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Sapin d’antan, sapin d’aujourd’hui



Le sapin de Noël, "de Winnàchtsbòòm ou de Krìschbòòm", omniprésent pendant les fêtes de fin d’année, a une longue histoire derrière lui, depuis les temps antiques jusqu’à nos jours.

Originaire des régions de l’est de la France et d’Allemagne, il est devenu au fil du temps un élément indispensable du temps de l’Avent et de Noël.

Voyons un peu son histoire.




(Photo internet)
 
La tradition des branches de conifères, de couronnes et de guirlandes, servant de décorations pour les célébrations païennes du solstice d’hiver existe depuis l’Antiquité.

Autour du 22 décembre, qui représente pratiquement le milieu de l’hiver, l’on fêtait le renouveau de la lumière et de la vie sur la pénombre et la mort.

Désormais les jours allaient gagner en longueur jusqu’au solstice d’été, le 21 juin. Les gens étaient impatients de voir arriver la fin de l’hiver caractérisé par le froid, les longues nuits sombres et les arbres dépouillés de leur feuillage. Le sapin, avec ses aiguilles persistantes, le gui et le houx étaient vénérés pour leur verdure à ce moment de l’année.


La coutume de décorer un sapin, seul arbre resté vert à cette période de l’année, était suivie dans l’Antiquité par les Egyptiens, les Hébreux, les Vikings et les Chinois.

Les Romains décoraient, lors des Saturnales, leurs maisons de branches de buis, de lauriers ou d’oliviers et ils laissaient des lampes allumées pour éloigner les démons.

Dans les pays scandinaves, pendant les fêtes d’hiver de Yule, survit la tradition de décorer la maison et la grange avec des conifères auxquels on attache des torches et des rubans de couleur, ou de suspendre des branches de sapins dans la maison pour chasser les mauvais esprits.

Cette tradition païenne du sapin ou de l’Arbre de vie, où les habitants accrochaient des plantes à feuilles persistantes aux portes des maisons et aux fenêtres en guise de décorations et de symbole pour le printemps à venir, représentait la fertilité, le renouveau et la vie éternelle.

En 354, l’Eglise Catholique fixe la naissance de Jésus le 25 décembre, dans le but de contrecarrer la coutume païenne. La tradition du sapin va désormais supplanter la fête du solstice d’hiver.

On met désormais, devant les églises, des sapins qui servent de décor aux mystères joués en hiver sur le parvis. Un des thèmes les plus populaires aurait été le Paradis perdu avec Adam et Eve. L’histoire du fruit défendu tourne autour d’un pommier. Et c’est le sapin toujours vert qui remplacera le pommier aux feuilles caduques.

Dès le 15° siècle, cet arbre est dressé à Noël dans les sièges des corporations et dans les hôpitaux en Allemagne. Il est ensuite érigé dans les maisons bourgeoises protestantes, alors que les familles catholiques préfèrent monter une crèche de Noël. Le sapin devient dès lors le nouveau symbole des festivités de la naissance de Jésus, la lumière qui illumine le monde.

Cette tradition se répand peu à peu dans les villes et les villages, les pommes étant remplacées par des papillotes en forme de roses et par d’autres fleurs en papier multicolore.

Alors que la Lettonie et l’Estonie revendiquent toutes deux le lieu de naissance du premier sapin de Noël, l’on trouve en Alsace, à Strasbourg, en 1492, la première mention de sapins : l’œuvre Notre Dame achète neuf sapins pour les neuf paroisses de la ville, dans le but d’accueillir la Nouvelle Année. Le sapin serait alors plutôt lié au Nouvel An qu’à Noël, mais les arbres pouvaient déjà être en place dans les églises pour la fête de la Nativité.

Une autre mention de sapins est trouvée à Sélestat en 1521 : l’on parle d’une rémunération versée aux gardes forestiers pour la surveillance des coupes de sapins, un édit municipal protégeant la forêt d’un abattage excessif en autorisant uniquement la coupe de petits arbres.

Un sapin s’élevait devant la cathédrale de Strasbourg en 1539. Le réformateur protestant Martin Luther (1483-1546) est considéré comme l’inventeur de l’illumination du sapin au moyen de bougies. L’idée lui serait venue lors d’une nuit étoilée.

