de_kalhausen
La boucherie de Kalhausen
Un peu d’histoire
L’histoire de la boucherie commence
avec Jean Nicolas Muller, boucher, laboureur, né le 2 février 1799 à
Achen. Il épouse, le 22 novembre 1830, Anne Freiss de Kalhausen (13
septembre 1803-26 février 1875). Jean Nicolas décède le 22 octobre 1884
à Kalhausen. C’est peut-être lui qui exerce son commerce à la "Rùtsch", dans l’ancienne maison Nicolas Pefferkorn. C’est de là que vient le nom de maison "Rùtschersch", qui se transmettra à sa descendance.
L’ancienne maison Muller, puis Nicolas Pefferkorn, de rood Nìggel, actuellement Joseph Ferner.
Des carrières de pierres calcaires
sont exploitées à Etting, au niveau du val d’Achen et de nombreux
attelages passent devant la maison qui a été construite précisément là.
Les charretiers s’arrêtent un moment pour boire un coup et Jean Nicolas
fait ainsi office de cabaretier.
Mais la maison est isolée, loin du
village et son implantation n’est pas idéale. Les Muller décident alors
de faire construire une nouvelle maison en 1867, dans la rue des
jardins, "ìm Hohléck", à une centaine de mètres du centre-village.
C’est le fils de Jean Nicolas,
Florian Muller (21 août 1838-2 novembre 1892) qui s’y installe. Il y
développe une activité de boucherie, mais aussi de restauration.
Etat actuel de la maison acquise par Joseph List et Odile Simonin,
propriété de leur petit-fils Stéphane.
Florian a un frère plus âgé, Nicolas Jean,
né en 1833, qui épouse Anne Marguerite Muller, née en 1843. Ils ont 11
enfants, ce sont les artistes verriers réputés, appelés couramment les frères Muller, qui ont exercé leur activité à Croismare, près de Lunéville.
Les frères Muller avec leurs parents.
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Les frères Muller au travail.
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Quelques unes de leurs réalisations.
Le fils de Florian, Nicolas Muller
(24 mars 1879-25 août 1951) épouse Anne Catherine Fabing (26 février
1885-14 novembre 1961), la fille du boulanger de Kalhausen, Nicolas
Fabing, appelé de Bägger Nìggel.
22 avril 1907.
C’est lui qui fait construire, rue de la gare, de l’autre côté du ravin de la "Kluus", une boucherie plus spacieuse combinée à une partie exploitation agricole et qui donnera à l’affaire un élan certain. Il y vivra avec son frère Jean, également boucher et homme à tout faire de la maison
(19 mai 1875-7 novembre 1950). Le couple aura 9 enfants, dont 4 filles survivront.
Au premier plan, le parapet du pont privé sur le ravin de la Kluus.
Nicolas Muller.
Les filles Muller, Catherine Fabing, Jean et Nicolas Muller,
Charles Demmerlé (de Eddinger Kàrl) et le petit René Laluet.
Nicolas et Catherine, avec leurs filles.
L’aînée des filles Muller, Anne (30 mars 1909-11 juin 1988), épouse le 3 septembre 1934, Jacques Laluet, chauffeur, originaire d’Etting
(23 mars 1904-3 janvier 1945).
Deux autres filles épousent aussi chacune un boucher : Marie, prend pour époux Charles Schaeffer, de Sarreguemines, et Denise s’unit avec Emile Lenhard, de Kalhausen.
Jacques Laluet est chauffeur de
métier, il va apprendre maintenant le métier de boucher et investir
dans des moyens de transport modernes : une voiture familiale et une
bétaillère.
Il connaît malheureusement une fin
tragique au mois de janvier 1945, tué par un éclat d’obus pendant
l’offensive Nordwind déclenchée par les Allemands, laissant une jeune
veuve de 35 ans et trois enfants âgés de 9 ans, 7 ans et 3 mois.
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Croix érigée rue des jardins en souvenir de Jacques Laluet.
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Jacques Laluet, ses beaux-parents et les filles Muller.
La Renault Vivaquatre familiale de
Jacques Laluet est la première voiture automobile du village. Cette
voiture rendra de grands services pendant l’évacuation de septembre
1939 en transportant les personnes impotentes du village au lieu
d’embarquement dans le train à Réchicourt-le-Château.
De retour à la
maison, Jacques Laluet la remisera dans la grange, derrière un grand
tas de bois, dans l’espoir de la retrouver au retour de l’évacuation.
