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Les fondations pieuses


Sommaire


1.    Les fondations en général

-    La définition de la fondation
-    La procédure d’établissement des fondations
-    Le but des fondations
-    Les bénéficiaires des fondations
-    Les fondateurs
-    Les charges des fondations
-    Les honoraires pratiqués
-    Les fonds nécessaires

2.    Les fondations de la paroisse

-     Avant 1847
-     Réorganisation des fondations
-     Après 1854
-     L'affaire des titres de rente allemands
-     Les fondations faites par les curés
-     De nos jours

3. 
   Quelques fondations particulières


-    La fondation Marie-Eve Dehlinger
-    La fondation Barbe Pefferkorn
-    La fondation Nicolas Mourer
-    La fondation d’Hausen
-    La fondation des quarante heures
-    La fondation Agathe Gross
-    La fondation Albertus
  
      Conclusion


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La coutume d’offrir des prières et des sacrifices pour l’âme des parents défunts était déjà profondément ancrée dans l’ancien judaïsme.
"C’est pour qu’ils fussent délivrés de leurs péchés qu’il offrit un sacrifice expiatoire pour les morts." (Macch.XII.45)

Cette coutume a été reprise par la doctrine chrétienne qui déclare que par nos prières et par le sacrifice de la messe, nous pouvons aider les âmes des défunts. En effet ces dernières ont besoin des prières des vivants pour être entièrement sauvées.

"Beaucoup de ceux qui ont quitté cette vie ne sont ni assez mauvais pour être indignes de miséricorde, ni assez bons pour avoir immédiatement droit à la béatitude." (1)
Ces âmes qui ont besoin de la prière et du soutien des vivants sont au purgatoire et espèrent être délivrées de leurs souffrances et sauvées.

"Le secours le plus précieux que nous puissions donner aux âmes, est sans doute la messe, mais dans la mesure seulement où les défunts en ont eu l’estime de leur vivant." (2)

Ainsi apparaît la donatio pro anima, le don pour l’âme. Les fidèles donnent une certaine somme d’argent à l’Eglise dans le but de faire célébrer des messes pour les parents défunts et également pour le repos futur de leur propre âme.

En faisant un don matériel, les fidèles espèrent non seulement venir en aide à leurs défunts, mais aussi accumuler à leur propre profit, un trésor céleste, immatériel, qui leur garantira la béatitude.

"Ne vous amassez pas des richesses sur la terre où elles sont à la merci de la rouille, des mites qui rongent, ou des cambrioleurs qui percent les murs pour voler.
20 Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel, où il n'y a ni rouille, ni mites qui rongent, ni cambrioleurs qui percent les murs pour voler. (Matthieu 6 19-21)"
Les fondations se placent dans ce contexte de dons pour l’âme.
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(1) Saint Augustin. Euchiridion 29, 110 in Du don aux églises pour le salut de l’âme en Occident. Eliana Magnani. Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre.

(2) Maria Simma Les âmes du purgatoire m’ont dit… Editions Christiana. Stein am Rhein

Cette mystique autrichienne (1915-2004) a reçu pendant cinquante ans la visite d’âmes du purgatoire. Elle donnait des conférences pour faire connaître les souffrances des âmes du purgatoire et inciter ses auditeurs à faire célébrer des messes pour elles, afin d’aider à les libérer de leurs tourments et de leur permettre d’entrer au plus tôt dans la félicité céleste.
http://Eschatologie.free.fr

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1. Les fondations en général


La définition de la fondation

D’après le Littré (Dictionnaire de la langue française), la fondation est un "fonds légué pour une œuvre pieuse ou charitable ou louable d’une façon quelconque."

En d’autres mots, la fondation est une donation (acte entre vifs) ou un legs (acte pour cause de mort) d’un bien meuble ou immeuble ou d’une certaine somme d’argent dont le revenu est affecté pour une durée assez longue à un but déterminé qu’on appelle des charges.

