les_processions_et_corteges_religieux
Les processions et cortèges religieux de jadis.
Kalhausen dans les années 1960.
Sommaire
Les processions
A. Les processions de dévotion
1. La Fête-Dieu
L’origine de la Fête-Dieu
Les préparatifs de la Fête-Dieu
L’installation de la Fête-Dieu
Les différents autels
La procession
Les arrêts aux autels-reposoirs
L’évolution des autels
Le démontage des autels
La Fête-Dieu aujourd’hui
2. L’Assomption
3. La fête du scapulaire
B. Les processions de demandes
1. La Saint Marc
2. Les Rogations
Les cortèges religieux
1. La grande communion
2. La confirmation
3. Les obsèques
Conclusion
Les processions font partie des
rites de la religion catholique, dans ce sens que ce sont des
cérémonies qui obéissent à un code défini par
l’autorité religieuse.
Comme dans la plupart des religions, elles ont pour but de délimiter un
espace sacré à l’extérieur de la maison de prières, de contrecarrer les
forces du mal et d’invoquer la bénédiction divine ou mariale sur le
village et la campagne environnante.
Les
processions sont des déplacements de fidèles priant et chantant, elles
partent en général de l’église pour y retourner et peuvent être
classées en 2 catégories :
- les processions de demandes, comme celles de la Saint Marc et des Rogations.
- les processions de dévotion, comme celles de la Fête-Dieu, de l’Assomption et de la fête du Scapulaire.
Les cortèges sont de simples
déplacements d’un lieu vers un autre, sans chants ni prières. Ils ont
pour but d’accompagner, vers l’église, les enfants de la communion et
de la confirmation ou encore les défunts vers l’église et ensuite vers
le cimetière.
Les processions
A. Les Processions de dévotion
1. La Fête-Dieu
Parmi toutes les fêtes religieuses
qui se tenaient autrefois au cours de l’année, il en est bien une qui
surpassait toutes les autres non seulement par sa solennité, mais aussi
par son impact sur le village tout entier, à travers sa procession, et
c’était justement la Fête-Dieu. Les paroissiens participaient
assidument, non seulement à la grand’messe de la fête et à la
procession, mais aussi à la préparation matérielle de la fête, en
décorant les rues, les maisons et en élevant d’éphémères autels à des
endroits bien précis en vue du passage de la procession. Tous prenaient
à cœur cette fête et redoublaient d’efforts pour sa réussite.
Appelée aujourd’hui "Solennité du Très Saint Corps et du Sang du Christ", en latin "Solemnitas Sanctissimi Corpus et sanguinis Christi ",
la Fête-Dieu est la fête du Saint Sacrement, autrement dit la fête de
la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie,
c’est-à-dire sous les apparences visibles du pain et du vin consacrés.
Ce jour-là, les catholiques
célèbrent donc avec faste la présence réelle du Christ dans l’hostie,
comme ils le font d’ordinaire au cours de chaque messe.
Le nom allemand de cette solennité est "Fronleichnam", ce qui signifie le corps du Seigneur, "Hèrrgottsdàà", en dialecte (littéralement le jour du Seigneur).
Elle est célébrée le jeudi qui suit le dimanche de la Trinité, (1)
soit 60 jours après Pâques. En vertu d’une dérogation, elle est
reportée au dimanche suivant, dans les pays où elle n’est pas inscrite
au nombre des jours fériés, notamment en France. Ce jeudi de la
Fête-Dieu est communément appelé
"de àlde Hèrrgottsdàà" (l'ancien jour du Seigneur).
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1) Le dimanche de la Trinité (Drèifàlltischkètt) se situe une semaine après la Pentecôte.
Le jeudi de la Fête-Dieu est un jour férié dans un
certain nombre de pays catholiques, comme le Portugal, la Croatie, la
Pologne, le Brésil, la Colombie, l’Autriche et dans certains Länder
allemands ou cantons suisses à majorité catholique.
Puisque la fête de Pâques est une
fête mobile, la Fête-Dieu l’est aussi et se situe chaque année dans une
fourchette comprise entre le 21 mai et le 24 juin.
La principale caractéristique de
cette solennité réside dans la procession qui suit la grand’messe du
dimanche matin, procession pendant laquelle l’Hostie est portée par le
prêtre dans l’ostensoir, dans les rues du village. La procession est
entrecoupée de stations et de prières à plusieurs autels-reposoirs
disposés le long du parcours, qui sont généralement au nombre de quatre.
Les anciens du village parlent de 2
fêtes du Saint Sacrement qui se déroulaient avant guerre à une semaine
d’intervalle et agrémentées toutes les deux d’une procession
identique, avec les mêmes autels-reposoirs. La seconde procession avait
lieu le dimanche du Sacré Cœur, soit une semaine après le dimanche de
la Fête-Dieu, et se déroulait l’après-midi, après les vêpres.
L’origine de la Fête-Dieu
L’origine de la Fête-Dieu remonte
au Moyen-Age, et plus spécialement au XIII° siècle. Sainte Julienne du
Mont Cornillon et la bienheureuse Eve de Liège, recluse, en sont les
instigatrices.
Julienne, née vers 1192 à Retinne,
près de Liège, en Belgique, était une religieuse augustine. A partir de
1209, sœur Julienne eut de fréquentes visions mystiques. Une image
s’imposa à elle à plusieurs reprises, dans laquelle elle vit une lune
rayonnante de lumière, mais incomplète, car une bande noire la
partageait en deux parties égales. Le Seigneur lui fit comprendre la
signification de cette apparition. La lune symboliserait la vie de
l’Eglise sur terre et la bande noire représenterait en revanche
l’absence d’une fête liturgique dans laquelle les croyants pourraient
adorer l’Eucharistie pour faire croître leur foi, avancer dans la
pratique des vertus et réparer les offenses faites au Très Saint
Sacrement. À partir de cette période, Julienne œuvra pour
l'établissement d'une fête solennelle en l'honneur du Corps du Christ.
Photo fetedieualiege.wordpress.
com
En 1222, elle fut élue prieure du
couvent du Mont-Cornillon et continua les démarches pour l'instauration
de la Fête-Dieu, demandant conseil à d'éminentes personnalités de
l'époque, telles que Jean de Lausanne, chanoine de Saint Martin, Jacques
Pantaléon, archidiacre de Liège et futur Pape Urbain IV, Guy, évêque de
Cambrai, et aussi des théologiens dominicains, dont Hugues de Saint
Cher.
La Fête-Dieu fut célébrée pour la
première fois en 1246 dans le diocèse de Liège, puis officialisée en
1252 dans le même diocèse.
A la demande de Julienne, le pape Urbain IV instaura officiellement dans la chrétienté cette solennité, le 11 août 1264, en publiant la bulle Transiturus de hoc mundo, dans laquelle il écrit ceci : "Bien
que l’Eucharistie soit chaque jour solennellement célébrée, nous
considérons juste que, au moins une fois par an, l’on en honore la
mémoire de manière plus solennelle. En effet, les autres choses dont
nous faisons mémoire, nous les saisissons avec l’esprit et avec
l’intelligence, mais nous n’obtenons pas pour autant leur présence
réelle. En revanche, dans cette commémoration sacramentelle du Christ,
bien que sous une autre forme, Jésus Christ est présent avec nous dans
sa propre substance. En effet, alors qu’il allait monter au ciel, il
dit: "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde" (Mt 28, 20)".
Il chargea l’un des plus grands
théologiens de l’Histoire, Saint Thomas d’Aquin (1224-1254), de rédiger
le texte de l'office et de la messe de la fête. On lui attribue donc la
rédaction du Pange lingua avec le Tantum ergo (adaptés d'hymnes liturgiques catholiques déjà existantes), le Lauda Sion et les autres pièces liturgiques latines prescrites par la liturgie de la fête.
Ces textes, encore en usage
aujourd’hui dans l’Eglise, sont des chefs-d’œuvre, où se mêlent
intimement la doctrine chrétienne de la Présence Réelle
et la poésie.
Pour écouter le "Pange lingua", cliquez sur le lien
Pour écouter le "Tantum ergo", cliquez sur le lien
Pour écouter le "Lauda Sion", cliquez sur le lien
Le pape Jean XXII,
en 1318, ordonna de compléter la fête par une procession solennelle où
le très Saint Sacrement serait porté en triomphe, dans le
but de sanctifier et bénir, par la présence de Jésus-Christ, les rues et les maisons de nos villes et de nos villages.
Le but de la Fête-Dieu est bien
sûr d’honorer le Saint Sacrement par des prières et des cantiques, en
l’exposant à la ferveur et à la piété des fidèles, mais aussi de le
présenter à tout le village. Ce jour-là, le village était décoré avec
amour et devenait "une vaste église ouverte vers le Ciel".
Le Christ, dans l’Eucharistie, prenait possession du village, il
quittait momentanément l’église, pour sillonner les rues, au milieu des
siens, comme il le faisait
jadis, en Palestine. (Sources wikipedia.org)
Les préparatifs de la Fête-Dieu.