Anne Laluet, jeune veuve, épouse en
secondes noces, le 14 septembre 1948, Joseph Meichel, boucher, né
le 28 mars 1908 à Rech-lès-Sarralbe. Ce dernier lui donnera encore un
enfant, Bernard, né le 20 août 1949. Mais Joseph décède
prématurément le 12 août 1953. Bernard apprendra aussi le métier
de boucher et travaillera un moment à la boucherie familiale.
Après le décès de son premier
mari, Aloyse Taesch, originaire de Kalhausen, seconde, pendant de
nombreuses années, la malheureuse Anne.
Sur le banc, Anne et Joseph Meichel. Aloyse Taesch est à droite.
Le petit Gaston Laluet avec son père.
Derrière la génisse, Paul Kihl, contrôleur de viande (Flèèschbeschauer).
Tout à droite Nicolas Muller.
Le second fils de Jacques Laluet,
Gaston, né le 21 juillet 1938, reprend la boucherie en 1969 avec son
épouse Marie Thérèse Kimmel d’Etting.
En 1999, la boucherie Laluet se
transforme en Sàrl, Société à responsabilité limitée Laluet et fils. Le
fils cadet, Jean Jacques, né en 1975, en prend la gérance. Un nouvel essor est donné à
l’affaire et bientôt la place commence à manquer, d’autant plus qu’une
activité "Traiteur" s’est rajoutée à celle de la boucherie.
Trois vues de l’ancien laboratoire de production.
Le commerce de bêtes s’est arrêté
depuis longtemps, la vente au détail s’effectue toujours dans l’ancien
magasin et les trois camionnettes aménagées font leur tournée, deux
fois par semaine.
Les tournées bihebdomadaires sont les suivantes :
- mardi et vendredi : Herbitzheim et Keskastel - Dieding et Wittring – Montbronn
- mercredi et samedi : Etting – Achen - Voellerdingen, Oermingen et Schmittviller
Mais l’activité "Traiteur" est à l’étroit. Les deux chambres froides sont trop petites, il faut moderniser, aggrandir.
Quatre vues de l’ancien magasin de vente.
Vue d’ensemble de la boucherie avant les transformations.
La société Laluet et fils décide de tout chambouler et d’entreprendre de grands travaux de transformation.
Une nouvelle boucherie, moderne,
fonctionnelle et pratique, avec rail de déchargement, comprenant un
espace « Traiteur », voit le jour en 2011-2012.
Les anciens bâtiments, rue de la gare
La boucherie Muller, a été
construite en 1925 sur un terrain s’étendant de part et d’autre de la
rue de la Gare et coupé par le ravin de la Kluus. La maison, bâtie sur
la rive droite du ravin, a nécessité la construction d’un pont privé,
directement à côté du lavoir. Sur la rive gauche, en face de la
boucherie, s’étend un petit verger, qui fait aussi partie de la
propriété.
La maison présentait à l’origine la
disposition traditionnelle de la maison de laboureur : travée
habitation à droite (magasin de vente, cuisine, chambres), travée
agricole à gauche (deux étables entourant la grange, et le fenil). A l’arrière de la grange se trouvaient l’abattoir, le laboratoire et le fumoir. Une petite chambre froide tardive,
accolée au pignon droit et partagée en deux parties, abritait à l’avant
les produits de charcuterie et à l’arrière la viande.
Les éléments qui différenciaient la
boucherie de la maison paysanne traditionnelle étaient la grande
vitrine du magasin de vente et surtout le balcon en béton sur piliers
qui surplombait l’escalier de la porte d’entrée et qui donnait au
bâtiment un air bourgeois.
Une élégante frise festonnée en
bois remplaçait la corniche sous toiture et des aérateurs aux formes
originales égayaient la partie agricole.
Le chien assis du toit est tardif et correspond à la salle de bain aménagée dans les combles.
Années 1970. Les étables ont déjà été transformées. Un petit jardin d’agrément
s’étend devant la boucherie. La chambre froide est visible contre le pignon.
Une élégante gloriette en fer ornait le jardin de fleurs devant la maison et permettait de trouver un peu d’ombre en été.
L’activité de la boucherie ne se
limitait pas au commerce de la viande, mais englobait également une
activité agricole d’élevage et un commerce de bestiaux. D’où la
présence des étables et du fenil.
Chaque lundi avait lieu dans la
cave la grande lessive effectuée par 5 à 6 personnes, dont entre autres
l’aide ménagère Catherine Semré et Elisabeth Demmerlé, appelée
Hènnrische Lissa, plus tard Monique Philipp et Angèle Schmitt. Ce sont
surtout les tabliers des bouchers qu’il fallait laver, avec également
le linge de toute la famille. On faisait tremper le linge sale dès le
samedi dans une bassine et puis on chauffait le tout le lundi dans une
lessiveuse à foyer au bois. Ensuite il fallait frotter pour enlever les
taches de sang. L’eau de rinçage était pompée depuis le lavoir tout
proche dans un bac en béton spécialement aménagé. Le linge essoré était
enfin accroché aux fils dans le verger en face de la boucherie.
