jeux_et_jouets
JEUX ET DISTRACTIONS DES ANNEES 50
Sommaire
Jeux et jouets enfantins
La petite enfance
L’enfance d’âge scolaire
Les jeux d’intérieur
Les jeux d’extérieur
Les jeux des garçons
Les jeux des filles
Les jouets fabriqués
Les jeux collectifs
Les fêtes foraines
Distractions des adultes
Les veillées
Les quilles
Les cartes
Les associations
L’activité théâtrale
Les fêtes foraines
Les fêtes champêtres
Noël
Le cinéma
Les excursions
Conclusion
Jeux et jouets des enfants
« Les jeux des enfants ne sont pas
des jeux, et les faut juger en eux comme leurs plus sérieuses actions.
»
(Montaigne Essais I, 23)
Contrairement aux adultes, pour qui
le jeu est une distraction, voire une passion, les enfants ont un réel
besoin de jouer et cette occupation primordiale est pour eux un
substitut du travail.
Les moments de jeux ne manquaient pas autrefois,
même si les enfants devaient souvent effectuer de nombreux petits
travaux utiles, dans la maison ou aux champs.
Les jeux étaient autrefois plus
spontanés et plus libres qu’aujourd’hui. Les jouets manufacturés, rares
et chers, étaient le plus souvent réservés aux petits citadins.
Beaucoup de jeux étaient transmis de génération en génération et la
plus grande partie des jouets étaient fabriqués avec les moyens du bord
par un adulte ou par les enfants eux-mêmes.
C’est la nature qui donnait
aux enfants l’occasion de nombreuses découvertes et explorations, elle
était au départ de beaucoup d’activités enfantines ludiques souvent collectives.
Les jeux actuels sont devenus plus
individuels et plus sophistiqués et souvent l’enfant joue dans un monde
virtuel qui le coupe de la réalité et de son entourage. L’enfant ne
grandit plus au contact de la nature et n’apprend plus à connaître son
environnement.
La petite enfance
A cette période de la vie de
l’enfant, on ne peut pas encore parler de jeux et de jouets. Le petit
enfant, le nourrisson avait tout au plus un hochet ou de petits grelots
qui faisaient un peu de bruit. Souvent une vessie de porc séchée après
l’abattage du cochon en automne et contenant quelques haricots secs
permettait de le distraire.
Le petit enfant grandissait dans un
environnement familial composé généralement de plusieurs générations
vivant sous un même toit. Les parents, pris par les travaux agricoles,
n’avaient pas le temps pour s’occuper eux-mêmes de leur progéniture et
confiaient volontiers leurs petits enfants à la grand-mère, à une sœur
plus âgée ou à un frère, et pourquoi pas à un enfant du voisinage.
Au contact d’un enfant plus grand,
le petit était immergé très tôt dans le monde ludique, même s’il ne
pouvait pas encore participer aux jeux, mais il devenait un spectateur
attentif et intéressé, avide de bientôt pouvoir imiter les grands.
Au contact d’un membre âgé de la
famille, il se voyait plongé dans le monde des comptines
traditionnelles, puis des légendes et des récits historiques, des faits
vécus et des souvenirs.
Beaucoup de comptines se transmettaient de mère à fille et ont enchanté notre enfance.
Je me rappelle que ma grand-mère
nous racontait souvent les péripéties de l’évacuation de 39 : le départ
en charriot hippomobile, les haltes dans des maisons insalubres,
l’arrivée dans la Meuse…
J’ai aussi le vague souvenir de
récits de voleurs attaquant et dévalisant des voyageurs, sans aucun
doute des faits réels survenus dans la région.
Le premier jouet offert à l’enfant était certainement un ours en peluche doux et soyeux "e Téddy Bäär"
qu’il pouvait à volonté serrer contre lui et qui lui apportait une
présence rassurante en l’absence des parents. La variété d’animaux en
peluche qu’on trouve actuellement sur le marché n’existait pas à
l’époque.
Le cheval à bascule " 's Schaukelpèèrd" se retrouvait
aussi dans beaucoup de maisons. François Freyermuth, à Kalhausen, avait
un coq à bascule, ce qui était plus rare.
Le jeu des mains qui s’empilent se
jouait à deux, voire à plus : l’on plaçait alternativement une main sur
l’autre et on retirait celle du dessous pour la replacer sur le tas.
C’était assez amusant et il fallait arriver à garder le rythme, surtout
vers la fin du jeu.
Le jeune enfant découvrait son corps grâce à des jeux de découverte comme celui qui consistait à donner des noms aux doigts :
Dàs ìsch de
Dumme,
Voilà le
pouce,
Der schìddelt de
Brùmme,
Ce doigt secoue les prunes,
Der hébt se
ùff,
Celui-là les ramasse,
Der dràht se
hèmm,
Celui-ci les transporte à la maison
Ùnn der klèène
frèsst se àll
èlèèn.
Et le petit-là, il les mange tout seul.
Il découvrait aussi son environnement avec les comptines suivantes :
Hàsch e
Dààler,
Voilà de l’argent (un thaler),
Géhsch ùff de
Määrk,
Va au marché,
Kàfsch e
Pèèrd,
Achète un cheval,
E Kùh, e
Geis,
Une vache, une chèvre,
E Schààf, e
Eésel
Un mouton, un âne,
Ùnn e gànz
klèènes Mäxel
dezùù.
Et en plus un tout petit veau.
(Tout au long de cette comptine, la
grande personne frottait avec ses doigts la paume du petit enfant et à
la fin, elle la chatouillait).
Eija, Bobeija,
Wàs wàckelt ìm
Schtroh
?
Qu’est-ce qui remue dans la paille ?
‘S Bibbel léìt e
Gàggel
La poulette a pondu un oeuf
Ùnn Kìndel ìsch
froh.
Et le petit enfant est content.
L’on pouvait aussi faire sauter le petit enfant sur ses cuisses :
Alle meine Enten schwimmen auf dem See, Tous mes canards nagent sur l’étang,
Köpsche in das Wasser, Schwänzel in die Höh. Ils plongent la tête dans l’eau, et leur derrière se dresse vers le ciel.
Pour écouter la chanson, cliquer
Une autre manière de le faire sauter était de le prendre sur le coup de pied et de chanter :
Reite, reite Fill!
Au galop, au galop, petit poulain !
‘S Fillelè wìll nìtt lààfe,
Mais le poulain ne veut pas galoper.
‘S Kìndel wìll
‘s vekààfe.
Alors le petit
enfant veut le vendre.
‘S Fillelè rènnt vònn de Sitt ewègg
Mais le poulain fait un écart
Ùnn Kìndel féllt in de Drègg.
Et le petit enfant tombe dans la boue.
(C’est là que l’on faisait délicatement tomber l’enfant à terre.)
On pouvait encore le faire asseoir
sur les genoux et le faire sauter, comme s’il était à cheval, tout en
chantant cette chanson enfantine:
Hoppe, hoppe,
Reiter
!
Au galop, au galop, cavalier
!
Wènn er fällt,
nòh schreit
er.
Quand il tombe, il crie.
Fällt er ìn de
Grààwe,
S’il tombe dans le fossé,
Frèsse ne de
Rààwe.
Les corbeaux le dévorent.
Fällt er ìn de
Sùmpf,
S’il tombe dans le marécage,
Nòh màcht er
Plùmps.
Ca fait plouf.
Pour écouter la chanson, cliquer
A la fin de la chanson, on ouvrait les genoux et on faisait basculer le petit enfant en arrière.
(Texte transmis par Paulette Pefferkorn.)
On pouvait aussi coucher le petit à plat ventre sur les cuisses et le faire sauter délicatement en chantant :
Bùmmeldi,
bùmmeldi
Hollerschdock,
Pan, pan, baguette de sureau,
Wievill Héére
hàtt de Bòck
?
Combien de cornes a le bouc ?
Wievill Fìngerè
schdéhn
?
Combien de doigts est-ce que je montre?
Le petit devait alors dire un nombre compris entre zéro et dix.
S’il ne devinait pas le nombre exact de doigts, on continuait ainsi :
Hättsch de
rìschdìsch
gerààt,
Si tu avais bien
deviné,
Wèrdsch de nìtt
gebùmmelt
wàr.
Tu n’aurais pas été battu.
C’est là qu’on frappait délicatement son dos avec les poings.
(Texte transmis par Paulette Pefferkorn.)
Encore une chanson pour faire sauter le petit enfant sur ses cuisses :
Reite, reite,
Rossel,
Au galop, au galop, petit cheval,
So reite de
klèène
Hèrrekìnn.
C’est ainsi que galopent les petits enfants.
Wènn se
nòch klèèn ùnn wìnzisch
sìnn,
Quand ils sont encore petits,
Reite se ùff de
Dàchse.
Ils galopent sur des blaireaux.
Wènn se grééser
sìnn,
Quand ils sont plus grands,
Reite se ùff de
Bääre.
Ils galopent sur des ours.
(Texte transmis par Paulette Pefferkorn.)
De nombreuses autres chansons enfantines issues du folklore allemand étaient chantées et participaient à l’éveil des petits.
Bàgge, bàgge,
Kùùche,
Cuisez, cuisez du
gâteau,
De Bägger hàtt
gerùùfe.
C’est le boulanger qui parle.
Wèr wìll gudder
Kùùche
bàgge,
Qui veut cuire un bon gâteau
Dèr mùss hònn
siewe Sàche
:
Doit avoir sept ingrédients :
Eier ùnn
Sàlz,
Des œufs et du sel,
Bùdder ùnn
Schmàlz,
Du beurre et du saindoux,
Mìllìsch ùnn
Mèhl,
Du lait et de la farine,
Sàfràn màcht de
Kùùche
gèèl.