Bien que la fête fût éphémère, les
préparatifs n’en étaient pas moins longs et pouvaient s’étaler sur
toute la semaine précédant la Fête-Dieu.
Les nappes qui serviraient à
recouvrir les autels avaient été lavées, repassées et amidonnées dans
la semaine, les fanions sortis des armoires, les poteaux de bois
décorés de papier crépon ou repeints, les guirlandes de papier tressé
renouvelées. Il fallait que tout fût prêt pour le samedi, sinon le
dimanche matin.
L’après-midi et la soirée du samedi
précédant la fête étaient employés à se procurer tout ce qui devait
servir à la décoration des rues et des autels.
Un équipage se rendait en forêt
avec un attelage de chevaux ou plus tard au moyen d’un tracteur et
d’une remorque pour couper des mais (Maije) (2)
qui serviraient surtout d’arrière-plan aux autels. Bien que les deux
forêts de Kalhausen fussent privées, cette tolérance était acceptée
sans problème par les propriétaires de Weidesheim. Le Mihlewàld était la forêt la plus proche et la mieux accessible, mais l’autre forêt, le Grosswàld, était aussi mise à contribution.
Les fillettes, munies de paniers en
osier, se rendaient dans les jardins et les prés pour faire ample
provision de pétales de fleurs : pivoines, marguerites et autres. Elles
cueillaient aussi de petits bouquets d’œillets dans les jardins.
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2) Les
mais ou arbres de mai sont de jeunes arbres ou de grosses branches,
principalement des hêtres, que l’on plantait à l’origine le premier
jour de mai en l’honneur de quelqu’un.
Les riverains de la procession
allaient couper de l’herbe ou des joncs dans les lieux humides, qui
serviraient de tapis dans les rues. Ceux qui n’avaient
pas d’attelage prenaient la carriole à bras qui suffisait amplement car
la masse d’herbe à faucher n’était pas importante. Chacun en ramenait
un peu et cela faisait le compte.
Les fleurs qui serviraient à décorer les autels étaient aussi coupées dans les jardins et gardées au frais jusqu’au lendemain.
Voisins et amis rapportaient de belles fleurs dans des pots et des jardinières. La
soirée du samedi se terminait d’ordinaire par un repas frugal, mais
copieux, servi à ceux qui étaient rentrés de leur expédition en forêt.
L’installation de la Fête-Dieu
Cela ne pouvait se faire
complètement que le dimanche matin, après le passage des bêtes aux
abreuvoirs publics. Jusque là, la chaussée et l’usoir devaient rester
libres.
Déjà le samedi après-midi ou le
soir, dans les rues où passerait la procession, chacun avait nettoyé
alors devant sa maison et curé route et caniveaux, surtout si les bêtes
avaient laissé des traces de leur passage. Les poules, qui d’habitude
divaguaient sur la chaussée, étaient interdites de sorties le dimanche
matin et laissées dans l’enclos (de Hìnckelspààrk) ou dans la cour à
l’arrière de la maison. Les chiens étaient également enfermés dans la
grange.
Le tas de fumier était redressé au carré et l’emplacement rigoureusement nettoyé. Un dernier rangement de l’usoir s’imposait et on éloignait tout objet inutile en l’entreposant provisoirement dans la grange. Alors seulement pouvaient débuter la décoration des maisons et des rues.
Des statues saintes étaient placées
sur les tablettes de fenêtres, à l’intérieur de la belle chambre, "de
Schdobb", de manière à ce qu’elles soient bien visibles de la rue.
C’étaient des statues de saint Joseph, de la Vierge ou du Sacré Cœur.
Elles étaient entourées de petits fanions blancs et jaunes, aux
couleurs du Vatican, plantés dans des pots de fleurs, et de bougeoirs.
Pour jalonner le parcours de la
procession, des poteaux de bois, d’environ 1 m de haut, étaient plantés
à la barre à mine à l’arrière des caniveaux
(de Rìnn) et reliés entre
eux par des guirlandes bicolores, blanches et jaunes, en papier
crépon. Plus tard, de petits plots en béton serviront à maintenir les
poteaux. Cette utilisation de poteaux de bois et de guirlandes avait
été "importée" au village après 1945, suite à l’emménagement de la
famille Jacques Lenhard (Schààcks Schàkobb) qui avait précédemment
habité à Petit Réderching où cette coutume avait cours. Auparavant l’on
plantait de petits "mais" le long des rues. (communication de Lucien Bour)
De herbe ou des joncs (Lììscht)
étaient étendus sur la chaussée pour former un tapis. Par mesure
d’économie, les joncs étaient privilégiés à l’ herbe qui était plutôt
réservée à la nourriture du bétail. L’herbe piétinée par la procession
était méprisée par les bêtes et ne pouvait plus servir que de litière.
Dans certains villages, et plus
spécialement à Neufgrange où se trouvait le couvent des Spiritains, des
tapis de sciure étaient confectionnés sous la direction des Pères
Missionnaires et formaient de superbes motifs floraux multicolores. De
nos jours, cette tradition est reprise chaque année dans ce village,
bien que le couvent ait été vendu à la commune et que les Spiritains aient quitté le village.
La rue des Jardins après la procession
Il est à noter que seul le chemin utilisé par
le prêtre portant l'ostensoir était garni d'herbe.
Mais le travail le plus long était
bien le montage et la décoration des autels-reposoirs. Il fallait
commencer le samedi soir ou, très tôt le dimanche matin, vers 4-5
heures, pour avoir terminé à temps et les décoratrices, qui avaient
assisté à la première messe de 7h30 (de Frìhméss), mettaient les
dernières touches à leur œuvre pendant la grand’messe de 10 h (’s
Hochòmt). Tout devait être prêt pour le moment du début de la
procession, soit vers 11 h.
Tous les membres de la famille
responsable de l’autel s’investissaient dans cette tâche, aidés en cela
par les voisins plus ou moins proches et la parentèle habitant le
village. D’année en année, on reprenait la même équipe désormais bien
rodée.
Les hommes s’occupaient de la
plantation des mais qui formaient l’arrière-plan et masquaient la
maison devant laquelle se trouvait l’autel, et du montage de l’autel
qui au demeurant était assez simple, voire carrément rudimentaire.
L’estrade, composée d’une plate forme en haut d’un emmarchement de
plusieurs marches, était fabriquée à partir de madriers servant de
ridelles pour les charrettes (Wòhnsdiele), gracieusement prêtés pour
l’occasion par les voisins.
La table de l’autel était tout
simplement une table quelconque que l’on recouvrait d’une nappe blanche
brodée et dont on masquait les pieds avec un long drap.
Pour faire ressembler l’autel au
maître-autel de l’église et gagner en élévation, l’on plaçait diverses
constructions sur la table de l’autel : un support en bois destiné à
recevoir la décoration, des tours, des niches renfermant des statues,
un tabernacle.
Les femmes s’occupaient de la
décoration de l’autel : tentures, nappes, drapeaux, vases de fleurs,
tableaux, statues, candélabres, tapis. La décoration était très soignée
et riche, chaque quartier voulant posséder le plus bel ensemble. Tous
les objets servant au décor étaient prêtés par les voisins ou la
famille.
Une bonne odeur d’herbe et de feuilles d’arbres à moitié fanées embaumait l’air dans les rues et à proximité des autels. Quand l’autel était pratiquement
terminé, il était d’usage de prendre en photo, sur les marches devant
la construction, tous ceux qui avaient participé au travail et
étaient fiers à juste titre de leur chef-d’œuvre.
Les différents autels de la Fête-Dieu
Il n’y avait pas moins de 4 autels-reposoirs sur le parcours de la procession:
- devant la maison Grosz (Àléxe) de la rue de la montagne (de Guggelsbèrsch) actuellement n° 6 Denis Scheffer
- devant la
maison Pefferkorn (Klèèn Schùmmàchersch) de la rue des jardins (ìm
Hohléck) actuellement n° 29 Richard Bour
- devant la maison André List (Joseph Muller) de la rue de la libération (de LÒngenéck) actuellement n° 14 Agnès Muller
- en face de la maison Jacques Klein de la rue de la libération (Muurhànse) actuellement n° 13 Jacky Klein
L’autel de la rue de la montagne ou le premier autel du Sacré Cœur (d’après les souvenirs de Jeanne Scheffer, née Grosz)
L’autel de la rue de la montagne
était érigé à l’origine par la famille Jean Pierre Pefferkorn-Marie
Célestine Muller (Maiébs). Suite au décès de Marie Célestine, en 1933,
il fut repris par les voisins du bas, la famille Grosz (Àléxe).
