la_ligne_maginot_dans_les_environs_de_kalhausen
La ligne Maginot, muraille de France, dans les environs de Kalhausen.
Table des matières
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Genèse de la fortification
Le secteur défensif de la Sarre (SDSA)
Les troupes
Le sous-secteur de Kalhausen
Les constructions
Les chambres de coupure
Les stands de tir
Les cuirassements des blockhaus
L’armement des blockhaus
Les blockhaus situés sur le ban de Kalhausen
Les observatoires bétonnés
Les observatoires de campagne
Les abris bétonnés au niveau du village
Les casernements
Les Postes de Commandement
Les opérations de 1939-1940
Le devenir de la Ligne Maginot
(Photo N. Guirkinger)
Genèse de la fortification
L’idée d’une ligne de
fortifications entre la France et l’Allemagne prit naissance chez
certains généraux dès la fin de la Grande Guerre. Notre pays venait en
effet de sortir d’un conflit de 4 ans qui avait fait des millions de
morts et de blessés et causé d’innombrables dégâts sur le territoire
national. L’Allemagne, vaincue, n’avait pas subi de dommages sur son
territoire, son économie n’avait pas été beaucoup touchée et sa
population, plus nombreuse, avait subi des pertes moins significatives.
Avec le retour de l’Alsace-Lorraine
à la France, la ligne de forts de Verdun à Belfort, édifiée vers 1880,
était inadaptée et la frontière de l’Est n’était désormais plus
défendue.
L’idée d’un "mur fortifié" fit
ainsi son chemin. En 1922 est créée la Commission de Défense du
Territoire, remplacée en 1925 par la Commission de Défense des
Frontières. Cette dernière commission définit les voies d’invasion
traditionnelles, les zones ou régions à fortifier, l’aménagement des
champs de bataille, la conservation des anciennes places-fortes, les
formes techniques de la fortification moderne, les coûts.
Dans son rapport est aussi définie la protection du front des Alpes. Ce
document servira de base de travail aux ingénieurs et aux militaires
pour l’édification de ce que sera la ligne Maginot.
Toutes les Cartes peuvent être agrandies
(Carte slideplayer.fr)
Ainsi sont créées deux grandes
régions fortifiées, à l’ouest, celle de Metz-Thionville-Longwy et à
l’est, celle de la Lauter, entre Bitche et le Rhin. S’y rajoute encore
celle de Belfort, ou Haute Alsace.
Entre les deux principales régions,
se situe, entre Saint-Avold et Sarralbe, la trouée de la Sarre, une
région d’étangs et de zones marécageuses, jugée
"de parcours difficile" et donc peu propice à une invasion allemande.
De plus, le Land de Sarre avait été détaché de l’Allemagne par le
traité de Versailles et ne présentait donc pas de danger immédiat pour
la France.
On décida, dès 1927, de profiter de la nature du terrain pour aménager
dans cette zone "des lignes d’eau" dans les bassins de la Sarre et de
la Nied Allemande, en vue de retarder une invasion éventuelle.
Il s’agissait d’utiliser les étangs existants et d’en créer d’autres
pour avoir des réserves d’eau suffisantes dans le but de pouvoir
inonder les vallées de la Nied, de la Sarre, de l’Albe et du Mutterbach
qui seraient barrées par des retenues d’eau.
C’est la CORF, la Commission d’Organisation des Régions Fortifiées,
qui remplacera la Commission de Défense des Frontières et qui
supervisera la construction des fortifications de 1927 à 1935. Elle est
présidée par le général Fillonneau.
En 1929, son successeur, le général Belhague, oriente les travaux pour arriver à la forme définitive que l’on connaît. C’est donc lui le père de la "Muraille de France", Paul Painlevé, ministre de la guerre de 1925 à 1929, en étant le fondateur de principe.

Painlevé
(1863-1933)
|

Fillonneau
(1866-1945)
|

Belhague (1871-1942)
|
(Photos internet)
La loi-programme de 1929, votée sous l’impulsion d’André Maginot,
nouveau ministre de la Guerre, ouvre les crédits pour les travaux qui
démarreront dès 1930. C’est après son décès, en 1932, que l’on parlera
de Ligne Maginot.
André Maginot (1877-1932)
(Photo internet)
Finalement, la ligne de défense
s’étendra de la Mer du Nord jusqu’à Nice, et même en Corse. Elle sera
constituée de secteurs plus ou moins bien fortifiés, les fortifications
les plus denses et les plus solides se trouvant au nord-est, en face de
l’Allemagne.
Le principe et l’originalité de la
Ligne Maginot consistent en une succession d’ouvrages bétonnés formant
une ligne discontinue et susceptibles de se protéger mutuellement,
édifiés à une vingtaine de km en arrière de la frontière.
Dans les Régions Fortifiées de Metz
et de la Lauter, zones en contact direct avec l’ennemi potentiel, et
exception faite de la zone se situant le long du Rhin et de la trouée
de la Sarre, la ligne Maginot comprend une première ligne, homogène et
bien armée, appelée Ligne Principale de Défense (LPD) ou Ligne Principale de Résistance (LPR).
Cette ligne comprend
- des ouvrages principaux, nommés "gros ouvrages",
puissamment armés et composés d’une dizaine de blocs de combat reliés
entre eux (comme le Simserhof, le Hackenberg ou le Hochwald)
- des ouvrages intermédiaires, nommés "petits ouvrages", formés de 2 ou 3 blocs (comme le Haut-Poirier, le Bambesch ou encore l’ouvrage de Rohrbach-lès-Bitche appelé Fort Casso)
- des casemates d’intervalle à un seul bloc de combat (comme la casemate de Wittring ou celles d’Achen)
Les régions fortifiées sont
elles-mêmes divisées en secteurs fortifiés. Chaque secteur est encore
divisé, au niveau des régiments, en sous-secteurs.
Cette Ligne Principale de Défense
est complétée vers l’avant par des avant-postes : ce sont des blockhaus
destinés non seulement à donner l’alerte en
cas d’attaque de l’ennemi, mais aussi à empêcher l’arrivée brusque de blindés ennemis sur la LPD.
Ils se trouvent sur les routes
permettant l’accès depuis la frontière jusqu’à la LPD : entre Siltzheim
et Herbitzheim (à hauteur de la maison forestière), entre Sarreguemines
et Wittring (à hauteur de Dieding), entre Wiesviller et Achen…
Une vingtaine de km à l’arrière de la position principale se trouve une seconde ligne d’arrêt, appelée ligne CEZF (Commission d’Etude des Zones Fortifiées) et formée de casemates STG, comme celle se trouvant à Lorentzen (ci-dessous).
La construction des premières
tranches des fortifications s’achève en 1934 en ce qui concerne les
ouvrages des Secteurs Fortifiés de Metz et de la Lauter. Mais, faute de
crédits, la fortification de l’aile ouest du secteur de la Lauter, de
Rohrbach-lès-Bitche jusqu’à la Sarre, a été ajournée.
C’est seulement après 1934 que ce tronçon sera aménagé et que les petits ouvrages de Rohrbach (Fort Casso), du Welschhof et du Haut-Poirier
seront édifiés, ainsi que les casemates d’intervalle. C’est ce qu’on
appelle les Nouveaux Fronts, qui concernent aussi le secteur de Montmédy et celui de l’Escaut.
La CORF
est dissoute le 1er janvier 1936 et avec elle s’arrête la construction
de la Ligne Maginot, c’est-à-dire la fortification puissante et
homogène.
Situation en 1939.
(Carte slideplayer.fr)
Désormais, ce sont les
commandements militaires locaux qui vont continuer l’édification des
fortifications, en donnant de la profondeur à la position. De nombreux
petits blockhaus STG, appelés ainsi parce que construits selon les plans du Service Technique du Génie, seront construits un peu partout, à une centaine de mètres en arrière de la LPD, pour assurer la défense sur la position en cas de percée par des blindés.
Ces "petits bétons" défendent soit une vallée, soit une route de pénétration par lesquelles l’ennemi pourrait passer, si la LPD était brisée partiellement. Ils sont complémentaires de la LPD bâtie en amont.
(Photo : Hommes et ouvrages de la Ligne Maginot.
Jean Yves Mary et Alain Hohnadel).
La frénésie du bétonnage va se
poursuivre désormais, à mesure que la menace d’une guerre se précise
(réoccupation de la Rhénanie, annexion des Sudètes), elle va se
poursuivre pendant la "Drôle de Guerre" jusqu’au printemps 1940
et occupera les troupes en place sur la Ligne Maginot. (1)
On estime que dans de bonnes conditions, 30 hommes peuvent bâtir un blockhaus STG en une trentaine de jours.
A côté des blockhaus STG, on dénombre aussi d’innombrables petits abris bétonnés construits le plus souvent dans l’urgence et avec les moyens du bord.
_______________
(1). Profitant de l’évacuation
des habitants, les militaires ne se gênent pas pour édifier parfois un
blockhaus à proximité immédiate d’une maison d’habitation qui leur sert
alors de quartier confortable, lorsqu’ils ne sont pas dans l’abri
bétonné. Et les évacués de la Charente, à leur retour, vont trouver un
blockhaus …dans leur jardin, collé à leur maison ! (Cas de la Gàllemihl, photo ci-dessus)
Tous ces "petits bétons",
blockhaus et abris de tir, destinés à défendre un point particulier à
l’intérieur de la position, forment une ligne défensive hétérogène, de
valeur inégale.
Si les ouvrages et les casemates
d’intervalle des Anciens Fronts (construits jusqu’en 1934) et des
Nouveaux Fronts (construits après 1934) sont l’œuvre de sociétés
privées, comme "Les grands Travaux de l’Est et du Nord" de Fred Dietsch, les blockhaus STG et les abris sont l’œuvre de la Main d’Oeuvre Militaire (MOM), construits par des hommes de troupe encadrés par des spécialistes du Génie. Ce sont des "fortifications de campagne", à destination des troupes d’intervalle.
De même, ces blockhaus et ces abris MOM,
caractérisés par une épaisseur de béton plus faible, n’ont pas
d’armement spécialisé de forteresse ni d’équipement sophistiqué (pas
d’éclairage électrique, pas de ventilation mécanique, pas de filtres à
gaz, pas de réserves de vivres). Ils ne sont occupés par les troupes
d’intervalle qu’en cas d’alerte.