Et du safran qui donne la couleur
jaune au gâteau.
Pour écouter la chanson, cliquer
Ri, ra,
rùtsch,
Mer fahre mìtt
de
Kutsch,
Nous roulons en calèche,
Èrbse, Lìnse,
Bohne,
Petits pois, lentilles, haricots,
Mer schìese mìt
de
Kanoone.
Nous tirons au canon.
Es rèit, ès
schnéit,
Il pleut, il neige,
Es géht e kàlder
Wìnd,
Il souffle un vent froid,
De ààrme
Soldààde
Les pauvres soldats
Marschìere mìt
de
Flìnt,
Marchent avec leur fusil,
De Rùcksàck ùff
'm
Bùggel,
Le sac au dos,
De Sààwel ìn de
Hànd,
Le sabre à la main,
Àdiéé, mi lìewer
Bàbbe,
Adieu, mon cher père,
Jétz géhts ìns
Bìtscherlànd.
En avant pour le pays de Bitche.
Maikäfer
flìeh,
Hanneton, vole,
De Bàbbe ìsch ìm
Krìesch,
Le père est à la guerre,
De Mòmme ìsch ìm
Pommerlànd,
La mère est en Poméranie,
'S Pommerlànd
ìsch
àbgebrènnt,
La Poméranie est toute dévastée,
Maikäfer
flìeh.
Hanneton, vole.
Pour écouter la chanson, cliquer (
Se chante sur la mélodie de Schlaf, Kindlein, schlaf.)
Eins, zwei,
drei, vier, fünf, sechs,
sieben,
Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept
Auf der
Landstrasse Nummer
sieben,
Sur la route départementale n° 7
Auf der
Landstrasse Nummer
sechs,
Sur la route départementale n° 6
Auf…(etc)
Etc …
Hat der Storch
ein Kind
gebracht.
La cigogne a apporté un bébé.
Wie soll es
heissen?
Comment va-t-on l’appeler ?
Anne-Marie
Rumpelkasten.
Anne-Marie Fourre-tout.
Wer will ihr die
Windeln
waschen?
Qui veut laver ses langes?
Ich oder
du?
Toi ou moi ?
Wir kaufen eine
Kuh
Nous allons acheter une vache
Und was die Kuh
am Schwänzel
hat,
Et ce qu’elle a au bout de sa queue,
Das bekommst
du.
Ca sera pour toi.
(Texte transmis par Paulette Pefferkorn.)
Gìje, gìje,
ràtze,
Grattez les violons,
Mòrje kùmme de
Schbàtze,
Demain arriveront les moineaux,
Iwermòrje de
Fìnge,
Après-demain les pinsons,
Alle Judde
schdìnge.
Tous les Juifs puent.
Quand le petit pleurait après être tombé, la maman le consolait avec cette comptine :
Hèèle, hèèle
Kàtzedrègg,
Que ça guérisse, que ça
guérisse, crotte de chat,
Mòrje frìeh ìsch
àlles
ewègg.
Demain matin, tout mal sera parti.
Le soir, au pied du lit, la maman
n’oubliait pas de réciter une petite prière avant de faire le signe de
la croix au moyen de l’eau bénite et de coucher l’enfant. Plus tard,
l’enfant récitait cette prière avec sa maman.
Òòwèds, wènn
isch schlààfe
géh,
Le soir, quand je me couche,
Vìerzèhn Èngle
solle mìt mìr
géhn:
Je veux que quatorze anges m’accompagnent :
Zwei ùff de
réschd
Sitt,
Deux à ma droite,
Zwei ùff de
lìnks
Sitt,
Deux à ma gauche,
Zwei àm
Kopp,
Deux à ma tête,
Zwei àn de
Fìes,
Deux à mes pieds,
Zwei solle mich
zùdégge,
Deux qui me couvrent
Zwei solle mich
wégge,
Deux qui me réveillent,
Zwei solle mich
fìhre,
Deux qui me conduisent
Ìns himmlische
Paradies.
Au paradis céleste.
La plupart de ces comptines ou
chansons enfantines sont des airs traditionnels allemands, encore en
vogue aujourd’hui et facilement consultables sur internet. Les paroles
diffèrent parfois et le nombre de strophes également.
L’enfance d’âge scolaire
Dans beaucoup d’écoles, la mixité
n’existait pas et les jeux dans la cour de récréation étaient par
conséquent différents pour les garçons et les filles. Après l’école,
les garçons aimaient aussi se retrouver entre eux et ne se mêlaient pas
aux filles. Les jeux se déroulaient également suivant les cycles de la
nature et variaient au cours de l’année.
Il y avait les jeux d’intérieur et les jeux d’extérieur, les jeux des garçons et
ceux des filles, les jeux
collectifs et les jeux individuels.
Les jeux d’intérieur
Ils se pratiquaient dans la
cuisine, lieu de séjour habituel de la famille et de la mère qui
pouvait alors exercer une surveillance, mais aussi dans la grange et au
fenil, comme dans les dépendances agricoles : le hangar et
l’appentis.
Ces jeux rassemblaient souvent les
enfants de la maison et ceux des voisins, surtout pendant la mauvaise
saison et par temps de pluie.
Les jouets étaient rares : des
dînettes, des poupées, des maisons de poupées pour les filles, des jeux
de construction (le fameux Méccano), des cubes en bois, un camion ou
une voiture en tôle peinte pour les garçons.
François Freyermuth se rappelle
avoir reçu un avion capable de rouler grâce à un moteur à ressort. Ce
jouet avait été acheté à Paris par une tante.
Il se souvient aussi d’un taxi qui
tournait en rond et s’arrêtait de temps en temps pour laisser le
chauffeur ouvrir la portière et poser un pied au sol.
Mon premier jeu de construction
était de la marque Constructor, il ressemblait au Méccano, et mon père
l’avait acheté dans la quincaillerie Philippe qui existait à l’époque à
Herbitzheim. La boîte de base ne permettait pas de grandes
constructions, c’est pourquoi j’eus droit aux anciennes pièces du
Méccano de mon père. La peinture était défraîchie, certaines tôles
pliées et il manquait pas mal de morceaux. Le comble était que les
différentes pièces des deux jeux ne correspondaient pas entre elles, si
bien que le vieux Méccano ne pouvait pas me servir à grand-chose.
Alors, l’année suivante, j’eus
droit à une boîte de Méccano et plus tard à d’autres boîtes, même à un
vrai moteur électrique Méccano avec inverseur de marche.
Rétroactivement je pense
au danger d’un tel jouet qui fonctionnait au courant 220 volts, surtout
s’il était manipulé par des mains d’enfants. Mais à l’époque, personne
ne s’en souciait et heureusement aucun accident ne s’est produit. Il
existait bien un moteur Méccano à ressort, mais beaucoup moins
performant.

Ce qui reste actuellement du Méccano
|

Le petit moteur Méccano. Il manque le fil d’alimentation.
|

Quelques constructions simples.
|
Manuels de constructions
|
J’eus droit aussi, une année, pour
Noël, à un camion de déménagement en tôle peinte. Il n’avait pas de
moteur, ni de direction, mais les portes arrières s’ouvraient et les
phares avant s’allumaient grâce à une pile plate fixée dans un
compartiment sous le camion. Ma plus grande joie était de le faire
rouler pleins phares, dans le corridor non éclairé de la maison.
Mon frère avait une marraine qui
habitait en ville et il avait toujours de plus beaux jouets que moi. Je
me rappelle qu’il avait eu un grand avion à hélices du genre Super
Constellation. Quand il le poussait, les roues faisaient tourner les
hélices grâce à des flexibles reliés à elles.
Photo prise à Noël 1955.
Le camion de déménagement, l’avion à hélices et les poupées.
Les jeux éducatifs existaient déjà.
François Freyermuth a reçu un jour un jeu de cartons ressemblant au
loto. Il y avait une série de 12 cartons, ne comprenant pas des suites
de nombres, mais chacun 6 images d’animaux. Le jeu consistait à piocher
une image dans le talon et celui qui pouvait compléter le premier ses
cartons gagnait la partie. Ce jeu eut beaucoup de succès, puisque même
ses enfants y jouèrent encore.
Les jeux d’intérieur prenaient le
plus souvent la forme de jeux de cache-cache et les endroits pour se
cacher ne manquaient pas dans une grande maison : le grenier, la
grange, le fenil et les dépendances. Le jeu de cache-cache s’appelait
"Sùcherts" à Herbitzheim et curieusement "Schdockgelééses" à Kalhausen.
Le fenil était un endroit de
prédilection bien qu’il fût toujours dangereux de s’y aventurer à
causes de risques de chutes. Pour y accéder, il fallait d’abord gravir
une petite échelle pour arriver au-dessus de l’étable.
De là on pouvait
encore monter à l’étage supérieur au moyen d’une autre échelle. Nous
nous placions sur les poutres transversales qui formaient les fermes de
la charpente et de là nous sautions sur le foin en contrebas.
La
hauteur de la chute variait selon l’épaisseur du foin et on ne risquait
pas de se faire mal, mais il ne fallait pas trop s’approcher des bords.
Ces jeux dans le foin étaient bien sûr salissants, mais les parents les
toléraient.
La fabrication de figurines en
plomb était une occupation d’hiver, encadrée par une grande personne à
cause du danger du métal en fusion. Des maisons, des arbres, des
animaux, des soldats prenaient forme. Ces figurines restaient le plus
souvent à l’état brut et on ne prenait pas la peine de les peindre.
Les coques des noix délicatement
ouvertes en deux avec un couteau pouvaient devenir de frêles
embarcations miniatures. Je me rappelle qu’une année, mon père nous
appris à fabriquer, à partir de coques de noix, des boules pour
le sapin de Noël. Un morceau de laine inséré entre les deux moitiés de
la coque servait d’attache et du papier d’aluminium récupéré sur une
tablette de chocolat maintenait la coque fermée tout en la décorant.