Jean Pierre Pefferkorn (1871- 1945), épicier et maire de Kalhausen de 1915 à 1935,
et son épouse Marie Célestine Muller (1871 - 1933)
Joseph Alexandre Grosz, de Àléx,
(1888-1948) était ferblantier de métier et exerçait son artisanat dans
un petit atelier situé à l’arrière de sa maison. De son union avec
Madeleine Koch, appelée Àléxe Léén, (1892-1985) sont nés 4 enfants :
Marie Antoinette (1919-2008), Jeanne (1920-), Joseph (1924-1948) et
Marie (1931-)
De gauche à droite :
Antoinette, Madeleine, Albert Klein, Marie, Jeanne, Joseph Alexandre et Joseph
La construction de ce magnifique
autel demandait beaucoup de temps et au fil des années, sa construction
fut simplifiée. Plus tard, un autel plus moderne et plus simple
remplaça l’édifice originel.
L’équipe de construction comprenait
bien entendu la famille Grosz (le père, la mère et les 4 enfants). Plus
tard, les conjoints des 2 filles habitant le village vinrent compléter
l’équipe (Henri Rimlinger et Joseph Scheffer). Les voisins qui venaient
prêter main forte étaient la famille Pierre Wendel, Léhne, (le père et la fille
Camille) ainsi que Lucie Juving. D’autres personnes venaient encore
aider : Pierre Freyermuth et son épouse Marie Louise, (Grélle Wisserschs), Antoinette,
Geneviève et Joséphine Bellott. Joseph Ferner, de Fèrner Sépp, qui avait appris le
métier auprès d’Alexandre Grosz, était également de la partie chaque
année.
Les mais étaient coupés en forêt et
ramenés au village par l’attelage d’Emile Hiegel, aidé de Pierre
Freyermuth. Le dimanche matin, ils étaient dressés contre la façade de
la maison et fixés aux petites grilles des fenêtres de l’étage. (Ces
grilles basses avaient pour fonction d’empêcher les jardinières de
fleurs de tomber.)
De gauche à droite, Joseph Alexandre Grosz, Pierre Wendel, Jeanne Grosz, Marie Lerbscher,
Marie Klein, Antoinette Grosz, Lucie Dier, Joséphine Lerbscher, Auguste Muller,
Jean Pierre Gross, Rosa Demmerlé, Jean Pierre Lerbscher.
De gauche à droite, Antoinette Bellott, Joseph Ferner, Geneviève Bellott,
Pierre Freyermuth, Joseph Scheffer et Lucie Juving, ép. Freyermuth.
L’autel de la rue des jardins ou le second autel du Sacré Cœur (d’après les souvenirs de Monique Bach, née Kremer)
Avant la guerre, l’autel de la rue
des jardins se trouvait au début de la rue, contre le pignon de la
maison d’Amélie Lenhard, actuellement Kirch Blandine et c’est la
famille Gross (Botts) qui s’en occupait. Du matériel avait disparu
pendant les hostilités et la famille Gross n’a plus voulu, au sortir de
la guerre, continuer à ériger l’autel de la Fête-Dieu.
L’autel fut donc repris par la
famille Pefferkorn (Klèèn Schùmmàchersch). Parmi les enfants de Laurent
Pefferkorn (1872-1944), Clémence (1899-1970), avait épousé Jean Koch et
Marie Louise (1912-2004) Pierre Kremer. Trois autres filles restées
célibataires habitaient la maison paternelle : Marie (1898-1974),
Catherine (1904-1977) et Cécile (1906-1982). Ce sont elles qui
s’occuperont de l’autel, et plus particulièrement Marie, qui avait été
la ménagère du curé Albert et s’occupait du fleurissement de l’église.
Marie Pefferkorn
appelée 's Paschdoore Marie
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Catherine Pefferkorn
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Cécile Pefferkorn
|
Les mais étaient coupés dans le
Grosswàld par Jean Pierre Bruch et plus tard par Pierre Kremer, avec
l’aide de son gendre Lucien Bour.
Le famille Pierre Kremer, était
fortement impliquée dans la construction de l’autel, ainsi que des
voisins, comme Charles Demmerlé (de Éddìnger Kàrl), Joseph Bernard
Lenhard (Kàrmànns Bernard) qui était menuisier de métier et pouvait
mettre ses compétences à disposition. Adolphe Lenhard (Schààcks Àdolf),
qui avait, après son mariage en 1953, habité un moment dans la maison
Schùmmàchersch viendra désormais tous les ans donner un coup de main.
Dans le but de décorer l’autel, les
enfants de la famille et des voisins (Monique Kremer et Anne Marie
Schreiner) allaient couper des fleurs dans le jardin de Joseph Eymann,
au moulin de la Gàllemihl.
Le premier autel de la rue de la libération ou l’autel de la Vierge de Pitié (d’après les souvenirs d’Agnès Muller, née List)
Il était dressé devant la maison
André List (actuellement Agnès Muller), contre le mur du jardin potager
et regardait vers le bas. Cet autel n’existait pas avant 1945 et il
résultait d’un vœu fait par André List et son épouse Madeleine Simonin,
suite à une guérison.
André List
*1908 / +1996
|
Madeleine Simonin
*1911 / +1958
|
Le frère d’André List, Joseph,
habitant la rue des jardins, venait aider à la construction de l’autel
ainsi que ses sœurs Anne et Joséphine, sa belle-sœur Odile Simonin et
son beau-frère, Robert Prinzkowsky.
Ses neveux Etienne et Hubert List
étaient également présents, ainsi qu’Adrienne Dier, épouse Freyermuth
et les voisins d’en face, Nicolas et Clémentine Lenhard (Schààcks).
Les enfants se déplaçaient jusqu’à Hutting et Weidesheim pour couper des fleurs dans les jardins de particuliers.
L’autel est placé devant la maison, à l’intérieur du petit jardin
se trouvant entre la rue et l’immeuble.
|
Debout, de gauche à droite, Odile List, André List,
Hubert et Etienne List.
Assis, Agnès Muller, Anne Prinzkosky et Marie Holzritter.
|
Jean Pierre Bruch, le sacristain, pose le voile
du Saint Sacrement sur les épaules du curé Ichtertz.
Cet autel, plus récent,
reprend le thème de la Pieta. (3) Il comprend, outre la table, une
structure en bois, sur laquelle est fixé du papier de roche. Cette
structure, surplombant la petite console destinée à recevoir
l’ostensoir, porte la statue de la Pieta. Une immense croix de bois,
entourée de 2 fanions et dont le croisillon est drapé d’un long linge
blanc retombant, couronne le tout.
Des guirlandes de lierre et des fagots de bois mort décorent le papier de roche.
L’autel sera utilisé en juin 1955, lors de la première messe à Kalhausen de l’abbé Nicolas Muller.
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3). Le thème de la Pieta, appelée
Vierge de Pitié ou Mère de Douleur (Mater Dolorosa) est un thème que
l’on trouve fréquemment dans l’iconographie chrétienne en sculpture et
en peinture. Il représente Marie pleurant son enfant qu’elle
tient sur ses genoux, en l’occurrence le Christ descendu mort de la
croix, avant sa mise au tombeau.
Le second autel de la rue de la libération ou l’autel de l’Immaculée Conception (d’après les souvenirs de Marcel List)
Cet autel, qui n’était distant du
premier autel de la rue de la Libération que d’une cinquantaine de
mètres, était monté par la famille Jean Pierre List,
(Muur HÒnse Schängel) et son épouse,
Madeleine Klein. Il n’existait pas avant guerre et doit son érection à un
vœu de Jean Pierre List, revenu sain et sauf de la Seconde Guerre
Mondiale.
Madeleine Klein
*1916 +1986
|
Jean Pierre List
*1908 +1978
|
Son emplacement était sur le côté droit de la rue, pratiquement devant la maison de Gaston Klein, à
gauche du marronnier qui existe toujours. A cette époque, la maison
n’était pas encore construite et une excavation avait été creusée
dans le talus pour recevoir une pompe à bras et un abreuvoir en grès.
Cet endroit s’appelait le "Brùnne Éck" et permettait aux bêtes de
s’abreuver.
Les mais étaient coupés par Nicolas
et Pierre List (Muur HÒnse), puis plus tard par Henri Hoffmann
(Hènnrische) qui disposait d’un tracteur.
Les principales personnes qui
donnaient un coup de main à la famille List-Klein faisaient partie de
la parentèle : Marie et Anne Klein, Anne Hoffmann, Anne Seltzer,
Nicolas et Pierre List, Henri Hoffmann avec ses filles Marie et Denise.
L’autel utilise pour fond un
magnifique sureau justement en fleurs au début du mois de juin et les
mais ne servent qu'à décorer les abords. Il reprend la structure de la
grotte de Lourdes avec la Statue de l’Immaculée Conception placée dans
un enrochement figuré avec du papier de roche fixé sur une structure de
bois. L’édicule central en bois ouvragé fait aussi penser à un
tabernacle.
L’abreuvoir et la pompe à bras du Brùnne Éck sont masqués par l’autel.
La procession de la Fête-Dieu
La procession solennelle et
fastueuse par les rues du village était le couronnement de la
grand’messe et l’aboutissement de la Fête-Dieu. Toute la paroisse
s’était préparée pour vivre cet évènement unique dans l’année
liturgique et le curé se faisait un honneur de porter l’ostensoir avec
l’hostie à travers le village, en vue de donner la bénédiction aux
fidèles, dans les différents quartiers de l’agglomération.