Beaucoup ne seront pas terminés lors de l’attaque allemande du
printemps 1940 : le plus souvent le rocaillage sera manquant, ce qui
les rendra trop visibles, les portes blindées et les fermetures des
créneaux manqueront…
Il faut encore citer, parmi les "bétons", les chambres de coupures maillant le réseau téléphonique de la Ligne Maginot, et certains observatoires d’infanterie.
A côté des ouvrages bétonnés de la
Ligne Maginot, on trouve encore, à l’arrière, des infrastructures
destinées à compléter celle-ci : les casernements, les stands de tir,
les dépôts de munitions et les parcs mobiles (en clair, les dépôts de
matériel du génie).
Les casernes, appelées casernements
de sûreté ou camps, sont destinées à assurer le maximum de confort aux
troupes des ouvrages fortifiés, lorsqu’elles n’occupent pas les
ouvrages, soit une semaine sur deux.
Conjointement sont construites
également, à proximité, des cités-jardins distinctes pour loger les
cadres, sous-officiers et officiers. Nous connaissons
tous le camp d’Oermingen ou les casernes de Sarralbe et de Sarre-Union, ainsi que les cités militaires de ces communes.
Le casernement léger d’Achen est un
casernement de proximité, les bâtiments étaient en bois et servaient à
loger un détachement du 133° RIF dont une compagnie formait les
équipages des 5 casemates de Wittring et d'Achen et du petit ouvrage du Haut Poirier. A chaque casernement était encore attribué un stand de tir situé à proximité.
(Photo : wikimaginot)
Le petit casernement léger appelé "Gare de Kalhausen 4"
était constitué d’un seul bâtiment fabriqué en plaques de béton et qui
renfermait une cuisine ravitaillant les unités stationnées à proximité.
Les dépôts de munitions qui se
trouvaient près des casernements (val d’Achen, Oermingen, Bining)
étaient en fait des poudrières qui renfermaient les explosifs des
dispositifs de mines. (2)
Le casernement d’Oermingen avec le stand de tir en haut et le dépôt de munitions à droite.
(Photo Wikimaginot).
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(2). Les dépôts des munitions arrière se trouvaient à une quarantaine de km de la LPD et approvisionnaient les dépôts avant, situés à environ 15 km de la LPD (c’est le cas du dépôt de Rahling).
Le secteur défensif de la Sarre (SDSA)
Sous un casque de chevalier, se trouve un blockhaus avec son rocaillage.
La porte est barrée avec du barbelé sur lequel pousse le chardon lorrain qui ressemble
à une grenade (d’autres y voient un morpion).
De part et d’autre se trouvent deux panneaux qui rappellent l’arrêt aux barrages de routes.
La devise fait référence à la consigne de résister sans idée de recul.
(La ligne Maginot Aquatique. Paul Marque).
Les fortifications de la trouée de
la Sarre, s’étalant sur une trentaine de km, ne figuraient pas, pour
des raisons politiques, parmi les priorités. L’avenir du Land de Sarre
devait être réglé par le plébiscite de 1935, et la classe politique
française espérait un rapprochement avec la France ou un statut d’état
indépendant. Mais le plébiscite fit revenir la Sarre vers l’Allemagne
et l’on dut repenser tout le système défensif.
Pour pouvoir mettre en place des
inondations défensives, l’on commença, dans un premier temps, à
partir de 1932, à créer des étangs-réservoirs supplémentaires et à
aménager des barrages de poutrelles dans le lit principal des rivières
(la Nied, l’Albe, le Mutterbach et la Sarre).
Tout près de nous, deux barrages furent érigés sur la Sarre, l’un à Wittring et le second à Herbitzheim.
Le barrage de Wittring, construit
en amont du pont routier, comptait 7 pertuis de 7 m et permettait de
constituer une retenue d’eau d’un volume de 1 600 000 m3, d’une hauteur
de 5m70 au barrage. Le plan d’eau s’étendait vers l’amont, enserré dans
des levées de terre, à savoir le talus du canal des Houillères et la
route départementale, puis le remblai de la voie ferrée, jusqu’au
barrage de Herbitzheim. Deux petites vallées perpendiculaires, situées
sur la rive droite, étaient aussi inondées à leur naissance, par l’eau
du barrage, à savoir la vallée du ruisseau d’Achen, au niveau de
Weidesheim et la vallée de l’Eichel.
Le barrage de Wittring est accolé au pont routier de la Sarre.
(Photo : wikimaginot)
Le barrage de Wittring fut dynamité
en 1940 et les piles servirent à porter, après 1945, le pont provisoire
américain Bailey. Les casemates de la rive gauche et les piles furent
détruites en 1972, lors de la construction du nouveau pont. (Wittring.
Un village lorrain de paix et de guerre. Robert Mourer)
Retenue d’eau du barrage de Wittring.
Le barrage de Herbitzheim,
construit à l’entrée du village, en venant de la gare de Kalhausen,
avait 10 pertuis de 7 m et formait une retenue d’eau plus importante et
plus large que celle de Wittring (3 600 000 m3). L’inondation
s’étendait jusqu’à Sarralbe, contenue par les remblais du canal et de
la voie ferrée. La hauteur d’eau au barrage était de 5 m.
Aspect d’un barrage en cours de construction.
Les piles des pertuis supportent l’infrastructure du hangar métallique renfermant
les poutrelles à insérer entre les piles pour fermer les pertuis.
(Photo : wikimaginot)
Les deux biefs étaient contigus,
bien défendus au nord-ouest par le canal des Houillères. Celui de
Herbitzheim, s’étendait sur une largeur de 1 200m, épousant la
vallée de la Sarre qui s’évasait à cet endroit.
Le pont de Herbitzheim a été dynamité par les soldats français en 1940.
(Photo : wikimaginot)
Le barrage de Herbitzheim fut
dynamité en 1942 par l’organisation Todt. Certaines piles et les
blockhaus de défense rapprochée sont toujours visibles.
Les premières piles et à droite, le blockhaus du chemin de halage.
(Photo : wikimaginot).
Les barrages demeuraient des points
fragiles, car l’ennemi pouvait les utiliser pour traverser la zone
inondée et les faire sauter. Des blockhaus de défense rapprochée furent
ainsi construits de part et d’autre des barrages. Ce sont de
petites constructions hexagonales à un seul niveau, pour un
groupe de combat de 8 hommes armés de FM.
Blockhaus de défense du barrage de Herbitzheim, situé sur la rive droite.
(Photo wikimaginot)
Mais l’ennemi pouvait encore
franchir les plans d’eau, sur des embarcations, entre les barrages. De
nombreux petits blockhaus furent donc érigés sur la rive droite
des biefs de Herbitzheim et de Wittring, en des endroits surélevés
dominant l’inondation et à proximité immédiate de celle-ci. Des réseaux
de fil de fer barbelé disposés sur quatre rangs complétaient la défense
des blockhaus.
(Photo internet)
Piquets du réseau barbelé : cornières et « queues de cochon »
type A destinées à soutenir le fil « ronces artificielles ».
Les « queues de cochons » de type A, de 1,50 m de long,
sont scellées dans un dé de béton. On les enfonce à 40 cm dans le sol.
Blockhaus entre le barrage de Herbitzheim et l’Eichel.
Blockhaus entre l’Eichel et le barrage de Wittring
On dénombre, entre les deux
barrages, soit sur une distance de 6 km à vol d’oiseau, 16
blockhaus STG pour armes d’infanterie, destinés à la défense
des
inondations et dont les tirs croisés interdisaient tout passage venant
de la rive gauche.
Ainsi de 1932 à 1934, dans le
secteur est de la trouée de la Sarre, un système cohérent de défense
fut créé, comprenant des étangs-réservoirs, des barrages et des
blockhaus de défense des futures inondations. Une vraie Ligne
Maginot Aquatique.
Le Secteur Défensif de la Sarre,
devenu Secteur Fortifié de la Sarre en mars 1940, s’arrête après le
petit ouvrage du Haut Poirier, englobant donc le sous-secteur de
Kalhausen qui avait été retiré au SF de Rohrbach. Les ouvrages du
Welschhof et de Rohrbach-lès-Bitche font partie du secteur de Rohrbach,
tout comme le Simserhof.
Les blockhaus se situant sur le ban de Herbitzheim font partie du sous-secteur de Sarralbe.
Les troupes
Pour occuper les ouvrages de la
Ligne Maginot, des unités spéciales sont créées en 1933, les Régiments
d’Infanterie de Région Fortifiée (RIRF), appelés aussi Régiments
d’Infanterie de Forteresse (RIF).
Ce sont des régiments spécialisés,
statiques, uniquement destinés à la défense d’une position. Une partie
forme les équipages occupant les ouvrages et l’autre les troupes
occupant les intervalles et la profondeur de la position. Ils sont
implantés à proximité de la ligne à défendre, dans des casernements
créés spécialement pour eux.
Composition d’un RIF mobilisé :
- 62 officiers, 301 sous-officiers, 2570 hommes
- 130 chevaux (selle et trait)
- 67 voitures hippomobiles
- 250 bicyclettes, 67 motos et side-cars
- 7 voitures de liaison, 27 camionnettes, 20 chenillettes
C’est le 133° RIF qui occupe le
sous-secteur de Kalhausen. (3) Il comporte à sa droite le 166° RIF
(sous-secteur de Bining) et à sa gauche le 51° RMIC (sous-secteur de
Sarralbe) (4)
Créé le 23 août 1939 à partir d’un
noyau actif du 1er bataillon du 153° RIF (Régiment de la Sarre) en
caserne à Oermingen et au val d’Achen, il se compose de soldats
d’active auxquels sont joints des réservistes et des frontaliers. (5)
Le 133° RIF est commandé par le lieutenant-colonel Bertrand qui a fixé
son PC au presbytère de Kalhausen. Chacun des 3 bataillons du régiment
a un PC de quartier particulier.
Sur l’écusson, la devise du 133° :
Halte ! Les lions sont là.
Dès la mobilisation de septembre
1939, les ouvrages et les casemates sont occupés par une partie des
équipages (75%), le reste (25%) étant occupé à l’instruction. Les
bataillons quittent leur casernement de sûreté et cantonnent dans
les villages évacués. Les travaux d’organisation de la position
débutent en octobre et chaque compagnie fournit une centaine de
travailleurs par jour.
Les bataillons s’installent sur la
position, sur une profondeur de 1 500 m à partir de la LPD. La troupe
occupe alors les blockhaus, les tourelles démontables pour
mitrailleuses, les observatoires d’infanterie, les petits abris
bétonnés et tous les points d’appui d’intervalle.