 


Le sapin de Noël de la famille Luther.
(Photo internet)

La tradition, bien enracinée en Alsace, étend ses ramifications vers l’Allemagne, par l’intermédiaire des marchands qui vont de foire en foire. La décoration du sapin est alors composée de pommes rouges, symboles de la tentation, de noix, de petits gâteaux, les "Bréédele", d’hosties non consacrées (les oublies).  A la même époque apparaît l’étoile au sommet de l’arbre et qui symbolise celle de Bethléem.

La tradition prend une telle ampleur dans la région que la ville de Fribourg interdit l’abattage de sapins de Noël en 1554.

En France, cette tradition se limite seulement à l’Alsace protestante qui utilise le sapin entier comme moyen de décoration à partir du 17° siècle. Les catholiques considéraient le sapin comme une pratique païenne et franc-maçonne.

Au 18° siècle, le sapin est accroché au plafond de la pièce à vivre, pour éviter que les rongeurs ne s’en prennent aux décorations dont certaines étaient comestibles.



1806. La plus ancienne représentation d’un sapin suspendu.
Benjamin Zix (1772-1811)


Mais le sapin de Noël fait de timides apparitions dans la capitale avec Marie Leszczynska, la fille du duc de Lorraine Stanislas et épouse du roi Louis XV qui aurait fait installer un sapin à Versailles en 1738. Un siècle plus tard, en 1837, la belle-fille du roi Louis Philippe, Hélène de Mecklembourg- Schwerin fait décorer un sapin aux Tuileries, après son mariage avec le duc d’Orléans.

En 1848, la reine Victoria et son mari, le prince Albert, lui aussi d’origine allemande, font le buzz avec une image les représentant avec leurs enfants autour d’un grand sapin de Noël décoré.
 


1848. Le sapin de la famille royale d’Angleterre.
La reine Victoria, le prince Albert et leurs enfants.


A partir de la seconde moitié du 19° siècle, le sapin descend au sol. On l’entoure parfois d’une petite palissade, figurant l’enclos du paradis. On prend aussi l’habitude, pour le décorer, d’imprimer des images brillantes en relief et de les coller sur des sujets en sucre, en chocolat ou en pain d’épices.

Fin du 19° siècle apparaissent les figurines, les guirlandes ou étoiles en métal, les noix soufflées et les glaçons artificiels en verre, les cheveux d’anges et les boules en verre soufflé.
 


The Christmas Tree. 
Albert Chevalier Tayler.1911


Les premières ampoules électriques apparaissent en 1880 aux Etats-Unis, mais les guirlandes électriques sont encore trop chères. Auparavant on utilisait des coquilles de noix remplies d’huile et munies d’une petite mèche, puis des bougies qu’on fixait aux branches. Cela était très dangereux et maint sapin est parti en fumée.



Pince porte-bougie
(Photo internet)
 


Ancienne guirlande électrique.
Les
douilles sont en bois à l’extérieur.

  On raconte, est-ce une légende ou la réalité, que les boules décoratives en verre sont nées au pays de Bitche vers la fin du 19° siècle, pendant une année de pénurie de pommes où il fallut remplacer les pommes rouges par des boules soufflées. Toujours est-il que la verrerie de Goetzenbruck, outre le fait de fabriquer principalement des verres de montres et de lunettes, a connu une période faste de 1870 à 1914, pendant laquelle elle commercialisa mondialement des boules argentées ou rouges.

Ces boules, d’un diamètre entre 3 et 15 cm, étaient soufflées à la bouche, avant d’être passées à l’argent. Elles étaient assez lourdes, mais peu fragiles. La couleur était déterminée par le verre et pour une boule rouge, par exemple, l’or entrait pour une part dans la composition. Ces dernières boules étaient soufflées spécialement à la cristallerie de Saint-Louis-lès-Bitche. 
Les boules furent ensuite produites en quantité à Meisenthal jusqu’en 1964.

La coutume du sapin de Noël se répand dans d’autres régions françaises après la guerre de 1870, suite à l’annexion de l’Alsace qui obligea de nombreux Alsaciens à émigrer et à opter pour la France.

La Normandie adopte la tradition avant la fin du 19° siècle. En 1897, Georges Dubosc écrivait dans le Journal de Rouen du 25 décembre :
"Devant les yeux émerveillés des tout petits, le verdoyant sapin, illuminé de mille petites lumières tremblotantes, se dresse tout chargé de jouets et
de cadeaux qui, pendant des heures, mettent du bonheur dans les âmes de tout ce monde enfantin.