C’était une décoration tout à fait originale et bon marché.
Moules en deux parties pour figurines de plomb.
Les jeux du moulin "Nie Mihl" et
le jeu Ne t’en fais pas "Mènsch ärschèr dìch nìtt" se pratiquaient le
soir et pendant la mauvaise saison.
Le jeu du moulin se jouait à deux
sur une grille rudimentaire faite de trois carrés concentriques. Chaque
joueur disposait de neufs pions chacun, en fait des haricots blancs et
des haricots noirs qu’il fallait aligner par trois sur des points
placés aux angles, diagonales et médianes des carrés.
Le second jeu, appelé plus tard Jeu
des chevaux, se jouait sur une grille de cases qu’il fallait parcourir
dans un sens donné pour placer ses pions dans son camp. Il se jouait
avec des haricots ou des boutons de couleurs différentes.
On ne peut clore ce chapitre des jeux d’intérieur sans mentionner la
lecture, activité typiquement d’intérieur. Peu de familles possédaient
des livres pour enfants pour la simple raison que les livres étaient
chers. Pourtant, les enfants membres des « Cœurs Vaillants » ou des «
Ames Vaillantes » pouvaient emprunter des albums de bandes dessinées,
dans la salle Sainte Thérèse de Herbitzheim ou s’abonner à ces
magazines par l’intermédiaire du curé Musser. C’est là que je fis
connaissance avec la série des Sylvain et Sylvette et avec le magazine
Perlin et Pinpin.
La série Sylvain et Sylvette a été créée en
1941 par Maurice Cuvillier et reprise à sa mort, en 1956, par Jean-Louis
Pesch. Ce dernier s’associe en 1959 et jusqu’en 1980 à Claude
Dubois, dessinateur et scénariste qui participe à l’élaboration de 94
titres. Certains scénarios de la troisième série sont écrits par Robert
Génin.
Les albums de Sylvain et Sylvette
racontent les aventures de deux enfants d’environ douze ans, un frère
et sa sœur, qui après s’être égarés dans la forêt, y vivent dans une
chaumière en compagnie d’animaux domestiques. Ils pourraient mener une
vie tranquille, s’il n’y avait pas quatre animaux sauvages, bêtes et
méchants (le renard, le loup, l’ours et le sanglier) qui veulent
s’approprier leur chaumière et leur voler leurs biens.
(Source fr.wikipedia.fr)
Les lutins Perlin et Pinpin sont
apparus pour la première fois en 1940, également sous la plume de
Maurice Cuvillier, dans un journal catholique destiné aux petites
filles : "Ames vaillantes". La petite Malou y fait la rencontre de
deux nains qui deviendront bientôt l’emblème des éditions Fleurus.
Plusieurs séries de périodiques porteront le nom de Perlin et Pinpin,
d’abord dans les années 40, puis en 1956. Perlin et Pinpin sera aussi
édité en album.
(Source http://bdtroc.fr)
Les jeux d’extérieur
Ces jeux étaient beaucoup plus
variés et pouvaient se dérouler en de multiples endroits : la cour de
la ferme, l’usoir, le jardin, le verger, les prés et les champs pendant
les travaux agricoles et même la forêt. Beaucoup de ces jeux étaient
saisonniers et revenaient chaque année, selon les cycles de la nature.
Le jeu de cache-cache était très
prisé à l’extérieur, tout comme la balançoire accrochée à une branche
d’arbre ou la simple bascule faite d’une planche posée sur un rondin.
Cela s’appelait "e Gunsch".
Il en était de même pour le jeu
d’attrape, "Fàngess", qui se pratiquait aussi bien dans la cour d’école
que sur l’usoir et la place du village. Le jeu s’appelait
attrape-délivrance : celui qui était touché restait sur place et
étendait ses bras dans l’espoir d’être délivré par un coéquipier et de
pouvoir continuer à jouer.
Les jouets d’extérieur étaient
rares. Mon premier camion était fait avec d'épaisses planches clouées ensemble
et avait quatre grandes roues, en fait de grosses rondelles de
caoutchouc qui frottaient partout et de la taille d'un camembert. C’est certainement mon père qui me
l’avait fabriqué avec du matériel de récupération.
On aperçoit très bien le vieux camion aux roues branlantes.
Photo de 1952.
Les échasses et le cerceau étaient
encore à la mode. Pour les échasses, mon père avait utilisé des
rames de haricots (c’était de fines perches de sapin, "Bohneschdègge" et il y avait
fixé des taquets. Plus je devenais un expert en échasses et plus je
voulais de la hauteur pour les taquets. Il avait même fixé des
repose-pieds repliables de moto à une paire de perches.
Deux paires de petites échasses et à droite,
la paire d’échasses avec les repose-pieds repliables de moto.
Beaucoup de garçons avaient leurs
échasses fabriquées artisanalement à partir de rames de haricot et
aussi leur canif personnel "e Sàckmèsser", qui leur servait en de nombreuses circonstances et qu’ils gardaient précieusement.
Ce couteau leur servait entre autres, à découper en automne, lors de la
garde des vaches, des tiges bien droites et effilées de noisetiers.
L’écorce était alors incisée et le bâton se trouvait joliment décoré de
spirales, d’anneaux et de figures géométriques.
Le cerceau était une jante de roue
de vélo dépouillée des rayons et du moyeu et nous avions une technique
perfectionnée pour faire avancer le cerceau et surtout pour le diriger.
Mon père avait fabriqué une sorte de crochet métallique pour maintenir
le cerceau et on pouvait parfaitement contrôler sa course, bien mieux
qu’avec un simple bâton.
Le jeu de billes était aussi très
courant. La plupart des billes "Kugle" ou "Schnéllere" étaient de simples
billes en terre cuite et peinte achetées à l’épicerie du village. Mais
il y avait aussi les billes en verre, qui avaient une valeur
supérieure, et les gros calots encore plus précieux. Nous avions même
de belles billes en acier provenant de roulements à billes. François
Freyermuth se rappelle même avoir eu des billes en bois. Dans les jeux
de billes courants, les billes de terre cuite étaient utilisées jusqu’à
épuisement du stock. C’est alors que les autres sortes de billes
s’avéraient très utiles, car on pouvait les échanger contre des billes
en terre cuite et ainsi continuer de jouer.
Billes en terre cuite.
Le jeu de billes le plus pratiqué, selon François Freyermuth, était le jeu du trou ou du cercle.
Une petite cavité était creusée
dans la terre au moyen du talon de la chaussure (on plantait le talon
dans la terre et l’on tournait sur soi-même autant de fois qu’il le
fallait pour obtenir un trou de quelques centimètres de profondeur).
On pouvait aussi tracer, avec un bâton, un cercle d’un diamètre
de vingt à trente centimètres.
On se plaçait à environ trois ou
quatre mètres du trou et chacun lançait une bille en direction de la
cavité. Celui qui plaçait sa bille dans la cible gardait sa bille et
pouvait ensuite, d’un coup avec le pouce, d’une chiquenaude,
tenter de faire rentrer les billes des autres joueurs dans la cible.
S’il réussissait à les faire rentrer toutes, il empochait toutes les
billes placées. Dans le cas d’un échec, c’est le second joueur le mieux
placé qui prenait le relais.
Si personne n’arrivait dans la cible du premier coup, celui qui s’en approchait le plus commençait le jeu.
La toupie avait son heure de gloire
avant guerre et a peu à peu disparu de la panoplie des jeux. Je ne me
rappelle pas du tout avoir joué à la toupie dans les années cinquante.
Par
contre, Jean-Marie Pefferkorn se rappelle très bien avoir joué à Kalhausen avec des
toupies-fouets lorsque les beaux jours étaient revenus. Tous les
enfants de son quartier avaient leur toupie colorée et jouaient pendant de
longues heures sur la route.
Le magasin Lett " 's Léné" était d'ailleurs bien fourni en toupies.
Toupie-fouet
(Photo Jeujouethique)
Certains enfants avaient des jouets achetés.
En hiver, les jeux d’extérieur se
limitaient à des parties de luge et à des glissades, sans oublier les
boules et les bonhommes de neige.
Les rues secondaires, dont toute
circulation automobile était absente et qui n’étaient pas déneigées à
l’époque, devenaient de belles pistes de luge. Il existait aussi des
pistes à l’extérieur du village de Kalhausen, sur les pentes du "Rèbbèrsch", derrière
le cimetière, ou du "Klàrer Brùnne", vers Etting. Dans les prés, les
pistes étaient plus casse-cou et les enfants pouvaient mieux s’amuser
qu’à l’intérieur du village.
Les garçons, plus téméraires, se
couchaient à plat ventre sur la luge et dévalaient les pentes, la tête
en avant. Les filles s’asseyaient tout simplement sur leur engin, les
pieds posés sur les patins. Parfois les garçons formaient une chenille
en accrochant la luge suivante avec leurs pieds. La colonne était alors
difficile, voire impossible à diriger et elle se disloquait souvent en
route, faisant verser les derniers dans la neige.
Pour augmenter la vitesse, certains
grands prenaient avec eux un équipier qui se plaçait à califourchon sur
les reins. Là aussi, la luge, trop rapide, prenait parfois son envol
sur une bosse et se renversait.
Les pistes villageoises regelaient
en soirée et elles étaient alors prises d’assaut par les adolescents.
C’est à la lueur de l’éclairage public que garçons et filles
s’amusaient à dévaler les rues et à se taquiner. C’était aussi
l’occasion de se serrer les uns contre les autres sur les luges et de
nouer quelque commencement d’idylle. Malgré le froid ces glissades
duraient jusque tard dans la soirée.