Le bac de lavage.
Catherine Semré, de Gòòdo, était née le 19 novembre 1874 à Schmittviller.
Elle avait été engagée par Nicolas Muller et faisait quasiment partie de la famille jusqu’à sa mort après la guerre.
Monique Philipp (1932-2004) fut d’abord aide ménagère à la boucherie
avant d’épouser en 1959 l’aîné des fils Laluet, René.
Des transformations sont intervenues au fil du temps suite à l’évolution de l’activité bouchère.
L’étable de droite a été
transformée en laboratoire, l’autre sert de garage, tout comme la
grange. Un appentis servant aussi de garage a été rajouté sur la partie
gauche de la maison, pour les camionnettes de tournée. Une seconde
chambre froide a été rajoutée à l’arrière de la grange. Le chaînage
d’angle en grès a disparu sous le crépi.
Travée habitation avec la vitrine du magasin au fond.
Travée agricole réaménagée en laboratoire et garages.
A l’étage, fenil inutilisé.
L’activité agricole au lendemain de la guerre
Elle est forcément réduite et se
limite à l’élevage de trois vaches, dont le lait est consommé dans la
famille, changé en fromage blanc et transformé en crème au moyen d’une
écrémeuse.
Un hectare de prairies est consacré
à la production de foin et de regain pour les bêtes. Une vingtaine
d’ares est vouée aux betteraves fourragères et aux pommes de terre.
Comme la boucherie ne dispose pas
d’animaux de trait, c’est un agriculteur du village, Joseph Greff, qui
effectue avec ses chevaux tous les travaux culturaux comme le
labour, le fauchage et les transports. En contrepartie, il a droit à la
moitié de la récolte.
Joseph Greff (1902-1990).
Deux petites parcelles de vergers sont encore disponibles dans les cantons Rosengarten et Freygarten. Le bétail loge dans l’étable de
droite. Une déchargeuse à griffe sera installée plus tard au fenil pour
faciliter le déchargement de la récolte de foin.
L’activité bouchère après la guerre
La vente de viande de boucherie
était limitée, car de très nombreux foyers élevaient, pour leur
consommation personnelle, un ou deux porcs dans l’année. C’est surtout
la viande bovine qui était proposée au débit, on en consommait
principalement le dimanche et surtout le jour de la Kirb.
De nombreux
élevages de petits animaux existaient encore au village, également pour
la consommation personnelle : caprins, lapins et volailles.
La saucisse la plus couramment
vendue et aussi la plus souvent cuisinée par les mères de famille avec
les légumes était la saucisse à cuire, le Kochwùrscht.
Pour les bouchers, la répartition
du travail hebdomadaire était toujours la même. Le lundi, on allait
chez les éleveurs au moyen de la bétaillère et on rapatriait à la
boucherie les bovins destinés à être tués, puis on les sacrifiait dans
l’abattoir de la boucherie.
Le mardi, on découpait les carcasses et on fabriquait la saucisse.
Le mercredi, on effectuait les tournées dans les villages environnants.
Le jeudi, on finissait de découper les carcasses conservées dans la chambre froide.
Le vendredi, on refaisait de la saucisse et le samedi une seconde tournée était effectuée dans les mêmes villages.
En automne, au moment de la Kirb,
et pendant tout l’hiver, un travail supplémentaire se rajoutait au
travail normal : l’abattage à domicile des cochons pour les
particuliers. Certaines familles faisaient tuer jusqu’à 3 ou 4 porcs
par saison. L’abattage proprement dit commençait vers les 7-8 heures et
se poursuivait jusque vers 17 heures. Ensuite commençait la découpe de
la viande, le tout arrosé par maint verre de Schnàps.
Les journées
étaient longues et il fallait avoir de l’endurance dans le travail et
la consommation d’alcool. Il était très impoli de refuser le verre
proposé par l’éleveur. Ce travail se faisait le plus souvent à deux :
Aloyse Taesch, engagé comme boucher après le décès tragique de Jacques
Laluet en janvier 1945, et le jeune Gaston Laluet.
Les bêtes sacrifiées provenaient
des élevages familiaux du village même et des villages environnants.