Le travail ne manque pas :
aménagement des PC de quartier (les bataillons), des PC de
sous-quartiers (les compagnies), construction de blockhaus STG
et d’abris de tir, mise en place des réseaux barbelés, creusement de
boyaux d’accès et de tranchées, déboisement des champs de tir,
aménagement d’abris pour la troupe et d’épaulements de tir…
Le 133° RIF compte 3 bataillons de
mitrailleurs incluant en tout 8 compagnies de mitrailleuses, 1
compagnie d’engins et de fusiliers-voltigeurs, 1 compagnie d’engins, 1
compagnie de voltigeurs, 1 compagnie d’équipages d’ouvrages (lieutenant
Gambotti), 1 compagnie d’équipages de casemates (lieutenants
Bidegain, Kersual).
Le second bataillon du 133° occupe
le quartier du Haut-Poirier, avec PC de quartier dans le Grand Bois et
le 3° celui d’Achen, avec PC de quartier à la Ohligmuhle. (6)
Le 15 mars 1940, le 133° est
retranché du SF de Rohrbach pour être rattaché au Secteur Fortifié de
la Sarre, mais il continue d’occuper le sous-secteur de Kalhausen.
_____________________
(3). Le sous-secteur compte le Petit
Ouvrage (PO) du Haut-Poirier, 5 casemates CORF (Wittring, Grand Bois,
Achen Nord-Ouest, Achen Nord et Achen Nord-Est), 28 blockhaus STG, 53
abris et tourelles légères. ( Wittring Bruno Schoesser)
(4). Ces unités (Régiments de Mitrailleurs d’Infanterie Coloniale) ne possèdent pas d’équipage d’ouvrage ou de casemate.
(5). Le fait de comporter dans ses
rangs des frontaliers (soldats locaux) permet aux RIF de mobiliser très
rapidement. L’autorité espère aussi que les soldats locaux défendront
avec plus d’entrain "leur région".
(6). Le 3° bataillon a participé en septembre 1939 avec la 21° Division d’Infanterie à l’opération Sarre.
Le sous-secteur de Kalhausen
(Ciquez sur le plan pour l'agrandir)
Organisation défensive générale du sous-secteur.
Les inondations (en bleu)-
les réseaux de barbelés (hachures rouges)
les petits ouvrages et les casemates (ronds noirs)
les blockhaus (rectangles gris)
les observatoires (triangles).
(Carte wikimaginot).
Les constructions
Le petit ouvrage du Haut-Poirier (CORF)
L’ouvrage du Haut Poirier, faisant
partie des Nouveaux Fronts, a été construit de 1934 à 1938. C’est un
ouvrage d’infanterie, composé de 4 blocs reliés entre eux par des
galeries souterraines.
Le bloc 1 est une casemate
d’infanterie flanquant vers l’est, le bloc 2 comporte une tourelle à
éclipse pour armes mixtes, le bloc 3 est le bloc d’entrée, le bloc 4
sert d’entrée réduite et d’issue de secours. L’étage inférieur comprend
le casernement (cuisine, chambres, sanitaires), le PC, le magasin à
munitions, les réserves de vivres, les citernes d’eau et de mazout, les
installations de ventilation et de filtrage de l’air, l’usine
électrique.
L’équipage comptait 7 officiers et 160 hommes le 2 septembre 1939. Le commandant d’ouvrage était le capitaine Gambotti.
Les casemates d’intervalle (CORF)
Ce sont des blocs de combats
autonomes comparables aux blocs des ouvrages. Elles sont implantées
tous les 1 200 m environ, soit la portée utile des mitrailleuses. Les
casemates des Nouveaux Fronts sont plus lourdes et plus
élaborées que celles de la première série, elles ont des lignes plus
fuyantes et un armement plus étoffé par l’adjonction de cloches
cuirassées pour armes mixtes, de cloches GFM (Guetteur, Fusil
Mitrailleur).
Ces casemates comportent deux
étages : un étage de combat avec chambres de tir et munitions, et un
étage inférieur avec chambres de repos, usine électrique, réservoirs à
eau et à mazout, puits, sanitaires, ventilateurs et réserves de
nourriture. Il n’y a pas de cuisine et les repas, qui proviennent de
l’extérieur, peuvent être réchauffés sur un réchaud à pétrole.
L’équipage d’une casemate comptait une trentaine d’hommes sous les ordres d’un lieutenant ou d’un adjudant-chef.
On compte 5 casemates dans le
sous-secteur : celle de Wittring, celle du Grand Bois et celles d’Achen
Nord-Ouest, d’Achen Nord et d’Achen Nord-Est.
Jean Freyermuth, de
Kalhausen, était affecté, au sein du 133° RIF, à la 1ère
compagnie d’Equipage des casemates en 1939.
Pour découvrir son
vécu : Lien vers le dossier Jean Freyermuth
Les blockhaus STG
Dès 1936, après la dissolution de
la CORF, le Service Technique du Génie édite différents plans de
blockhaus pour éviter une trop grande disparité des constructions. Ces
plans s’adressent aux commandements locaux qui ont la charge
d’améliorer les fortifications dans la profondeur.
Ainsi apparaît le blockhaus STG léger modèle 1936 pour canon antichar ou pour mitrailleuse, construit par la MOM.
La STG édite encore le 21 Septembre
1939 une "Note relative aux types d'ouvrages bétonnés de fortification
de campagne" dont le but est de proposer un ensemble de blockhaus
légers et standardisés pouvant être construits par les troupes
d'intervalle non spécialistes pour renforcer une
position défensive.
Cette note est accompagnée d'un Album de plan-types nommé Album n°1.
Dans cet album figurent le
blockhaus STG pour canon antichar de type 2 et le blockhaus STG pour
mitrailleuse de type 1 et de type 1 bis (ils ne diffèrent que par le
degré de protection).
Le blockhaus STG est un blockhaus
simple, à une ou deux chambres de tir, il a la plupart du temps
la forme d’un gros cube d’environ 5 m d’arête. L’épaisseur des murs et
de la dalle de ciel est de 1 m, ce qui était suffisant pour résister
aux coups de canon de 150 mm en service dans l’armée allemande. Par
mesure d’économie, le mur arrière est moins épais que les autres. Le
créneau de tir, surmonté d’une visière, est du côté de l’ennemi.
A gauche ou à droite du créneau, la façade montre parfois un orillon ou
oreillette destiné à protéger en partie le tireur. (7)
Casemate de Dambach
_______________
(7). L’orillon est une saillie
arrondie à l’angle d’un blockhaus. Son nom vient de sa forme arrondie
qui le fait ressembler à une oreille.
A ce créneau principal peut se
rajouter un ou plusieurs créneaux secondaires pour FM destinés à la
défense rapprochée ou au contrôle d’autres secteurs situés dans la zone
du blockhaus.
La porte d’entrée se trouve
dans un mur latéral ou à l’arrière, dans le prolongement du boyau
d’accès. En arrière de la porte, des rainures pratiquées dans le béton
permettent la mise en place de plaques de béton pour bloquer le
couloir d’entrée. Le rocaillage ne laisse voir que le créneau de tir et
dissimule le boyau d’accès. Parfois la dalle de ciel présente
une cheminée pour pouvoir passer un périscope. L’engin est engagé ou
retiré de la gaine par l’observateur.
L’armement se compose d’une
mitrailleuse ou d’un canon antichar. La mitrailleuse est posée
sur une table-support en béton, elle est introduite démontée, mais
l’introduction du canon antichar nécessite une porte plus large située
à l’opposé du créneau, au fond du blockhaus. On ferme cette ouverture
également au moyen de plaques de bétons introduites dans des rainures
latérales sur les piédroits. Ce canon anti-char sur roues modèle 1937
ne sera jamais livré et la large porte ne sera pas utilisée.
Canon anti-char 25 SA 37 des Ateliers de Puteaux
Le créneau est obturé au moyen d’un
volet coulissant blindé de 20 mm d’épaisseur. L’équipement intérieur se
résume aux caisses de munitions, à un ventilateur à main pour évacuer
les fumées des tirs ainsi qu’à une lanterne à bougie. Il peut y avoir
une étagère au mur. Dans certains blockhaus, de petites niches
permettent d’entreposer les lampes d’éclairage.
Les lampes de fabrication Butin ont une forme triangulaire,
avec 2 faces vitrées et la face arrière en cuivre.
(Photo : wikimaginot)
Volet coulissant, tablette de support de la mitrailleuse
et à droite volet basculant du créneau FM.
(Photo : Hommes et ouvrages de la Ligne Maginot.
Jean Yves Mary et Alain Hohnadel).
Canon antichar.
(Wikimaginot.fr)
Mitrailleuse sur sa tablette
(www.alsace.maginot.com)
FM monté sur rotule (créneau de type B).
Ce dispositif livré tardivement n’équipera que les ouvrages de Nouveaux Fronts.
A gauche une goulotte lance-grenades.
(maginot.free.fr)
Le blockhaus n’est occupé qu’en cas d’alerte (6 hommes et un sous-officier).
La dalle est recouverte en principe
par une couche de terre de 20 cm d’épaisseur destinée à l’engazonnement
et au camouflage. Les murs exposés aux coups sont protégés par un
remblai de pierres et de terre d’une épaisseur minimale de 4 m (le
rocaillage).
Les blockhaus STG de dernière
génération, construits à la hâte, après la mobilisation, (types 1, 1
bis et 2) ne disposent que d’un créneau unique. La mitrailleuse
est posée sur des madriers en bois, entre deux massifs bétonnés.
L’épaisseur du béton a été réduite tant pour les murs que pour la
dalle. L’aération est naturelle (pas de ventilateur).
Les caractéristiques communes de
ces derniers blockhaus sont la simplicité et la rapidité de
construction par du personnel non spécialiste, les faibles dimensions
et le degré de protection minimal. Les embrasures sont rudimentaires,
sans gradins et adaptées aux armes de campagne, par principe
dépourvues de trémies et de cuirassements.
Les petits abris bétonnés ont aussi
été édifiés dans l’urgence, souvent avec des moyens de fortune (rails
de chemin de fer ou rondins servant de linteau…) L’épaisseur des murs
et de la dalle ne dépasse pas 50 cm. Il n’y a aucun rocaillage
protégeant le béton.
Les PC de quartier, formés de
plusieurs alvéoles, sont constitués de rondins et de tôles cintrées
(les tôles métro). Ils sont souvent enterrés à flanc de coteau de sorte
que seule l’entrée est visible.
