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JOSEPH WEITTMANN

LE PERIPLE D’UN RAPPELE ET INSOUMIS




Joseph WEITTMANN, fils de Florian WEITTMANN, journalier, et de Marie LENHARD, est né le 28 novembre 1914 à KALHAUSEN. Il était le benjamin d’une fratrie de 9 enfants, 6 garçons et 3 filles issus de deux unions différentes, dont seuls 2 atteignirent l’âge adulte.


Après avoir fréquenté l’école communale de 1920 à 1928, il sera ouvrier du bâtiment sur différents chantiers et bien sûr, prêtera main forte à la petite exploitation agricole familiale de ses parents.


 
 

Joseph WEITTMANN effectuera son service militaire de 1935 à 1937 au 8ème Régiment de Zouaves à MOURMELON.




 
Joseph en tenue d’apparat de Zouave.




(Cliquez sur la photo pour l'agrandir)
 

Dès son retour au foyer, il ira travailler comme mineur de fond, au puits de PETITE-ROSSELLE.


A l’automne 1937, alors âgé de 23 ans, il commencera à fréquenter une fille du village, Marie LIST (Muure Hònse Mari). 

Le 31 mars 1939, par acte de vente de la part de ses parents, Joseph, alors âgé de 24 ans, devient propriétaire de la maison familiale et des jardins attenants situés au 36 du "Wélschebèrsch" (actuellement 6, rue des Roses).




 
La maison WEITTMANN vers 1900

Les jeunes fiancés, Joseph et Marie, envisageaient de se marier fin 1939, au plus tard début 1940, cependant leur plan allait être contrarié car un conflit armé se préparait.

SA PÉRIODE DE RAPPELÉ



A la mi-août 1939, Joseph WEITTMANN, numéro matricule 1619, est rappelé sous les drapeaux à ROHRBACH-LES-BITCHE dans le 153ème Régiment d'Infanterie, dépendant du 21e Bataillon d’Infanterie qui prend ses quartiers à la caserne du Val d’ACHEN le 25 août.


Par le bon vouloir de son capitaine, un échange est effectué avec des soldats cantonnés à KALHOUSE et Joseph peut retourner dans son village. Trop tard, l'évacuation a eu lieu la veille (vendredi 1er septembre). Il reste cependant cantonné quelques jours dans son village et peut dormir dans son lit, tout est encore en place dans sa maison.

Ainsi donc le village de KALHOUSE se trouvant en 1ère zone, ses habitants ont ordre d’évacuer les lieux en ce 1er septembre 1939, pour se replier au centre de la France, en Charente. La famille de Marie LIST (les Muure Hònse) avait pris en charge les parents de Joseph qui étaient déjà relativement âgés.

Le parcours des familles LIST et WEITTMANN, sur la route de l’exode avec les chariots qui les a menées de KALHOUSE à RECHICOURT-LE-CHATEAU, a pu être reconstituée grâce à des annotations sur une enveloppe, faites par Joseph. Elles sont donc passées par RAHLING, REXINGEN, HIRSCHLAND, GOERLINGEN, SARRALTROFF, DOLVING, HAUT-CLOCHER, LANGATTE, KERPRICH-AUX-BOIS, BARCHAIN, HERTZING, GONDREXANGE.

Une précision :  KALHAUSEN qui s’orthographiait ainsi depuis la fin du XVIIIème siècle, au sortir de la 1ère guerre mondiale, donc en 1919, fut francisé d’office avec l’appellation KALHOUSE. Par après le Conseil Municipal s’opposa à cette modification, mais le toponyme KALHOUSE eut cours jusqu’à la nouvelle annexion au territoire allemand en 1940, pour redevenir KALHAUSEN et le village gardera définitivement ce nom.

Pour Marie et Joseph, les jeunes fiancés ainsi brutalement séparés, il va s’en suivre un intense échange de courrier.
Dans un petit sac de jute, Marie conservera tout le courrier que son fiancé Joseph, lui enverra en Charente où ils étaient hébergés au château de PLEUVILLE, en tant qu’ "évacués".

Ces lettres concernent la période durant laquelle Joseph avait été rappelé sous les drapeaux. C'est un riche courrier, à la fois sentimental et évènementiel, ce sont des lettres d'amour, de tendresse, mais aussi des cris de douleurs, de désespérance due à la séparation et de plus cette correspondance contient une mine d'informations.

Il s’agit de 251 courriers dont 248 lettres et 3 cartes écrites entre septembre 1939 et juin 1940, uniquement adressées à sa fiancée. Joseph entretenait par ailleurs aussi de la correspondance avec ses parents, son frère Pierre, ses futurs beaux-frères : Jean, Joseph et Pierre, sa future belle-sœur Louise et son mari Henri.

Ces lettres étaient censurées par l’armée. Par précaution, Joseph y donne peu de détails sur les opérations, mais il écrit souvent que les tâches sont parfois dures, effectuées dans des conditions peu enviables et qu’il manie souvent pelle et pioche. Au début, comme en-tête, il indique les lieux de cantonnement, mais à partir de janvier 1940, il  n’inscrit plus que le jour et la date. Les noms des lieux y figurent souvent en abréviation. Les premiers temps, il est en manque de papier à écrire et emploie des feuilles prélevées dans des cahiers. Au début, il utilise un crayon à papier, par la suite, il aura de l’encre.

Tout ce courrier est écrit en allemand, d’une belle écriture, bien lisible. Quelques en-têtes sont cependant en français, comme : ma chère et tendre, ma bien-aimée…  Cela peut interpeller, car il avait été à l’école française, mais tout laisse à penser, qu’écrite en allemand, leur correspondance pouvait être moins facilement déchiffrée.

La première lettre, datée du 03/09/39, est écrite à la famille LIST, alors qu’il est en cantonnement dans sa maison à KALHOUSE. Il y raconte par quels moyens brutaux, les quelques villageois qui étaient encore présents et qui étaient chargés de convoyer le bétail, se sont acharnés sur ces pauvres bêtes, les maltraitant à coups de bâtons, vraiment d’une façon barbare. Ils ont aussi fait sortir des porcheries les cochons qui maintenant déambulent dans les rues. Les vaches ont été convoyées jusqu’à RAHLING, et cet après-midi, ils ont eu ordre d’aller les récupérer. Ses propres vaches ont elles même rebroussé chemin et sont revenues seules à l’étable.

Chez les LIST, l’étable est sens dessus dessous, tandis que chez Henri HOFFMANN tout est encore en bon état. Alors qu’il a déjà terminé sa lettre, mais qu’il ne l’a pas encore expédiée, le lendemain, il y rajoute un petit supplément pour dire que les convoyeurs de bêtes ne doivent guère regretter de quitter le village, car ce matin ils sont tous en état d’ébriété. Il complète en disant que le bétail des LIST est aussi revenu et termine par quelques mots pour sa fiancée.