Les luges à lattes avaient fait
leur apparition dans les années cinquante et mon frère en avait reçu
une de sa marraine. Moi, je devais me contenter de l’antique luge de
mon père, faite d’un assemblage de planches et qu’on appelait "e Mùùl".
Le plus souvent je laissais ce traîneau archaïque à la maison et
j’utilisais l’engin de mon frère.

En luge, sur la Sarre gelée.
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Hiver 1958. Luge à lattes et luge à planches.
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Les caniveaux gelés permettaient de
faire des glissades, surtout si le soir, on avait pris la précaution
d’y déverser quelques seaux d’eau puisés à la fontaine publique.
Dans les villages situés près d’une
rivière, ou à Hutting, certains prés se trouvaient inondés en hiver et
les larges flaques d’eau gelaient. On pouvait alors sans danger faire
de la luge sur glace ou du patin. L’eau n’était pas profonde et la
glace épaisse ne risquait pas de se briser.
La Sarre ou l’Eichel gelait
très rarement, au contraire du canal. Mais personne n’osait s’aventurer
sur le canal gelé. Nous n’avions pas de chaussures spéciales avec des
patins incorporés, comme celles qu’on trouve actuellement dans les
patinoires, mais des patins qu’on pouvait fixer aux chaussures par un
système de serrage et qui ne tenaient pas très bien.
Pendant les travaux agricoles, nous
ne restions pas à la maison, mais nous devions accompagner nos parents
dans les champs. C’était aussi l’occasion de nous amuser car nous
étions encore trop petits avant 10 ans, pour leur apporter notre aide.
C’était justement le cas pendant la
fenaison. Certains prés fauchés étaient en pente et nous en profitions
pour rouler en bas de la pente, comme des troncs d’arbres, ou à faire
des culbutes successives, "Bùrzelbòòm schlòòn".
Un autre jeu se déroulait pendant
le chargement du foin sur la remorque. La longue perche de sapin qui
servait à arrimer le chargement pendant le retour à la maison et qui
s’appelait "de Wìesbòòm" était fixée au moyen d’une corde à l’arrière de
la charrette pendant le chargement. Elle était ainsi traînée d’un bout
à l’autre du champ. Notre plaisir était de nous tenir en équilibre sur
cette perche, assis ou debout, pendant la progression de l’attelage,
d’un tas de foin à l’autre.
Après la moisson, venait le temps
des labours d’automne ou du déchaumage. Nous savions par expérience que
les champs moissonnés regorgeaient de souris car elles trouvaient
facilement de nombreux épis et grains à manger.
Déjà lors de la récolte des gerbes,
nous emmenions toujours avec nous notre petit chien Micky qui se
faisait un plaisir de croquer les souris présentes sous les tas de
gerbes. Pendant que le père chargeait les gerbes sur la remorque, nous
attendions que la dernière gerbe du tas soit chargée pour essayer de
piétiner les souris qui se sauvaient.
Elles se réfugiaient toujours
sous la dernière gerbe, croyant y être à l’abri. Elles étaient souvent
plus rapides et agiles que nous et nous n’arrivions pas toujours à en
écraser. Le père utilisait sa fourche pour essayer de les tuer en
frappant de grands coups sur le sol.
La chasse aux souris se poursuivait
aussi pendant les séances de labour. Nous suivions toujours la charrue
et essayions de piétiner les nombreuses souris qui couraient sur la
terre retournée et dont la charrue avait mis à jour les nids.
Les
souris adultes pouvaient facilement se cacher sous une motte de terre,
mais nous faisions main basse sur les souriceaux qui se blottissaient
dans les nids : ils étaient minuscules, tout roses, encore dépourvus de
polis et aveugles. Il était facile de les piétiner pour les tuer.
Quand
le chien ne nous accompagnait pas, nous lui ramenions à la maison des
poches pleines de ces souriceaux morts. Je ne sais plus s’il les
mangeait, en tout cas nous faisions œuvre utile et croyions lui faire
plaisir.
Pendant la moisson, les jeunes accompagnent les grands.
Le battage des céréales avait lieu
à la fin de l’automne et en hiver et nous étions souvent présents, les
jeudis. Trop jeunes pour aider, nous n’avions d’autre solution que de
nous amuser. Plus tard, nous devions prendre notre place dans la
chaîne, en posant les gerbes sur la table d’alimentation de la machine
et en coupant le lien.
Le battage s’effectuait dans la
grange et la paille était mise en botte par mon père au moyen d’une
botteleuse à main. Un seul lien maintenait la botte de paille liée et
le système de fermeture était assez primitif : le lien comportait un
nœud qui était retenu par un œillet à l’autre bout.
Les bottes de
paille étaient entassées au niveau de la porte de la grange grande
ouverte dans l’attente de la fin des opérations et de leur évacuation
au fenil. Le tas de paille grandissait à vue d’œil et nous nous
amusions à nous cacher derrière les bottes et à sauter sur elles.
Il
arrivait fréquemment que le nœud sorte de l’œillet et la botte n’était
plus liée. Nous ne nous en apercevions pas et lorsqu’il fallait monter
les bottes au fenil, mon père devait refaire le lien, ce qui l’énervait
quelque peu.
Beaucoup de jeux trouvaient leur
source dans la nature et de nombreux jouets se fabriquaient à partir de
ce qu’on pouvait trouver dans l’environnement, autour de la maison,
dans les prés, les champs et en forêt.
Le printemps, et plus spécialement
le mois de mai, était la période des hannetons. Il fallait les voir
voler, en nombre, le soir, autour des lampes de l’éclairage public !
Pendant la journée, le jeudi ou le soir, après la classe, notre plus
grand plaisir était de secouer les cerisiers. Les hannetons, accrochés
aux tendres feuilles dont ils étaient friands, tombaient comme des
grêlons et nous n’avions plus qu’à les ramasser et à les mettre dans
une boîte métallique à couvercle.
Cela bruissait, cela bougeait dans la
boîte et une odeur caractéristique émanait de la boîte, dès qu’on
soulevait le couvercle. Le lendemain, nous trouvions bizarre que de
nombreux coléoptères soient attachés par deux par le bout de leur
abdomen. Nous placions parfois un hanneton dans la paume de la main, en
espérant qu’il grimpe au bout d’un doigt dressé et qu’il déploie ses
ailes pour s’envoler.
Parfois, nous attachions un fil à coudre à la patte du hanneton et lorsqu'il s'envolait, nous chantions :
"Maikäfer flìeh, De Bàbbe ìsch ìm Krìesch, De Mòmme ìsch ìm Pommerlànd, 'S Pommerlànd ìsch àbgebrènnt, Maikäfer flìeh".
Quand il était trop endormi pour bouger, nous le
réchauffions avec notre haleine et il daignait alors se déplacer et
prendre son envol.
Le contenu de la boîte échouait dans le parc à poules et nous recommencions le lendemain notre chasse.
Ce n’était pour nous qu’un jeu,
comme un autre, et nous ne pensions pas du tout protéger les cerisiers
du verger contre l’attaque des hannetons et réguler ainsi leur
prolifération.
Une autre occupation printanière
était l’élevage de têtards. Souvent, nous trouvions dans une ornière de
chemin remplie d’eau des œufs de grenouille ou de crapaud agglomérés en
une masse gélatineuse. Nous rapportions ces œufs à la maison, dans une
boîte de conserve, et nous les mettions dans un seau, dans l’attente de
leur croissance et de leur évolution. Nous pouvions observer les pattes
pousser, puis la queue grandir jusqu’à tomber au bout de trois mois environ. Les têtards
se métamorphosaient en petites grenouilles que nous relâchions ensuite
dans la nature.
Extraits du manuel scolaire Leçons de choses
Cours moyen et supérieur -Orieux et Everaere Classiques Hachette 1967
Les escargots, faciles à trouver dans le jardin, étaient aussi
des animaux dignes d’intérêt et on pouvait les observer longuement.
Nous attendions qu’ils sortent de leur coquille, au besoin, il fallait
les arroser avec un peu d’eau, et qu’ils dressent leurs tentacules
qu’on appelait des cornes ou des antennes.
Nous les touchions alors du doigt pour qu’elles se rétractent. Parfois
les escargots se montraient capricieux et tardaient à sortir leurs
tentacules. L’attente alors pouvait durer et pour les « motiver », l’on chantait :
Schnèck,
Schnèck,
Escargot, escargot,
Schdréck de
Héére
russ
Sors tes cornes
Odder wèrff isch
disch
Ou je te jette
Iwwer de
Kìrchturm
enuss.
Par-dessus le clocher.
(Comptine rapportée par Paulette Pefferkorn).
Pour nous, tout était dans la nature.
Une paire de cerises avec leur queue devenait une belle boucle d’oreille pour les filles.
Les tiges de pissenlit devenaient
des trompettes, tout comme un brin d’herbe placé entre les deux pouces
et qu’on faisait vibrer en soufflant dessus.
Les fleurs de bardane "Klédde"
devenaient des projectiles et s’accrochaient aux habits et parfois aux
cheveux, les fleurs de coquelicot rabattues se transformaient en jolies
demoiselles.
Une tige de plantain pliée en deux et qu’on faisait
coulisser servait à projeter au loin l’extrémité garnie de graines.
L’automne nous offrait ses glands
dont la cupule devenait une pipe, et ses marrons transformés en
bonhommes, en animaux, en colliers et bracelets pour les filles. Les
poils à gratter de l’églantier servaient à faire des farces aux filles.
Illustrations tirées de Jeux et activités de plein air et d’intérieur
par Barret et Lafont Editions Bourrelier 1949
Au pays des mains agiles
Collection Oriens Editions Fleurus 1955.