Les fondations sont régies par le droit canonique et soumises à l’autorité laïque (le préfet) et ecclésiale (l’évêque). Elles sont établies dans un cadre juridique strict.

La procédure d’établissement des fondations

La fondation trouve sa raison d’être dans la volonté d’une ou de plusieurs personnes qui ont manifesté de leur vivant le désir de faire un don à l’église de leur paroisse. Ce désir se matérialise dans un acte notarié qui peut être un testament ou, plus fréquemment, un acte de constitution d’une rente sur l’Etat.

La personne fondatrice (celle qui constitue la fondation) offre donc au conseil de fabrique (organisme qui gère les biens matériels de la paroisse) une somme d’argent, un bien (un terrain agricole) ou un titre de rente qu’elle a acquis grâce à un apport de fonds auprès du notaire.

Dans un premier temps, le conseil de fabrique, en réunion ordinaire (le dimanche de Quasimodo) ou en réunion extraordinaire, prend connaissance de la libéralité consentie par le fondateur. S’il juge la libéralité avantageuse pour lui, il l’accepte provisoirement, sous conditions. Le trésorier sollicite alors, auprès des autorités compétentes (préfecture et évêché), l’autorisation d’accepter la donation.

Au vu de  l’acte passé par le donateur devant notaire, de la délibération du conseil de fabrique acceptant provisoirement la donation, du budget de la paroisse, de  l’avis de l’évêché, du certificat de vie du donateur fourni par la mairie et de  l’avis donné par le maire sur la situation financière du donateur et de ses héritiers présomptifs, la préfecture autorise le trésorier du conseil de fabrique à accepter la donation.

Les services de l’évêché adressent enfin une ordonnance épiscopale au conseil de fabrique : cette ordonnance juge si la somme offerte par le donateur est suffisante pour acquitter les charges et confirme les dates d’exécution des services fondés.

Mais si les charges à acquitter sont trop élevées (par exemple trop de messes demandées), les services diocésains les réduisent, en se basant sur le barème diocésain des honoraires de messes.

Le conseil de fabrique prend connaissance de cette ordonnance qui est transcrite, tout comme l’arrêté préfectoral, au registre des délibérations du conseil de fabrique, en général par le curé, secrétaire de fait du conseil.

Cette ordonnance épiscopale régit la fondation et le conseil de fabrique est obligé de se plier à ses conditions.
Le conseil de fabrique accepte alors définitivement la donation, par un acte notarié passé entre le trésorier de la fabrique et le donateur, en présence de témoins.


La fondation doit  aussi être inscrite dans le tableau des fondations qui se trouve à la sacristie, avec tous les détails qui se rapportent à elle,
à savoir :


- noms des personnes, qualités et demeure du fondateur
- noms des personnes pour lesquelles la fondation a été faite
- titre original de la fondation
- date de l’ordonnance épiscopale
- charges des services fondés
- jour(s) où ils doivent être acquittés
- capital du bien fondé
- rente ou revenus annuels
- noms, qualités et demeure des débiteurs
- rétributions fixées pour le curé, les enfants de chœur, le chantre et la fabrique
- page du registre contenant l’ordonnance épiscopale

En fin de compte, la fondation est un acte officiel, encadré par les autorités de tutelle de la paroisse, une sorte de contrat en bonne et due forme établi entre deux parties, le fondateur et le conseil de fabrique, représenté par son trésorier. Ne peut pas créer de fondation qui veut : la condition première est bien sûr la solvabilité du donateur et de ses héritiers.

Ce contrat est signé pour une longue durée : les services fondés doivent être exécutés "annuellement et à perpétuité". Le conseil et le curé exécutent les fondations d’une manière rigoureuse, d’autant plus qu’ils y trouvent une satisfaction toute matérielle, non négligeable à cette époque.