06/09/39. Joseph quitte KALHOUSE ce jour et la compagnie est transportée par camions, ils ont été emmenés à SARREBOURG. Sa fiancée lui manque déjà cruellement et demain, elle et tous les siens partent vers l’inconnu. (Ils vont prendre le train à RECHICOURT, mais ne savent pas vraiment vers où). Il a aussi du mal à surmonter les maltraitances du cheptel, qu’il a vues dans son village natal, lui qui est si proche de ses bêtes et à leurs petits soins. Il a encore pu rendre visite à son futur beau-frère Joseph LIST, qui était en position dans le secteur, cependant il n’a plus pu revoir Henri HOFFMANN, car à la maison JUVING (au bas de la rue de la gare) il y a interdiction de passer. Il rajoute encore que Jean Pierre LENHARD et Jean Pierre LANG sont aussi dans son unité.

19/09/39. Joseph est maintenant cantonné à HOMMARTING où il couche sur la paille. Il est heureux, car il vient juste de réceptionner la carte de sa fiancée, datée du 11/09, et sur laquelle figure enfin l’adresse de la Charente. Il est rassuré de savoir qu’ils sont arrivés dans un endroit plus sécurisé qu’ici, même si la distance lui pèse. Il se remémore leur ultime rencontre d’adieu à DOLVING et fait part à sa fiancée qu’il aurait souhaité la revoir à RECHICOURT, mais qu’il avait été informé trop tardivement de l’heure de départ.

 


21/09/39. Joseph se fait des soucis car en Charente les réfugiés couchent aussi sur la paille et la situation risque de perdurer. Lui-même a souffert d’une laryngite avec 38,8° de température, mais il s’est vite remis, car des habitants l’ont pris en charge et spécialement une dame qui l’a soigné comme s’il avait été son propre fils. Elle lui a même fourni une chaise-longue pour pouvoir dormir plus confortablement.


22/09/39. Aujourd’hui il a aidé cette femme qui l’a soigné, à arracher des pommes de terre.

24/09/39. Aujourd’hui dimanche, Joseph a été à la messe. L’après-midi, Marie KARMANN, l’épouse de Jean Pierre LENHARD, qui est réfugiée dans une ferme à 12 km de SARREBOURG, est venue en visite chez son mari Jean-Pierre. Cette nuit, la compagnie va quitter HOMMARTING pour faire route vers MACKWILLER.

28/09/39. Joseph est encore à MACKWILLER, il a rencontré des Kalhousiens qui l’ont informé que le village est en train d’être pillé. Tout est envoyé
" ìns ìnnere " comme il dit, dans l’intérieur de la France : des paquets avec des habits, des postes radios et même le mobilier. " C‘est une honte ce qui se passe dans notre village" clame-t-il. Par contre, l’acheminement du courrier connaît d’énormes difficultés, puisque les lettres mettent 8 jours pour arriver à destination.


02/10/39. Joseph a pu repasser à KALHOUSE et constate que sa maison est complètement vidée et dévastée, toutes les portes sont défoncées, même le circuit électrique est endommagé, il est choqué. Il a aussi visité la maison LIST, qui est encore relativement en bon état, mais il remarque que les conserves ont été volées et que le chien "FRITZ" gisait mort dans le lit. Il a enterré la pauvre bête dans le jardin. Il éprouve une grande amertume et du dégoût.

03/10/39. Il se trouve maintenant à GUISING, tandis que Jean LIST est près de l’étang de HANAU.
       

04/10/39. Il se retrouve à MONTBRONN. Joseph MULLER (Gréts Sépp) et Jean-Pierre LENHARD font partie du même régiment.

05/10/39. Le voici à LEMBERG, c'est déjà son septième village de cantonnement, signifie-t-il, et il couche sur de la paille à l'étable. Il n’a souvent
 pas le moral.


06/10/39. Cantonnement à LEMBERG. Des gens extrêmement sympathiques lui permettent de dormir dans un de leurs lits.

12/10/39. Il communique que Joseph LIST se laisse pousser la barbe et qu’il ne s'est pas encore rasé depuis son incorporation.

16/10/39. Les canons tonnent.


22/10/39. Il vient de changer de cantonnement et le voici à nouveau à la caserne de BINING, où il couche sur la paille. Il se plaint de douleurs dorsales dues au mauvais couchage et d’un sommeil agité, car il a été réveillé à plusieurs reprises par le bruit des canons.

23/10/39. Toujours à BINING.


24/10/39. Joseph est à SINGLING pour creuser des tranchées. Il a passé toute la journée sous la pluie à gâcher du béton. Il est plein de boue, du haut en bas et les vêtements sont mouillés. Et le soir, retour à l'étable, où il n’y a pas de feu ni de lumière. Demain il faudra à nouveau ressortir après avoir passé la nuit sur la paille. Durant le sommeil, il a été plusieurs fois réveillé par le bruit des canons de gros calibre qui tonnaient.

25/10/39. Il est près de la gare de ROHRBACH, occupé à combler un trou suite à des dégâts causés par un obus.


26/10/39. Tout le temps, Joseph a les pieds mouillés et le soir, il est obligé d’écrire son courrier sur ses genoux, il n’y a même pas une chaise ou un banc.


29/10/39. Il a froid aux pieds et attend une paire de pantoufles de ses parents. Il travaille actuellement près de la ferme de BOMBACH.

01/11/39. Il doit  en principe se rendre à KALHOUSE en ce jour de la Toussaint pour honorer la mémoire des défunts de sa famille, mais la perme a été annulée et il est obligé de travailler, à gâcher du béton toute la journée. Le danger est constant, car des avions ennemis survolent la région et un homme de PETIT-REDERCHING a été tué.


03/11/39. Il se retrouve cette fois à GUISING, à moins de 3 km du front, la situation est dangereuse.

04/11/39. Il consolide des murs de caves servant d’abris.

06/11/39. Il est toujours à GUISING où il loge dans une cave. Heureusement qu’il peut allumer du feu pour se réchauffer.

07/11/39. Il réitère que non seulement les soldats français, mais aussi des habitants de villages environnants ont participé au pillage et au saccage de son village natal.


09/11/39. Il doit beaucoup travailler et de plus, les supérieurs harcèlent les soldats.

10/11/39. Repos à la caserne de BINING où l’on est quelque peu éloigné du danger.

11/11/39. Retour dans sa maison à KALHOUSE. Quelle désolation, "même les gitans n'ont pas un tel taudis" ! Dans la vieille maison attenante, le parquet a été arraché de même que des chevrons, vraisemblablement pour faire du feu. La maison des LIST est aussi sens dessus dessous, tout a disparu, à part 2 manteaux et une veste de Pierre. Restaient encore dans les deux maisons les machines à coudre.

12/11/39. Aujourd’hui dimanche, normalement jour de la "Kirb". Quelle triste journée avec travail en continu ! Joseph confectionne 2 colis avec les trouvailles de la veille, mais pour les expédier vers la Charente, il devra se rendre à DIEMERINGEN.

21/11/39. De nouveau de retour à vélo à KALHOUSE, où il a encore trouvé quelques effets sur la paille. Il a failli se faire dérober son vélo d'emprunt, mais il a quand même pu ramener son maigre butin et l'expédiera dès que possible en Charente. Il espère toujours une perme pour Noël, mais comme il est le plus jeune de la section, les autres passent en priorité.

27/11/39. La nuit prochaine, réveil à 2 h pour aller faire du béton près de la ALTKIRCH, précise-t-il. Il fait froid en cette fin novembre. Parfois il a du mal à rédiger son courrier car souvent la compagnie quitte le cantonnement le matin à 7 h et revient seulement à 17 h. Il fait alors déjà nuit, la majorité du temps, il n'y a pas de lumière et pourtant il voudrait envoyer, à sa fiancée, une lettre par jour.