La période de garde des troupeaux,
aux mois de septembre et d’octobre, était l’occasion de nombreuses
explorations et découvertes et les groupes mixtes d’enfants
organisaient alors de nombreux jeux collectifs. Il était d’usage
d’allumer un feu, non seulement pour se chauffer, mais aussi pour
cuisiner des pommes de terre et des pommes dans la braise. De nombreux
jeux collectifs s’organisaient (voir plus loin). C’était aussi
l’expérimentation des premières cigarettes au contact des plus grands.
Les Celtic ou les Parisiennes s’achetaient à l’époque chez Anne
Fabing appelée " 's roode Ònna", puis plus tard chez Agathe Dier, "Mààdléns
Àgàth" et enfin chez Valentine Thinnes.
Certains garçons, Norbert
Freyermuth par exemple, étaient devenus experts dans l’art de faire
sortir les souris de leur trou, peut-être avec l’aide d’un chien, de
les parquer dans de petits enclos faits de branchages et de jouer avec
elles. (Anecdote rapportée par Emile Pefferkorn)
Les jeux des garçons
Les garçons étaient plus turbulents
que les filles et restaient moins en place. Leurs jeux se déroulaient
plus souvent à l’extérieur des maisons et du village, au contact de la
nature qu’ils exploraient et apprenaient à connaître par toutes sortes
de jeux et d’aventures.
Ils étaient aussi moins regardants
quant à la propreté de leurs habits et n’hésitaient pas à se rouler par
terre ou à se laisser tomber au sol dans certains jeux.
La cour de l’école de Kalhausen présentait des
endroits de terre battue qui se changeaient en espaces boueux à la
moindre pluie. Ils organisaient alors des glissades dans la boue, sans
égards pour leurs habits. (Anecdote relatée par Gabriel Freyermuth)
Les cours d’eau, les vergers, la forêt les attiraient et étaient leurs terrains de jeux favoris.
La Sarre et l’Eichel devenaient des
destinations de baignades dangereuses en l’absence de toute
surveillance adulte. C’est là que bon nombre de garçons apprirent à
nager, tout simplement en imitant les grands. Mais tous n’avaient pas
le droit de se baigner dans la rivière ou le canal.
A Herbitzheim, les plongeons de 3 à
4 m de haut s’effectuaient depuis les ponts en bois sur le canal et
concernaient surtout les adolescents.
Les nombreuses casemates de la
ligne Maginot étaient devenues des buts d’exploration et souvent des
munitions trouvées étaient rapportées à la maison.
C’est ainsi que nous
ramenions en cachette des cartouches de fusils ou de mitrailleuses : la
balle était introduite dans un trou percé dans une pièce de fer et
séparée sans difficulté de la douille.
La poudre noire était récupérée,
mise en tas et allumée pour notre plus grande joie.
Une autre variante, un peu plus dangereuse, est racontée par François Freyermuth.
On remplissait une boîte de
conserve de poudre noire et on y mettait le couvercle. Une sorte de
cordon de poudre devait mettre le feu au contenu de la boîte et la
faire exploser.
Un jeu stupide et totalement
inconscient consistait aussi à jeter des cartouches intactes dans un
feu et à s‘éloigner le plus loin possible pour se mettre à l’abri de la
balle qui ne manquait pas d’être projetée au loin.
Notre instituteur nous mettait toujours en garde contre les dangers de ces manipulations.
Cartouches de guerre, douilles et balles.
Il nous inculquait aussi le
respect de la nature et la protection des animaux, mais certains
n’en avaient cure.
Ils dénichaient les pies qui avaient la réputation
d’être voleuses et les corbeaux. Parfois ils emmenaient un jeune oiseau
chez eux, dans le but de l’apprivoiser, mais souvent l’oiseau périssait
dans la cage.
Les billes, tout comme la pratique du vélo étaient aussi plutôt masculines.
Pour les parents, il n’était pas
question d’acheter un vélo-enfant, il fallait se contenter de ce qui
existait. A défaut de vélo-dame, un vélo-homme faisait l’affaire,
malgré la barre transversale du cadre qui nous empêchait de passer la
jambe droite. Alors, pour pouvoir rouler quand-même, on passait la
jambe sous la barre et on parcourait quelques mètres dans une position
inconfortable, sans pouvoir s’asseoir sur la selle, en attendant de
grandir…
Nous avions droit au vélo abandonné
par le grand-père devenu trop âgé pour s’en servir. Mais nous n’aimions
pas ces engins jugés archaïques et tristes, avec leur peinture noire,
monotone.
Nous rêvions d’un demi-course moderne et coloré. Alors, pour
changer quelque peu la situation, nous prenions d’office un pot de
peinture blanche ou rouge et nous nous appliquions à repeindre le
cadre du vélo, sans même démonter quoi que ce soit. Le résultat ne
devait pas être très soigné, mais pour nous, cela suffisait car nous
avions un vélo presque neuf et qui faisait l’affaire.
A propos de peinture, nous avions
trouvé, mon frère et moi, un excellent moyen pour bien remuer le
contenu du pot : nous nous sommes mis à faire rouler le pot dans la
cour bétonnée, à l’arrière de la maison. Et ce qui ne devait pas se
produire, arriva : le couvercle du pot s’ouvrit et toute la peinture se
retrouva gaspillée. Je dois dire que depuis ce jour, je n’ai plus
jamais remué de peinture de cette façon.
J’avais installé sur mon vélo un
timbre (sonnette) tout à fait original. Il n’était pas fixé au guidon, mais sur la
fourche avant et venait frotter contre la jante de la roue si on
l’actionnait. Cela voulait dire qu’on ne l’entendait que si on roulait
et que pour bien l’entendre, il fallait rouler vite. C’était pour nous
l’occasion de courses folles, rien que pour le plaisir de faire
entendre le son du timbre du vélo.
Nous utilisions aussi le vélo pour
promener notre petit chien. Nous l’avions habitué à prendre sagement
place dans le siège-enfant fixé sur le porte-bagages arrière et il
était content d’être ainsi promené.
Les patins à roulettes étaient
aussi à la mode chez les garçons, plus casse-cou que les filles. La rue
était notre piste, mais parfois je marchais, patins aux pieds, sur de
la terre et des grains de sable s’incrustaient dans les roulements à
billes qui grippaient. Mon père dut plus d’une fois démonter les roues
et nettoyer les roulements.
Si l’un d’eux possédait un ballon
en caoutchouc (les ballons de foot en cuir n’étaient pas encore très
répandus), on se rassemblait dans un pré et une partie de balle au pied
s’organisait avec des buts improvisés.
Je me rappelle que le curé Musser
de Herbitzheim avait fait installer pour les enfants, à côté de
l’église, une grande balançoire qui a eu beaucoup de succès. Deux
portiques soutenaient une poutre métallique garnie d’une dizaine de
sièges. Cette poutre se balançait horizontalement et les grands garçons
essayaient bien sûr d’aller le plus haut possible. C’était assez
dangereux, mais il n’y eut heureusement pas d’accident.
Les jeux des filles
C’était des jeux calmes, le plus souvent collectifs.
Outre les poupées, les landaus, les
poussettes, les dînettes, les filles avaient le quasi-monopole de la
corde à sauter, ‘s Sèèlhupse, non seulement dans la cour de
récréation, mais aussi à la maison. Certaines avaient leur propre corde
à sauter et s’amusaient seules à sauter, tout en énumérant les lettres
de l’alphabet ou à compter le plus loin possible.
D’autres, plus grandes, avaient une
plus longue corde qu’elles faisaient tourner à deux : les filles
rentraient alors dans le jeu par le côté, l’une après l’autre et en
ressortaient de l’autre côté, en essayant bien sûr de sauter sans
accrocher la corde. Les sauts se faisaient pieds joints.
Les rondes étaient aussi plutôt réservées aux filles, tout comme les jeux de balle à lancer et la marelle.
Les filles exerçaient leur adresse
à rattraper la balle lancée en l’air ou contre un mur. On augmentait la
difficulté en faisant un tour complet sur soi, pendant que la balle
était lancée, en tapant dans les mains ou encore en comptant le plus
loin possible. Ces jeux de balle étaient individuels ou collectifs.
La marelle était tracée sur la route ou sur une surface bétonnée au moyen d’un morceau de plâtre.
Les fêtes foraines
A Kalhausen, les garçons attendaient avec
impatience la fête patronale du mois de mai et la "Kìrb" pour acheter,
avec leur argent de fête, le "Kìrwegèld", des pistolets à bouchon "Schdobbèrtrévolver" ou à amorces et des boules détonantes "Knàllèrbse".
Les amorces se présentaient sur des rouleaux qu’il
fallait introduire dans le pistolet et n’étaient pas dangereuses. Les
rouleaux étaient constitués de deux fines bandes de papier roses
collées ensemble et entre lesquelles étaient placées, à quelques
millimètres d’intervalle, de petites quantités de poudre.
Quand on n’avait pas assez d’argent
pour s’acheter un pistolet, on achetait seulement des rouleaux
d’amorces et on faisait éclater les amorces en tapant dessus avec un
caillou.
Le pistolet à bouchon, par contre,
pouvait être plus dangereux pour les yeux, si on tirait de trop près.
Le bouchon de liège garni d’un peu de poudre était introduit dans le
canon du pistolet et au moment où on appuyait sur la détente, une
pointe venait perforer le bouchon et mettait le feu à la poudre.
Cela
faisait beaucoup de bruit et de la fumée. Les garçons aimaient cela et
s’en contentaient, dans l’attente de pouvoir acheter plus tard, une
vraie carabine, "e Flobèèr". Là aussi, on pouvait acheter seulement des
bouchons et les faire éclater d’un coup de talon ou de marteau, en les
plaçant sur une surface dure.