Les petites bêtes, porcs et veaux, étaient pesées sur la bascule, une
fois arrivées à la boucherie. On plaçait les porcs sur la bascule, dans
une cage ajourée faite de lattes de bois. Les veaux étaient placés, sur
la bascule, dans une grande corbeille en osier, "e Schbrìerekòrb", ou
directement sur le plateau de la bascule, s’ils étaient plus grands,
mais on leur liait les pattes pour qu’ils ne bougent pas.
Les grandes bêtes comme les bovins
étaient achetées après une estimation sur pied. Le boucher n’avait pas
intérêt à se tromper de beaucoup dans l’estimation du poids de la bête,
par rapport au prix qu’il proposait. Cet exercice s’apprenait sur le
tas, par la pratique, et Aloyse Taesch en était un spécialiste.
Les veaux étaient vendus au boucher
assez rapidement et leur poids vif pouvait aller de 65 à 90 kg.
Actuellement ils sont gardés plus longtemps sous la mère et leur poids
est plus conséquent.
Pour une bête de 100 kg de poids
vif, la proportion de viande de boucherie est de 60 kg (60%), le
restant, 40 kg représente la peau, les viscères et les os (40%).
L’abattage s’effectuait à la
boucherie jusqu’en 1970, soit à peu près à la période où Gaston Laluet
et Marie Thérèse Kimmel ont repris l’activité (1969).
Un treuil à
manivelle permettait de soulever la carcasse pour finir la découpe de
la viande.
Une partie des os était emmenée en
tournée et distribuée gratuitement pour les chiens de certains clients.
Le reste était conservé dans une caisse en bois placée contre le pignon
de l’appentis, jusqu’à ce qu’on vienne les chercher. Cela pouvait durer
une semaine ou deux et provoquait souvent de fortes odeurs, surtout par
temps chaud.
Les peaux des bovins étaient salées et récupérées ensuite par une entreprise de Haguenau.
Les viscères étaient enfouis dans
le tas de fumier situé à gauche de la boucherie et pourrissaient sur
place, à moins qu’un chien errant du village ne vienne les déterrer et
s’en régaler, ce qui arrivait fréquemment.
Le résidu de sang, après la
fabrication de boudin, était déversé directement, et personne ne disait
rien, dans le petit ruisseau qui coulait dans le ravin de la Kluus
passant devant la boucherie.
Pendant la guerre, les Allemands
utilisaient la boucherie deux jours par semaine pour leurs besoins
personnels. Ils avaient parqué un certain nombre de bovins dans un pré
de la rue de la gare et tuaient chaque lundi 3 à 4 bêtes. Le jeudi, ils
faisaient de la saucisse.
Les chevreaux étaient tués dans le
village par Nicolas Dier, de Schääffer Nìggel, berger de métier, qui
rentrait le samedi pour repartir le dimanche.
Les tournées
La bétaillère Citroën U 23 servait à transporter les bêtes, mais aussi à effectuer les tournées.
La bétaillère de la boucherie avait les ailes avant aplaties.
Les tournées s’effectuaient dans les villages voisins dépourvus de boucherie, comme Achen, Etting, Schmittviller et Wittring.
A cet effet, il existait des dépôts
chez les particuliers. C’était une simple pièce louée et qui servait de
boucherie-dépôt de vente, deux fois par semaine. Ces dépôts étaient
approvisionnés par bétaillère. On plaçait les morceaux de viande, pour
la manutention et le transport, dans des corbeilles en osier
garnies d’une serviette à carreaux. On embarquait aussi une balance
d’épicier qui servait pour les transactions.
Sur le chemin vers les dépôts, des
haltes étaient prévues pour servir certains clients. Le service se
faisait alors par la petite porte latérale de la bétaillère.
Dans les dépôts se trouvaient une
simple table pour y poser la balance et un "tripier", une sorte
d’étagère à barres où on pouvait accrocher les morceaux de viande pour
les mettre en évidence et supprimer la superposition dans les paniers.
La saucisse à cuire devait être
livrée dès le mardi dans les épiceries des villages approvisionnés :
chez Schoonasch à Etting, à l’épicerie Jung d’Achen, à l’épicerie
Niederlender de Wittring. Il fallait donc que quelqu’un se déplace
spécialement dans ces villages pour y déposer la fameuse saucisse. Ce
travail revenait à un jeune ; le plus souvent c’était Gaston qui s’y
collait, à vélo et le sac à dos bourré de saucisses. Cela pouvait aussi
être Adolphe Lenhard qui travaillait à la boucherie.