30/11/39. Cantonnement à RATZWILLER dans une grange et sur la paille. Les gens l’ont invité dans une pièce pour pouvoir rédiger son courrier, car il n’y a pas d'électricité dans la grange. Il espère une perme, non plus pour Noël, mais éventuellement pour le Nouvel An. Il pleure souvent car tout cela est déprimant, cette guerre, ce travail, l'éloignement d'avec sa fiancée et ses parents. Ce qui lui pèse beaucoup, c’est le saccage et le pillage de sa maison alors qu'il pensait avoir un nid douillet après avoir tant trimé. Il indique que sa mère a été en pèlerinage à LOURDES en cette fin novembre.

01/12/39. Dans la lettre de ce jour, il joint l’ordre de mission que lui avait délivré son unité pour se rendre à KALHOUSE le 11 novembre dernier.


 

Même s'il n'est plus trop lisible, l’ordre de mission laisse encore bien transparaitre que sa mission était :
service à Kalhouse, avec itinéraire direct et qu’il devait être de retour à 17 h en date du 11 XI 1939.



03/12/39
. C’est un bien triste dimanche, il n'a même pas pu aller à la messe, car ici à RATZWILLER, il n'y a que des protestants et donc pas d'église catholique.


04/12/39. Il fait froid dans la grange, il y a plein de courants d'air. Suite aux différents cantonnements de son unité, il est parfois en retard avec son courrier et de plus, la distribution est aussi affectée. A plusieurs reprises, il a dû modifier le secteur postal des adresses.

06/12/39. Joseph a une permission, il se rend, à vélo, encore une fois à KALHOUSE. Auparavant, il a dû se rendre à la gendarmerie de ROHRBACH pour faire valider et signer le titre de permission, mais les gendarmes du chef-lieu de canton n’étaient pas compétents et il a dû aller à la gendarmerie de LEMBERG. Puis seulement après avoir été autorisé, il peut revenir dans son village natal, "sa Patrie" comme il dit.
Arrivé au village, il doit d'abord s'adresser au Commandant de la place, qui détache un de ses soldats pour l’accompagner dans sa maison. Celle-ci, à sa surprise, avait été quelque peu nettoyée. Il se rend aussi dans la maison de sa fiancée pour récupérer quelques babioles et des photos-portraits qui traînaient à l’extérieur de la maison. Les soldats stationnés à KALHOUSE se montrent quand même généreux et lui proposent une soupe, un steak et un verre de vin. Il rentre à RATZWILLER, fatigué et a mal aux fesses à cause au vélo.


07/12/39. Il monte souvent des gardes. Aujourd’hui, il a de nouveau été se doucher à WALDHAMBACH. Il se fait souvent du souci à cause de ses parents âgés et remercie sa fiancée et sa famille de s'occuper d’eux.

08/12/39. Par trois fois, ses compagnons et lui, ont changé de grange, mais ils ont toujours aussi froid. Joseph doit porter des protège-oreilles (Ohrenschöner) afin que les souris ne lui mordent pas les oreilles. Il se réjouit, car sa famille réfugiée en Charente, après avoir aussi souffert du froid,
a enfin pu avoir un poêle.


10/12/39. Aujourd’hui, dimanche, Joseph a été à la messe à BUTTEN.

11/12/39. Il signale que Jean-Pierre LENHARD, Jean-Pierre LANG, Gérard SIMONIN et Auguste WECKER sont dans son bataillon à RATZWILLER.

16/12/39. Joseph et ses compagnons ont changé de lieu de couchage et dorment sous un appentis. Il a peur d'aller se coucher le soir à cause du froid.
Il rédige son courrier dans un bistrot et se fait des soucis car à PLEUVILLE son père est malade (problèmes pulmonaires) et sa fiancée également est malade.
Les vieux SIMONIN, André et Catherine, ont rendu visite à leur fils Gérard, car eux ont trouvé refuge près de DIEUZE. Ils avaient fait une courte incursion à KALHOUSE, mais ont dû repartir précipitamment pour ne pas être fait prisonniers. Selon eux, l'état du village est indescriptible. Apparemment, la hiérarchie militaire a fait dresser un inventaire du contenu des maisons évacuées, mais était-ce encore bien utile après que tout ait été pillé ?


21/12/39. Auguste WECKER est aussi à RATZWILLER. La salle de danse du bistrot leur sert de foyer du soldat. Jean LIST est actuellement en perme en Charente, son frère Joseph devrait suivre, alors que Joseph, lui, attend son tour pour rejoindre sa chère Marie. De nombreux hommes vont rejoindre leur famille dans les villages non évacués et il se désole que sa fiancée et sa famille soient si loin. Il couche maintenant dans une étable et sur du foin et il fait bien plus chaud que dans une grange. 
Florian LOHMANN a eu droit à une perme, son frère Paul lui a même envoyé 50 F, afin qu’il vienne en Charente pour revoir son père, mais il a préféré aller rejoindre une veuve à MACKWILLER.


24/12/39. Joseph passe Noël à RATZWILLER, mais ils sont très peu nombreux en ce jour. Cette lettre est la dernière pour l'année, elle ne comporte pas de mention particulière, alors a-t-il eu sa perme plus vite qu'il ne l'avait escompté? Vraisemblablement, puisque pour le Nouvel An, il était en Charente. Il a sans doute arrêté d’écrire au 24 décembre, sachant qu’il serait sur place avant son courrier.

11/01/40. Il est reparti de Charente le 9 janvier, rentre de permission aujourd’hui et retrouve son étable, malheureusement il n’y a plus de place, car durant la perme, trois maisons ont brûlé dans le village et des vaches ont pris leur place. Il se remémore les belles journées passées en Charente et mentionne qu’il a encore vu son frère Pierre en gare de SAINT ANJEAN. Il indique qu’il a voyagé en troisième classe sur des banquettes en bois et qu’il a eu très froid. Arrivé à DIEMERINGEN, il grelottait tellement qu’il a dû se réchauffer avec un café, puis il est retourné à RATZWILLER en passant par BUTTEN. Il a dû se rendre à l’état-major pour justifier son retard d'un jour, mais il leur a raconté plein de bobards en se disant : "Ce qui est pris est pris".  Il a aussi envoyé une carte en ce jour d'anniversaire de sa fiancée. Il a été relogé dans une autre étable où il continua à souffrir du froid.

12 et 13/01/40. Joseph doit aider à distiller du schnaps. Il se plaint toujours du froid.


17/01/40. Il fait très froid et il y a beaucoup de neige, de plus il souffre énormément de la solitude.

18/01/40. Joseph est maintenant à PETIT-REDERCHING, d'où il envoie une carte. Il dort dans une étable, mais celle-ci est chauffée par un poêle et éclairée par trois lampes. Le déplacement de RATZWILLER à PETIT-REDERCHING a été effectué à pied sur les routes verglacées.




Cette carte est la seule correspondance qu’il ait écrite en français

et qu’il a d’ailleurs terminée par : "Ton petit chéri adoré. Au revoir".

19/01/40. Joseph doit gâcher du béton pour un bloc-abri dans une grange.