L’église avait été décorée pour
l’occasion avec les tentures des jours de fête et un fleurissement
exceptionnel. Les bannières (de Fähne) avaient été sorties de l’armoire
et attendaient leurs porteurs. Le dais (de Himmel) était prêt à
accueillir le prêtre pour la procession.(4) Bref, tout le monde était
impatient de participer à la procession et de pouvoir découvrir les
autels-reposoirs qui jalonnaient le parcours.
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4). Le dais ressemble à un ciel de lit, c’est un baldaquin mobile à 4 hampes.
Les enfants de chœur d’âge scolaire portaient leur aube rouge et un surplis blanc.
Les autres enfants de chœur plus âgés, qui servaient jusqu’à l’âge de 18 ans, étaient vêtus d’une grande aube blanche.
Dès 10h45, la procession prenait le
départ et quittait l’église dans un ordre établi. En tête, marchaient 3
enfants de chœur dont celui du milieu portait la croix au bout d’une
hampe. Suivaient les enfants d’école, d’abord les garçons, puis les
filles. Ensuite venaient les jeunes gens et les hommes. Une
surveillance des enfants d’école était assurée, soit par l’instituteur,
soit par un membre du conseil de fabrique.
Une dizaine d’enfants de chœur
s’avançaient à leur tour : ils portaient tous une petite corbeille
accrochée par un ruban à leur cou. Cette corbeille était remplie de
pétales de fleurs qu’ils jetaient vers l’ostensoir au moment des
bénédictions. Au cours de la procession, ils venaient s’approvisionner
auprès de 2 camarades qui portaient un grand panier à linge rempli de
pétales.
Corbeille à fleurs retrouvée dans un grenier
et ayant appartenu à un servant de messe.
Le prêtre s’avançait maintenant,
marchant sous le dais que portaient les jeunes gens mariés de l’année,
au nombre de 4. Encadrant le dais, marchaient encore 4 grands enfants
de chœur en aube blanche qui portaient des sortes de lampions fixés au
bout d’une hampe. Plus tard, avec l’abbé Stab, les pompiers en tenue de
sortie porteront le dais.
Le prêtre, vêtu de la chape (de
ChoormÒndel) et du voile de Saint Sacrement, appelé aussi voile
huméral, (’s Sèèjdùch) portait à bout de bras l’ostensoir.(5)
La procession descend la rue de la libération
et s’avance vers le dernier autel placé devant la maison List
Marie Jeanne Freyermuth et Odette Guinebert, née Lohmann,
encadrent la porteuse de la bannière.
Le dais était suivi de la chorale, qui avant guerre était uniquement masculine, puis par les jeunes filles et les femmes.
Les 2 bannières dont l’une
représentait saint Joseph, et l’autre la Vierge marie étaient portées
respectivement par les jeunes gens et les jeunes filles.
On se relayait
à 3 pour les porter, car elles étaient assez lourdes et surtout avaient
prise au vent.
_________________
5). La chape est un vêtement
sacerdotal, une sorte de manteau ample, sans manches, ouvert sur le
devant et porté sur l’aube. Sa couleur varie selon les fêtes
liturgiques. Pour les grandes cérémonies comme la Fête-Dieu, il est de
couleur blanche avec des broderies d’or.
Le voile du Saint Sacrement est un
châle de grande dimension, porté par-dessus la chape et qui recouvre
les épaules, les bras et les mains du prêtre lorsqu’il porte
l’ostensoir.
La procession passait dans le
village, accompagnée de prières et de chants. Des jeunes filles
priaient des dizaines du chapelet et les fidèles reprenaient les
prières. La chorale entonnait des cantiques religieux latins tels que
le Pange Lingua, O Salutaris Hostia, Panis Angelinus ou encore Lauda
Sion ainsi que des cantiques allemands et tous les fidèles reprenaient
en chœur ces hymnes caractéristiques de la solennité de la Fête-Dieu.
Il va sans dire que la procession
traînait en longueur pour certains, surtout pour les hommes et plus
d’un ne rejoignait plus l’église après la procession, pour la
bénédiction finale, préférant s’attabler au restaurant pour le
traditionnel apéritif dominical.
L’itinéraire suivi par la
procession était le suivant : rue de la montagne, avec demi-tour au
niveau de la maison Pefferkorn, (Fawriggersch) rue des jardins jusqu’à
l’autel-reposoir, rue de la libération avec demi-tour au niveau
de la maison Koch, puis retour à l’église. Les rues oubliées par la
procession de la Fête-Dieu (rue des fleurs, rue des roses, rue de la
montagne supérieure) étaient réservées pour la procession du 15 août,
jour de l’Assomption.
La procession vient de la rue de la montagne et se dirige vers la rue des jardins.
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Les arrêts aux autels-reposoirs
Ces arrêts, dont le nombre pouvait
varier d’un village à l’autre, étaient établis autant pour soulager les
efforts du prêtre que pour faire profiter les fidèles de la bénédiction
du Saint Sacrement.
Les personnes qui avaient monté les
autels n’avaient pas pu participer à la procession et se rassemblaient
un peu à l’écart, attendant le départ de la procession pour pouvoir
commencer à débarrasser.
Pendant ces haltes d’une dizaine de
minutes, le prêtre quittait la protection du dais et gravissait les
marches de l’autel. Il posait l’ostensoir sur l’autel et
s’agenouillait, avec les enfants de chœur sur les marches. La chorale
chantait le Tantum Ergo, puis le prêtre donnait la bénédiction du Saint
Sacrement, en soulevant l’ostensoir et en le présentant aux fidèles. A
ce moment, un enfant de chœur faisait tinter les clochettes, exhortant
ainsi les fidèles présents à s’agenouiller. Tous mettaient alors un
genou à terre, à l’endroit où ils se trouvaient : sur la route, dans le
caniveau ou sur l’usoir.
Pendant ce temps, les enfants de
chœur munis de corbeilles à fleurs, vénéraient le Saint Sacrement en
jetant des pétales vers l’ostensoir. Les prières terminées, la procession se remettait en marche, selon l’ordre établi en direction du reposoir suivant.
Arrivée devant l’autel List Klein.
L’abbé Stab officie. La chorale se tient à
l’arrière, à droite.
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Pendant la bénédiction, les fidèles
sont agenouillés et les pompiers au garde-à-vous.
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L’autel List- Klein édifié contre la grange de la maison.
La Vierge n’est plus placée en hauteur.
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Les fidèles pendant un arrêt à un autel-reposoir
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Evolution des autels
On peut aisément cataloguer les
autels en 2 catégories : d’un côté, les plus anciens, ceux qui
existaient avant guerre ou qui reprennent les structures d’avant
guerre, et qui représentent le thème du Sacré Coeur, et de l’autre
côté, les autels plus modernes, datant d’après 1945, qui reprennent
d’autres thèmes de vénération et qui sont beaucoup moins sophistiqués,
ce qui ne veut pas dire qu’ils sont moins beaux.
Les autels d’avant guerre sont
construits sur le modèle du maître-autel de l’église, avec le
tabernacle, la partie centrale élancée ainsi que des tours
latérales, parfois doublées, couronnées de flèches et formant des
niches à statues. La statue du Sacré Cœur de Jésus trône au-dessus du
tabernacle et l’ensemble est toujours surmonté d’une croix et de
bannières brodées. Les candélabres de l’église sont ici remplacés par
des chandeliers à plusieurs branches.
L’ensemble de l’autel rentre alors
dans un schéma triangulaire, lui conférant beaucoup de majesté grâce à
la croix centrale s’élevant haut dans le ciel.
En cela le schéma de
l’autel est semblable au delta mystique souvent présent dans
l’iconographie religieuse.
Ces autels arborent une décoration
très riche et variée, utilisant de nombreuses fleurs, naturelles ou
artificielles, et une grande diversité de statues religieuses.
Le montage d’un tel édifice
demandait beaucoup de temps, mais aussi des sacrifices financiers, car
la famille responsable ou les voisins investissaient dans l’achat de
statues, de tentures, de nappes… Seules quelques familles aisées
pouvaient prendre la responsabilité d’une telle entreprise.
Avec le temps, les constructeurs
des autels ont cherché non seulement à varier la décoration d’une année
à l’autre, mais aussi à se simplifier le travail, en laissant tomber
certains éléments des autels ou en changeant carrément de structure.
L’évolution générale des autels de
la Fête-Dieu s’est faite vers plus de simplicité. La disparition de
l’abondante décoration florale, l’utilisation de papier de roche ont
donné aux autels un autre aspect. Le montage et le démontage ont aussi
été simplifiés par là. Mais ceux qui ont dressé ces magnifiques autels
l’ont toujours fait avec amour et foi et l’on ne peut qu’admirer leur
investissement, leur travail et leur goût esthétique.
Leurs réalisations étaient la
manifestation publique de leur foi et de leur piété, l’expression de
leur prière s’élevant vers le ciel, à l’image de leurs chefs d’œuvres.