Les boules détonantes se
présentaient sous la forme d’une simple enveloppe de papier torsadé,
contenant des grains de sable enrobés d’une poudre blanche explosive.
Quand on les lançait contre une surface dure, elles éclataient
instantanément. La tactique des garçons était de les faire éclater sur
la route, aux pieds d’une fille qui ne manquait pas alors de s’effrayer.
Boules détonantes.
On pouvait encore acheter des
pistolets ou des fusils à flèches pour tirer sur une cible. Les flèches
étaient garnies d’un caoutchouc qui faisait ventouse sur la cible.
Pistolet à amorces.
Pistolet à bouchons.
Amorces.
(Photo internet)
Les manèges forains, les carrousels
ou "Karussèlle", étaient pris d’assaut lors des fêtes villageoises
et les enfants devaient en profiter le plus possible, car ils ne
restaient pas longtemps. Mais le nombre de tours était forcément
limité, car cela revenait cher et le peu d’argent de poche reçu pour
l’occasion, était vite dépensé.
Le jour de la fête patronale, à la
sortie des vêpres, le curé Ichthertz donnait à chacun des servants de
messe une ou deux pièces pour aller sur les manèges, se rappelle Jean-Marie Pefferkorn.
Les adolescents qui gagnaient déjà
un peu d’argent, pouvaient en profiter plus. On trouvait à Kalhausen,
surtout le manège à chaînes appelé "Kédderéssel" ou "Kéddedrìll " et le
manège à gondoles, "de Schìffschaukle".
Les gondoles pouvaient contenir
deux personnes assises face à face. Pour démarrer, le patron du manège
mettait la gondole en mouvement, mais après, il fallait entretenir
soi-même le balancement de la nacelle. Ou bien, on la mettait soi-même
en mouvement en se tenant debout, mais après, il fallait s’asseoir.
Le manège à chaînes comportait des
sièges individuels suspendus au bout de deux chaînes et donnait
l’impression de voler dans les airs. Certains grands avaient pris
l’habitude de s’amuser à bousculer les filles qui avaient eu le malheur
de s’installer devant eux et de faire tournoyer les sièges.
Cette sorte
de manège se retrouve de nos jours encore dans certains parcs
d’attraction, mais en plus grand.

Une gondole en plein mouvement.
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Manège à sièges suspendus installé sur la place du village.
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Les jouets fabriqués
Très peu de jouets étaient achetés
en magasin à cause de leur prix. Souvent un papa ou un parrain
bricoleur consacrait quelques heures de temps libre à fabriquer, à
partir de matériaux de récupération, un véhicule automobile ou une
maison de poupée.
Les adultes apprenaient volontiers
aux grands à fabriquer certains jouets, et les grands initiaient les
plus petits. Ainsi naissaient des arcs et des flèches (à partir de
rameaux d’osier et de ficelle), des lance-pierres (à partir d’une
branche de noisetier en Y, d’un morceau de cuir récupéré sur une
vieille chaussure et de lanières de caoutchouc découpées dans une
chambre à air), des cannes à pêche (à partir d’un bâton, d’une ficelle,
d’un bouchon de liège et d’un clou recourbé)…
A Herbitzheim, nous allions nous
approvisionner en asticots pour la pêche, chez le boucher Kuhn : il
gardait les peaux de bovins dans un petit local situé en face de la
boucherie. Cela grouillait d’asticots, dans une puanteur
indescriptible, et nous nous servions, sans le moindre problème.
Un rien pouvait devenir un jouet.
Une boîte de sardines vide se
transformait en bateau qui flottait allègrement sur les flaques d’eau
et j’avais construit un train de bateaux en les attachant les uns aux
autres au moyen de fil de fer.
Une rondelle de bois découpée à la
scie, par un adulte, dans une bûche devenait sur le champ une
roue qu’on faisait rouler sur la route en pente, se rappelle François
Freyermuth.
Une bobine en bois de fil à
repriser devenait un tricotin pour les filles : le père plantait quatre
pointes en carré sur le dessus de la bobine et ensuite, avec de la
laine et une aiguille à tricoter, il fallait monter les mailles sur les
clous en tournant toujours dans le même sens. Un cordon de laine
se formait ainsi et sortait par le trou inférieur de la bobine. Le
cordon était enfin roulé en spirale ou en carré et cousu pour
devenir un tapis de poupée.
Au pays des mains agiles-Collection Oriens Editions Fleurus 1955
La bobine se transformait en char
d’assaut pour les garçons. Les bords de la bobine pouvaient être
crantés au moyen d’un couteau et une bande de caoutchouc découpée dans
une chambre à air était passée dans le trou central de la bobine. Le
caoutchouc était torsadé et quand on le relâchait, la bobine était mise
en mouvement.
Je sais qu’on utilisait du savon pour faciliter la rotation de la bobine. On pouvait également intercaler entre la bobine et le clou une fine tranche de bougie dont on avait retiré la mèche.
La lampe à huile était aussi un
classique et sa fabrication trouvait parfois sa place dans le programme
de sciences à l’école, appelé à cette époque, à bon escient, leçons de
choses. On y étudiait également le hanneton, le têtard et d’autres
animaux qu’on apprenait ainsi doublement à connaître.
Une rondelle de bouchon de liège
flotte sur l’huile et porte la mèche,en réalité, un simple morceau de ficelle. Du
papier aluminium recouvre la rondelle et la protège du feu.
Cette lampe est une veilleuse et on
pouvait l’utiliser, à la place de bougies, lors d’un décès, pendant
qu’on veillait le défunt. Elle brûlait sans danger pendant de
nombreuses heures, il suffisait de temps en temps de remonter la mèche
pour avoir une flamme suffisamment grande.
Les jeux collectifs
Le meneur de jeu était toujours désigné par une formule éliminatoire.
Voici une formule citée par Joseph Pefferkorn :
« Une boule qui roule du haut Paris sonne uno, duo, trio, quatro, cinquo, sexto, septo, huito, neuvo, dixo, midi, hors d’ici. »
Les formules éliminatoires étaient parfois toutes simples, du genre Ens, zwei , drèi, ùnn duu bìsch druss (Un, deux, trois, éliminé !)
Il y avait aussi
Isch ùnn
du
Toi et moi,
Müllersch
Kuh,
Et la vache du meunier,
Bäggersch
Ésel,
L’âne du boulanger
Dèr bìsch
duu.
Mais
c’est
toi.
Le jeu des quatre coins
Il se jouait sur le parvis de
l’église de Herbitzheim, en attendant de rentrer pour l’office.
L’endroit s’y prêtait bien avec la présence des colonnes de grès qui
supportent l’auvent. Il fallait être à cinq, un dans chaque angle du
carré, et le cinquième au centre. Le principe du jeu consistait à
changer de coin, sans se faire voler sa place par le joueur du
milieu. Celui qui avait perdu son coin prenait la place du centre et
essayait de reconquérir un coin au détriment d’un autre joueur.
Le jeu de la chèvre (de Geis)
Ce jeu se pratiquait à Kalhausen, dans les rues du village, mais aussi dans les prés, pendant la garde des vaches en automne. Je n'ai pas le souvenir de ce jeu à Herbitzheim.
Un
joueur était désigné pour être le gardien de la chèvre. La chèvre était
un trépied formé de trois branches, haut de 70 cm environ, que le
père avait coupé dans une haie ou en forêt, lors du façonnage de bois
(c’était en général du prunellier, appelé aussi épine noire, "e Schwàrzdèèr" .
Le gardien de la chèvre est armé
d’un long bâton, une rame à haricot. En face de lui,
à une distance de 5 m se trouvent les joueurs dont le nombre peut
varier de 4 à 7 et qui sont dotés chacun d’un bâton d’une cinquantaine
de cm environ.
La chèvre est mise debout. Le jeu consiste à renverser
la chèvre au moyen du bâton.
Le gardien de la chèvre se place
sur le côté pour éviter une blessure et à son signal, le premier joueur
lance son bâton à l’horizontale en direction du trépied.
Si le gardien n’a pas pu parer le
cou avec sa perche et si la chèvre est renversée, il doit la remettre à
sa place le plus vite possible pendant que le joueur qui a lancé son
bâton essaye de le récupérer.
Quand la chèvre est relevée, le gardien poursuit le joueur qui veut récupérer son bâton. Alors entre en jeu le second lanceur.
Si le second joueur renverse la
chèvre, les autres crient : "de Geis, de Geis" ! Le gardien ne peut
alors plus poursuivre le premier et doit remettre la chèvre sur pied.
Dans le cas où la chèvre n’est pas
touchée, le gardien a plus de chance d’attraper le lanceur qui devient
alors à son tour gardien de la chèvre.
Si les joueurs sont habiles, le gardien de la chèvre peut rester un bon moment à son poste, voire pendant tout le jeu.
Règle du jeu expliquée par Joseph Pefferkorn.
Ce jeu porte le nom de « Chèvre »
car la chèvre est un appareil de levage composé le plus souvent de
trois poutres disposées en pyramide triangulaire dont le sommet
soutient une poulie manœuvrée à l’aide d’un treuil. (définition tirée
du petit Robert)
Jeu de la balle cachée
Un joueur cachait une petite balle
dans un trou de mur (mur de pierres sèches ou mur de maison) et
s’écriait : "Bàlle ìm Iesenèck verschdéggt". Tous les autres joueurs
devaient alors la chercher et celui qui la trouvait la cachait à son
tour.
(Règle du jeu transmise par Gabriel Freyermuth.)
Jeu de cache-cache appelé Frèi, frèi ùnn frèi
Ce jeu se pratiquait dans le
village, autour de l’ancien presbytère ou dans la cour de l’école,
autour des sanitaires. Le meneur du jeu se plaçait au portail de la
cour ou à la porte du jardinet, devant l’ancien presbytère. Pendant
qu’il comptait jusqu’à 20, les autres joueurs allaient se cacher. Puis
le meneur du jeu partait à la recherche des joueurs cachés.