Tôles métro récupérées et servant actuellement d’abri dans un parc à bestiaux.
Des alvéoles en tôles métro
servaient aussi de locaux techniques pour les unités de campagne, par
exemple de forge ou de garage de réparations. Un tel site existait au
bord de la route entre Kalhausen et Schmittviller, au lieu-dit
"Krischetter Berg". (renseignement André Neu)
Les chambres de coupure
Un important réseau de câbles
téléphoniques enterrés permettait de mettre en relation les postes de
commandement, les observatoires et les organes de tir. Ce réseau était
constitué de diverses nappes dont deux étaient parallèles au front (la
rocade avant et la rocade arrière). Les rocades étaient reliées à des
pénétrantes nord-sud, l’une d’elles allait de Diemeringen vers
Wittring, en passant par Kalhausen. ( Voir en bas de page)
Aux intersections se trouvaient des
chambres de coupure CORF. C’était des abris bétonnés, enterrés le plus
souvent, dont certains renfermaient un central téléphonique servi par
des téléphonistes. Dans ces abris se trouvaient des répartiteurs et des
boîtes de raccordements (boîtes à bornes) prévues pour les troupes
d’intervalle. On pouvait aussi y faire les réparations si des câbles
étaient sectionnés suite à un bombardement.
L’accès se fait en puits, au moyen
d'une échelle à barreaux métalliques fixés à l’un des murs. La trappe
est fermée par une plaque de tôle qui protège des eaux pluviales.
L’évacuation des eaux intérieures d’infiltration s’effectue grâce à un
puisard. Une cheminée permet le dégagement des fumées des lampes. Le
séjour des téléphonistes devait y être éprouvant, en l’absence de toute
lumière naturelle et de toute installation d’aérage.
(Photo slideplayer.fr)
Des sociétés civiles avaient obtenu
les travaux d’enfouissement des câbles et elles embauchaient des
travailleurs locaux. Joseph Freyermuth, d’Achen avait été embauché en
1937 par la société "Câble Parisienne", il devait creuser par jour
une tranchée de 3 m de long et de 2 m de profondeur.
Les stands de tir
L’instruction des troupes de
forteresse était primordiale, il fallait les former à l’utilisation
spécifique des armes de la forteresse, c’est pourquoi l’on installa un
stand de tir à proximité immédiate des casernements de sûreté.
Le stand de tir rattaché au
casernement de sûreté d’Oermingen se trouve sur le ban de la commune de
Kalhausen, au lieu-dit "Lohbusch".
Le stand de tir type forteresse comprend trois parties :
- La casemate
d’exercice, formée de deux locaux mitoyens : à gauche, le pas de tir
avec les créneaux pour les armes spécifiques à la forteresse, et à
droite un pas de tir ouvert, avec tranchée de tir et deux créneaux
ordinaires pour le tir aux armes de campagne en dotation dans les RIF (fusil, mitrailleuse et FM)
- La ligne des
cibles, placée à 50 m du pas de tir avec derrière elle une butte
réceptrice et un haut mur de 7 m
- Entre les deux,
à 20 m du pas de tir, le mur paraballe ouvert, devant canaliser les
tirs vers la butte réceptrice (hauteur 4.35 m, largeur 13 m, ouverture
de 2,15 m x 11.5 m)
Les cuirassements des blockhaus
Les créneaux de tir des ouvrages se
présentent en général sous la forme d’un entonnoir doté de redents ou
gradins, en acier moulé ou en béton, complété à l’intérieur par un
dispositif permettant la mise en place de l’arme. Ces trémies ne
laissent apparaître que le canon de l’arme utilisée et protègent les
tireurs. De plus, dans les casemates et les
ouvrages, ce système doit être étanche pour maintenir la surpression à
l’intérieur et éviter l’intrusion de gaz.
Trémie moulée à gradins.
(Photo : wikimaginot)
Dans la fortification de campagne
construite par la MOM, nombre de trémies et autres plaques
d’embrasure dont l'efficacité variait fortement d'un modèle à l'autre
ont été imaginées par diverses instances locales. De plus, l’étanchéité
n'étant pas le souci majeur dans les blockhaus, seule comptait la
protection du personnel et de l'arme contre les coups directs et les
systèmes d'embrasure et de support d'arme furent simplifiés d'autant.
La plupart des créneaux des
blockhaus construits tardivement sont restés sans leurs cuirassements
jamais livrés, leur mise en production tardive n'ayant pas permis de
satisfaire la demande.
En principe, pour les blockhaus,
les créneaux des canons antichar sont obturés, à l’intérieur, par
un grand volet en acier de 2 cm d’épaisseur qui coulisse sur un fer
plat et peut suivre la pièce en mouvement. Seule dépasse la volée du
canon.
(Photo : Hommes et ouvrages de la Ligne Maginot. Jean Yves Mary et Alain Hohnadel).
Les fenêtres de tir pour
mitrailleuses sont munies à l’extérieur d’une trémie moulée à gradins
sur laquelle se visse, à l’intérieur, par quatre ou six gros
boulons, une plaque d’embrasure. Cette plaque de blindage, épaisse de 5
cm, est percée d’une ouverture carrée de 16 cm de côté et dotée d’un
volet pour permettre le tir (trémie Nicolas, du nom du capitaine des
Services du Cuirassement). Un affût de type N se fixe sur la plaque pour pouvoir utiliser la mitrailleuse.
Plaque d’embrasure et affût.
(Photo : wikimaginot)
Dans les blockhaus STG modèle 1936,
catégorie à laquelle appartiennent les blockhaus du sous-secteur, la
mitrailleuse est posée sur une tablette-support placée directement
derrière le créneau. La trémie mise en place est une trémie simple,
appelée trémie Condé, fermée intérieurement par 2 petits volets
coulissants blindés qui permettent d’obturer entièrement l’ouverture,
mais ne protègent pas le tireur.
(Photo : wikimaginot)
Les créneaux de tir pour FM ne sont
pas dotés de trémies en acier, mais présentent de simples gradins en
béton. Ces créneaux sont renforcés en principe par une plaque frontale
extérieure et une plaque d’embrasure intérieure.
La plaque frontale, d’une épaisseur
d’un cm et demi environ, est percée d’un trou central hexagonal, alors
que la plaque d’embrasure, qui est épaisse de 3 cm, est percée d’un
trou carré. Les deux plaques sont assemblées au moyen de quatre
tiges filetées. Un petit volet coulissant permet l’obturation partielle
ou totale de l’ouverture.
(Photo : darkplaces.org)
Un support de type SB permet la
mise en place du FM. Sous le créneau se trouve un tube incliné à 45°
qui traverse le mur de part en part et dans lequel vient se loger le
tuyau raccordé au collecteur de douilles du FM. Les douilles tombent
dans un réceptacle bétonné de forme rectangulaire implanté
extérieurement sous le créneau.
(Photo : wikimaginot)
Les portes d’entrée des blockhaus,
contrairement à celles des casemates et des ouvrages CORF, ne sont pas
blindées, ni étanches. Elles sont en tôle épaisse et même parfois
manquantes. Des rainures existent pourtant quelquefois dans les
piédroits pour pouvoir barricader l’entrée avec des plaques de
béton.
Enfin, les blockhaus ne disposent pas de cloches de guet ou de tir, ni de fossé diamant. (8)
Fossé diamant
(Ouvrage du Kobenbusch).
________________
(8). Le fossé diamant est un petit
fossé ressemblant à un diamant taillé (avec des formes anguleuses) et
qui se trouve en avant d’une casemate. Large d’un mètre et profond de 3
mètres, il est placé en avant d’un créneau et a pour but d’empêcher
toute approche et d’éviter que des débris de maçonnerie ne viennent
obstruer rapidement les embrasures.
L’armement des blockhaus
L’arme antichar
Les blockhaus STG modèle 1936 pour
arme antichar ont été dotés de matériels anciens dont la Marine n’avait
plus l’usage. Ce sont des canons "Hotchkiss", sans recul, montés sur
affût crinoline, d’un calibre de 47 mm (modèle 1885).
(Photo : www.fortiffsere.fr)
Les restes de l’affût.
Blockhaus "Weidesheimer Berg" sur le ban d’Achen.
La trémie a été démontée.
Affût démonté
La Marine avait utilisé ces canons
comme armes de pont, mais l’évolution des blindages avait rendu ces
armes inefficaces. Elles furent donc cédées en 1933 au Ministère de la
Guerre et installées provisoirement après 1935 dans certains blockhaus
comme arme antichar, dans l’attente de la mise en service du canon
antichar de campagne sur roues de 47 mm, modèle 1937, qui
ne sera d’ailleurs jamais livré.
Caractéristiques :
- Calibre : 47 mm
- Longueur du tube: 1,88 m
- Portée maximale : 8 400 m
- Poids total en batterie : 770 kg
- Portée efficace en antichar sous incidence de 30° : 30mm percé à 1 000 m, 40 mm percé à 500 m
- Cadence de tir maximale : 15 coups/mn
L’embrasure de tir du blockhaus
n’était protégée que par un simple volet blindé roulant, aucune
trémie spécifique n’avait été prévue pour ce matériel dont on pensait
l’utilisation provisoire.
Ces canons seront sabotés sur place
lors du retrait des troupes d’intervalle en juin 1940. Ils n’auront eu
d’ailleurs aucun projectile à tirer, puisqu’aucun blindé ne s’était
présenté face à eux.
L’arme antipersonnel
La mitrailleuse
Les blockhaus STG et MOM sont
équipés de la mitrailleuse Hotchkiss modèle 1914, calibre 8 mm, en
dotation dans l’infanterie française en 1940, alors que les
fortifications CORF utilisent plutôt la mitrailleuse Reibel MAC 31. La
mitrailleuse Hotchkiss s’utilise sur un trépied qui se place sur une
tablette de tir en béton. Différents types de tablettes ont été
observés, il n’y a pas de plan spécifique.
(Photo : www.mitrailleuse.fr)
Caractéristiques :
Longueur totale de l'arme : 1,32 m
Poids de l’arme seule : 25,3 kg - Montée sur affût : 47,5 kg
Canon : Longueur : 79,5 cm
Cadence de tir maximum : 450 à 600 coups/min
Cadence de tir pratique : 150/400 coups/min
Portée utile : 3500 m Portée maximale : 5 500 m
Les chargeurs comprennent des
bandes rigides de 24 cartouches livrées dans des boîtes de 12 bandes
(soit 288 cartouches) ou des bandes articulées de 251 cartouches
livrées dans des boîtes d’une bande.