20/01/40. Personne n’a pas pu rester dehors ce matin, il fait trop froid (-22°). Le lieutenant de la compagnie est un curé qui distribue sa solde à ses hommes.

23/01/40. La couche de neige dépasse les 50 cm et de temps à autre, l’on entend un coup de canon. Joseph LIST (son futur beau-frère) qui aurait dû avoir une perme en décembre, y a finalement eu droit début janvier et vient de rejoindre son unité, mais Pierre LIST (Muure Hònse Pééder) qui avait été évacué en Charente, vient aussi d'être rappelé sous les drapeaux.

29/01/40. Depuis quelques jours, sa fiancée est malade, cela lui sape le moral et lui-même n’est pas au meilleur de sa forme. Il se morfond, car il pense que la maladie de Marie est imputable au fait qu’à la fin de la perme, elle l’a raccompagné à la gare, qu’elle avait transpiré et que dans l'attente du départ du train, elle a pris froid.

30/01/40. Une maison aurait brûlé à KALHOUSE, mais il n'a pas d'autres informations. Joseph était à BETTVILLER ce matin, la désolation est encore plus grande qu’à KALHOUSE. Il a changé de lieu de couchage, il loge maintenant dans un bunker.

01/02/40. Depuis deux jours, il est tombé tellement de verglas, que des rangées entières d'arbres fruitiers se sont brisées.

02/02/40. Marie est toujours malade, elle est alitée et ne tient pas sur ses jambes.

04/02/40. Depuis PETIT-REDERCHING, Joseph envoie une carte postale représentant DIEMERINGEN, qu’il avait achetée lors d’un de ses passages à la poste de ce bourg. Il utilise  cette carte, car précise-t-il, il n’avait plus le temps de rédiger une lettre, vu qu’il avait passé la journée chez un camarade à ENCHENBERG.


 

05/02/40.  Après la neige, le froid et le verglas, voici le redoux avec la pluie. Il faut se relayer pour pomper l'eau dans l’abri.


09/02/40. Joseph se plaint de devoir beaucoup travailler, dès 6 h30 - 7 h du matin, parfois jusqu'au soir et il se demande pourquoi ?


10/02/40. Il a encore changé de couchage, il dort encore sur de la paille, mais il a suffisamment de couvertures. Ce jour a eu lieu l'enterrement d'un soldat qui était en première ligne.


14/02/40. Joseph a pris ses quartiers dans une maisonnette en bois à 1 km du village et ils ne sont que deux en ce lieu. Ils couchent sur de la paille mais ils ont bien chaud et appellent leur nouvelle demeure : "Villa habe nichts" (villa sans le sou). Ils ne sont plus contraints au travail pour le moment.

17/02/40. Il neige à nouveau, il fait très froid et il y a beaucoup de vent.


20/02/40
. Marie se porte à nouveau relativement bien. Joseph LIST a été promu première classe, "1er jus " comme il dit avec humour.


22/02/40
. Joseph envoie un dessin de sa "villa ".



 

(Cliquez sur la photo pour l'agrandir
)

Il détaille quelque peu la maisonnette, qui se trouve non loin de la ligne de chemin de fer, où il aperçoit des trains de permissionnaires. Il indique qu’il y a l’électricité (1 ampoule de 50 watts), situe l’emplacement du poêle (Offen), de la table (Tisch), d’une chaise (Stuhl) et du coin chambre (Schlafzimmer) en signalant, que depuis son lit, il voit le lever du soleil. Il précise par un petit texte, que durant son sommeil (mimé par des ronflements : ron, ron, ron), il rêve que les évacués reviennent à la maison : "Adieu Charente, nichts wie hem".  Bien sûr,  il rajoute une note humoristique : "Lustig ist Zigeuner- leben, brauchen keine Steuer zu zahlen" (Joyeuse est la vie de gitan, pas besoin de payer des impôts).


23/02/40.  Apparemment les réfugiés n'ont toujours pas d'électricité en Charente. Joseph demande si Paul LOHMANN est encore chef cuistot en Charente et Nicolas LIST le commis ?

26/02/40. Ce soir, en allant chercher le courrier, il a vu le dépôt de l'union agricole de PETIT-REDERCHING en feu. Aujourd’hui, Joseph a repris le travail, consistant encore à gâcher du béton.

13/03/40. En ce mercredi, il mentionne que Marie lui a déjà envoyé 240 lettres. Il est tout heureux de lui annoncer qu’il aura une perme à compter du samedi 16 et qu’il arrivera en Charente le lundi 18 pour passer Pâques avec eux.

En cette fin mars, la maman de Marie, ainsi que sa sœur Anne et son frère Nicolas, avec d’autres évacués, étaient en pèlerinage à LOURDES, ce qui est attesté par une carte, datée du 27 mars, qui se trouve dans le lot et qui est adressée à Marie.

29/03/40. Après 10 jours passés auprès des siens en Charente, Joseph envoie à sa fiancée une carte de CONFOLENS, alors qu'il vient d’entamer le voyage retour.

 



01/04/40. Aujourd’hui dimanche, Joseph est de retour à PETIT-REDERCHING.


11/04/40. Les hauteurs de ROHRBACH ont été la cible d'obus et la "Guerre de position" (Sitzkrieg) est bel et bien terminée. Joseph exprime toujours cette grande nostalgie d’être séparé de sa bien-aimée.


12/04/40. Il a été désigné pour bêcher le jardin du curé de PETIT-REDERCHING.

14/04/40. Il a peu dormi, à cause des vibrations des fenêtres suite aux tirs d'obus et l'on pouvait voir les flammes des canons. Depuis quelques temps, il couche sur un vieux sommier auquel il  manque des ressorts et le matin il a mal au dos.

16/04/40. Joseph est retourné à RATZWILLER, à pied, de nuit, sous la neige et le froid. Il dort dans une grange sur la paille.

17/04/40. Jean FREYERMUTH, qui revient de KALHOUSE, l’informe que la maison de la "Pààlesse Ònna" a été démolie. (il joint une carte à son courrier)



 


19/04/40
. Aujourd’hui, Joseph a été vacciné et a très mal supporté cette injection.


20/04/40
. Son père n'est pas au mieux de la forme et son frère Pierre se trouve dans le Pas-de- Calais.


23/04/40
. Marie a appris à faire du vélo et sillonne maintenant les routes de Charente. Avec un peu d'humour, Joseph lui écrit : "Peut-être te verra-t-on un jour dans le Tour de France ? Passez au moins à RATZWILLER pour que je puisse t'encourager et t’applaudir au passage".


24/04/40. Il fait mention qu’il a acheté du café à ENCHENBERG et à DIEMERINGEN pour l'envoyer en Charente où il est devenu une denrée rare.


25/04/40
. A RATZWILLER, la famille JUNG, propriétaire des lieux où quelques soldats sont cantonnés, est sympathique, hier elle leur a donné de la choucroute, et aujourd'hui des haricots et des pommes de terre rôties.


26/04/40. Deuxième vaccination.


27/04/40. Joseph et ses camarades se sont fabriqués des lits de fortune avec des planches et du grillage, qu'ils ont recouvert de paille. La nuit, ils s'emmitouflent dans trois couvertures et un manteau et ainsi ils ont bien chaud.