Après
avoir repéré un joueur, il revenait au portail, y frappait trois coups
et annonçait à haute voix le nom du joueur découvert. Celui-ci se
constituait prisonnier et venait au portail. Pendant que le meneur du
jeu continuait sa recherche, les autres joueurs pouvaient venir
délivrer le ou les prisonniers en criant "Frèi, frèi ùnn frèi" avant que
le gardien ne revienne et n’essaye de les toucher pour les
refaire prisonniers.
(Règle du jeu expliquée par Joseph Pefferkorn)
Le jeu du diable enchaîné ou De Déiwell àn de Kétt
Ce jeu se pratiquait aussi lors de la garde des troupeaux.
Un joueur était désigné par
élimination et devenait le diable. Un fouet était planté dans le sol et
le diable devait tenir la lanière du fouet dans une main. Au pied du
fouet était placé le trésor, c’est-à-dire un effet vestimentaire.
Les autres joueurs se plaçaient à
quelques mètres, sur un cercle autour du trésor et, au signal du diable,
s’élançaient pour essayer d’attraper le trésor. Le gardien devait
éliminer les joueurs en les touchant. La tactique consistait à
attirer le diable d’un côté pour pouvoir s’emparer du trésor dans son
dos. Celui qui réussissait à mettre la main sur le trésor devenait le
gardien pour la partie suivante. Le rôle du gardien était difficile à
cause des joueurs placés dans son dos.
Ce jeu avait une variante. Le
diable pouvait être attaché par la taille, au moyen d’une corde à un
piquet, un arbre ou à un anneau scellé dans un mur. Il avait un champ
d’action de 3 à 4 m. Les joueurs étaient placés sur une ligne et
devaient rejoindre la ligne opposée, en passant par le champ du diable.
Celui-ci avait pour mission de les éliminer en les touchant.
(Règle du jeu expliquée par François Freyermuth.)
Le jeu du ballon prisonnier
C’est un jeu typiquement masculin
qui était pratiqué pendant les récréations par les grands élèves
des classes de fin d’études, jusque dans les années 1970. La cour de
récréation, de forme rectangulaire, se prêtait bien à ce jeu.
Le terrain de jeu est partagé en deux camps. Au fond de chaque camp se trouve la prison adverse.
Les joueurs sont partagés en deux
équipes qui désignent chacune un prisonnier volontaire. Le but du jeu
est de toucher avec le ballon l’un des joueurs de l’équipe adverse.
Le
joueur touché va en prison, mais peut se délivrer, s’il arrive à toucher
à son tour un adversaire. Si un joueur attrape le ballon, sans le faire
tomber, il n’est pas fait prisonnier.
Lorsque tous les joueurs d’une
équipe sont en prison, le prisonnier volontaire peut regagner son camp
pour continuer la partie.
Le jeu s’arrête par l’élimination de tous les joueurs.
Le jeu De Ràpp hàt de Kàpp geschnàpt
Ce jeu se jouait aussi pendant la garde des troupeaux et lors de la confection de la marmelade de quetsches "Quétscheschlèggel".
Les joueurs se plaçaient en rond ou
en ligne et chacun choisissait une couleur. Le meneur de jeu commençait
ainsi : "De Ràpp hàtt de Kàpp geschnàppt, de Root hàtt se".
Le joueur rouge ainsi désigné
devait nommer un autre joueur : "De Root hàtt se nìtt, de Grìen hàtt se". Et
ainsi de suite. Celui qui se trompait en nommant une couleur non
choisie ou en formulant mal sa réponse devait abandonner, par exemple
son béret ou une chaussure.
Si, à la fin du jeu, il voulait récupérer
son bien, il devait réaliser un gage : rassembler les bêtes dispersées,
aller à la source puiser de l’eau ou entretenir le feu.
(Règle du jeu expliquée par François Freyermuth.)
Le jeu du pont
C’était un jeu typiquement féminin.
Deux fillettes se tenaient face à
face et avec leurs bras tendus formaient un pont. Les autres passaient
sous le pont à la file indienne et toutes chantaient :
« Passe, passe, petite, passe,
La dernière, la dernière,
Passe, passe, petite, passe,
La dernière restera. »
A ce moment, les deux filles abaissaient les bras et emprisonnaient une joueuse. Elles demandaient : "Léffel oder Gàwwel" ? (Cuillère ou fourchette ?)
Selon la réponse, la prisonnière allait à droite, au ciel, et devenait un ange, "e Èngel" ou se plaçait à gauche, en enfer et devenait un démon, "e Déiwel".
Le jeu se terminait quand toutes les joueuses avaient été faites prisonnières.
Une variante existait pour la chanson :
« Laissez passer les petits singeons
Pour aller voir leur amant
Aux champs. »
(Règle du jeu transmise par Gabriel Freyermuth.)
Le jeu du facteur
Les participants étaient assis par
terre, en cercle, pendant qu’un joueur faisait le tour du cercle, un
mouchoir en main. Tous chantaient :
Le facteur n’est pas passé, il passera dans cinq minutes.
Celui qui tournait autour disait :
Fermez les volets.
Les enfants fermaient alors les yeux et celui qui se déplaçait laissait tomber son mouchoir derrière un joueur.
Il continuait :
Ouvrez les volets.
Celui qui avait hérité du mouchoir
essayait alors d’attraper l’autre avant qu’il ne fasse un tour complet
et ne vienne s’asseoir à la place libérée.
Une variante de ce jeu comportait
un joueur au centre du cercle et se jouait sans chanson. Le but était
de déposer délicatement le mouchoir dans le dos d’un joueur et de faire
un tour complet sans que le joueur piégé ne le remarque. Quand le tour
était réussi, le joueur piégé était surnommé "fuller Kääs" et prenait la
place au centre du cercle. Ce jeu s’appelait alors "de fulle Kääs".
Le jeu du fromage battu
Les joueurs se plaçaient sur un cercle pendant que l’un d’eux, désigné par élimination, se tenait au centre.
Tous chantaient :
Le fermier est dans son pré, (bis)
Ohé, ohé, le fermier est dans son pré.
Le fermier prend sa femme, (bis)
Ohé, ohé, le fermier prend sa femme.
La femme prend son enfant, (bis)
Ohé, ohé, la femme prend son enfant.
L’enfant prend sa nourrice,
La nourrice prend son chat,
Le chat prend la souris,
La souris prend le fromage,
Le fromage est battu.
A chaque strophe, le joueur du
milieu venait se placer devant un joueur qu’il choisissait et
l’invitait alors à le suivre au centre du cercle.
A la fin de la
chanson, sept joueurs se trouvaient au centre et pendant la dernière
strophe, les six premiers joueurs « battaient » gentiment le dernier
joueur, le fromage.
(Règle du jeu expliquée par Gabriel Freyermuth.)
La ronde enfantine
Les petites filles formaient une ronde et se déplaçaient en chantant. La ronde obéissait à la chanson.
On tourne en rond.
Rìngle, rìngle, Roose,
Schééne Abrikoose,
Veilche ùnn Vèrgissmeinnicht,
Àlle Kìnner sìtze sisch. (Tout le monde s’assied.)
Kikeriki
Pour écouter la chanson, cliquer
Ou, comme à Herbitzheim,
Hoppsassa, Hoppsassa, Huppsassa,
Hoppla, Hoppla, Huppsassa.
(La ronde reprend.)
Distractions des adultes
Autrefois, les distractions étaient
rares pour les adolescents et les adultes au cours de l’année consacrée
presque entièrement au travail. Ils devaient se contenter de jeux
simples et peu onéreux, comme les quilles et les cartes et de ce fait
fréquentaient assidument les restaurants, surtout le dimanche.
Ils avaient quand-même quelques
autres occasions de s’amuser pendant l’année, surtout au cours de l’été où des
fêtes étaient organisées et lors de soirées dansantes locales.
Les veillées
Elles n’avaient déjà plus cours
dans la seconde moitié du 20° siècle. Ces veillées tissaient autrefois
un lien social entre la famille et les voisins ou entre les membres
d’une même famille. Ce lien était le gage d’une bonne entente, d’une
ouverture à l’autre et d’une solidarité à toute épreuve.
Le banc de conversation, placé
devant la maison, était le prolongement de ces veillées. Ce banc
accueillait les voisins et les passants, et il était d’usage de s’y
installer le soir, après la journée de travail, pour échanger quelques
banalités ou tout simplement être le spectateur de la vie de la rue.
Les vieilles personnes qui n’étaient plus utiles dans les activités
agricoles y trouvaient place pendant les belles journées d’été et
s'occupaient à de menus travaux, comme le tricot ou l'écossage des
petits pois.
Les quilles
Le jeu de quilles était très
populaire et pratiqué surtout le dimanche, dès après la grand-messe de
10 heures ou après les vêpres. Chaque restaurant possédait sa piste de
quilles, "e Kéijelbòhn" : le restaurant Simonin avait sa piste du côté du pignon et le restaurant Kihl sur l’usoir.
Jean-Marie Pefferkorn avait à
l'époque 12 ou 13 ans. Il se rappelle que la piste fabriquée par
Laurent Kihl, le restaurateur, avait ses habitués : Joseph Bellott,
Joseph Lohmann, Marcel Prozsnuck entre-autres.
Avec ses camarades, Gaston Gross,
Raymond Bour, Gérard Diener, il s'occupait à relever les quilles et les
remettre en place. Le vainqueur de la partie donnait à chacun
vingt ou trente centimes.
La piste était située le long de la
façade du restaurant, à partir de l'escalier jusqu'au bout du bâtiment.