Les servants de la mitrailleuse sont le tireur, le chargeur et le pourvoyeur.
Le fusil-mitrailleur
Il s’agit du fusil-mitrailleur MAC
(Manufacture d’Armes de Châtellerault) modèle 24-29, en dotation dans
l’infanterie française en 1940.
Caractéristiques :
- Longueur totale: 1,070 m.
- Longueur du canon: 0,500 m
- Poids sans chargeur: 8,930 kg
- Munition : Cartouche de 7,5 mm type 1929 C
- Portée pratique: 600 m
- Portée maximale utile : 1200 m
- Portée maximale 3100 m avec la cartouche à balle ordinaire
- Alimentation: chargeur de 25 cartouches.
(Photo : armesfrancaises.free.fr)
La goulotte lance-grenades
Les blockhaus disposent rarement d’un tel équipement destiné à défendre le fossé diamant ou les abords immédiats.
Dans les blockhaus MOM, il s’agit d’un simple tube à 45°,
traversant le mur et muni d’un couvercle verrouillable.
(Photo : wikimaginot)
Goulotte lance-grenades dans les constructions CORF.
(Photo : martialb41.wordpress.com)
Organisation défensive de Weidesheim
(19 blockhaus, dont 2 pour arme antichar).
(Carte wikimaginot)
Organisation défensive au niveau du village (9 blockhaus et abris
dont 3 pour arme antichar et 2 observatoires).
(Carte wikimaginot)
Les blockhaus situés sur le ban de Kalhausen
Sur le ban de Kalhausen, on ne
trouve pas de petit ouvrage, comme le Haut Poirier, ni de casemate,
comme à Achen, pour la bonne raison que le village ne se trouve
pas sur la Ligne Principale de Défense, mais en retrait.
Comme l’aile est de la zone
inondable de la Sarre touche la partie ouest du Sous-Secteur de
Kalhausen, nous trouverons entre Herbitzheim et Wittring, et plus
précisément à Weidesheim, des blockhaus STG de défense de la zone
inondée.
En retrait, et formant la
profondeur de la position, on trouve aussi bien à Weidesheim qu’à
Kalhausen des blockhaus STG défendant principalement l’axe de
pénétration que représente la vallée du ruisseau d’Achen. Ces blockhaus
se situent pour la presque totalité sur la rive droite du ruisseau.
Seuls deux observatoires d’infanterie se trouvent au-delà du village,
sur les hauteurs entre Kalhausen et Schmittviller.
Enfin, dans le village proprement-dit, on dénombre une entrée de cave fortifiée et deux petits abris bétonnés.
Le sous-secteur de Kalhausen compte 13 blockhaus pour canon antichar et 46 pour mitrailleuses et FM.
Sur le ban communal, on compte à
Weidesheim 18 blockhaus, dont 1 pour canon antichar et au village, 9
blockhaus, dont 3 pour canon antichar.
Les blockhaus STG de défense de la zone inondée (Weidesheim)
Ils ont le plus souvent une
face aveugle tournée vers le nord (vers le plan d’eau) et les
créneaux orientés nord-est (vers l’aval) et sud-ouest (vers
l’amont) permettent des tirs croisés, de telle sorte que les
blockhaus se protègent mutuellement et empêchent tout
franchissement du plan d’eau. La porte se trouve généralement au sud.
Blockhaus dénommé "Eichelfeld"
Blockhaus en forme de pentagone pour 2 FM. Passage de dalle pour périscope.
Support de ventilateur. Volet de fermeture extérieur pour périscope.
2 créneaux opposés, l’un vers le nord-est (vers la gare et le plan d’eau) et l’autre vers le sud-ouest (vers Herbitzheim).
Les armes prenaient en enfilade la voie ferrée pour éviter toute intrusion ennemie par cet accès.
La porte d’entrée, au sud-est.
Face arrière.
Passage de dalle pour périscope, support de ventilateur et trémie.
Créneau nord-est avec sa trémie moulée à gradins.
Couvercle du passage de dalle et fers dépassant du béton.
Blockhaus dénommé "Gare de Kalhausen 1"
Blockhaus simple pour armes
d’infanterie construit sur un point haut du terrain, au lieu-dit
"Sandkul" (Bennchen), à gauche de la Départementale 33 en direction de
Herbitzheim.
Armement : 1 mitrailleuse et 1 FM.
Créneau mitrailleuse au nord-ouest,
vers le plan d’eau et créneau FM, dans le prolongement de la porte,
vers le nord-est (vers la gare).
Curieusement, la face sud-ouest ne
présente pas de créneau de tir en direction de Herbitzheim, mais la
porte d’entrée qui aurait pu se situer sur la face arrière. Le rocaillage a disparu.
Créneau mitrailleuse avec visière.

Créneau FM
Face intérieure de la trémie et tablette-support de mitrailleuse.

Vue vers le nord-est

Vue vers le sud-ouest, vers Herbitzheim.
L’intérieur présente quelques
graffitis provenant de soldats du 26° RI de Nancy qui avaient effectué
des manœuvres dans le secteur en 1938, et de l’équipage du blockhaus en
1939.
26 RI en grosses majuscules.
Inscriptions au crayon, peu lisibles :
tireur, chargeur, pourvoyeur…
Une date : 17.12.39
Blockhaus dénommé "Gare de Kalhausen 2"
Blockhaus pour 3 fusils
mitrailleurs. Situé à proximité de la gare, près de l’ancien
restaurant. 2 chambres de tir. Absence de rocaillage.
Passage de dalle pour périscope.
Créneaux de tir vers le nord-est
(vers la gare), vers le sud-ouest (vers Herbitzheim) et à l’arrière, à
côté de la porte d’entrée. Absence de cadre de porte.
Faces sud et est.
Face nord, vers la zone inondée.
Créneau est.
(Les fers sont apparents, le travail semble peu soigné.)
Créneau sud, à côté de la porte d’entrée.
Créneau ouest.
Porte d’entrée (vue intérieure)
Communication entre les 2 chambres de tir.
Passage de dalle pour le périscope.
Trémie et orifice de passage de mur pour l’évacuation des douilles.
Aspect intérieur d’un mur.
Blockhaus dénommé "Weidesheim 1"
Blockhaus situé dans un champ, sur un point haut du terrain.
Deux chambres de tir, pour deux mitrailleuses.
Créneaux au nord-ouest et nord-est, vers le plan d’eau.
Un mirador de chasse a pris place sur la dalle, les créneaux et l’accès sont encombrés de pierres.
Créneau nord-est.
Créneau nord-ouest.
Mur de protection de l’entrée.
Vues intérieures.
Vue vers le nord-est.
Vue vers le nord-ouest.
Blockhaus dénommé "Weidesheim 2 "
Blockhaus situé à l’entrée de
Weidesheim et dominant le plan d’eau. La porte d’entrée n’est pas
accessible et les alentours ainsi que la dalle du blockhaus servent de
dépôt de matériaux. La porte n’est pas visible.
Deux créneaux de tir, l’un vers l’ancien passage à niveau (nord-est), l’autre vers la gare (nord-ouest).
Créneau nord-ouest presque entièrement comblé de terre.
Créneau nord-est.
Trémie moulée et son volet de fermeture.
Blockhaus dénommé "Passage à niveau "
Blockhaus situé en face de
l’ancienne maison de garde-barrière du passage à niveau (désormais
supprimé) de la portion désaffectée de la Départementale 33 en
direction de Wittring.
Deux créneaux de tir (nord-est et nord-ouest). La porte d’entrée, côté sud, est comblée de terre.
Créneau nord-est.
Créneau nord-ouest.
Les blockhaus de profondeur de la position
Blockhaus construits sur le versant droit de la vallée du ruisseau d’Achen
Blockhaus dénommé "Weidesheim 3"
Blockhaus simple pour une mitrailleuse et un fusil-mitrailleur, situé à l’arrière de la ferme Nussbaumer, dans un parc.
Deux créneaux, FM vers le nord-ouest (vers Weidesheim) et mitrailleuse vers le nord (vers la zone inondée).
Créneau mitrailleuse, avec la fosse de réception des douilles.
Façade nord-est.
Actuellement, le blockhaus sert de dépôt de matériaux divers (pierres, branches d’arbres, ferraille).
Face nord-ouest, avec la porte d’entrée et le créneau FM.
Tablette support de mitrailleuse.
Vue intérieure du créneau FM.
Vue vers Weidesheim (nord-ouest).
Vue vers la zone inondée (nord).
Les bâtiments n’existaient pas à l’époque.
Blockhaus dénommé "Weidesheim 4"
Blockhaus situé dans l’enceinte du cimetière de Weidesheim.
Blockhaus complètement envahi par du lierre et construit au moyen de moellons et de béton (une exception).
Un seul créneau de tir, orienté au nord, vraisemblablement pour un FM, et prenant en enfilade la route d’accès.
Détail de la maçonnerie.
Blockhaus dénommé "Weidesheim 5"
Blockhaus situé au bout de
l’esplanade du château, dans le prolongement du mur de
l’esplanade. L’accès situé à l’arrière est comblé.
Un seul créneau de tir vers l'ouest (vers la vallée).
Blockhaus dénommé "Weidesheim 6"
Blockhaus situé dans le prolongement du précédent, entièrement détruit par les Américains en 1945.
Selon Etienne Zins, habitant Weidesheim à l’époque, les GIs l’ont bourré d’explosifs et l’ont fait sauter par dépit.
Les vestiges du blockhaus : blocs de béton et fers tordus…
Lien vers le dossier d’Etienne Zins.
"Souvenirs de guerre à Weidesheim"
Blockhaus dénommé "Grosswald 1"
Blockhaus simple à un seul créneau, pour FM, situé à une vingtaine de mètres de la lisière de la forêt, vers le bas.
Le créneau est orienté au nord-ouest, vers Weidesheim. Des tranchées
partent vers le haut de la pente (vers le blockhaus Grosswald 2) et
vers le bas, vers Wittring.
Le créneau est abimé et la trémie a subi
un coup direct. Peut-être les Américains.
Au sud, la porte d’entrée.
Absence de tout dispositif de fermeture.
Blockhaus dénommé "Grosswald 2"
Blockhaus situé à la lisière ouest du Grand Bois, vers le haut du versant descendant vers la vallée de la Sarre. Blockhaus pour canon anti-char et FM.