A ces joujoux d’un jour, on joint quelquefois une large distribution de bons vêtements chauds et de hardes neuves : tricots qui recouvrent les petits membres grelottants, mitaines qui préservent des engelures, foulards où s’enfouissent les petits nez rougis par la bise, bonnes galoches qui sonnent sur le pavé au moment des glissades. Et comme il n’est point de belles fêtes sans chanson, on chante quelques-uns de ces jolis noëls naïfs, sur des airs qui ont traversé les siècles et qui n’en sont pas moins une bonne et égayante musique".



Sapin et cadeaux. Norvège. 19° siècle.
(Photo internet)
 
  Au 19° siècle, le sapin de Noël va encore traverser l’Océan Atlantique avec l’émigration européenne de la misère et prendre racine dans le Nouveau Monde. La coutume s’imposera dès 1891 à la Maison Blanche.

Il est même présent au front, pendant la guerre franco-allemande de 1870 et la Première Guerre Mondiale, au moment où les belligérants respectent une trêve des armes le soir de Noël.
 


1870. Château de Versailles. Soldats allemands blessés.
(Photo internet)
 
 


Noël allemand pendant la Grande Guerre.
(Photo internet)

Depuis les années 1930, le sapin de Noël est devenu un élément à part entière des fêtes de Noël dans les familles françaises. Mais l’Eglise Catholique de Rome a longtemps essayé de résister à cette tradition perçue comme luthérienne, et le premier sapin de Noël n’a été installé dans la Cité du Vatican qu’en 1982.
Le sapin de Noël est désormais présent dans pratiquement tous les espaces publics, que ce soient les places, les magasins ou les églises. Et personne ne pourrait s’imaginer un Noël sans sapin.



Noël 2022. Le sapin de la gare de Sarreguemines. 




Sapin de la place Kléber de Strasbourg. 2021


Le sapin est souvent associé aux cadeaux de Noël qui prennent place à son pied et à la crèche.
Il n’y a pas de Noël alsacien sans "O Tannenbaum", mon beau sapin.



Musique et texte de 1824 d’Ernst Anschütz, organiste et professeur de Leipzig.
 
Le sapin artificiel est apparu en Allemagne au 19° siècle. De petite taille, il utilisait des plumes d’oie teintées en vert. Le premier sapin en plumes d’oie arrive aux Etats-Unis en 1913. Dans les années 1930, on utilise aux Etats-Unis des poils d’animaux toujours teintés en vert. Actuellement les sapins artificiels sont en PVC et fabriqués en Chine. Mais il existe encore des sapins en bois, en métal ou en carton.

 


Petits sapins décoratifs.
 



Grand sapin en planches de palettes.




Petits sapins décoratifs de styles divers.

Le sapin actuel se caractérise par une décoration qui se retrouve partout :

-    une étoile ou une pointe à son sommet
-    des guirlandes simples ou lumineuses, colorées ou argentées, clignotantes ou non
-    des boules de Noël en plastique ou en verre, de couleurs différentes
-    d’autres suspensions ayant un rapport avec Noël ou non (angelots, pères Noël, champignons, étoiles, cloches…)
-    des cheveux d’anges
-    du flocage
-    des glaçons en verre ou en plastique

 


Sapin artificiel et crèche.


Le support du pied peut être :

-    une demi-bûche de bois dont le côté plane est posé sur le sol, avec un trou sur le dessus pour y coincer le tronc
-    un grand pot rempli de sable, de terre ou de pierres
-    un pied en métal
-    deux planches clouées en croix avec un trou à l’intersection

On distingue deux sortes de sapins :

-    l’épicéa appelé picea abies, à l’odeur agréable, qui perd ses aiguilles en deux semaines dans nos maisons chauffées
-    le sapin Nordmann, à l’odeur moins prononcée, dont les aiguilles tiennent près de deux mois. Plus cher, il a pourtant la préférence des Français

Actuellement le CIAV (Centre International  d’Art Verrier) de Meisenthal produit chaque année, depuis 1999, des boules de Noël en verre soufflé qui ont un grand succès. Aux modèles traditionnels s’ajoutent chaque année des boules contemporaines conçues par des créateurs invités à revisiter la tradition. Cette année est sorti le modèle "Extra".




