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Kalhausen
Les sentiers et chemins communaux du village
Jusque vers les années 1970, de
nombreux habitants de nos villages, vivant essentiellement de
l’agriculture, avaient un besoin vital de se déplacer vers
l’extérieur de l’agglomération, tout d’abord pour gagner les champs et
vaquer aux travaux agricoles, mais aussi pour s’occuper des nombreuses
petites parcelles de jardins qui produisaient légumes et fruits.
Tous ces déplacements
s’effectuaient le plus souvent à pied : les parcelles de jardins, la
plupart enclavées, n’étaient accessibles qu’à pied et beaucoup se
trouvaient à peu de distance du village. Les terrains agricoles étaient
plus éloignés et on y accédait également à pied, même s’ils se
trouvaient aux confins du ban, vers Hutting, Schmittviller ou Oermingen.
La durée du déplacement vers le
lieu de travail et celle du retour avaient leur importance et on
cherchait tout naturellement à gagner du temps. C’est à cette fin
que des raccourcis furent utilisés, surtout là où aucun accès direct
n’existait à partir d’une rue ou d’un chemin rural.
Ces raccourcis étaient des sentiers
communaux, accessibles à tous, de dimensions réduites, tant en largeur
qu’en longueur, et qui se terminaient en tolérance de passage, au-delà
de l’agglomération villageoise. On les appelait dans le langage courant
Gässle.
Les propriétaires riverains avaient
souvent entouré leur terrain par un muret surmonté plus tard d’une
clôture, de telle sorte que le sentier, domaine communal, se trouvait
parfaitement délimité.
Ces sentiers furent peu à peu
délaissés après la motorisation des déplacements, mais surtout après
l’abandon de la culture des parcelles de jardins par les jeunes
générations.
Sur le plan cadastral de 1829, tout
comme sur le nouveau cadastre, ils sont au nombre de quatre : deux au
départ de la rue des roses, un au départ de la rue des fleurs (de
Wélschebèèrsch) et enfin un au départ de la rue de la montagne
(de Guggelsbèèrsch).
A. Les sentiers du village
Plan cadastral 1829
Les sentiers partant de la rue des roses, du Wélschebèersch.
1. Le sentier du bas, appelé Kìrschegässel ou Sèltzerschgässel.
Il est rectiligne, long de 145 m et
parallèle à la rue des jardins, de Hohléck. Il prend naissance entre
les maisons Blandine Lenhard (Miinas) d’un côté et Marc
Freyermuth (Sèltzersch) de l’autre et a, au départ, les
dimensions d’un chemin, pour ensuite se rétrécir et longer les jardins
s’étendant derrière ces immeubles. Il se continue en longeant les
jardins et vergers situés à l’arrière des maisons Gaby Seltzer, Bernard
Zins, Marcel Scheh, Stéphane List et Jean Yves Aumersier,
permettant l’accès à ces parcelles par l’arrière. Ce sentier débouche sur la propriété Greff-Richter qui est une propriété privée l'accès y est donc interdit.
Ce sentier était utilisé, avant la
construction de la chapelle en 1725, par certains fidèles qui se
rendaient à l’église-mère d’Achen et s’intitule par conséquent ’s
Kìrschegässel, le sentier de l’église. Plus tard, il prendra
encore le nom de Sèltzerschgässel, après l’acquisition de la maison
voisine par le forgeron Florian Seltzer et son épouse Anne Marie
Bellott en 1851. De nos jours, il est parfaitement praticable, mais n’est guère utilisé.
A peu près en son milieu, un
embranchement d’une trentaine de mètres se greffe sur le sentier
principal et passe sur une distance de 32 m à l‘arrière des jardins
Marc Freyermuth et Martin Mene.
Cette portion est envahie par des
arbustes. Le sentier se transforme ensuite en servitude de passage sur
une distance d’une centaine de mètres pour déboucher, après un
virage de 90° sur le haut de la rue des roses, au niveau de la maison
Simon Rimlinger.
Cette servitude a disparu depuis longtemps et le
passage n’est plus possible, les propriétés ayant été entourées de
murets et de grillages. Ce petit sentier secondaire n’est plus pratiqué.
Cet embranchement n’existe pas encore sur le cadastre de 1829.
Le début du sentier est large et va en se rétrécissant.
Sentier secondaire envahi par la végétation.
Au loin, la fin du sentier.
Fin du sentier.
2. Le sentier du haut, celui de la Hìngerwies.
C’est le sentier le plus long (182
m). Il prend naissance entre la maison Rummler-Greiner (anciennement
Albert Borner) et la maison anciennement Nicolas Thaller (Adolphe
Lenhard).
Parfaitement rectiligne, il servait d’accès à de nombreuses
parcelles situées derrière les maisons, mais aussi, en tant que tolérance de passage, il permettait d’accéder aux terres
agricoles de la section Hìngerwies ou In der Wies et
au chemin appelé Ritterschtròss.