29/04/40. Il écrit qu'il fréquente Marie depuis 32 mois et qu'il souhaiterait se marier avec elle comme cela est convenu depuis un bon moment, mais
vu la situation actuelle on ne peut que repousser l'échéance.


02/05/40
. Joseph joint une carte à sa lettre.



 


05/05/40
. Ce dimanche ravive les souvenirs du bon vieux temps, car ça devrait être la fête patronale à KALHOUSE. (Il joint une carte à sa lettre)



 


10/05/40
. La situation de guerre semble se dégrader, car toute la compagnie va passer la nuit en forêt de peur d'une offensive. La famille d'accueil de Joseph lui a repassé le linge et raccommodé ses chaussettes.


11/05/40. Les permissions sont supprimées pour le moment et les permissionnaires sont rappelés.


12/05/40. En ce jour de Pentecôte, précise-t-il, des obus sont déjà tombés sur SARRE-UNION et les canons tonnent jour et nuit près de SARREGUEMINES. (Il joint encore une carte à son courrier.)



 


13/05/40
. Aujourd’hui,  lundi de Pentecôte, Joseph doit travailler toute la journée, alors que le bruit des coups de canon persiste.


14/05/40. L’unité se met en mouvement pour revenir à SINGLING, non pour se battre, mais pour travailler.


16/05/40. Le temps est superbe et les positions n'ont pas évolué. Joseph loge dans une étable et travaille en direction de RAHLING. Suite au survol d'un avion allemand, toutes les batteries se mettent en action.


17/05/40
. En Charente, Marie a fait un tour à vélo jusqu’à AIZECQ et elle a même poussé jusqu’à Saint-GEORGES où elle a rendu visite à sa future belle-sœur Anne WEITTMANN née KASPER. (l’épouse de Pierre)


23/05/40. Selon les rumeurs, d'autres villages de la zone de front sont en phase d'évacuation.

27/05/40
. L’unité revient à pied à RATZWILLER où elle est moins en danger. Des évacués de SCHMITTVILLER seraient aussi ici, mais ils devront partir vers la région Centre.


28/05/40
. Travaux de terrassement avec pelle et pioche.


02/06/40
. Joseph renvoie à Marie une lettre qu’elle lui avait fait parvenir, pour lui montrer la censure qui y avait été appliquée. Il monte souvent la garde et poursuit le travail. Tous les soldats sont consignés au village avec couvre-feu de 21 h30 à 4 h du matin.


03/06/40
. La nourriture à RATZWILLER est nettement meilleure qu’à SINGLING où Joseph avait pas mal maigri du fait de la mauvaise popote. La famille d'accueil (JUNG) est très gentille envers lui, elle lui fait la lessive et le raccommodage, en contrepartie Joseph donne un coup de main aux travaux agricoles.


09/06/40. On ressent une certaine tension et l'avenir est incertain, de nombreux militaires ont déjà quitté le village et ils n'y sont plus qu'une poignée.


Le lundi 10/06/40, dans sa dernière lettre, Joseph écrit qu’ils ne sont plus qu’à trois de leur unité à être à RATZWILLER, les autres sont partis en direction de RAHLING. Vont-ils vers le front ? Il s'attend à être déplacé d'un instant à l'autre. Il donne encore des conseils à sa chère Marie et lui rappelle "qu’elle est son plus grand trésor sur terre". Il termine par "Lebe wohl, auf Wiedersehen" (porte-toi bien, au revoir).


Effectivement, comme il l’a raconté par après, son unité est partie vers MONTBRONN, puis ce fut l’inévitable retraite vers le DONON où elle a été faite prisonnière le jour de l'Armistice, le 22 juin 1940.

Emmené dans un camp de prisonniers à Strasbourg et libéré quelques jours après, Joseph se rend à pied à RATZWILLER auprès de la famille JUNG avec laquelle il avait tissé des liens durant son cantonnement dans ce village. Après quelques jours, le mal du pays l’étreint, il enfourche un vélo et avec quelques provisions, revient à KALHAUSEN.

Tout est désert, de plus, il ne reste rien dans sa maison. Il couche sur de la paille et le lendemain, retourne à RATZWILLER. Il fait souvent la navette entre les deux villages, uniquement pour satisfaire son attrait pour son village natal.


Quelques précisions sur les évacués en Charente : les Kalhousiens étaient hébergés dans trois villages : PLEUVILLE, BENEST et AIZECQ. L’Etat Français versait aux évacués dix francs par jour et par personne, ce qui leur permettait de subvenir à leurs besoins. Ils pouvaient encore améliorer l’ordinaire par des  légumes, des pommes de terre et parfois un morceau de viande que leur fournissait la population locale en contrepartie d’une participation, essentiellement aux travaux agricoles.




 Groupe de réfugiés de Kalhausen ayant logé dans le château




Florian et Marie WEITTMANN,
les parents de Joseph lors de leur séjour en Charente




Toute la famille List en Charente





Château de Pleuville (photo Datatlas)


Vue générale de Benest (photo Généanet)



L'église d'Aizecq (photo internet)


Après l’invasion allemande, ces trois villages vont être séparés par la ligne de démarcation : PLEUVILLE sera en zone libre, tandis que BENEST et AIZECQ seront en zone occupée.


Août 1940, vient le temps des mirabelles. Comme les arbres dans son verger croulent sous les beaux fruits dorés, Joseph décide avec Lydia JUNG, la fille de sa famille d'accueil de RATZWILLER, de les cueillir pour les mettre en bocaux.  

Le 14 août, arrivé à SCHMITTVILLER, il apprend que les siens sont rentrés de Charente. Il se met rapidement en selle pour aller les retrouver et les aider
à se réinstaller.


Marie, avec sa famille, et les parents de Joseph ont pu revenir trois semaines plus tôt que la majorité des Kalhousiens, étant donné que le village de repli PLEUVILLE s’était retrouvé en zone libre.

SOUS L'OCCUPATION ALLEMANDE

La période durant l’occupation allemande fut très difficile, puisqu’au retour de Charente il ne restait plus rien, sauf les quelques affaires que ses parents ont ramenées de l’évacuation.

La vie reprend tout doucement son cours, Joseph se remet à la tâche et pendant quelques mois, il est embauché dans le service de la reconstruction (Wiederaufbau) comme maçon pour exercer dans la région de DIEUZE.

Après tant d’attente et après avoir enduré tant d’épreuves, voici qu’il va convoler en justes noces.

Ainsi le 11 novembre 1940, Joseph WEITTMANN (26 ans) se marie civilement avec Marie LIST née le 13/01/1911 (29 ans), fille de Jean-Pierre LIST et de Marie STEPHANUS. Leur union a été officialisée en mairie de KALHAUSEN par le maire Jean SIMON, en présence des deux témoins : Florian WEITTMANN
(79 ans), le père de Joseph et Nicolas DEMMERLE (44 ans), le beau-frère de Marie.  

Le lendemain, aura lieu l’union religieuse qui a été consacrée en l’église de KALHAUSEN par l’abbé Michel ALBERT. Ce sera le premier mariage célébré en l’église paroissiale depuis le retour de la Charente.
Le jeune couple cohabitera avec les parents de Joseph.