Le but des fondations

Les fondations répondent au besoin des fidèles d’assurer leur vie après la mort. L’idée de la damnation éternelle en enfer ou des souffrances passagères au purgatoire est entretenue par la doctrine chrétienne et elle hante sinon leur vie terrestre, du moins leurs derniers instants. Ceux qui le peuvent financièrement entreprennent de leur vivant de réserver une part de leurs biens matériels – richesses terrestres- pour se constituer un capital immatériel après leur mort – richesses célestes.

Il s’agit bien souvent de racheter ses fautes terrestres, les péchés d’une vie et de se préparer une place auprès du Sauveur. S’acheter une place au paradis, donner pour être sauvé, voilà le principe des fondations.

Comme les fondations sont établies à perpétuité, le fondateur a l’assurance que la communauté chrétienne rassemblée autour du prêtre priera, chaque année, à un moment précis, pour lui ou pour les personnes désignées dans la fondation.

Une fois que la fondation est établie officiellement, c’est-à-dire agréée par le conseil de fabrique, puis par l’Etat et l’Evêché, elle est définitive. De part sa nature, elle doit être exécutée par le conseil de fabrique qui en tire un avantage certain. Les dispositions de la fondation sont inviolables et nul ne peut changer leur destination, ni divertir son revenu à d’autres usages. La fondation est théoriquement toujours établie "annuellement et à perpétuité".

Mais en réalité, la vérité est souvent autre : parfois l’on ne recopie dans le tableau des fondations que les noms des donateurs les plus importants ou ceux des fondateurs dont les familles assurent toujours la mémoire.

Des capitaux mal placés sont parfois perdus et les rentes ne sont plus suffisantes ou deviennent inexistantes pour acquitter les charges imposées.
Des noms disparaissent ainsi dans le tableau, à plus ou moins brève échéance et sont remplacés par d’autres. Par là, des fondations disparaissent, alors qu’elles sont sensées être perpétuelles.

L’Evêché a ainsi été amené à intervenir en 1854, pour remettre de l’ordre dans les fondations acquises à la paroisse de Kalhausen. Nous parlerons plus loin de cette intervention.

Les bénéficiaires des fondations

La fondation peut être établie à l’intention d’un parent du fondateur (le père, la mère, les enfants ou un autre membre de la famille). En général, le bénéficiaire est déjà décédé et il a, de son vivant, fait part de sa volonté de faire un don à l’église. En quelque sorte, il a fait un testament oral, officieux, et ses volontés pourront être exécutées par la descendance.

Un testament peut aussi avoir été fait devant notaire, pour des sommes importantes. Le testateur est alors sûr que ses volontés seront exécutées. Le notaire choisi est souvent le plus proche, celui de Rohrbach (maître Bazaille, puis maître Firmery), parfois celui de Sarre-Union (maître Stephany).

Le bénéficiaire peut encore être le fondateur lui-même et la fondation est établie à son intention. Les services seront célébrés de son vivant, à son intention, et plus tard, pour le repos de son âme.

Quelques fondations ne sont pas établies à une intention particulière, mais dans l’intérêt de toute la communauté paroissiale : c’est le cas de la fondation de l’octave des morts (voir plus loin la fondation Pefferkorn), de la fondation des Quarante heures (voir la fondation Metzger) et de la fondation des 7 douleurs de Marie (voir la fondation Albertus). Deux de ces fondations particulières ont été voulues par des prêtres.

Les fondateurs

Ce sont en général des habitants de la paroisse, aisés ou moins aisés. Les personnes ayant peu de revenus ou peu de fortune donnent le strict minimum nécessaire pour constituer une rente annuelle de 8 F (20 euros environ) en 1865 ou de 9 Marks (26,60 euros) en 1895 destinée à fonder une seule messe.
Les personnes plus aisées font des donations plus conséquentes et obtiennent plus de messes fondées.