Il est toujours praticable dans sa
partie avant, mais ne sert guère qu’aux riverains. La partie arrière
(en tolérance) n’est plus utilisée, faute de besoin. D’ailleurs des
clôtures de parcs empêchent toute progression.
Début du sentier.
Le grillage a été enlevé sur le côté droit.
Il y a quelques années…
3. Le sentier partant de la rue des fleurs
Son départ se situe dans le virage
de la rue des fleurs, entre les maisons Mallick (anciennement Emile
Freyermuth) et le gîte rural Spielewoy. Il permettait jadis d’accéder
également à la section in der Wies en rejoignant le sentier précédent.
Il se terminait en tolérance de passage. Depuis la construction des bâtiments de
la ferme Muller, il se termine en cul-de-sac. Sa longueur est d’environ 80 m. La partie aval a été bétonnée et recueille l’eau de pluie qui vient du haut.
L’eau de pluie est recueillie dans un avaloir.
La partie supérieure du sentier n’est pas bétonnée.
Au fond la stabulation Muller.
4. Le sentier partant de la rue de la montagne, appelé sentier du Langarten (Lònggààrde)
Il prend naissance à droite de la
maison anciennement Henri Rimlinger, dont il longe le jardin et passe
derrière les maisons Simonet (anciennement Henri Hoffmann, Hènnrische)
et Marie Thérèse Pefferkorn (Blääse).
Sur le plan cadastral, il se
termine par une tolérance de passage. Pourtant sur le terrain, il est
délimité par des murets. Les riverains concernés ont certainement
préféré céder quelques mètres carrés de leur jardin et délimiter
clairement le passage pour éviter que les habitants ne passent dans
leur jardin.
Le sentier passe ensuite à
l’arrière de l’ancienne école (l’actuel dépôt funéraire), de
l’espace cinéraire et de la propriété Michel Toni pour rejoindre
l’arrière de la rue des Lilas (de Schùùlgàss).
Sa longueur est d’environ 135 m. Il
permettait autrefois d’accéder aux sections Langarten (parcelles de
jardins) et Reberg, et plus loin à la section Rosengarten. De nos
jours, il n’est plus utilisé.
Sur le plan cadastral de 1829, ce sentier est encore peu développé.
Au fond, l’ancienne maison Henri Rimlinger.
Début du sentier.
Le sentier n’est plus entretenu.
Le sentier passe à l’arrière du dépôt funéraire.
Vue vers le village.
Le sentier débouche sur la rue des lilas.
Il existait également un certain nombre de petits sentiers, non
répertoriés sur le cadastre, et qui représentaient autant de raccourcis
bien pratiques. Ces passages sur terrain privé étaient tolérés sans
aucun problème par les propriétaires.
Petits sentiers non répertoriés sur le cadastre
Pour agrandir le plan, veuillez cliquer sur la carte.
B. Les chemins communaux de l’agglomération villageoise
Ce sont de courts chemins communaux non empierrés qui partent de certaines rues et se terminent en tolérance de passage.
1. La rue des lilas, de Schùùlgàss.
La rue des lilas est une voie
étroite qui mène au cimetière et à la section Reberg. Elle a une
longueur d’environ 150 m. Elle se prolongeait jadis par un droit de
passage et devenait un sentier menant à la section Rosengarten et
au-delà vers Weidesheim et la gare. Ce sentier était utilisé avant la
construction de la rue de la gare. Il permettait aussi de rejoindre le
chemin de Hutting en évitant la montée assez raide de la rue de la
montagne (de Guggèlsbèèrsch), pour accéder notamment à la section de
parcelles en jardins de la Wàldwies.
Actuellement la rue des lilas se
prolonge toujours par un droit de passage dont profitent quelques
propriétaires de fonds enclavés.
L’entrée de la rue des lilas.
Le dépôt funéraire à gauche et le cimetière à droite.
Servitude de passage.
A l’époque de la construction de la
rue de la gare (1900-1901), l’abbé Albert, pour défendre les intérêts
de la paroisse, avait proposé à la commune de faire passer la nouvelle
voie par la rue des lilas. Mais le conseil municipal n’avait pas suivi
sa demande.
Voir le dossier de l’AHK « Relations maire-curé à la fin du 19° siècle et au début du 20° ».
2. Le chemin du Grossgarten
Le chemin communal qui partait de
la rue des fleurs se continuait en sentier-tolérance de passage pour
accéder à la section Grossgarten, (de grosse Gààrde) constituée de
petites parcelles (jardins et vergers). Ce chemin existe toujours et ne
donne plus accès qu’à trois propriétés, celles de Fernand Neu, de
Nicolas Stephanus et de Bruno Spielewoy.
Entrée du chemin.
Au fond le garage Stephanus.
Propriétés Stephanus, et à gauche Spielewoy.