Quelques-unes des boules produites par le CIAV.




Boule « Extra » 2022.


Mon père s’occupait chaque année de la construction de la crèche dans l’église catholique de Herbitzheim et il devait se procurer des sapins pour former le fond. Il allait par conséquent en forêt communale vers le milieu du mois de décembre, avec tracteur et remorque, pour couper ce dont il avait besoin. Il en profitait pour ramener, avec l’autorisation du maire, un sapin pour nous.

Il n’existait pas beaucoup de producteurs de sapins, ni de revendeurs. Je ne sais pas comment les gens faisaient pour se procurer un sapin. Certains n’hésitaient pas, à la nuit tombée, à aller en forêt, munis d’un sac et d’une scie égoïne, et se servaient sans vergogne. Il ne fallait pas se faire attraper par le garde forestier, car c’était quand même du vol.


L’arbre coupé était mis de côté, à l’extérieur jusqu’au 23 décembre, à l’abri du regard des enfants. Le soir du 23, pendant que les enfants dormaient, les parents montaient le sapin et le décoraient dans la grande pièce du devant, la "Schdobb". Nous avions un pied en bois, en forme de croix et il fallait soit rogner le tronc, s’il était trop gros, soit le caler avec des coins en bois, s’il était trop fin.

Les décorations se limitaient à des boules et des sujets en verre très fin (grappes de raisin, oiseaux à pince…), à des cierges magiques "Schbrìtzkérze", à des bougies fixées grâce à des pinces et à des guirlandes toutes simples.

Une année, mon père fabriqua des boules avec des coquilles de noix enveloppées de papier aluminium provenant de tablettes de chocolat. Un brin de laine coincé entre les demi-coquilles servait d’attache. Cela changeait un peu de la décoration habituelle.


Pendant toute la journée du 24, le sapin nous attendait, mais personne n’avait la permission d’entrer dans la grande pièce dont la porte était verrouillée. Les parents nous disaient : " ’S Krìschkìnnel ìsch ìn de Schdobb ùnn màcht de Krìschbòòm". (L’Enfant Jésus est dans la pièce et fait le sapin.)

Nous avions tous un peu peur et personne n’aurait eu le courage de jeter un œil par le trou de serrure. Personne non plus ne mettait en doute les paroles des parents, même si on trouvait qu’aucun bruit ne venait de la pièce.

Le soir du 24, pendant la visite du "Krìschkìnnel", accompagné parfois du père Fouettard "de Rubbéls", nous découvrions avec émerveillement le fameux sapin placé sur une table. Ma mère allumait les bougies du sapin et aussi quelques cierges magiques qui lançaient une pluie d’étoiles sur les branches. C’était féérique.

Nos cadeaux emballés ou non nous attendaient au pied du sapin et nous en profitions pour les essayer de suite.

Le sapin restait dans la pièce non chauffée ou peu chauffée pendant tout le mois de janvier, jusqu’à la fête de la Chandeleur, le 2 février.

Aujourd’hui, le sapin est déjà dressé début décembre dans le salon chauffé et il ne tient qu’un mois environ. Au début du mois de janvier, il est collecté par les services de la Communauté de communes (la Casc) et finit broyé pour devenir du compost.
 



La famille Auguste Klein autour du sapin pendant la guerre.
Derrière le père, Jean et Camille entourant Màndinn Freyermuth.
A l’arrière, au centre Georgette Klein.
La famille avait été déplacée à Trebendorf, dans le Land de Saxe.





1942. La famille Muller-Laluet

Debout, de gauche à droite : Marie Muller, Jacques Laluet, Jean Muller
Assis : Robert Schaeffer, Nicolas Muller, Berthe Muller, ?, Anne Muller, Catherine Fabing, Denise Muller.





De gauche à droite,
Marcel Thinnes, Antoine Wendel, Florian Demmerlé et les trois sœurs Pefferkorn (Alice, Marie Thérèse et Adèle).





Le sapin de la famille Thinnes et le Krìschkìnnel. Valentine,
Marcel et sa mère Marie Freyermuth. Accroupis, Marcel List et Blanche Lenhard.