L’autel de la rue de la montagne
La croix centrale et le tabernacle sont décorés
de fleurs en papier crépon.
Les tours sont aussi garnies de papier crépon.
L’ensemble de la construction rentre dans un schéma
triangulaire, grâce à la bannière centrale.
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Malgré la disparition des flèches des tours latérales,
le schéma de l’autel proprement-dit reste triangulaire.
La décoration est toujours abondante.
Apparition d’un tableau au pied de l’autel.
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La conception de l’édifice a radicalement changé, avec
l’utilisation du papier de roche et d’une grande statue
du Sacré Cœur. Le décor est devenu très sobre.
Sur les rayons, autour de la statue, figurent des sentences religieuses
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La simplification s’est encore accentuée, on est loin du foisonnement d’objets et de décorations des premiers autels.
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L’autel de la rue des jardins
L’évolution est nettement visible entre l’autel Gross, à gauche, et l’autel Pefferkorn, après sa reprise par les 3 sœurs.
Les 2 autels reprennent les mêmes
caractéristiques que l’autel de la rue de la montagne, avec le pseudo
tabernacle central et des niches latérales surmontées de flèches.
L’autel Gross possédait 4 tours
latérales ornées de papier crépon, mais les 2 tours extérieures
sont difficilement visibles sur la photo de gauche en noir
et blanc.
Sur la photo de droite, la partie
centrale a été étoffée par un panneau en escalier double surmonté de 3
niches couronnées elles aussi de flèches. Les statues utilisées
semblent être les mêmes que sur la photo de gauche.
Le premier autel de la rue de la libération
L’autel, à l’origine, comprend un
tabernacle, surmonté de la Pieta. Le tabernacle est ensuite supprimé
pour être remplacé par une sorte de grotte en papier de roche.
L’ensemble gagne alors en hauteur et en importance. L’immense croix
drapée est maintenue, mais les 2 bannières ont également disparu.
Le second autel rue de la libération
L’autel, placé à l’origine dans le
"Brùnne Éck", sera déplacé, pour plus de commodité, devant la grange
de la maison de Jean Pierre List (actuellement Clément Vogel), puis
complètement remanié, simplifié à l’extrême et placé vers le bas,
contre le pignon de la maison Nicolas Lenhard (Schààcks) dans
les
années 1970.
Il n’y a plus de mais pour masquer
les maisons, ni de constructions sur l’autel. L’estrade a disparu et
les nappes sont ce qu’il y a de plus simple, mais les statues de
l’Immaculée Conception et de Bernadette figurent toujours les
apparitions de Lourdes.
Démontage des autels
Une fois que la procession était
passée, les mères du quartier ou de la rue ne manquaient pas l’occasion
de venir avec leur bébé et de la déposer ou de
le faire asseoir sur la
petite console qui avait porté l’ostensoir. Elles pensaient que le
contact avec cet objet aurait des effets bienfaisants et protègeraient
leur progéniture des maladies.
1965. Agnès Muller et sa nièce, la petite Sylvie Parlagréco.
Dès avant midi, pouvait débuter le
démontage de l’autel éphémère qui n’aura servi en tout et pour tout
qu’une dizaine ou une quinzaine de minutes. Tout était à démonter et à
ranger pour l’année prochaine.
Certains paroissiens avaient
consacré de leur argent et de leur temps pour créer ces
autels-reposoirs, sans lesquels la procession n’aurait pas été possible
et seul comptait pour eux la gloire de Dieu.
L’édification de ces chefs
d’œuvres si riches et si somptueux était faite pour rendre hommage au
Saint Sacrement, pour l’accueillir dignement chez eux, devant leur
demeure et elle devenait un signe public de leur foi et de leur piété.
Les paroissiens qui avaient
pratiquement tous pris part à la procession ne manquaient pas de juger
les diverses réalisations et longtemps, dans le village, la
conversation tournait autour de tel ou tel autel qui avait plus ou
moins marqué l’opinion.
Le prêtre pouvait aussi être fier
de ses paroissiens, menuisiers, artistes, fleuristes, décorateurs d’un
jour qui avaient mis leur temps et leur talent à contribution pour la
réussite de la fête.
Le dimanche soir, les rues du
village avaient repris leur aspect ordinaire de tous les jours et il ne
restait plus de traces de la Fête Dieu, à part les mais entassés devant
la porte et quelques tas d’herbe fanée jetés sur les tas de fumier. La
rue avait été balayée, et s’il restait encore quelques brins d’herbe,
la volaille avait vite fait de les picorer.
Le soir, l’on pouvait se coucher
tranquille et pleinement satisfait de la journée, en rendant grâces à
Dieu pour le temps ensoleillé qui avait permis le bon déroulement de la
procession.
S’il avait fait mauvais le dimanche
matin, les autels n’auraient pas été montés, avec l’accord du curé,
bien sûr et la procession dans le village n’aurait pu avoir lieu. Le
prêtre aurait alors fait avec les enfants de chœur une mini-procession
dans les allées de l’église, mais cela n’aurait pas été une vraie
Fête-Dieu, célébrée avec faste et ferveur selon le tradition.
La fête était désormais passée et
déjà l’on pensait à l’année prochaine, espérant faire aussi bien, sinon
mieux, si la météo le permettait.
La Fête-Dieu aujourd’hui
Avec l’augmentation du trafic
routier, après les réformes du concile Vatican II et l’évolution des
mœurs ainsi que des pratiques religieuses, la célébration de la
Fête-Dieu a peu à peu perdu de sa valeur et de son importance, la
simplification croissante des autels, dans les années 70, en étant la
preuve visible.
Mais, malgré les difficultés liées
au trafic routier et la baisse de la fréquentation religieuse, de plus
en plus de communautés de paroisses remettent actuellement cette
magnifique fête à l’honneur et l’organisent chaque année dans une
paroisse différente.
A cause du trafic routier, la procession ne peut
bien sûr plus emprunter toutes les rues du village, comme elle le
faisait jadis. Les tapis de fleurs ou d’herbe ne peuvent plus être mis
en place. Les autels-reposoirs ont été simplifiés et leur nombre réduit
à un ou deux. Parfois le dais n’est plus de la procession, car
trop vétuste ou abîmé. La fête a ainsi perdu un peu de son faste, mais
la ferveur publique est toujours présente.
Le 1er septembre 2010, l’abbé Gérard Nirrengarten est
nommé archiprêtre et curé modérateur de la communauté de paroisses
saint Wendelin de Rohrbach-lès-Bitche, le 1er septembre 2015 il a avec
le vicaire Jean-Louinet Guerrier, en plus, la charge des paroisses de
la communauté de Saint Antoine du Haut Poirier.
En 2016, il décida de
remettre à l’honneur la Fête-Dieu et sa procession. Chaque année deux
paroisses de la communauté organisent désormais simultanément la
procession en édifiant des autels-reposoirs sur un parcours déterminé.
(Toutes
les photos de cette fête et celles des autres paroisses sont visibles
sur le site des communautes de paroisses : suivre les liens)
Ce fut donc le cas d’Achen et de Petit Réderching en 2016, de Bining et d’Etting en 2017 et de Kalhausen et Rahling en 2018.
Pour notre village de Kalhausen, le parcours de la procession a été
modifié pour des raisons de sécurité, par rapport au parcours des
anciennes fêtes. Les rues empruntées se situent toutes du côté de
l’église (rue de l’abbé Albert, rue des mésanges et rue de la montagne)
et la procession n’a pas eu besoin de passer par la route
départementale traversant le village (rue de la libération).
Le nombre des autels a également été réduit à trois. Ces autels n’ont
plus l’envergure et le faste des anciens autels, ils sont devenus
beaucoup plus simples, mais n’en demeurent pas moins splendides.
De
nombreux bénévoles, aidés par les abbé Nirrengarten et Guerrier, se
sont appliqués à récolter des fleurs dans le village et à dresser ces
monuments éphémères le samedi soir et surtout le dimanche matin.
Les enfants de la communion ont été mis à contribution pour la
procession, ce sont eux qui ont honoré le Saint-Sacrement avec des
pétales de fleurs.
Ce renouveau de la Fête-Dieu a permis à de nombreux paroissiens
issus de la communauté de paroisses de se replonger avec ferveur et
piété dans leurs souvenirs. Il a surtout permis aux plus jeunes de
découvrir une tradition oubliée.
Rue de l’abbé Albert
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Rue des mésanges.
Les bénévoles entourant l’abbé Guerrier.
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Rue de la montagne, devant la maison Simonin
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L’arrivée de la procession à l’église
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Neufgrange
Si la procession de la Fête-Dieu
s’est maintenue jusqu’à présent dans le village voisin de Neufgrange,
c’est parce qu’elle s’est toujours déroulée dans la propriété du
Couvent des Spiritains et non sur la voie publique.
Cette procession de Neufgrange, qui
a lieu l’après-midi, attire chaque année de nombreux fidèles,
nostalgiques des traditions perdues, mais qui viennent aussi admirer le
magnifique tapis de sciure colorée dont les Pères Spiritains s’étaient
fait une spécialité et une exclusivité dans la région depuis 1920.