Quelques fondations sont aussi le fait de personnes originaires de la paroisse, mais qui ont déménagé et passent le restant de leur vie ailleurs.
C’est le cas de Chrétien Muller, rentier habitant Puttelange (donation de 220 F, soit 517 euros environ, le 6 août 1858 devant le notaire Aubertin de Puttelange).
C’est aussi le cas d’Anne Victoire Dehlinger, veuve de Mathias Metzger et concierge à Metz, qui offre un titre de rente de 9 Marks le 18 novembre 1900 ou de Clémentine Pfister, épouse de Frédéric Kremer, domiciliée  à Strasbourg Koenigshoffen, qui fait don d’un pré devant le notaire Heng.


Les charges des fondations

En général, les charges imposées par les fondations répondent aux souhaits exprimés par les fondateurs, à moins qu’elles n’aient été réduites par l’ordonnance épiscopale pour insuffisance de revenus.

Ces charges se résument le plus souvent à des messes: des messes hautes simples, des messes basses, des messes des morts avec vigiles et libera,
des messes hautes avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement. (3)
Mais elles peuvent aussi consister en des saluts, des sermons, des vêpres,
des complies. (4)


Les services religieux doivent se tenir à l’église de la paroisse, pour que les vivants puissent s’associer aux morts en union de prières.

Les dates de célébration sont choisies par le fondateur et le plus souvent confirmées par l’ordonnance épiscopale. Ce sont la plupart du temps les dates des fêtes des bénéficiaires ou les anniversaires de leurs décès.

Certains jours de la semaine sont ainsi réservés aux fondations : le jeudi et le vendredi. A noter que le dimanche, la messe est dite "pro populo",
pour le peuple et qu’il ne saurait y avoir ce jour-là une messe célébrée pour une intention particulière. Il en est de même pour les  principales fêtes
chrétiennes (Noël, Pâques, Toussaint).


Les messes fondées sont toujours annoncées au sermon du dimanche qui précède leur célébration. En cas d’empêchement du célébrant, le service est reporté à une date ultérieure.
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(3) Une messe basse est un office simplement récité à voix basse par le célébrant (e Schdìllméss). Autrefois, à Kalhausen, et jusqu’en 1983, la première messe du dimanche était toujours une messe basse et avait lieu à 7 h 30.

La messe haute (e Hochòmt) est une messe chantée par l’officiant, la chorale et les fidèles. C’était le cas de la grand’messe du dimanche qui se tenait à 10 h. Aux jours de fêtes religieuses, la grand’messe était dite "solennelle" : l’église était particulièrement décorée par des tentures dans le chœur, il y avait plus de servants d’autel et souvent la messe était concélébrée avec d’autres prêtres qui tenaient les rôles du diacre et sous-diacre. Cette messe concélébrée s’appelait "e Lévitteòmt".

La messe des morts ou messe de Requiem (e Doodeméss) est un service funèbre célébré pour un défunt ou en mémoire d’une personne décédée. En général, après la messe se déroulent les vigiles des morts, qui sont des prières pour les défunts et l’absoute ou libera qui est le dernier adieu ou la bénédiction du cercueil. On parle aussi parfois de messe de requiem avec vigiles et obsèques. Pour la messe des morts, le chœur était décoré de tentures noires.

La messe des morts établie par une fondation se dit en mémoire d’une personne défunte, donc en l’absence du cercueil. Dans ce cas, un catafalque, entouré de candélabres, est  placé dans l’allée centrale, devant le banc de communion et il porte une caisse représentant le cercueil. Le tout est garni de tentures noires.

(4) Le salut (de Sèèje) est un office pendant lequel les fidèles adorent le Saint Sacrement exposé dans l’ostensoir, au moyen de chants, de lectures, de prières. A la fin de l’adoration, le prêtre donne la bénédiction du Saint Sacrement en faisant le signe de croix sur les fidèles avec l’ostensoir.

Les vêpres (de Vèschber)  sont un office de l’après-midi, où l’on chante des psaumes, le Magnificat et qui se termine par l’exposition du Saint Sacrement dans l’ostensoir et la bénédiction du saint Sacrement.
Les complies sont un office du soir où l’on récite des psaumes et qui se termine par le Salve Regina.