Deux créneaux de tir, le créneau
canon vers le nord-ouest (vers Weidesheim) et l’autre vers le nord
(vers le passage à niveau).
Des vestiges de tranchées sont visibles autour du blockhaus et à la lisière de la forêt.
Créneau canon (obturé par des planches).
Intérieur du créneau canon.
Créneau FM.
Trémie du créneau FM.
Porte arrière prévue pour le canon anti-char.
Tranchée suivant la lisière de la forêt.
Vue vers Weidesheim (nord-ouest)
Vue vers la zone inondée (nord).
Blockhaus dénommé "Grosswald 3"
Blockhaus simple pour armes
d’infanterie, situé actuellement dans une petite forêt. Les champs de
tir et les abords étaient entièrement dégagés à l’origine.
Deux créneaux de tir (nord-est et
nord-ouest), peut-être pour une mitrailleuse et un FM. Mais la
tablette-support de mitrailleuse est absente.
Créneau nord-ouest.
Seule la face nord est rocaillée en partie.
La fermeture de la porte d’entrée semble rudimentaire.
Absence de rainures dans les piédroits pour pouvoir
empiler des plaques de béton et absence de cadre de porte.
Créneau nord-est (pour mitrailleuse ?).
Trémie et passage de mur pour l’évacuation des douilles.
Niche intérieure du créneau FM. Absence de volet de fermeture.
A proximité se trouve un bassin rectangulaire en béton, dont l’usage n’a pas été déterminé.
Blockhaus dénommé "Grosswald 4"
Blockhaus simple pour mitrailleuse et FM.
Deux créneaux de tir (nord-est et nord-ouest).
Créneau mitrailleuse nord-ouest.
Créneau FM nord-est.
Tablette-support de mitrailleuse.
A gauche, passage de mur pour l’évacuation des douilles.
Niche pour la lampe d’éclairage.
A proximité, piquet du réseau de barbelés.
Blockhaus dénommé "Grosswald 5"
Blockhaus situé à droite de la portion de nouvelle route, avant l’annexe du Grand Bois.
Un seul créneau nord-ouest pour mitrailleuse, prenant en enfilade la voie ferrée.
Créneau nord-ouest, vers la gare.
Face arrière, sud-est, vers Wittring.
Blockhaus dénommé "Grosswald 6"
Blockhaus simple pour une
mitrailleuse ou un FM, le seul créneau est dirigé vers le nord-est,
vers la route qui arrive du barrage de Wittring.
Cet ouvrage agit en complément de l’ouvrage "Grosswald 7" pour défendre l’axe de pénétration que constitue la route départementale.
Il n’y a pas de tablette support pour mitrailleuse, mais un
évidement sous le créneau, en forme de trapèze, peut-être pour
réceptionner les deux pieds avant du support de l’arme.
Ouvrage bien intégré au paysage, adossé à un versant du terrain. Seule, la façade du créneau est visible.
Porte d’entrée au sud.
Les glissières des volets coulissants et l’évidement sous le créneau.
La porte blindée est fermée par deux verrous.
L’évidement permet le tir au FM.
Au sud, à proximité immédiate, se trouve un petit local enterré,
construit en briques et doté d’une porte. Il servait de local annexe au
blockhaus.
Blockhaus dénommé "Grosswald 7"
Blockhaus simple pour canon anti-char et FM, construit à la lisière nord-est du Grand Bois, en direction de Wittring.
Le créneau canon prend en enfilade le chemin d’accès à la première casemate CORF de la LPD, celle de Wittring.
Toutes les ouvertures ont été grillagées.
Créneau canon antichar (nord-est).
Créneau FM (sud).
Portes d’entrée (canon et hommes)
Blockhaus dénommé "Grosswald 8 "
Impossible à localiser pour le moment. A mon avis, il ne peut être à
l’endroit que mentionne le site wikimaginot, il serait trop près du
blockhaus précédent.
Blockhaus de profondeur de la position, bâtis sur la rive gauche du ruisseau d’Achen.
Les créneaux de ces blockhaus
permettaient également le tir croisé et se protégeaient mutuellement.
Ils interdisaient l’entrée de la vallée et l’accès au village de
Kalhausen.
dénommé "Gare de Kalhausen 3"
Blockhaus simple pour 2 mitrailleuses, érigé près du ruisseau d’Achen, dans un parc à bestiaux.
Premier blockhaus défendant l’entrée de la vallée du ruisseau d’Achen.
Les mitrailleuses prennent en enfilade la vallée, l’une vers l’aval et l’autre vers l’amont.
Au pied des créneaux se trouvent de petites fosses rectangulaires bétonnées, destinées à recevoir les douilles, lors des tirs.
Face sud avec porte d’entrée.
Face nord-est (côté ruisseau) et son rocaillage.
Créneau nord-ouest et sa trémie.
Créneau nord-est avec la petite fosse.
Porte d’entrée côté sud.
Créneau nord-ouest (amont) avec la tablette-support de mitrailleuse.
Blockhaus dénommé "Muhlenfeld"
Blockhaus simple, qui a été
entièrement recouvert de terre lors du déversement de remblai dans le
parc longeant la route départementale.
Il comporte 2 créneaux de tir (nord-est et sud-ouest). L’entrée se trouve au sud-est.
L’absence de tablette-support à l’intérieur indique que l’armement était composé de FM (communications de Henri Fabing).
Blockhaus dénommé "Welschmuehle 2"
Blockhaus simple pour mitrailleuse
et FM, construit à côté de l’ancien moulin appelé "Welschmühle", au bord
du ruisseau d’Achen, en contrebas de la route.
Créneau mitrailleuse au nord-est
(vers Achen) et créneau FM à l’opposé, vers la gare (nord-ouest).
Façade aveugle vers le ruisseau (nord). Porte probablement au sud.
Des fers dépassent de la dalle, il n’y a pas eu de rocaillage ni de couverture de terre.
L’intérieur n’est pas accessible, la porte étant obstruée.
Face nord-est avec créneau mitrailleuse et le ruisseau à droite.
Créneau FM.
Face arrière, la porte est obstruée.
Blockhaus dénommé "Welschmuehle 1"
Blockhaus simple pour canon anti-char, construit en hauteur, au-delà de la route départementale. Destiné à interdire la route venant de la gare.
Un seul créneau de tir asymétrique,
sans trémie, orienté nord-ouest. La porte du canon antichar est à
l’opposé (sud-est), la porte du personnel est à l’arrière (sud).
L’extérieur du blockhaus est de plus en plus envahi par la végétation et de nombreux objets, l’intérieur est tagué.
Créneau canon, vers la gare.
La porte prévue pour le canon a été murée.
La même porte il y a quelques années et l’entrée hommes.
(Photo wikimaginot).
L’entrée hommes actuellement...
...et il y a quelques années.
(Photo wikimaginot).
Créneau asymétrique.
(Photo wikimaginot).
Blockhaus dénommé "Schweizerfeld 2"
Blockhaus simple flanquant à droite pour canon anti-char et FM.
Construit au bout de la rue des
jardins, dans la descente appelée "Rùtsch" et destiné à prendre en
enfilade la route venant d’Achen en contrebas.
Deux créneaux au nord-est, l’un pour canon antichar et l’autre pour FM. Les deux portes sont au sud
Le blockhaus a servi pendant de
nombreuses années de cave garde-manger et de cave à vin. Les ouvertures
de tir ont été murées, les portes fermées, un escalier d’accès aménagé
et même l’électricité installée. Plus tard, il a été entièrement
recouvert de terre, puis de nouveau à moitié découvert. Les créneaux ne
sont pas visibles de l’extérieur et l’ouvrage a été "habillé" de
végétation, surtout du côté de la route. Bel exemple d’utilisation et de mise en valeur.
Vue de la route.
La porte canon fermée par du plexiglas et la porte hommes.
Créneau canon avec son casier à bouteilles.
Créneau FM muré.
Blockhaus dénommé "Klagenbronn"
Blockhaus simple pour canon
anti-char, construit vers le haut de la petite vallée du
Klagenbronn, perpendiculaire à la vallée du ruisseau d’Achen.
Blockhaus
bien ancré dans le paysage, enterré à flanc de versant, du côté ouest.
Créneau au nord, destiné à interdire le passage par la vallée du ruisseau d’Achen.
L’intérieur du blockhaus a été tagué il y a quelques années et se trouve encombré de détritus.
Le canon de marine, dépourvu de sa
culasse, se trouvait encore dans le blockhaus vers 1947-1948. L’abri
servait alors pour les jeux des enfants de Kalhausen qui gardaient les
vaches en automne dans le secteur. (renseignement André Neu)
Vue générale.
Le blockhaus est envahi par la végétation.
Unique créneau de tir en façade nord. La trémie a été démontée.
Porte d’entrée.
Une porte en contreplaqué a été fixée par les anciens « squatters ».
Créneau canon.
Ouverture arrière bloquée par des éboulis.
Rainure apparente pour fermer l’ouverture au moyen de plaques de béton.
Couloir de la porte latérale côté nord-est.
Rainure apparente pour bloquer l’ouverture
Support mural de ventilateur et gaine d’extraction.
Entrée d’air en façade.
Passage de dalle pour évacuer la fumée des tirs.
Plaque de fixation du support du canon de marine et plaque d’emplacement du tireur.
Les observatoires bétonnés
L'observatoire ne comporte qu'un
seul local équipé d'un créneau d'observation directe adapté à la
jumelle binoculaire standard. L'équipement intègre une table pour
reporter les observations et un poste téléphonique. L’observatoire est
en principe établi sur un point culminant du relief.
Observatoire dénommé "Krischetterberg"
Observatoire d’infanterie à un seul
créneau à vision directe, orienté au nord. Erigé sur la côte 313, dans un parc à
bestiaux, au lieu-dit "in der Wies".
L’entrée se faisait à l’arrière, par un boyau aujourd’hui disparu.
Les deux murs latéraux se
poursuivent à l’arrière sur une soixantaine de cm et forment avec une
petite dalle un espace en terrasse, susceptible de former une
plate-forme de tir pour armes individuelles.
Le couloir d’entrée de
l’observatoire est en chicane, pour permettre une meilleure défense.
Des rainures dans les piédroits de l’entrée permettaient de bloquer
l’accès par des plaques de béton.
Vue d’ensemble.
Vue latérale, côté ouest.