3. Le chemin du Stoppelstück
Un autre chemin communal partait de
la rue des jardins (de Hohléck), entre les maisons Cécile List et
Richard Bour et donnait accès à de petites parcelles de jardins
situées dans les sections Pfuhlgarten, Stoppelstück et Wurtzelgarten.
Ce petit chemin mesure une soixantaine de mètres de long. Il est encore
utilisé.
Copie d'un ancien plan cadastral
Entrée du chemin.
4. Le chemin du Bruch
Il a été macadamisé et fait donc
partie désormais des rues du village, bien qu’il n’ait pas encore eu de
dénomination. Il mesure une centaine de mètres de long, donne accès à
la fontaine du Bruch et à la section du même nom. Il dessert 3 maisons.
C’est une impasse.
5. Le chemin de la rue des mésanges
Un autre chemin communal part de la
rue des mésanges (de Schbàtzenéck) et, passant entre les maisons Lucie
Schlegel et Joséphine Freyermuth, conduit dans les champs. C’est
également une impasse. Il n’est guère utilisé de nos jours, sinon
par les riverains.
Début du chemin, entre les maisons Schlegel et Freyermuth.
Vue vers le bas.
6. Le chemin appelé rue des vignes
Ce chemin partait de la rue de la
montagne et conduisait à la section située sur le haut du coteau du
Reberg. Il a été macadamisé et ne dessert qu’une seule construction, la
maison Linke.
Il a été dénommé rue des vignes, car il permet d’accéder aux parcelles situées en haut de l’ancien vignoble du Reberg.
Début de la rue, à gauche la maison Lohmann.
Au fond, la maison Linke.
C. Les sentiers et raccourcis disparus
1. Le passage derrière l’église
Un raccourci existait jusqu’à la
fin du 20° siècle, au centre du village, et reliait la rue de l’abbé
Albert à la rue de la Libération et à la rue des Fleurs. Il passait sur
l’usoir, devant la maison Edouard Muller (Grééds), ensuite derrière
l’église, traversait la rue de la Libération et passait également sur
l’usoir, devant les maisons Holtzritter, Lejosne, pour atteindre la rue
des Fleurs.
Avec la vente des usoirs, les
riverains se sont appropriés cet espace semi public et ont édifié,
devant leur maison, des murets surmontés de grilles, et planté des
haies de troènes, empêchant désormais tout passage sur l’usoir. Le
passage derrière l’église a donc été déplacé vers l’église et le
sentier supprimé plus loin, dans la rue des fleurs.
Le passage derrière l’église est toujours possible, bien que décalé.
2. Le sentier de la rue des jardins
Ce petit sentier existe sur le
cadastre de 1829 et remplit le même rôle que le chemin communal
situé un peu plus loin. Il a disparu aujourd’hui.
copie d'un ancien plan cadastral
Le sentier disparu porte le numéro 161 et appartient désormais à Claude Thaller.
3. Le sentier Neu
Un autre sentier semble exister sur
le cadastre de 1829 et conduit à la section Grossgarten, à partir de la
rue de Schmittviller. Ce petit sentier contourne la maison Neu et passe
à l’arrière de la construction.
Ce sentier semble avoir été
supprimé après l’édition du cadastre, lors de la reconstruction ou de
la transformation de la maison Nicolas Reich (Neu) en 1835.
4. Le sentier du Rosengarten
Il prolongeait la rue des lilas, de
Schùùlgàss, et permettait de se diriger à pied vers la gare et vers
Weidesheim, en passant par le canton Muhlenfeld. Il faut savoir que de
nombreux habitants de Kalhausen travaillaient dans les fermes de
Weidesheim comme journaliers et se rendaient donc à pied sur leur lieu
de travail par ce biais. Ce sentier était juste une tolérance de
passage. Il a été abandonné après la construction de la
rue de la gare au début du 20° siècle.
Quand Claude Freyermuth a construit
sa maison au début du canton Muhlenfeld, dans les années 1980, il
existait encore des tourniquets pour permettre le passage dans les
rangées de barbelés délimitant les parcs.
Conclusion
Nos ancêtres, qui devaient se
rendre souvent dans les champs et les parcelles de jardins, avaient
chaque jour l’utilité de ces petits sentiers si pratiques. Grâce à eux,
les nombreux déplacements à pied étaient grandement facilités et le
gain de temps appréciable.
Avec la régression de l’agriculture
et l’abandon de la culture des parcelles de jardins, les sentiers ont
perdu leur utilité et ont été délaissés. Certains servent encore un peu
et uniquement aux propriétaires riverains. D’ailleurs, leur
prolongement en tolérance de passage a également disparu du fait de
constructions de murets ou d’édification de clôtures.
Puisqu’ils font partie de notre
patrimoine, il serait souhaitable qu’ils restent un peu entretenus et
ils pourraient devenir de petits buts de promenade pour découvrir
quelques aspects cachés du village.
Gérard Kuffler
Février 2020