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Les honoraires pratiqués


L’ordonnance épiscopale fixe les honoraires des personnes qui mettent les fondations en pratique, en se basant sur un tarif diocésain en vigueur au moment de leur établissement.

Ainsi le tarif diocésain, approuvé par décret impérial en date du 6 août 1859, est le suivant pour une messe haute avec exposition et bénédiction du
Saint Sacrement :

- célébrant : 4 F (valeur approximative actuelle 10,12 euros)
- chantre : 1F 20 (3 euros)
- enfants de chœur : 0F 30 (75 centimes)
   Le surplus du revenu du capital placé est acquis au conseil de fabrique pour couvrir les frais cultuels tels que le pain, le vin, les luminaires,
  les  ornements.


En 1893,  les honoraires sont les suivants :

- célébrant : 3 M 20 (9,50 euros environ)
- chantre : 1 M (3 euros)
- enfants de chœur : 0 M 24 (70 centimes)

Dans le cas où les charges sont plus importantes que les revenus, l’ordonnance épiscopale réduit les charges : réduction du nombre de messes hautes, réduction de la messe haute en messe basse. Cette opération de réduction a pour but de ne pas léser le conseil de fabrique (il ne faut pas qu’il soit déficitaire dans l’exécution de la fondation), mais elle essaie toujours de respecter, autant que faire se peut, les volontés du fondateur.

Les fonds nécessaires

Le fondateur peut faire donation au conseil de fabrique d’une certaine somme d’argent, à charge pour ce dernier d’acquérir une rente sur l’Etat. Ces sommes vont de 100 F à 4000 F (de 237 euros environ à 9480 euros actuels).

Autre cas, le fondateur fait donation d’un bien immeuble, le plus souvent une terre cultivable ou un pré. Le conseil loue alors ce bien à un particulier et encaisse un loyer, ou bien il vend le bien et place le capital  pour en tirer une rente annuelle; le loyer ou la rente sert à acquitter les charges de la fondation.

En 1912, Clémentine Pfister fait don d’un pré situé dans le canton Schnèllhéck et d’une superficie de 34 a. Le conseil de fabrique estime le bien entre 400 Marks (1158 euros environ) et 500 Marks (1480 euros) et considère que la rente obtenue grâce à cette valeur est suffisante pour acquitter les charges
(une messe des morts avec vigiles et libera).


La volonté du conseil de fabrique, au moins au 19° siècle et dans le première partie du 20° siècle est de ne pas céder les biens immobiliers grevés d’une fondation. Son rôle est ainsi de défendre l’intégrité du bien pour que la fondation continue à être exécutée.

Ainsi, lors de la construction de la rue de la gare, au tout début du 20° siècle, le conseil de fabrique et le curé s’opposent fermement aux autorités civiles sous le prétexte que la parcelle 1379 grevée d’une fondation, mais dont une partie est nécessaire au projet, perdrait de sa valeur et ne permettrait plus d’assurer pleinement la fondation (cf. dossier relations maire-curé).

 
En 1971, le conseil de fabrique est encore propriétaire de 17 parcelles situées sur les bans de Kalhausen et d’Achen et représentant une superficie totale de 290,62 a.

Il vend en 1970 deux parcelles à des particuliers (2,50 a section village et 3,10 a section Rosengarten) aux prix respectifs de 600 F (618 euros) et 500 F (515 euros) l’are. Ces terrains étant grevés de fondations, il décide de placer l’argent résultant de la vente en valeurs sur l’Etat (titres de rentes à 5 % avec revenu annuel de 220 F) (Séance du 4 octobre 1970).

Troisième cas, le plus fréquent, le fondateur acquiert auprès du notaire un titre de rente sur l’Etat et remet ce titre au conseil de fabrique. Ces rentes s’échelonnent entre 8 F (19 euros environ) et 80 F (189 euros) , puis, après 1870 entre 9 Marks (26,60 euros) et 66 Marks (195,50 euros).
Le taux de rapport d’une telle rente  (sur l’Etat ou après 1870 sur l’Alsace-Lorraine) est de 3%. Ainsi pour un revenu annuel de 9 Marks en 1908, il faut placer une somme de 300 Marks (888 euros). Ces 9 Marks servent à faire célébrer une messe haute avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement.