 
Du fait de la période très perturbée pendant laquelle ils se sont mariés,
la photo de mariage n’a pu se faire et c’est ainsi que cette photo du jeune couple
a seulement été réalisée le 14/11/1947, alors que Marie était enceinte
de trois mois avec sa deuxième fille, Marie-Antoinette.


Joseph raconte maintenant la suite de son itinéraire de vie :


" Le 26/11/1940, nous fut octroyée une première vache (estimée à une valeur de 620 Reichsmark), suivie d’une deuxième le 28/05/1941 (estimée à 590 Reichsmark). De même, les autorités allemandes nous octroyèrent encore en 1941  une cuisinière, un fourneau, une table de cuisine, quatre chaises et un bon de 40 Reichsmark pour des objets ménagers.

Comme la mine offrait à nouveau des débouchés, je réintègre le puits de MERLEBACH et la vie s’organise tant bien que mal.
                                                                                      

Le 26 mai 1942, une petite fille prénommée Odette, vint égayer notre foyer. Cependant, tout en début de juin 1942, donc suite à l’accouchement, puisqu’elle dut rester alitée neuf jours, Marie a fait une phlébite. Elle dut rester immobilisée un certain temps et n’était soignée qu’avec des compresses imbibées d’une solution "d’Essigsauertonerde" (acétate d’alumine, aussi appelé terre d’argile à l’acide de vinaigre).

L’on était en temps de guerre et les médicaments étaient très rares. Après son immobilisation, elle ne put que très lentement reprendre quelques activités et durant toute la période de soins, elle dut avoir recours à des femmes de ménage, en grande partie mises en place par l’Administration allemande. Une d’entre-elles, qu’elle appréciait beaucoup pour son sérieux et son travail bien fait, fut Hélène GROSS "Botts Héléne" (par après épouse LAZZAROTTO). De même appréciait-elle aussi la gentillesse et les tâches bien effectuées par sa nièce (par alliance) Joséphine FIRMERY (Fifine) de SARREGUEMINES qui était aussi venue bien des fois à la rescousse. Cette affection laissera à Marie des séquelles à vie, car c’est à partir de là qu’elle eut à souffrir d’ulcères variqueux, qui ne connurent que de courtes périodes de répit.


Mon père quitte ce monde le 05 août 1942 et ma mère, quelques mois après, s’installe chez mon frère Pierre à NEUFGRANGE.

La vie continue son petit train, non sans quelques difficultés imposées par les nazis.

En août 1943, puisque ma mère n’habitait plus avec nous, en principe, sa chambre était vide et donc pouvait éventuellement servir pour reloger des gens dont le logement n’était pas habitable du fait des dégâts de guerre, l’administration allemande, via la mairie locale, m’envoya un ordre de réquisition mais qui ne sera pas suivi d’effet immédiatement. Quelques semaines avant la libération pourtant, un soldat allemand y prit son quartier.



 

(Cliquez sur la photo pour l'agrandir)


En septembre 1943, un acompte d’indemnités pour dégâts de guerre de 2.000 Reichsmark, nous fut versé.


MA PÉRIODE D’INSOUMIS

Au fil des mois, différentes classes de Mosellans sont soumises au service militaire dans les rangs des "Fridolins", puisqu’en MOSELLE annexée, nous sommes considérés comme des sujets allemands. Au lieu d'être incorporé en juillet 1943, je bénéficie d'un report puisque "réclamé" par la mine. Mais le 08 septembre 1944, le facteur, Nicolas FREYERMUTH, vient me prévenir qu'un ordre d'incorporation est arrivé à la poste, ainsi que celui de Rémy KLEIN, mais qu'il ne les remettrait que le lendemain.

Cela nous laisserait un temps de réflexion au cas où nous voudrions entreprendre quelque chose. Je vais alors me concerter avec Rémy, dont la décision est catégorique : "Je ne partirai pas ! " D'ailleurs, il trouvera une parade en s'ébouillantant un pied de telle façon qu'il ne put être incorporé ; malheureusement il en gardera des séquelles durant toute sa vie. Moi, je suis indécis par peur d'éventuelles représailles à l’encontre de ma petite famille.  

Le 10 septembre, je décide de donner suite à la convocation. Accompagné de ma femme et de mon enfant, je me rends à la gare de KALHAUSEN et je fais mes adieux. Je prends un billet pour SARREGUEMINES où je dois me présenter pour le recrutement. Arrivé dans la cité des faïenceries, le cœur gros, je vais d'abord rendre visite à ma demi-sœur Anne qui habite au Blauberg. Elle trouve les bonnes paroles pour me persuader de ne pas partir : "Bientôt les Allemands seront vaincus, les alliés approchent." Je m'installe chez eux, mais au troisième jour, mon beau-frère, craignant pour les siens, aimerait me voir partir. Il faut me cacher ailleurs.

Le dimanche suivant, ma nièce Joséphine (19 ans), qui veut m'accompagner, prend deux billets de train pour OERMINGEN. Descendre du train en gare de KALHAUSEN, présenterait un trop gros risque. À la nuit tombante, nous arrivons à pied à KALHAUSEN venant de la gare d’OERMINGEN et nous nous rendons chez ma belle-famille au "Lòngenéck" (rue de la Libération actuelle) où ma femme s'est d'ailleurs réfugiée par crainte des bombardements. Quelle ne fut pas sa surprise et sa joie de me revoir ! Très vite, on échafaude un plan pour me cacher : démonter une partie du plafond en bois de l’étable afin de permettre un accès au fenil, en plein dans le tas de foin, y créer une cache suffisamment spacieuse pour une personne et percer un trou dans le mur pour l'aération.

Tout cela est rapidement réalisé et je rejoins ma cachette, ne pouvant la quitter que pour faire mes besoins, à la nuit tombée. Le repas m’est apporté après que ma femme ou ma belle-famille se soit assurée que la voie est libre : un coup frappé avec un manche de balai ou de fourche est le signal que je dois dégager une planche du plafond pour qu'on puisse me faire parvenir la nourriture.


Pendant tout cette période, mon épouse est retournée dans notre maison, ne revenant que de temps à autre ou bien quand il y a une alerte aérienne.
Elle a juste été importunée une fois par les gendarmes qui l'ont questionnée sur ma disparition, mais sans plus. Il n'y eut pas d'autres recherches.            
Cependant, la nostalgie de ne pas voir ma petite Odette me gagnait de plus en plus et je convins avec mon épouse d’un rendez-vous pour que je puisse l’entr’apercevoir. Il ne fallait surtout pas qu’elle me voie, car ma présence au village devait rester ignorée. Mais je me montrai imprudent si bien qu’elle m’aperçut et appela : « Papa ». Je reculai de suite et disparus.
Ma femme usa d’une telle persuasion pour la dissuader que ce n’était pas son père, qu’elle finit par l’admettre et l’incident fut oublié.
Mais après la libération du village par les Américains, lorsque je pus enfin vivre au grand jour, Odette ne voudra plus me reconnaître comme son père. J’aurai beau l’appeler : "Kind", elle se détournera de moi et j’en serai très affecté, au point de pleurer amèrement. Il faudra quelque temps pour que la situation se normalise.  