Autrefois, du temps de l’abbé Ichterz, puis de l’abbé Stab, pendant la période 1959-1983, le curé organisait le soir du 25 décembre des représentations théâtrales d’abord au restaurant Kihl, puis dans le nouveau foyer en face du presbytère. Ces représentations étaient suivies par une vente aux enchères de branches d’un grand sapin "Krìschbòòmverschdeijung". Une tombola clôturait la manifestation.

Le soir du 26, c’était au tour du club cycliste, le Vélo Club, d’organiser, au  restaurant Simonin, un bal entrecoupé de la fameuse vente aux enchères de branches de sapin.

Les lots de la tombola et ceux fixés aux branches des sapins avaient été offerts par la population. C’est Jacques Lenhard qui était maître de cérémonie le 25 décembre.

Les branches, coupées au sécateur, étaient garnies soit d’une paire de viennoises, d’une  bouteille de vin, d’une bonbonnière ou encore d’une décoration de Noël (cierge, boule..).

Les enchères montaient parfois très haut. Ces soirées avaient beaucoup de succès, surtout chez les jeunes et il va sans dire que les bouteilles de vin ou les saucisses ne sortaient pas entières du foyer ou du restaurant.

L’argent récolté était versé dans la caisse de l’organisateur (paroisse ou club cycliste).


Une année, un lot de la tombola avait été offert par Adam Stéphanus, il s’agissait d’un cadre de ruche rempli de miel. Une autre fois, Gérard, un fils de François Diener avait tellement enchéri, mais sans succès, pendant la vente aux enchères que tous les spectateurs se mirent à crier : "e Wiener fer de Diener". (Une viennoise pour Diener.) (Anecdote racontée par François Freyermuth).

Aujourd’hui, durant les fêtes de fin d’année, le sapin est un grand classique pour les familles de nombreux pays du monde, de confessions et de cultures différentes. Il est devenu emblème de Noël et objet de décoration avant tout, sans forcément avoir une symbolique particulière. Tout au plus symbolise-t-il la magie de cette période de l’année.

Pour nous, Noël était un jour merveilleux, nous n’étions pas exigeants et peu de choses suffisaient à notre bonheur. La belle tradition qui nous transportait toujours dans un monde merveilleux, avec le "Krìschkìnnel", avec la messe de minuit, a peu à peu disparu vers la fin du 20° siècle.

Actuellement Noël est devenu  une affaire commerciale dont les produits proposés à la vente sont déjà disponibles dès après la Toussaint, dans les supermarchés. Devenue fête de famille par excellence, elle ne se résume plus qu’à un réveillon et des cadeaux. Les Noëls d’antan pleins de mystère,
de bonheur et de douceur ont disparu.


La légende du sapin de Noël d’après H.J. Troxler

Autrefois, tous les arbres de la forêt conservaient leurs feuilles à l'approche de l'hiver. Aujourd'hui, seul le sapin reste vert à la mauvaise saison.

Aux alentours de Noël, un petit oiseau ne put s'envoler vers les pays chauds, car son aile était brisée. Comment allait-il résister à la rigueur de l'hiver ?
Tremblant de froid, il s'abrite dans le feuillage d'un gros chêne. Le chêne refuse de l'accueillir : "Va-t-en, tu vas manger tous mes glands" dit-il.

Malgré la neige, il quitte le gros arbre pour se réfugier dans les branches du hêtre touffu. "Ne reste pas là, tu vas picorer mes faines" dit-il.


Le petit oiseau terrifié s'échappe pour se cacher dans un bouleau qui le chasse sans tarder : "Je ne veux pas de toi, tu vas salir mes branches".


Repoussé par tous les arbres, le petit oiseau se couche dans la neige pour mourir. Il voit soudain à quelques pas de là un sapin qui lui fait signe. Les ailes engourdies par le froid, il se traîne vers le sapin. "Ici, tu ne crains rien, je te protégerai" lui dit-il. La veille de Noël, un vent terrible souffla sur la forêt. Tous les arbres perdirent leurs feuilles sous la force du vent. Seul le sapin conserva son feuillage, car il avait accueilli le petit oiseau malade.


Voilà pourquoi le sapin est aujourd'hui l'arbre de Noël, généreux et protecteur, autour duquel nous nous réunissons.


Gérard Kuffler
Décembre 2022

Sources
www.noel.alsace
www. nationalgeographic.fr
www.noel-vert.com
www.wikipedia.org