Cette année, plus de 350 fidèles ont assisté à la procession.
(Photo Le Républicain Lorrain)
8 juin 2015
Pas moins de 1600 kg de sciure sont nécessaires
pour confectionner le tapis long de près d’un km.
Photo lorraineblog.skyrock.com
Le pays de Bitche
Dans le pays de Bitche, la
tradition de la Fête-Dieu revit depuis 2000 à Saint-Louis-lès-Bitche,
grâce à la découverte dans les archives de la cristallerie d’un
majestueux autel-reposoir en cristal.
Désormais, tous les 2 ans, une
équipe de bénévoles remonte cette merveille unique en France, large de
5 m et haute d’autant, et composée de pas moins de 6 000 pièces. La
messe a lieu en plein air, dans le cadre de verdure du parc de la
maison de direction et la procession emmène les nombreux fidèles vers
l’église où l’autel en cristal est exposé pendant une quinzaine de
jours.
L’autel "retrouvé". Une merveille en cristal
D’autres paroisses ou communautés
de paroisses, comme celle de Saint Laurent du Pays du Verre, comprenant
les paroisses d’ Althorn, de Baerenthal, Enchenberg, Goetzenbruck,
Lemberg, Meisenthal, Montbronn, Mouterhouse, Saint-Louis-lès-Bitche et
Soucht, organisent la Fête-Dieu par roulement, chaque année dans une
paroisse différente.
2013. Procession à Enchenberg. Notez le service de sécurité.
Photo stlaurentdupaysduverre.over-blog.com
C’est le cas également de la
communauté de paroisses saint Pirmin englobant Breidenbach, Hottviller,
Lengelsheim, Loutzviller, Nousseviller-lès-Bitche, Ormersviller,
Rolbing, Schweyen et Volmunster. La Fête-Dieu a été organisée cette
année à Hottviller.
(Photo Le Républicain Lorrain)
9 juin 2015
La région de Sarralbe
La communauté des paroisses de la
Sainte Trinité de l’Albe (Hazembourg, Kappelkinger, Kirviller, Le Val
de Guéblange, Rech, Sarralbe et Willerwald) a organisé une procession à
Willerwald cette année.
(Photo Le Républicain Lorrain)
8 juin 2015
Il existait autrefois, et jusque
dans les années 1995, une coutume originale, dans la paroisse du Val de
Guéblange, et c’était la coutume des autels vivants. La date
d’instauration de cette particularité et son instigateur ne sont pas
connus.
La procession de la Fête-Dieu se déroulait au centre de la
paroisse, à Guéblange, autour de l’église. Des autels vivants étaient
dressés par différentes familles originaires de Guéblange même, mais
aussi des écarts (Audviller, Schweix, Steinbach et Wentzviller). Le
thème de ces autels était suggéré par le curé de la paroisse.
(communication de Régine Muller)
Deux des thèmes représentés :
ci-dessus, la moisson et à droite les 10 Commandements donnés à Moïse.
|
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L’Alsace
Geispolsheim (67) et
Burnhaupt-le-Bas (68) font ainsi revivre chaque année la Fête-Dieu "à
l’ancienne", pour le bonheur des fidèles des paroisses, mais
aussi des touristes. Cela devient ici une manifestation
folklorique dont la messe et la procession sont le point de départ
d’une journée folklorique avec repas pris en commun et découverte du
"village alsacien".
Reposoir à Geispolsheim.
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Burnhaupt-le-Haut.
(www.dna.fr)
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Plus près de nous, la communauté de
paroisses de la Divine Miséricorde (Herbitzheim, Oermingen, Siltzheim
et Voellerdingen) a célébré la Fête-Dieu cette année à Siltzheim.
(Photo Le Républicain Lorrain)
8 juin 2015
Les pays voisins
En Allemagne, en Suisse et en
Autriche, les traditions sont plus ancrées que chez nous et la
Fête-Dieu est resté un moment fort de la vie religieuse.
Le jeudi de la Fête-Dieu est férié
en Autriche, mais ce n’est pas le cas partout en Allemagne ni en
Suisse. Les Länder de la Sarre, de Bade-Wurtemberg, de Bavière, de
Hesse, de Rhénanie du Nord-Westphalie et de Rhénanie-Palatinat l’ont
gardé comme jour férié. Il n’est férié que dans quelques communes de la
Saxe (district de Bautzen) et dans les communes à majorité catholique
de la Thuringe.
Hüfingen Forêt Noire
(www.pi-news.net)
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(www.diepresse.com)
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2. L’Assomption
La fête de l’Assomption (15 août),
Mariä Himmelfàhrt, est la fête mariale par excellence. Ce jour-là,
l’Eglise Catholique célèbre la montée au ciel de Marie, la mère du
Christ. Fêtée dès le VIII° siècle, l’Assomption de Marie a été définie
comme dogme, c’est-à-dire comme vérité de la Foi, en 1950, par le pape
Pie XII.
La Vierge, au terme de sa vie
terrestre, serait directement montée au Ciel, corps et âme, sans
connaître la corruption physique de son corps par la mort.
L’Assomption est célébrée
officiellement en France depuis 1638, depuis que le roi Louis XIII eut
consacré le royaume de France à la Vierge Marie pour la remercier de
lui avoir donné un fils, le futur Louis XIV, après 23 années de mariage
infructueux. Le roi avait aussi demandé à l’Eglise d’organiser ce
jour-là des processions dans tout le royaume en l’honneur de
Marie.
Avant l’établissement de la
République en France, le 15 août était jour de fête nationale et chômé.
Il ne fut remplacé qu’en 1880 par le 14 juillet, mais resta jour férié.
La fête de l’Assomption, située
après la fenaison et la moisson, est également l’occasion de remercier
le Ciel pour les récoltes engrangées. C’est pourquoi, pendant la
grand’messe, le prêtre bénit le bouquet de plantes aromatiques, appelé
"Wìrzwìsch".
Des processions sont toujours
organisées le 15 août en France, notamment à Lourdes, mais aussi dans
d’autres pays catholiques. Ce sont en général, dans les villages, des
processions aux flambeaux qui se dirigent depuis l’église jusqu’à la
reproduction de la grotte de Lourdes.
A Kalhausen, la procession du 15
août avait lieu l’après-midi, après les vêpres, et se dirigeait vers un
autel-reposoir dédié à la Vierge. Cet autel, semblable à ceux de la
Fête-Dieu, servait de reposoir, non pour l’ostensoir, mais pour la
statue de la Vierge qui était promenée dans les rues du village.
Cette fois, la procession
n’empruntait pas, au sortir de l’église, les mêmes rues que celle de la
Fête-Dieu, mais d’autres rues, la rue des fleurs, puis celle des roses (de Wélschebèrsch).
La procession n’avait pas non plus le même faste que celle de la
Fête-Dieu : il n’y avait pas de dais pour le prêtre, pas de pétales de
fleurs projetés, ni les rues ni les maisons n’étaient décorées.
Les
filles qui avaient fait leur grande communion cette année-là portaient
la statue de la Vierge, pendant la procession, sur une espèce de
brancard.
Des prières étaient récitées et des cantiques en l’honneur de
Marie chantés aux autels-reposoirs, pendant que la statue de la Vierge
était posée provisoirement sur l’autel.
L’ autel se trouvait, après guerre,
dans la rue des roses, au niveau de la maison Adam Muller (actuellement
n° 23 Yvonne Dellinger, Rudolfs). Plus tard, après 1954, il fut repris par Adolphe
Lenhard. Il était érigé soit devant le garage de sa maison
(actuellement n° 20 Nicolas Thaller), soit directement sur la chaussée et
regardait dans ce cas vers le bas de la rue.
Les personnes qui
montaient cet autel étaient les familles Adolphe Lenhard (Schààcks Àdolf) Auguste
Muller (Muurés) et Albert Borner (Joolés). Ce sont surtout les femmes
qui s’occupaient de l’autel. Mathilde Muller (Muurés Màdill) achetait
chaque année quelques grappes de raisin qui servaient de décoration et
qu’elle fixait tout autour de l’image de la Vierge. Ce raisin était
dégusté par les personnes présentes, après le démontage de l’autel.
Maison Adam Muller.
L’autel est rudimentaire, comparé à ceux de la Fête-Dieu.
En aube blanche et un voile sur la tête, les filles de la Grande Communion.
On reconnaît le curé Ichtertz.
Adolphe Lenhard.
L’autel est placé devant le garage du 20 rue des roses.
Marie Denise Lenhard et Lucie Rimlinger en 1967.
L’autel est placé sur la chaussée.
Avec l’arrivée de l’abbé Zapp, en
1983, des processions aux flambeaux furent organisées en soirée, de
l’église vers les reproductions des grottes de Lourdes dans les
différents villages de la communauté de paroisses AEKS (Achen, Etting,
Kalhausen, et plus tard Schmittviller).
Chaque année, une autre
paroisse organisait le culte marial à l’église, suivi de la procession
vers la grotte. Le roulement s’étendait au début sur 3 années.