Mais ne voilà-t-il pas que six semaines après mon entrée en clandestinité, mon futur beau-frère Jacques KLEIN (de Kùrtze Schàkkob), qui fréquentait Anne LIST, refuse lui aussi de rejoindre la "Wehrmacht". Il faut agrandir la cachette et y vivre à deux. Or, un soir, j'ai envie de revoir la famille : je sors de mon trou et rejoins les miens dans leur logement pour une heure. J'ai à peine réintégré mon abri que quelqu'un frappe à la porte. On n'a jamais su qui a ainsi effrayé ma famille, mais la crainte d'être découverts s’installe alors en nous. Il faut changer d'air. La nuit suivante, nous la passons sur le fenil de Jean KOCH, sans que celui-ci le sache et la nuit d'après, par un grand détour autour du village, nous rejoignons de nouveaux quartiers : la vieille maison attenante à la mienne, au "Wélschebérsch" (dans la rue des roses actuelle) et qui m'appartient aussi. Il est à signaler que depuis quelque temps, un soldat allemand s’est installé dans mon logement et mon épouse doit lui faire la popote. Il n'est pas question d'attirer son attention par la préparation de trop grandes quantités de nourriture. 

Ce soldat allemand était certes un nazi, mais aussi un pervers, puisque tous les quelques jours, il revenait à la charge auprès de la petite Odette et lui demandait: « Wo ist dein papa ? » (où est ton papa ?) et la fillette de lui répondre : « Papa ist im Kieg ». Elle ne pouvait pas encore prononcer correctement les "r" et donc au lieu de dire « Krieg », elle prononçait « Kieg » (Sa réponse était : « Papa est à la guerre. »)


Dans une pièce de notre maison trônait une statue du Sacré Cœur et il harcelait mon épouse en lui disant entre autres : « Cette statue, je l’emmènerai ». A l’heure du repas, il arrivait à la cuisine en disant : « Schmeckt gut ! » et lorsque c’était un mets qu’il appréciait particulièrement, il l’avalait comme un glouton. Mon épouse ne se sentait pas trop en sécurité et de plus en plus fréquemment, le soir, elle disait à notre petite fille : « Viens, nous allons dormir chez la Oma au Lòngenéck ». Ainsi Odette se retrouvait souvent à dormir avec sa grand-mère.

Il y a dans cette vieille maison, un tas de charbon et notre belle-sœur Madeleine qui habite avec son époux Jean LIST "Muure Hònse Schängel", et ses enfants au 34, du "Wélschebérsch" (4, rue des roses) vient souvent se ravitailler ici. Au second jour de notre nouvelle cachette, nous voyons notre belle-sœur venir au ravitaillement de chauffe. Je ne vous dis pas sa tête, lorsqu'elle nous voit derrière le tas de charbon. Remise de ses émotions, c'est elle qui désormais nous fournira le petit déjeuner. Pour les autres repas, il faudra nous débrouiller. Un gros jambon était encore au fumoir. Profitant de l'absence de l'allemand, ma femme le fait cuire et nous l’apporte. Le menu ne variera guère : jambon midi et soir. Au bout de quelque temps, nous sommes très amaigris au point que mon épouse ne garde guère espoir que je survive à cette épreuve. Nous faisons alors le vœu, ma femme et moi, de faire ériger une croix si cette période trouve une fin heureuse.

Combien de temps faut-il encore tenir jusqu'à l'arrivée des Américains ? Peu de temps après, le 1er décembre 1944, un obus tombe dans la cour de la maison PEFFERKORN située à cinquante mètres à peine de nous. Aloyse PEFFERKORN est tué. La petite Odette est derrière la fenêtre de la cuisine lorsque cet obus explose et par le souffle, la vitre est projetée vers l’intérieur et vole en éclats. Miraculeusement l’enfant n’est pas blessée. Il faut trouver un abri plus sûr. Le 2 décembre mon beau-frère, Jean LIST, nous emmène à nouveau chez ses parents dans le "Lòngenéck" (rue de la Libération actuelle). La première nuit, nous la passons dans la porcherie et pour les jours suivants, je me crée une cachette dans le tas de betteraves entreposées dans l’étable, tandis que mon beau-frère s'installe dans le râtelier à foin. Le 6 décembre au matin, les Américains font leur apparition au village et nous sortons de notre cachette.

En début d'après-midi, alors que nous nous tenions dans la cage d'escalier de la cave, un Américain nous fait sortir brutalement en nous poussant dans la rue. Nous devons alors rejoindre la population qui commence à être rassemblée par les libérateurs dans l'ancienne grange FABING. Nous éprouvons une grande frayeur au moment où nous devons sortir dans la rue, car un Américain lance deux grenades dans la cave. Elles y explosent, mais grâce à la solidité d'un mur de séparation, la dizaine de femmes et d'enfants qui y sont entassés, sont épargnés. Ils sortiront tous abasourdis et seront eux aussi dirigés vers la grange FABING, d'où tout le monde sera libéré le soir même, à notre grand soulagement.


 
En 1943, la petite Odette à l’arrière de la vieille maison
qui m'a servi de cachette ainsi qu’à mon futur beau-frère.


Juste avant Noël, des réfugiés de BLIESBRUCK arrivèrent au village à la recherche d’un logis. Alors, mon épouse et moi, nous avons recueilli le couple Pierre HOMER - Marie ERHARD avec ses deux enfants ou plutôt ses deux adolescents : Alphonsine, une fille de 17 ans et Marie-Joseph, un jeune homme de 16 ans. En effet, BLIESBRUCK avait été libéré le 13 décembre, mais devant la menace d’un retour des troupes allemandes, la population des communes de la vallée de la BLIES, avait été préventivement évacuée et contrainte de se trouver un hébergement à l’arrière de la frontière.

Effectivement, avec l’offense de "Von Rundstett", BLIESBRUCK sera réoccupé par les Allemands le 24/12, mais on était loin de se douter que leur percée irait au-delà de la frontière. Dans la nuit du 31 décembre 1944 au 1er janvier 1945, les Allemands lancèrent l’opération "Nordwind".

Pour nous, une nouvelle période de stress et de crainte allait survenir. Au matin du 3 janvier, les Allemands arrivèrent jusqu’à ACHEN, où eurent lieu d’âpres combats. La panique s’installa à KALHAUSEN, essentiellement dans les familles qui avaient compté des réfractaires ou des insoumis. Si les troupes nazies revenaient, elles risquaient arrestations, déportations et même les insoumis pouvaient être fusillés. Il fallait fuir au plus vite ! Après avoir  jeté quelques affaires dans une petite charrette (e Wäänel), mon épouse et moi, avec notre petite fille, nous nous sommes lancés sur la route d’un nouvel exode en direction d’OERMINGEN. Il fallait faire vite tout en restant prudent car la route était verglacée
.

Malheureusement, pendant le trajet, Marie fit une chute, mais sans trop de gravité : quelques contusions, des ecchymoses et des douleurs musculaires
Il fallait continuer pour mettre de la distance entre nous et les Allemands. Nous avons bien rencontré des éléments de la 2ème D.B.,  mais cela ne nous rassura pas tout à fait. Dans notre fuite en avant, nous irons jusqu’à BISTROFF-sur-SARRE, où nous passerons quelques jours dans une famille. Moins de huit jours plus tard, nous serons définitivement de retour à KALHAUSEN, car l’attaque allemande avait été repoussée et le front stabilisé au-delà de GROS-REDERCHING.

