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Sortie de l’AHK au musée de Rubenheim,
dans la proche Sarre
21 juin 2014.
Le groupe avant le départ
Le musée privé de Gunter Altenkirch se trouve dans la partie agricole
d’une ancienne ferme datant de la première moitié du 18° siècle
et il occupe tout l’espace offert par la grange et le fenil.
Dès l’entrée de la porte charretière, l’on est frappé par l’immense
richesse des objets présentés. Gunter s’est attaché à rassembler
patiemment, pendant des années, les petits objets de la vie quotidienne
des habitants des villages allemands d’une zone comprise entre
Kaiserslautern et Trèves et englobant les régions voisines du Hunsrück
et de la Lorraine.
Le musée retrace la vie de ces humbles familles de petits paysans, les
journaliers des 19° et 20° siècles de nos villages, mais aussi celle
des ouvriers et des artisans. Chaque objet a une histoire, une
signification, une utilité et Gunter est intarissable sur leur origine,
leur vie, leur âme.
Gunter nous accueille devant l’entrée du musée.
Bertrand fait l’intermédiaire
A gauche, occupant toute la profondeur de la grange, de grandes
vitrines abondamment éclairées exposent un ensemble hétéroclite
d’objets se rapportant à la superstition populaire : chaussures,
animaux enterrés vivants dans les murs des maisons et désormais
momifiés, œufs décorés de formules cabalistiques, amulettes,
compositions florales et bijoux en cheveux tressés, tuiles à décor,
fers à cheval…
Tous ces objets souvent insolites participaient au besoin de nos
ancêtres de se protéger du mal, des calamités et des maladies en
faisant appel au surnaturel, dans la recherche du bonheur et de la
santé.
Sur le côté droit de la grange, contre le mur de l’ancienne étable, des
fourches en bois, des râteaux, des timons de charrettes, des colliers
de vaches...
Déjà l’on sent le manque d’espace, de place pour présenter les objets.
Peu importe, l’extrême foison du matériel aiguise notre curiosité et
nous fait vite oublier l’exigüité des lieux et l’entassement.
Au fond de la grange, une porte à deux battants verticaux donne sur une
cour arrière couverte où la maîtresse de maison, Denise
Altenkirch, a l’habitude de s’adonner au raku. Hélas, il
n’y a pas de démonstration de cuisson de poteries aujourd’hui et l’
atelier est désert.
A gauche, un escalier de meunier nous conduit à l’étage. Des scies à
glace et d’immenses pinces à glace de plus de 2 m de long sont
accrochées au mur et témoignent d’une époque où les villageois
découpaient en hiver des blocs de glace sur les rivières et les étangs
gelés pour les entreposer dans des glacières creusées dans le sol en
vue de la conservation des aliments en été.
Sur le palier trône un banc à planer servant à maintenir le bois destiné à la fabrication des manches d’outils.
Plus avant, un petit espace est réservé aux jeux et jouets d’autrefois.
Une vitrine renferme les trésors enfantins : voitures et camions en
bois, poupées de bois et de chiffons, meubles de poupées, jeux de
cartes, jouets artisanaux criant d’ingéniosité, tels ces oiseaux en
bois, picorant et animés par un système de ficelles accrochées à une
boule.
Nous voilà purement et simplement retombés en enfance. Et l’on se dit
que ces jouets en bois ou en métal, fruits de la créativité, de
l’imagination et de la dextérité de quelques bricoleurs habiles n’ont
rien à envier aux jouets modernes stéréotypés et sophistiqués, tombant
en panne dès que la pile est vide.
Un petit escalier sur la gauche nous permet de descendre dans la partie
dédiée à la cuisine : pots à saindoux, marmites, cocottes en fonte,
ustensiles de cuisine, crémaillères encombrent les murs. Là encore
toute la place est pleinement utilisée pour exposer une multitude
d’objets.
Au-dessus de nos têtes, racloirs à fours à pain et pelles servant à enfourner le pain font bon ménage avec une charrette à bras.
On se dit : « Pourvu que cela ne nous tombe pas sur la tête ! »
Avant de remonter le petit escalier, jetons un coup d’œil sur la
droite dans l’espace dédié aux ustensiles de toilette, aux pots
de chambre et autres vases de nuit. Nos ancêtres savaient être propres
et les besoins ne se faisaient pas forcément tous dans l’étable, entre
les vaches.
Les quelques marches descendues sont remontées à regret et nous nous
trouvons devant un autre escalier, presqu’invisible, qui, cette fois,
nous invite à monter au second étage, celui des araires, des houes à
cheval et des charrues. L’espace est exigu, les charrues sont partout.
On ne peut malheureusement pas s’appesantir dans cet espace agricole et
déjà il faut redescendre, car le temps de rentrer est arrivé. Les deux
heures de visite guidée sont largement dépassées et nous rejoignons à
regret l’aire de la grange. Il aurait encore fallu deux bonnes heures
pour tout voir en détail et écouter les explications de Gunter.
Et c’est éblouis par la grande richesse de ce petit musée et par la
science de notre guide que nous regagnons nos voitures pour nous
replonger dans le 21° siècle.
Promis, nous reviendrons pour parfaire la visite et rêver encore…
Oui, les objets inanimés ont "une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer." Merci Gunter.
Merci à Nathalie pour les photos.
Et pourquoi l’AHK n’organiserait-elle pas un jour une sorte d’éco-musée, c’est-à-dire une exposition d’objets anciens ?
L’idée est lancée.
Gérard Kuffler
Juin 2014