Les villages d’Achen, d’Etting et
de Schmittviller ont l’avantage de posséder une reproduction de la
grotte des apparitions, mais non Kalhausen. Pour l’occasion, les
fidèles érigeaient donc, dans la cour de l’école mixte de la rue de
l’abbé Albert, une grotte éphémère, dans le même style que les autels
de la Fête-Dieu. Cette grotte sera délocalisée plus tard au terrain de
football et érigée contre les vestiaires. Il y avait là un espace plus
important pour contenir tous les fidèles et le démontage de la
construction n’était plus obligatoirement nécessaire le soir même,
contrairement à la grotte de la cour de l’école.
Toute une équipe de bénévoles se
mettait à l’œuvre pour cette construction sous la responsabilité de
René Laluet (des hommes : Claude Freyermuth, Gérard et Joseph
Rimlinger, Gabriel Freyermuth, Alfred Brechenmacher, André Fischer,
Eugène Freyermuth, Josy Karmann, Marcel List… mais aussi des femmes :
Blanche List, Marie Antoinette Freyermuth, Gabrielle Vogel…)
La veille, il fallait couper des
mais dans la forêt du Mihlewàld, pour former l’arrière-plan, et passer
dans le village avec un tracteur attelé d’ une remorque pour rassembler
des pots de fleurs chez des particuliers. La grotte était montée
l’après-midi de la fête. Une structure de bois servait de support et du
papier de roche figurait le rocher de la grotte de Massabielle. Des
guirlandes de lierre et des fleurs décoraient le tout. Un tapis de sciure, encadré de nombreux lumignons, s’étalait devant la grotte.
Les statues de la Vierge et de
Bernadette avaient été prêtées par Clément et Gabrielle Vogel et
provenaient de l’ancien autel de la Fête-Dieu.
La procession aux flambeaux partait
de l’église après l’office marial et chaque fidèle portait un cierge
allumé garni d’une bobèche en papier. Elle se dirigeait par la rue de
la montagne (de Guggelsbèrsch) et la rue des mésanges (de
Schbàtzenéck) vers l’école. Plus tard, elle se dirigera directement
vers le terrain de football en empruntant la rue de la libération (de LÒngenéck)
Les
nombreux cierges placés devant la grotte et les petites lumières
encadrant le tapis de sciure illuminaient la cour de l’école et
donnaient un air féérique à la manifestation.
Après les prières et les cantiques en l’honneur de la Vierge, (Salve Regina) la procession regagnait l’église pour la fin de l’office.
Petite anecdote : il était
impossible de trouver à Sarreguemines et dans les environs tous les
rouleaux de papier de roche nécessaires à la construction de la
première grotte, en 1984, surtout au mois d’août où les magasins ne
proposaient pas encore cet article. Il fallut se déplacer jusqu’à Metz
pour s’approvisionner en papier de roche dans un magasin spécialisé.
Cette procession aux flambeaux a
toujours lieu de nos jours, à tour de rôle, dans les villages de la
communauté de paroisses AEKSW, mais plus à Kalhausen, dépourvu de
grotte de Lourdes.
1984. Marie, mère de Dieu, Mère des hommes.
|
1987
|
La construction de la grotte a eu
lieu 2 fois dans la cour de l’école, puis 1 fois, en 1990, sur le
parking de la salle socio-éducative.
3. La fête du Scapulaire
La fête du Scapulaire,
"Schapplìerféscht", appelée aussi fête de Notre-Dame du Mont Carmel
faisait partie jadis des grandes fêtes religieuses du calendrier
liturgique. Elle était dignement fêtée au village, car il y existait
une confrérie du scapulaire.
L’ordre de Notre-Dame du Mont
Carmel trouve son origine en Palestine, au Mont Carmel, où des ermites
construisirent une chapelle dédiée à la Vierge.
En 1251, le supérieur
de l’Ordre des Carmes, saint Simon Stock, eut la révélation que la
Vierge lui demandait de porter le scapulaire, comme signe
de sa
protection.
Le scapulaire était à l’origine un
tablier de travail porté par certains moines, puis il fit partie de
leur habit religieux, sous la forme de 2 pans d’étoffe portés l’un sur
la poitrine et l’autre dans le dos et tombant jusqu’aux pieds. Il a
ensuite été "miniaturisé" pour être porté par des laïcs, sous les
habits, sous la forme de 2 petits morceaux d’étoffe de laine réunis par
un cordon et accessoirement ornés d’images pieuses. Pour des questions
de commodité, l’Eglise a toléré son remplacement par une médaille de
Notre-Dame du Carmel.
wikipedia.org
|
www.laportelatine.org
|
Les jeunes gens ayant fait leur
Profession de foi ou Grande Communion dans l’année se voyaient imposer
le scapulaire lors de la fête de Notre-Dame
du mont Carmel (16 juillet)
ou du dimanche suivant la fête, si elle tombait en semaine.
(communication de Blanche List)
Ce jour-là, une grande procession
avait encore lieu, l’après-midi, après les vêpres et se dirigeait vers
un autel-reposoir érigé sur la chaussée, dans la partie supérieure de
la rue de la montagne, le "Guggelsbèrsch". L’autel était l’œuvre de la
famille Lohmann Nicolas. La statue de la Vierge était aussi portée par
les jeunes filles de la communion. Au retour, après la halte à
l’autel-reposoir, ce sont les enfants de chœur qui portaient le
brancard avec la statue.
Le curé Ichtertz avait quelques
problèmes avec les jeunes gens qui préféraient souvent à la procession
le match de football qui se jouait un peu plus loin, au terrain de la
"Pàffedéll". Il les tançait ouvertement du haut de la chaire, le matin,
lors de la grand’messe. (communication de François Freyermuth)
B. Les processions de demandes
La fête de la Saint Marc (25 avril)
et les Rogations (semaine de l’Ascension) avaient jadis une
signification particulière pour le monde rural, car elles étaient des
demandes de bénédiction pour les récoltes futures. Ces deux fêtes
comportent de nombreuses similitudes dans leur signification et leur
déroulement.
1. La Saint Marc
La procession de la saint Marc a
été instituée en 590, par le pape saint Grégoire-le-Grand, pour
conjurer une épidémie de peste qui ravageait Rome.
Son but était de
faire pénitence, de prier pour apaiser la colère divine et de demander de protéger les
fruits de la terre.
La saint Marc est devenue au fil
des siècles un moment-clé de la vie rurale, un passage forcé pour les
croyants qui attachaient beaucoup d’importance
aux prières de
supplications de la fête.
Concrètement la procession,
qui précédait la messe, avait pour but d’invoquer la bénédiction
divine sur les semailles qui venaient tout juste de se terminer et de
prier le Ciel en vue de récoltes suffisantes pour pouvoir nourrir
hommes et bêtes.
L’office avait lieu dès 6 h 30 du matin, avant la
journée de travail. Tous les habitants prenaient très à cœur cette
procession de demandes, jeûnaient ce jour-là et essayaient de faire
leur possible pour assister au moins à la procession. Pour les
agriculteurs, les ménagères et les enfants d’âge scolaire, il n’y avait
pas de problème : la traite du matin ainsi que les autres travaux
agricoles auraient un peu de retard et l’instituteur, qui d’ailleurs
participait également à l’office, ouvrirait l’école un peu après 8 h.
Pour les ouvriers devant prendre
l’autocar ou le train pour se rendre sur leur lieu de travail, c’était
différent. Ils fournissaient l’effort d’assister à la procession, mais
faisaient ensuite l’impasse sur la messe.
Selon le bon gré du curé, le trajet
de la procession empruntait indifféremment une rue du village et
se dirigeait ensuite vers une croix des champs pour y faire demi-tour
et revenir à l’église. La litanie des saints et des psaumes étaient
priés pendant le parcours.
Il faisait encore bien frais le matin, surtout pour les garçons en culottes courtes ou pour les filles en robes. Cette procession traditionnelle a
été abandonnée, comme les autres processions, dans les années 70, pour
diverses raisons (vie moderne, difficultés de circulation, pénurie de
prêtres, surcharge de travail…).
2. Les Rogations ou Bittprozessione
Les jours des Rogations,
"Bittdàà", se situent dans le calendrier liturgique, le lundi, le
mardi et le mercredi précédant la fête de l’Ascension.
Le terme "rogation" se rattache au verbe latin "rogare" qui signifie demander.
Les Rogations sont donc des moments de demandes, de prières, de
suppliques.
Elles auraient été instaurées,
semble-t-il, en 470, par saint Mamert, alors évêque de Vienne, dans le
Dauphiné. Ce dernier, suite à une série de catastrophes naturelles,
décida d’organiser un jeûne et une procession solennelle de pénitence
les 3 jours avant l’Ascension. Cette pratique se répandit dans toute le
France, suite à une prescription du concile d’Orléans en 511. En 816,
le pape Léon III adopta les Rogations pour Rome et bientôt elles
s’imposèrent à l’Eglise entière.