Les réfugiés de BLIESBRUCK n’avaient pas bougé, d’ailleurs ils resteront encore là, en bonne cohabitation, jusqu’après la libération de leur village qui n’interviendra que le 17 mars 1945.

Anecdote :
L’année 1945 sera désastreuse pour le couple HOMER, puisque tous deux vont décéder des suites de maladie, Pierre âgé de 65 ans et Marie à 63 ans.
De plus, leur fils Marie-Joseph connut une fin tragique en août de la même année : employé au dégagement et à la remise en état d’un pont, il fut tué par l’explosion d’une mine.


De nos quatre réfugiés de BLIESBRUCK, ne survivra que la jeune Alphonsine : en se mariant en 1949 avec Aloyse LETT, elle donna naissance en 1951 à Céleste LETT, qui allait devenir notre député pendant 15 ans (2002 à 2017) et qui en 2001, sera élu maire de SARREGUEMINES, fonction qu’il occupe encore à ce jour. Alphonsine avait souvent évoqué comment ils avaient eu bon accueil de notre part, combien ils avaient été intégrés dans la famille et surtout qu’au moment de notre fuite vers BISTROFF-sur-SARRE, je leur avais dit: « Faites comme chez vous ». Alphonsine et son époux Aloyse LETT avaient maintenu des contacts avec nous  jusque dans les années 1960, puis cela s’estompa.
Alphonsine est décédée en 2017 âgée de 90 ans.                                                                

Remarque
: Joseph n’a pas pu obtenir le statut de "Malgré-Nous" puisqu’il fallait être réfractaire au-delà de 3 mois et il lui manquait quelques jours pour pouvoir y prétendre. De toute cette période, il n’en aimait guère évoquer le souvenir, disant : "C’est du passé" et donc pour avoir son témoignage, j’ai dû insister lourdement.


L’APRÈS GUERRE

Et après la guerre, la vie reprit son cours, je retrouvai mon travail à la mine à MERLEBACH, tout en ayant encore une petite exploitation agricole.

Début 1945, alors que de nombreuses maisons étaient en mauvais état, nécessitant des réfections pour les rendre habitables, les villageois se serraient les coudes en accueillant certaines familles le temps qu’elles puissent rejoindre leur domicile. Ainsi nous avons permis à la famille LENHARD, " les Miinas" ,(Cécile, la mère, avec ses deux fils Jacques et Nicolas et la tante Marie) nos voisins d’en face, de s’installer à l’étage de notre maison durant la durée des travaux de remise en état de leur logement. Après que les "Miinas" eurent réintégré leur logement, nous avons aussi hébergé pour quelque temps, le jeune couple Alfred FREYERMUTH (Schmìtt Hònse Àlfréd) et son épouse Lucie DIER (Wisslìngersch Lussi) avec leur petite fille Marie-Rose. Lorsqu’elle quitta le logement, la petite famille s’installa dans une maisonnette au "Guggelsbèrsch", puis par la suite à REMELFING.

Le 30 mai 1948 a lieu la naissance de notre 2ème fille prénommée Marie-Antoinette.


En 1948, en remerciement pour avoir survécu à la guerre, je fis, avec mon épouse, ériger dans le jardin une croix. Il s’agit de la réplique de la croix de la chapelle Notre Dame du Blauberg de SARREGUEMINES, pour laquelle ma femme avait une grande dévotion. Notre monument est composé d’un soubassement en "terrazzo" surmonté d’une croix et de la statue de la Vierge Marie en grès blanc. Une plaque en marbre avec l’inscription : "Erigé en remerciement par la famille WEITTMANN-LIST Guerre 1939-1945" était apposée sur le soubassement. L’ensemble a été réalisé par Jean KARMANN, sculpteur marbrier de WOELFLING. Cette réalisation a coûté 70.000 Francs, ce qui représentait une belle somme à l’époque.





 

Marie-Antoinette devant la croix au jour de sa profession de foi en 1961.
 




La croix rénovée en 1979


C’est aussi en 1948/49, que j’ai constitué un dossier de dommages de guerre, afin d’être au moins en partie indemnisé des dégâts causés par la guerre.

D’après l’inventaire établi, l’on constate qu’avant-guerre, je disposais (avec mes parents) d’un cheptel comprenant 2 vaches, 1 génisse de 18 mois, 2 porcs, 15 poules et 25 lapins et que j’exploitais 5 hectares et 24 ares de terre.


 J’ai aussi dû dresser la liste du matériel agricole disparu : une voiture agricole, une charrue, une herse, une brouette, des bêches et tout le petit outillage.                                                                                 


L’inventaire des biens mobiliers, détruits ou pillés, a également été dressé :                                                                                                                                

- dans la cuisine :

1 buffet, 1 table, 6 chaises, 1cuisinière, 1 banc de cuisine, 1 horloge de cuisine, 1 penderie et 1 lampe à suspension.                                                                

- dans la pièce d’habitation :

1 table en chêne avec rallonge, 6 chaises rembourrées, 1 lit en chêne massif complet, 1 armoire à 2 portes, 1 pendule, 1 fourneau avec tuyau, 1 poste TSF, 1 table de nuit et 1 lampe de chevet.                                                                                                                                  

 - dans la chambre n° 1 :

1 lit en chêne massif complet, 1 armoire à linge, 1 table de toilette, 1 table de nuit, 3 chaises, 1 lampe de chevet, 1 fourneau avec tuyau, 3 tableaux encadrés et 1 grand crucifix. 

- dans la chambre n° 2 :

1 lit en chêne, 1 lit en bois d’enfant, 1 armoire à linge, 1 table de nuit, 3 chaises et 4 tableaux.   

- dans la chambre n° 3 :

1 lit en chêne, 1 armoire, 1 table de toilette, 1 table de nuit, 3 chaises, 1 lampe de chevet et 3 tableaux encadrés. S’y rajoutent  les effets personnels, le linge de maison, sans rentrer dans le détail et aussi l’indemnité perçue de l’administration allemande.



Les dégâts causés aux bâtiments ont été évalués et expertisés par un certain M. RIVIERE, architecte de SARREGUEMINES et mandaté à cet effet.
J’avais largement perdu au change au sujet du mobilier, car une bonne partie des meubles étaient bien beaux et de très bonne qualité et avaient aussi une valeur sentimentale, étant donné que c’était mon grand-père maternel Nicolas LENHARD, "de Schrinner Nìggel", menuisier de métier qui les avait réalisés.

Pendant près de deux décennies, je me suis attelé à la remise en état et à la modification de notre maison.

 

Ma maison dans les années 1960

Le 15 février 1967, mon épouse Marie décède, âgée seulement de 56 ans.

Le 23 avril 1971, je me remarie avec Jeanne WEBER, née FERS, de BINING, où je résiderai désormais, mais je viendrai rendre de fréquentes visites à mes deux filles et à leurs familles à KALHAUSEN, mon village natal, qui est resté cher à mon cœur.
J’ai eu la joie de choyer 4 petites-filles et même encore 3 arrière-petites-filles".


   
 
En tenue d’apparat de mineur.


 Joseph est décédé le 12 octobre 1996, âgé de 82 ans, et repose désormais en sa "Patrie", au cimetière de KALHAUSEN, aux côtés de Marie, sa première épouse.

 
Claude FREYERMUTH
Septembre 2018