Les dépôts se trouvaient
- à Wittring, dans la rue principale, chez "Finnsche", plus tard à l’épicerie Niederlender
- à Achen, chez Gunther- Jung Stanis
- à Etting, chez
Anne Seltzer (’s Sàdler Ònna), plus tard à l’épicerie Schoonasch et
chez Joséphine Rimlinger (Schwàrz Nìggels Schossfinn)
Quand des camionnettes de tournée
furent utilisées plus tard, ce système des dépôts fut aboli et
des haltes furent instituées tout au long du parcours.
La boucherie disposait aussi
d’un grand traîneau à cheval, "e Schlìdde", qu’elle utilisait en hiver
sur les routes enneigées pour ravitailler les villages voisins.
Plus tard une camionnette 1000 kg
Renault Galion, aménagée avec un volet latéral ouvrant, servira pour
les tournées. Elle sera remplacée ensuite par une Citroën de type H,
appelée à tort "Tub".
Camionnette Renault Galion.
Citroën Tub.
Le commerce de bêtes après la guerre
Le dernier volet de l’activité de
la boucherie était l’achat de bêtes chez les particuliers et la revente
à des abattoirs situés, soit à Sarrebruck (viandes en gros Michaeli),
soit à Strasbourg (Moschel). Parfois l’on allait aussi à Metz, pour les
porcs trop gros.
Le transport sur Sarrebruck se
faisait par wagons, avec embarquement des bêtes à la gare de Kalhausen.
Les autres transports s’effectuaient par bétaillère.
En général, le lundi était réservé
au rassemblement des bêtes, elles étaient déchargées dans l’étable de
droite, nourries et abreuvées.
Le lendemain matin, très tôt, il
fallait les charger dans la bétaillère, en vue du transport. On y
mettait pêle-mêle 25 à 26 porcs, 4 ou 5 veaux et parfois aussi des
vaches, selon la place disponible. Les bêtes étaient serrées, secouées
et tombaient souvent. Il fallait s’arrêter plusieurs fois en route pour
contrôler l’état du chargement et voir si aucune bête n’était en danger
de mourir étouffée sous les autres. Souvent les veaux étaient couchés
sous plusieurs porcs qui les écrasaient.
Les arrêts se faisaient à Sarre-Union et plus loin, à Saverne, après la descente du col et ses nombreux virages.
La nouvelle boucherie construite en 2011-2012
A gauche, le garage et la porte "Traiteur". L’ancien magasin de vente a été transformé en salon.
La boucherie Laluet est actuellement à la 6° génération.
Les bovins sont achetés chez les
éleveurs de la région et mis dans un parc, pendant plusieurs mois, dans
l’attente de leur conduite à l’abattoir. C’est l’un des fils, Denis, né
en 1970, qui s’occupe de la partie "Elevage" : soins aux bêtes,
fenaison, vêlage...
Les hangars destinés à abriter la récolte de foin, les bêtes en hiver et les machines.
Denis, Gaston, Jean-Jacques et son épouse Marie-Noëlle.
Cette activité d’élevage s’arrête
avec le décès de Denis en 2017. Désormais les bêtes sont directement
chargées chez les éleveurs et menées à l’abattoir, chaque semaine.
(Photo Google maps)
La nouvelle boucherie dispose
désormais de locaux vraiment fonctionnels et vastes, d’un laboratoire
bien aménagé où travaillent cinq bouchers, d’un ensemble de pièces
annexes réfrigérées destinées au stockage de la viande et des produits
fumés, d’une plonge, d’une grande pièce de congélation, d’un fumoir,
etc.
Récemment, avec l’épidémie de la
Covid, comme les clients doivent attendre leur tour à l’extérieur du
magasin, une grande tente a été installée dans la cour pour permettre
de patienter à l’abri des intempéries.
De gauche à droite, la porte "Traiteur ",
la porte du local des poubelles et celle de déchargement
de la viande avec le début du rail de transport.
Deux des camionnettes de tournée.
Le magasin de vente
Vincent, Laetitia et Marie-Noëlle.
Le nouveau magasin de vente est bien plus spacieux que l’ancien, beaucoup plus achalandé et surtout accessible de plein pied.
Les anciens, Marie-Thérèse et Gaston.
Marie-Thérèse avec sa fille Laurence et sa belle-fille Marie-Noëlle.
Le laboratoire
Le nouveau laboratoire est aussi plus spacieux que l’ancien et surtout plus fonctionnel, avec le rail de transport.
La partie traiteur
Le marbre et la machine à mettre sous vide.
La gazinière, la braisière, les friteuses et le four-vapeur.
Le four-vapeur et les deux fours électriques.
Gérard Kuffler
Avril 2022
Un grand merci à Gaston Laluet, pour ses nombreux renseignements.
+ Gaston Laluet est décédé le 7 octobre 2023 à l'âge de 85 ans.