Vue frontale, créneau d’observation à gradins.
Terrasse arrière avec prolongement des murs latéraux.
L’entrée est bouchée.
Bouche d’aération arrière.
Les trous de fixation de la table sont visibles.
Pendant la mauvaise saison, l’intérieur est rempli d’eau.
La dalle a été "habillée" par des lambris.
Vue sur le Grand Bois et à droite sur l’emplacement du Haut Poirier.
Observatoire dénommé "Côte 321"
Observatoire d’infanterie à un seul créneau à vision directe, rattaché au PC du 133° RIF.
Abri bétonné plus petit que le
précédent, construit avec beaucoup moins de soin et avec des moyens
moins "orthodoxes". L’entrée n’est plus visible actuellement.
Côté nord-est.
Le poutrage de la dalle de ciel est formé de rails
de chemin de fer qui dépassent du béton.
Créneau d’observation sans redents.
Le linteau est aussi un rail de chemin de fer.
Les observatoires de campagne
Les observatoires du Grand Bois
Les emplacements de ces
observatoires n’ont pas pu être déterminés. Il y a des vestiges de
tranchées et de réseaux de barbelés, à quelques mètres en arrière de la
lisière de la forêt.
Observatoire dénommé "Grand Bois est"
Observatoire d’artillerie situé dans le Grand Bois, sur la côte 314.
Observatoire dénommé "Grand Bois nord"
Observatoire d’artillerie situé en
haut du pré appelé "Hundert Acker", à la lisière du Grand Bois. Il
était placé au sommet d’un pylône et raccordé à la chambre de
coupure X 54.
Vestiges de tranchées et de barbelés.
Vue sur Wittring.
Observatoire dénommé "Grand Bois sud-ouest"
Observatoire d’artillerie érigé à
la lisière du Grand Bois, en direction de Kalhausen et rattaché par la
chambre de coupure X 54 à la LPD.
Des traces de tranchées sont visibles.
Les observatoires de la forêt du moulin (Muhlenwald)
Les lisières sud et ouest de cette
petite forêt, en forme d’arc de cercle, dominent la vallée de
l’Eichel et celle de la Sarre, où est installée la zone inondée par le
barrage de Wittring. Quatre observatoires d’infanterie, reliés entre
eux par un boyau, sont installés à l’orée de la forêt.
Il s’agit de cuves bétonnées d’un
diamètre de 120 cm d’où partent deux boyaux en forme de V, longs
environ d’une vingtaine de mètres et aboutissant probablement chacun à
une alvéole creusée dans le sol et formée de tôles métro. Une cloche de
guet ou une guérite blindée devait couronner les cuves. Des
emplacements de mitrailleuses sont visibles dans les alentours et les
observatoires étaient reliés entre eux par un boyau.
Observatoire.
Ligne Maginot Aquatique. (Barst)
L’emplacement des observatoires. En hachures rouges, les réseaux barbelés.
(Carte : wikimaginot)
Emplacement de mitrailleuse et boyau de jonction entre les observatoires
Observatoire n°1
L’observatoire se situe au niveau de l’ancien restaurant de la gare. La cuve n’est plus visible.
Deux boyaux.
Vue sur le quartier de la gare.
Observatoire n°2
L’observatoire se situe à droite du chemin d’accès à la forêt, au niveau des bâtiments MTI. La cuve est visible en partie.
La cuve et deux boyaux d’accès.
Vue sur les coteaux de la rive gauche de la Sarre.
Observatoire n°3
L’observatoire se situe à l’angle formé par la lisière.
La cuve est bien dégagée et la partie supérieure de l’entrée de la cuve est bien visible.
L’entrée de la cuve.
Les deux boyaux convergent vers la cuve.
Vue sur Oermingen.
Vue sur la forêt domaniale de Herbitzheim (le Schlosswald).
Observatoire n°4
Il se situe à gauche du chemin d’accès à la forêt, à partir de Kalhausen, au niveau de l’étang Behr. La cuve est visible.
La cuve.
Les deux boyaux d’accès.
Vue sur la vallée de l’Eichel et le village d’Oermingen.
Les abris bétonnés au niveau du village
Abri dénommé "Krischetterberg 1"
Petit abri pour deux FM, détruit
lors de la construction du lotissement "Beau Pré". Situé en dehors du
village, il devait prendre en enfilade la rue vers Schmittviller.
(Photo wikimaginot).
Abri dénommé "In der Wies"
Petit abri pour FM, situé en contrebas de l’observatoire appelé "Krischetterberg" et destiné à protéger ce dernier.
Il comporte trois créneaux
rudimentaires : un en direction du nord et deux en direction de l'est.
Il a aussi été construit à la hâte, avec les moyens du bord.
Le créneau central de la façade (nord).
Les deux créneaux du côté est.
Le mur latéral ouest.
Détail du mur latéral ouest.
On doute de la solidité de la construction.
Vue de la chambre de tir qui semble assez basse.
Créneaux et banquette de tir, probablement pour des FM.
Abri dénommé "Schweizerfeld 1"
Il s’agit d’un petit abri de tir de
forme hexagonale irrégulière, muni de 4 créneaux de tir pour FM. La
porte d’entrée située sur la face arrière n’est plus dégagée. Il est situé dans l’angle formé par
la rue de la gare et la rue des jardins, à l’arrière des maisons et
permettait de défendre l’entrée du village,
en venant de la gare.
Côté arrière.
L’entrée se devine au niveau du poteau métallique central.
Abri dénommé "Village"
Il ne s’agit pas d’un abri bétonné,
comme on les imagine couramment, mais simplement d’un mur en béton armé
protégeant l’entrée de la cave de l’ancienne maison Henri Bour. Un
créneau de tir permettait de prendre en enfilade la rue de la gare.
Le mur et la maison Bour ont été démolis en 1977, lors de l’élargissement de la route.
Une vue de ce mur avec le créneau de tir.
Vue générale.
Les chambres de coupure
Chambre de coupure dénommée "X 53"
Située au lieu-dit "Schweizerfeld", à la sortie du village au bout de l’actuelle rue des roses, elle
englobe au sol une surface de 2a 78.
Les lignes téléphoniques venaient
de l’arrière (Dehlingen, Oermingen) et se dirigeaient vers l’avant
(casemates de Wittring et du Grand Bois). Un raccordement était prévu
pour le PC du 133° RIF installé au presbytère de Kalhausen.
(Carte wikimaginot)
La chambre de coupure a été cédée
par les Domaines à un particulier en 1976. Elle se trouve sous le
monticule précédant sa maison d’habitation. Après la guerre, elle a
servi de dépotoir pour certains habitants, de sorte que le puits
d’accès était entièrement encombré de déchets.
Actuellement, tous les barreaux de
l’échelle d’origine sont tombés à cause de la rouille et l’intérieur de
la chambre de coupure est envahi par de l’eau.
(Photo wikimaginot)
L’entrée comme elle devait être à l’origine : trappe d’accès et échelle.
(Photo wikimaginot)
La chambre de coupure se trouve sous le talus aménagé.
Entrée de la chambre de coupure.
Couloir avec les entrées des deux locaux intérieurs.
Les portes métalliques ont disparu.
Local des téléphonistes avec les emplacements du répartiteur et du boîtier de connexion.
Chambre des téléphonistes.
Chambre de coupure dénommée "X 52"
Elle se situe sur la D 83c qui relie Kalhausen à Oermingen, au lieu-dit "Engenberg". Son emprise au sol est de 2a 21. Elle permettait le raccordement des
lignes vers le camp d’Oermingen, vers Keskastel et la trouée de la
Sarre, ainsi que vers Dehlingen et la LPD en passant par la chambre X
53.
(Carte wikimaginot)
L’entrée est obstruée par des déchets. L’échelle est bien visible.
Au sortir de la guerre, les deux
chambres de coupures ont été "dévalisées" par les enfants du village,
qui au moyen de haches, ont coupé et extrait les câbles téléphoniques
et récupéré le plomb, dans le but de le faire fondre pour fabriquer des
figurines. (renseignement André Neu)
Les casernements
Casernement léger de la gare
Son emprise au sol est de 6a 81. Egalement cédé en 1976 à un particulier qui y a planté des arbres.
Il n’était constitué que d’un seul
bâtiment édifié au moyen de plaques de béton et renfermant une cuisine
qui préparait les repas pour les troupes stationnées dans le voisinage
(communication faite par André Neu).
Tout l’emplacement est boisé.
Les vestiges du mur d’enceinte parallèle à la route.
L’entrée.
Les restes de la fosse septique.
Le stand de tir
Le stand de tir attaché au
casernement de sûreté d’Oermingen se trouve à la limite sud du
ban de Kalhausen, au lieu-dit "Lohbusch". Il est actuellement situé
dans un parc à bestiaux.
(Photo Wikimaginot)
Vue générale.
Le mur paraballe et à l’arrière la butte réceptrice des tirs avec son mur.
La protection de mur a été démontée : il s’agissait d’un "sandwich" reposant
sur les fers visibles et formé d’un entassement de madriers entourant une épaisseur de 30 cm de cailloux.
Le pas de tir fermé pour les armes de forteresse.
On distingue deux créneaux pour un jumelage de mitrailleuses,
une mitrailleuse lourde ou un canon antichar et entre les deux un créneau pour un FM de cloche.
Les trémies ont été démontées.
A noter les petites ouvertures basses pour l’évacuation des douilles
et la poutrelle IPN de 300 mm soutenant à l’origine les birails portant les canons antichar.
Complètement à droite l’emplacement d’une goulotte lance-grenade.
Le pas de tir ouvert pour les armes de campagne
(FM, mitrailleuse et canon antichar)
Un abri en tôles métro se trouve à
proximité du stand de tir, il est constitué de 3 alvéoles disposant
chacune d’une entrée. Il n’y a que la dalle de ciel qui est visible au
ras du sol.
Les Postes de Commandement
Muehlenwald
Pratiquement au centre de cette
petite forêt se trouvait le PC de sous-quartier de la 1° Compagnie de
Mitrailleurs aux ordres du capitaine Jennepin.
Il était constitué de plusieurs abris en tôle métro, reliés entre eux par des boyaux.
Piquet du réseau de barbelés.
Les autres PC de quartier (PC de
bataillon) sont implantés dans le Grand Bois (2° bataillon) et à Achen
(3° bataillon). Le PC du 1er bataillon était peut-être situé à la ferme
du Schlosswald, sur le ban de Herbitzheim.