Les jeunes se mettaient à l'abri derrière le pignon afin d'éviter les
grosses boules qui étaient lancées avec force par les joueurs.
Pour le retour, les boules étaient
placées dans une rigole faite avec des planches en "V" de la même
longueur que la piste, ainsi les boules roulaient jusqu'aux joueurs qui
n'avaient plus qu'à les reprendre pour une nouvelle partie.

Restaurant Kihl.
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Boules en bois.
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Les cartes
Le jeu de cartes se pratiquait bien
sûr dans les restaurants entre habitués, mais aussi à la maison, entre
voisins, souvent le soir, après la journée de travail.
Certains soirs de la semaine
étaient ainsi réservés aux cartes. Dans la rue de la Libération, le
rendez-vous était fixé dans la maison de Nicolas Lenhard, "Schààcks Nìggel".
Souvent deux tables étaient
nécessaires dans la cuisine, l’une réservée à la génération des
adultes, Nicolas, son frère Jacques, ainsi que les voisins, Adam
Stephanus et Jean-Baptiste Neu "de Néi Bàddiss".
A l’autre table prenaient place les
enfants les plus âgés : Adolphe et Nicolas ainsi que leurs copains René
et Erwin Demmerlé, Camille Klein, Aloyse Schlegel, Jacques
Freyermuth.
Pendant que la maison était ainsi investie par les hommes, la maîtresse de maison, Clémentine, assistait à la messe.
Les jeux pratiqués étaient principalement la belote.
Les associations
Le club de football créé en 1946 et
le club cycliste « Bonne Chance » » créé en 1924 offraient
quelques loisirs le dimanche à leurs membres. Les cyclistes étaient des
randonneurs à vélo et ils profitaient du dimanche pour faire des
virées dans les alentours et participer en groupe à des fêtes.
Le vélo-club organisait chaque année sa fête du vélo agrémentée d’un défilé dans le village et de nombreux clubs y assistaient.
L'équipe
locale
1946/1947
Le
vélo-club "Bonne Chance"
L’activité théâtrale
Une activité théâtrale avait déjà
été organisée avant guerre par Suzanne Lenhard, née Helmer, et le
profit généré par les représentations servait à aider un jeune homme
qui se destinait à la prêtrise et originaire de Hochstett,
Jérôme-Théodore Linckenheim. Les représentations avaient lieu au
restaurant Kihl et avaient beaucoup de succès. Ces pièces étaient jouées uniquement par des filles.
L’activité théâtrale se poursuivit
après guerre sous l’impulsion des frères Nicolas et Jacques Lenhard qui
organisaient des représentations à Noël, au profit de l’église. Les
pièces furent jouées au restaurant Kihl, puis dans le foyer paroissial
nouvellement construit en face du presbytère,
" 's Vereinshuss".
Le foyer des jeunes reprit cette activité dans les années 80.
Les fêtes foraines
Les fêtes foraines (fête patronale
du mois de mai, le dimanche suivant la saint Florian, appelée " 's
Maikäferféscht" et la "Kìrb", au mois de novembre) étaient toujours
attendues avec impatience, parce qu’elles permettaient de rompre le
quotidien et de pimenter, par des réjouissances et parfois quelques
excès de boissons, une vie toute consacrée au labeur.
Des bals étaient organisés dans les
deux restaurants du village qui comportaient chacun une salle de danse
spéciale. On dansait non seulement le dimanche soir de la fête, mais
aussi le lundi soir, "àm Féschtmäända, àm Kìrwemäända" et la semaine
suivante, "àm Nàhféscht" et "àn de Nàhkìrb".
Il arrivait parfois que les bals
dégénèrent sous l’effet de la boisson et des bagarres éclataient,
opposant les Kalhousiens aux jeunes d’autres villages. Les curés
voyaient d’un mauvais œil ces bals surtout s’ils se déroulaient lors
d’une fête religieuse.
Les jeunes du village fréquentaient également les fêtes organisées dans
les villages environnants. Ils s’y rendaient bien sûr à pied, faute de
moyen de locomotion, et il n’était pas rare qu’ils passent la nuit du
samedi au dimanche sur place, pour éviter de devoir revenir le
lendemain.
Ainsi Adolphe Lenhard se souvient
avoir dormi avec des copains à Herbitzheim, sur le fenil de Céleste
Schauber, dont la maison était située à l’emplacement de l’actuel
monument aux morts. Céleste n’avait que des filles. L’une d’elles,
cavalière d’un soir, avait certainement autorisé les jeunes gens, à
passer la nuit sur le fenil. Est-ce que les parents des filles Schauber
étaient au courant de ce fait ?
Les fêtes champêtres ou Gàrdeféschde
Elles étaient organisées par
certaines associations du village et se déroulaient en été, dans un pré
appartenant à un particulier, soit dans la rue de la libération,
" ìm Làngenéck", au niveau de la maison D’Andréa, soit dans la rue de la
gare, "de Nòuschtròòss".
Ces fêtes comportaient en général une buvette et
un bal sur une piste à l’air libre, l’orchestre étant installé sur une
charrette à plateau,
"e Brìtschewòhn".
Parfois de petits stands
fonctionnaient, comme la course de sac ou les boîtes de conserve à
renverser. Ces fêtes se terminaient souvent tard dans la nuit, dans une
excellente ambiance. Il va sans dire que plus d’un adulte profitait de
ces fêtes pour se défouler un peu.
Noël
La fête de Noël était l’occasion de
fêtes autour du sapin. La paroisse organisait en premier, le soir du 25
décembre, au restaurant Kihl, puis au foyer paroissial, une
adjudication publique au plus offrant, des branches d’un sapin décoré.
Chaque branche comportait soit une boule, soit une bougie, mais de
toute façon une paire de saucisses, des viennoises.
Le lendemain, c’était au tour du
club de randonneurs à vélo, d’organiser un bal au restaurant Simonin,
avec aussi une adjudication des branches d’un sapin. Parfois deux
paires de viennoises permettaient de faire monter les enchères.
La
dernière branche adjugée comportait une saucisse de Lyon, "e Lyooner".
Ces ventes étaient très appréciées
du public, il va sans dire que les saucisses étaient mangées sur place,
le restaurateur fournissant souvent pain et moutarde.
(Renseignements fournis par François Freyermuth).
Le cinéma
Des salles de cinéma existaient dès
après la guerre dans les villages et proposaient des projections le
samedi soir, ainsi que le dimanche après-midi et le soir.
La salle du foyer paroissial de
Kalhausen permettait de telles projections, mais elle n’était pas une
salle de cinéma proprement dite, contrairement à celle de Herbitzheim
qui comportait une cabine de projection.
Le dimanche matin, après le sermon
de la grand-messe, le curé Ichtertz annonçait le film qui était projeté
le soir. Aussi, les enfants écoutaient toujours avec intérêt s'ils
avaient le droit, accompagnés par un adulte, d'assister à la séance.
C'était Nicolas Jacobi qui s'occupait de la projection. Par la suite,
Camille Schaeffer a pris le relais.
Le curé avait aussi installé dans le foyer quelques jeux achetés
d'occasion pour les enfants afin que le jeudi, jour de repos des écoliers, ces derniers
courent moins dans les rues du village à ne rien faire. On y
trouvait entre-autres une table de ping-pong, un flipper, un
baby-foot... Certains jeux ne fonctionnaient qu'avec des pièces de 20
centimes. Le curé donnait souvent des pièces de sa poche à ceux qui venaient jouer.
(Renseignements fournis par Jean-Marie Pefferkorn)
Le foyer paroissial en face du presbytère
Aujourd'hui, la caisse du Crédit Mutuel se trouve à l'emplacement du foyer.
Les excursions
A une époque où les sorties étaient
rares, des excursions étaient fréquemment organisées par diverses
associations ou personnes. C’était en général l’entreprise Schneider
Jules de Singling qui mettait ses autocars à disposition.
Le curé Ichthertz emmenait les membres de la chorale paroissiale en pèlerinage,
notamment au Grand Duché de Luxembourg (
Notre-Dame de Luxembourg),
en Suisse (
Maria Einsiedeln),
en France (
Mont Sainte Odile, Lourdes)
et dans d'autres lieux bien connus...
Les arboriculteurs organisaient des sorties d’études de vergers grâce à
leur président Henri Hoffmann.
Plus tard, Jacques Lenhard organisa des séjours dans des
endroits touristiques.
(Paris en 1979, Autriche en 1980, Côte d'Azur en 1981, Normandie en 1983)
Conclusion
Si les jeux sont indispensables aux
enfants et constituent pour eux un substitut au travail, les
distractions des adultes sont tout aussi nécessaires pour rompre la
monotonie d’une vie de labeur. Autrefois les jeux et distractions
étaient simples et peu onéreux : les enfants s’amusaient et créaient
des jouets à partir d’un rien, les adultes se divertissaient lors de
fêtes locales, bon enfant, où la convivialité et la proximité
permettaient d’entretenir les liens de voisinage.
De nos jours, les jeux des enfants
sont devenus sophistiqués, techniques, individuels et les enfants
n’apprennent plus à connaître la nature qui les entoure. L’ordinateur,
les parcs de loisirs, les centres aquatiques, les circuits de kart, les
parcours acrobatiques offrent d’autres possibilités de loisirs aux
jeunes et moins jeunes.
Les loisirs des adultes sont
devenus plus individuels, la télévision et internet rompent le lien
social et contrairement à nos ancêtres, nous cohabitons avec nos
voisins sans vraiment les connaître. Pour retisser ce lien social qui
s’étiole dans la vraie vie, de nouveaux loisirs apparaissent : les
fêtes de quartier ou des voisins, le Beaujolais nouveau, la Fête de la
musique, les marches populaires, les vide-grenier…
Gérard Kuffler
Juin 2012