Les Rogations sont donc aussi à
l’origine, des prières de supplication destinées à implorer la
bénédiction du Ciel sur toute la vie de l’Eglise. Elles sont devenues
au fil du temps, principalement à cause de l’époque de l’année où elles
se déroulent, et à cause des menaces de famines aux siècles derniers,
des prières pour demander l’abondance des futures récoltes.
Elles sont ainsi également devenues
un moment-clé de la vie rurale, et toute la communauté paroissiale y
attachait aussi beaucoup d’importance. Traditionnellement, la procession et
la messe se tenaient aussi tout au début de la journée, pour ne pas
faire perdre leur jour de travail aux agriculteurs et aux ouvriers.
Les
enfants des écoles y participaient également. L’office commençait aussi
dès 6h 30 du matin et débutait par la procession. Le jeûne était aussi
obligatoire pendant les 3 jours de prières.
Pour ne pas risquer d’oublier de
bénir une partie du ban de la commune, la procession changeait de
parcours chaque jour et prenait une autre direction, par allusion aux 4
points cardinaux. Il n’y avait pas d’ordre préétabli et la destination
variait aussi selon le bon vouloir du curé.
Tout au long du parcours de la
procession, le prêtre ne cessait d’asperger d’eau bénite les champs et
les prés, dans l’espoir d’une bonne récolte.
La procession allait un jour en
direction de Hutting, par le Guggelsbèrsch, et faisait demi-tour au
niveau de la croix Hoffmann-Murer (SchÒndersch Kritz)
Un autre jour, elle pouvait aller par le "LÒngenèck" (rue de la libération) jusqu’au croisement où se situe la croix Metzger.
Enfin, un autre jour, elle allait
dans le "Hohléck" (rue des jardins) jusqu’à la croix de 1741 ou plus
loin, jusqu’à la croix Mourer.
Pendant toute la procession, la
chorale chantait la litanie des saints en latin et les fidèles
répondaient inlassablement "Ora pro nobis" (prie pour nous) ou, au
pluriel "Orate pro nobis" (priez pour nous), ainsi que "Te
rogamus, audi nos" (nous te supplions, écoute-nous).
Les Rogations, comme les autres
processions, n’ont plus été célébrées après le concile Vatican II.
Elles n’ont pourtant pas été supprimées et les évêques ont, chacun dans
leur diocèse, le loisir de les organiser comme bon leur semble.
Dans la pratique, les Rogations ont
presque complètement disparu, victimes de la vie moderne. Pourtant
certains prêtres ruraux tentent de remettre en vigueur cette ancienne
tradition, en organisant des prières et des processions de requêtes, en
période de sècheresse, de trop grandes pluies ou tout simplement pour
bénir les champs.
Tout près de nous, à
Grosbliederstroff, une procession de Rogations sur les 3 est remise au
goût du jour le lundi précédant l’Ascension et elle réunit les prêtres
et les fidèles de la paroisse ainsi que ceux de Kleinblittersdorf, en
Allemagne. Cette procession ne veut pas seulement être une démarche de
demande de bénédiction sur les récoltes, mais aussi une manifestation
d’amitié transfrontalière et un moment de convivialité, puisqu’elle se
termine par un petit-déjeuner pris en commun. L’office se tient
alternativement d’une année sur l’autre en France et en Allemagne.
(Le Républicain Lorrain. 13.05.2015)
Les cortèges religieux
1. La Grande Communion (
de gross Kommion)
Le jour de la Grande Communion,
appelée aussi Renouvellement des vœux de baptême, un cortège conduisait
les communiants, accompagnés parfois de leur parrain et de leur
marraine ainsi que des fidèles, depuis le presbytère jusqu’à l’église.
L’accueil des communiants par le
prêtre se faisait solennellement devant la porte du presbytère en
présence des parrains et marraines des communiants, de la chorale et
des paroissiens. Ensuite la communauté accompagnait solennellement les
communiants jusqu’à l’église.
Cette pratique a également disparu de nos jours, puisque la Grande Communion a été délaissée.
Communion solennelle
Début des années 1960
2. La Confirmation (
de Fìrmùng)
Le jour de la Confirmation était
aussi un évènement important dans la vie de la paroisse, car elle
accueillait avec faste l’Evêque du diocèse.
La Confirmation est un sacrement,
c’est-à-dire un rite du culte catholique, revêtu d’une dimension
sacrée, qui consiste à oindre d’huile sainte une personne baptisée,
pour qu’elle reçoive le don du Saint-Esprit et soit témoin du Christ.
Elle est donnée, en général par l’Evêque, à des adolescents.
L’Evêque était accueilli
solennellement par la paroisse (le curé, la chorale, le conseil de
fabrique et les fidèles) et par les autorités civiles (le maire et le
conseil municipal). Un arc de triomphe avait été dressé dans le rue de
la gare et lui souhaitait la bienvenue.
Le dimanche, avant la messe, toute
la paroisse se rassemblait devant le presbytère : en premier lieu les
futurs confirmands avec leur parrain et leur marraine, puis le prêtre
de la paroisse et l’Evêque, la chorale, les pompiers en grande tenue et
enfin les fidèles.
Le court trajet entre le presbytère
et l’église était pavoisé avec de petits drapeaux aux fenêtres des
maisons. Un arc de triomphe était dressé au-dessus de la rue et la
chaussée était balisée au moyen de guirlandes, comme lors de la
Fête-Dieu.
Le cortège, enfants de chœur en tête, gagnait ensuite l’église pour la grand’messe solennelle.
La confirmation a lieu actuellement
alternativement chaque année, dans une des églises du regroupement de
paroisses et elle est toujours conférée par l’Evêque, sinon par le
vicaire épiscopal.
12 mai 1959
Les enfants endimanchés quittent l’église et se dirigent vers le
presbytère pour accompagner l’Evêque et les confirmands.
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12 mai 1959
Accueil de monseigneur Paul Joseph Schmitt, Evêque de Metz. La
rue de l’abbé Albert est décorée et un arc de triomphe a été dressé.
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3. Les obsèques (
de Beèrdischùng)
Jadis, l’on mourait à la maison et
le jour des obsèques, le corps du défunt était solennellement conduit à
l’église par le prêtre et la communauté paroissiale.
Le curé revêtu d’une chape noire et
portant la barrette, les enfants de chœur en soutanelle et cape noires
quittaient l’église lorsque les cloches sonnaient le glas et
annonçaient la messe de funérailles. L’un des servants de messe portait
la croix des funérailles, un autre le bénitier avec le goupillon et un
troisième l’encensoir. Ils se rendaient au domicile du défunt pour
l’accompagner à l’église.
Le cercueil, entouré des porteurs
qui étaient le plus souvent des voisins du défunt et placé sur le petit
corbillard municipal, une sorte de carriole, qu’on devait pousser,
attendait devant la maison. La famille et les paroissiens se tenaient
également là. Après l’accueil par le curé, la bénédiction et un coup
d’encensoir, tout le cortège se mettait en route pour l’église. Pendant
le trajet, le prêtre et le chantre entonnaient des cantiques de
l’office des morts, tels que le "Dies irae" ou le "Miserere".
A la fin de la messe, le même
cortège se déplaçait de l’église vers le cimetière en chantant "In
Paradisium", pendant que les cloches sonnaient le glas.
L’ordre du
cortège était immuable : en tête, un enfant de chœur portant la croix,
puis les autres enfants de chœur portant le bénitier et l’encensoir, le
prêtre, le cercueil et les porteurs poussant le corbillard, les enfants
portant les couronnes et gerbes de fleurs, les garçons et les hommes,
enfin les filles et les femmes.
Enterrement de l'abbé Albert en 1945
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Enterrement de Denis Proszenuck en 1974
De nos jours, seul subsiste ce
dernier cortège, de l’église vers le cimetière. Les agents des pompes
funèbres ont remplacé les porteurs de jadis, le prêtre ne porte plus
les habits sacerdotaux excepté l’étole, les enfants de chœur ne sont
plus là, les couronnes et gerbes de fleurs sont chargées dans le
corbillard motorisé… Seule reste du cortège de jadis la ferveur
collective de cet évènement communautaire que sont encore les
funérailles dans un village.
Conclusion
De nos jours, toutes les
processions, manifestations publiques de foi et de piété, telles
qu’elles ont été décrites dans cet article, ont disparu dans le
village. Les cortèges religieux non plus ne sont plus d’actualité pour diverses
raisons. Les pratiques liturgiques ont évolué, tout comme la religion.
Si ces traditions étaient avant
tout des manifestations de foi, elles jouaient aussi un rôle de ciment
social, car elles réunissaient autour d'un même thème, plusieurs fois
dans l'année, toute la communauté villageoise en dehors de l'église.
Pourtant, dans certaines contrées
plus attachées aux traditions et à la religion, quelques processions se
maintiennent ou ont été remises au goût du jour. On ne peut que se
féliciter de ce renouveau des traditions, bien que la frontière entre
folklore, tourisme et ferveur religieuse soit difficile à cerner.
Gérard Kuffler
Septembre 2015