Village de Kalhausen
Le lieutenant-colonel Bertrand,
commandant du 133° RIF, a installé son PC au presbytère de Kalhausen.
C’est une grande bâtisse à allure de maison de maître, certainement la
plus confortable du village pour l’époque.
Les opérations de 1939-1940
Les ouvrages et casemates de la
ligne Maginot sont occupés en priorité, fin août 39, par des éléments
des troupes de forteresse (les RIF), pour permettre une mobilisation
sans problèmes des autres régiments de l’armée.
La mobilisation générale de
septembre 39 permet l’installation complète des RIF sur la LPD et
l’occupation des intervalles par les RIF et les autres régiments de
campagne. Il ne se passe pas grand-chose, pendant la période de la "Drôle de guerre", si ce n’est quelques escarmouches sur la frontière
et quelques échanges de coups d’artillerie. L’offensive de la Sarre (12
septembre-24 octobre 39) sera une opération inutile.
Pendant cette guerre d’attente de 9
mois, les armées françaises et allemandes vont en profiter pour
parfaire leur entraînement. Du côté français, les troupes vont bâtir de
milliers de petits blockhaus STG et des abris, poser des réseaux de fil
de fer barbelé et des rails antichar dans les zones mal couvertes,
comme la trouée de la Sarre. La profondeur de la position sera
renforcée et l’installation de la troupe réalisée sur le terrain.
Lorsque l’attaque allemande sera
déclenchée le 10 mai 40, la surprise ne sera pas au rendez-vous. La
ligne Maginot a parfaitement rempli son rôle, elle a permis la
mobilisation générale dans le calme et la sécurité et elle a empêché
une attaque allemande frontale, obligeant les Allemands à passer par la
Belgique et permettant ainsi aux armées alliées de se porter au secours
de la Belgique.
Mais les blindés allemands
franchissent la Meuse entre le 13 et le 15 mai, sur une ligne
Sedan-Dinant tenue par des troupes peu aguerries et mal équipées,
protégées par des fortifications légères. Le front d’Alsace et de
Lorraine est relativement calme, les Allemands lancent en priorité leur
offensive en direction de la Mer du Nord pour couper toute retraite aux
armées alliées engagées en Belgique.
Devant la situation catastrophique
dans le nord, les unités d’infanterie servant de couverture à la
Ligne Maginot sont peu à peu déplacées vers l’ouest, laissant l’arrière
de la fortification dégarnie. Le 2 ou 3 juin est donné l’ordre,
dans le Secteur Défensif de la Sarre, de fermer les barrages et
d’ouvrir les vannes des étangs-réservoirs, créant ainsi les inondations
prévues.
Le 13 juin est donné l’ordre de repli des troupes de l’Est, incluant les unités de forteresse. Le Secteur Défensif de la Sarre est
dissout et le groupement de marche Dagnan est créé dans le but du repli
prévu de la position fortifiée.
Le 14 juin, une attaque allemande
d’envergure se déroule contre la Ligne Maginot, entre Biding et
Sarralbe, dans le Secteur Défensif de la Sarre, jugé plus
vulnérable. Mais les défenseurs de la fortification résistent
héroïquement toute la journée et la position n’est pas franchie par les
Allemands. Le secteur du 133° RIF est bombardé, mais non attaqué.
L’attaque allemande continue le 15,
tout comme le repli des troupes. Quelques éléments retardateurs restent
en place. La percée allemande est rapide.
L’après-midi du 14 juin, est reçu
au Haut Poirier un ordre prescrivant de garder la position pour
protéger le repli des unités d’intervalle et de tenir coûte que coûte
jusqu’à la limite des moyens. Mais un contrordre émanant du
lieutenant-colonel Bertrand, chef de corps du 133° RIF, arrive dans la
soirée : il faut saborder l’ouvrage et les casemates pour le 17 à 22 h
et se replier sur l’axe Sarre-Union- Fénétrange. L’ordre de repli sera annulé plus tard.
Les troupes du Secteur
Défensif de la Sarre et les unités d’intervalle, ainsi que les
artilleurs décrochent dans la nuit du 14 au 15 juin et se
dirigent vers le sud, pour se replier derrière le canal de la Marne au
Rhin. Les équipages restent dans les ouvrages. Dans le Secteur Fortifié de la Sarre, il n’y a désormais plus de défense.
Les Allemands peuvent maintenant
s’engouffrer par cette brèche ouverte dans la ligne de défense et
l’attaquer sur l’arrière, justement là où sont les points faibles.
Dans le Sous-Secteur de Kalhausen,
il ne reste plus que les équipages des casemates et des ouvrages,
livrés à eux-mêmes et privés de soutien. Le Haut Poirier et ses 5
casemates sont devenus vulnérables : par mesure d’économie, aucun bloc
n’a été doté d’armes d’artillerie et les canons du Simserhof sont trop
loin pour un tir de couverture. L’ouvrage et les casemates sont bombardés le 16, sans dommages majeurs. Dès le 19 juin, les Allemands sont sur les hauteurs de Kalhausen et se préparent à attaquer le Haut Poirier et ses casemates.
L’attaque commence le 21 juin
avec des pièces lourdes de 150 antibéton, de 105 de rupture et des
pièces antichar de 88mm. Des obus fumigènes sont tirés pour permettre
aux groupes d’assaut d’investir les blockhaus abandonnés et les
tranchées, dans le but de s‘approcher au plus près de la ligne.
Le bloc 3 du Haut Poirier, dont la
façade arrière se détache nettement dans le ciel au bout de la place
d’armes, est la cible des canons allemands qui ne sont pas
contrebattus. Les tirs ininterrompus perforent le béton et, vers le
soir, un obus de 150 pénètre dans le bloc, faisant exploser le stock de
munitions et tuant 3 soldats.
(Photo internet)
Devant la situation désespérée, les
équipages du Haut Poirier et des 5 casemates décident de hisser le
drapeau blanc dans la nuit. 13 officiers et 314 hommes partiront en
captivité le lendemain matin… sans avoir sabordé les équipements et en
livrant vivres et munitions intactes.
Leur sacrifice aurait de toute
façon été inutile : à cette date, les Allemands avaient conquis la
moitié du territoire national, les Armées de l’Est étaient encerclées
dans les Vosges et le maréchal Pétain avait demandé un armistice.
Le groupement Dagnan se replie en
combattant, d’abord sur le canal de la Marne au Rhin (16-18 juin), puis
vers Saint-Dié (19-22 juin) où il dépose les armes. Les soldats
partiront en captivité pour le restant de la guerre. Les Alsaciens et
les Lorrains seront cependant rapidement libérés pour être intégrés au
Reich et servir pour certains dans la Wehrmacht.
Ainsi finit la résistance héroïque
du Secteur Défensif de la Sarre et du Sous-Secteur de Kalhausen. Les
soldats n’ont pas démérité, mais la lutte était inégale. Si la défaite
de la France fut amère, ce fut surtout la faute des politiques qui
construisirent "à l’économie" les ouvrages des Nouveaux Fronts
et ne
fortifièrent pas la frontière franco-belge, mais aussi celle des
stratèges qui menèrent une guerre d’un autre âge.
Le devenir de la Ligne Maginot
Les ouvrages de la Ligne Maginot ne sortirent pas intacts de la guerre. En plus des dégâts occasionnés par
l’attaque allemande de mai-juin 40, ils furent dépouillés de certains
de leurs équipements non seulement par les vainqueurs, mais aussi, plus
tard, par les ferrailleurs et les habitants des villages voisins.
L’armée entreprit de remettre en
état certains grands ouvrages, mais devant les performances des armes
modernes, la Ligne Maginot s’avéra inefficace.
Et de telles
fortifications ne sont plus d’actualité à l’époque de l’arme nucléaire.
Aussi décida-t-on d’abandonner
certains ouvrages et de les céder ou de les louer à des municipalités,
à des associations ou à des particuliers.
A l’ère du tourisme militaire, tout
près de nous, le Simserhof, le petit ouvrage de Rohrbach-lès-Bitche
(Fort Casso) et le Bambesch ouvrent leurs portes pour des visites.
Le Simserhof. Entrée munitions.
Fort Casso. Entrée de l’ouvrage.
Le Bambesch (Bambiderstroff)
Tout récemment, l’AMEPA
(Association pour la Mémoire et le Patrimoine d’Achen) et les Bergers
de Pierres ont entrepris de nettoyer et de faire visiter la casemate
nord d’Achen et le bloc 3 du Haut Poirier.
Achen. Casemate Nord.
Le fossé diamant a été comblé lors de la construction du lotissement.
L’Association d’Histoire de
Herbitzheim a réhabilité le blockhaus nord de défense du barrage et le
fait visiter, lors des Journées du Patrimoine.
L’Amicale de la casemate de Wittring a restauré l’ouvrage et le propose aussi à la visite.
Le blockhaus du barrage de Wittring se visite également à certaines périodes de l’année.
Les blockhaus de notre secteur,
comme pratiquement tous les autres aussi, ont été depuis longtemps
dépouillés de leurs portes blindées, de trémies et de leurs volets qui
ont fait le bonheur des ferrailleurs. Certains ont été cédés aux
propriétaires du fonds sur lequel ils sont édifiés. Très peu ont été
valorisés. Ceux qui se trouvent sur une terre agricole ont été
dépouillés de leur rocaillage pour gagner de la surface
cultivable. Il est clair qu’ils gênent lors des travaux culturaux.
La
grande majorité est abandonnée et inexorablement, lentement, les
broussailles et arbustes prennent le dessus. Quelques-uns servent de
dépotoir…Heureusement que quelques associations essaient de les mettre
en valeur et de les faire visiter.
Simples verrues dans le paysage
pour certains ou témoins de notre passé pour d’autres, ces "petits
bétons" ne sont pas moins dignes d’intérêt que les autres ouvrages et
une mise en valeur ou au moins une conservation s’imposerait.
Gérard Kuffler
Juillet 2019
Ouvrages et sites consultés :
Hommes et ouvrages de la Ligne Maginot par Jean Yves Mary et Alain Hohnadel
Edition Histoire & Collections Paris (Tomes 1, 2 et 3)
La ligne Maginot Aquatique. Paul Marque. Editions Pierron Sarreguemines
Faites sauter la Ligne Maginot. Roger Bruge. Editions Fayard 1973
On a livré la Ligne Maginot. Roger Bruge. Editions Fayard 1975
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Photos wikimaginot et photos personnelles