Sur cette somme, le total des honoraires versés par le conseil de fabrique au curé, au chantre et aux enfants de chœur se monte à 4,44 M (13 euros).

La différence entre ces honoraires et la rente de 9 Marks est de 4,56 M, elle est acquise à la fabrique pour couvrir les dépenses du culte (13,50 euros).

Pour l’année 1842, le revenu des fondations se monte à 98,17 F pour le curé (248 euros environ) et 23 F pour le chantre (58 euros). Ces sommes figurent dans la partie "dépenses" du budget annuel du conseil de fabrique, car elles sont payées au curé. (Séance de Quasimodo 1843).

En 1844, le revenu des 13 fondations établies représente 148 F (374 euros) sur un total de 832 F de recettes (2104 euros), soit 17,78 % des produits du budget annuel.(Séance de Quasimodo 1844)

En 1850, les fondations rapportent 90 F au curé (227 euros environ), et 17 F au chantre (43 euros). Il faut ajouter les revenus de la fondation Pefferkorn établie en 1847 (28 F pour le curé, soit environ 70 euros, et 8 F pour le chantre, soit 20 euros). Le conseil de fabrique encaisse 26 F (65 euros) pour la fondation Pefferkorn.

En 1851, les fondations rapportent en tout 136 F à la fabrique (cette somme, évaluée à 344 euros environ,  se trouve dans la partie "recettes").

Pour que la fondation puisse être établie durablement, l’Evêché demande toujours au conseil de fabrique de placer la somme léguée en rente sur l’Etat, ce qui est une valeur sûre. Si elle est placée en rente sur particuliers, il demande une garantie hypothécaire.


2. Les fondations de la paroisse

Avant 1847

Jusqu’en 1802, la paroisse de Kalhausen était une succursale de la paroisse-mère d’Achen, et desservie par un vicaire.
Un état descriptif de la chapelle bâtie au centre du village, dressé par Cornélius Petri, curé d’Achen et François Neuburger, vicaire, le 11 avril 1738, nous apprend que "le produit des biens fondés à icelle se monte annuellement au-delà de quatre-vingt livres, pour lesquels sont fondées quatre messes solennelles, l’une le jour de St Florian, l’autre le jour de Ste Agathe, les autres deux à l’honneur de la Ste Vierge."

Saint Florian (4 mai) est le patron principal de la chapelle, Sainte Agathe (5 février) en est la patronne secondaire.

Le 6 octobre 1803, un procès-verbal de visite canonique, établi par l’archiprêtre Salzmann de Rohrbach, note qu’il y a "deux messes basses et deux hautes messes avec vigiles et obsèques fondées, dont on doit les arrérages depuis onze ans qui se montent à cinq louis d’or, que le desservant tâchera de récupérer."

Une enquête diligentée par l’Evêché le 18 octobre 1807 et à laquelle le curé Nicolas Kremer répond le 25 novembre suivant nous apprend que l’église
 "n’a plus ni biens ni rentes…Il existe une fondation pour l’acquit de deux messes anniversaires avec vigiles qui rapportent en tout que 9 F et une autre pour deux messes basses qui rapporte 3 F."

On ne sait pas plus sur ces fondations. Le nom des donateurs, les dates d’établissement, le capital placé et le montant de la rente sont inconnus.

Toujours est-il que le nombre des fondations est peu important au début du fonctionnement de la paroisse, mais ce nombre va rapidement progresser au cours du 19° siècle.

Le registre des délibérations du conseil de fabrique en possession de la paroisse débute le 21 septembre 1842 avec l’entrée en fonction du curé Joseph Staub, nommé desservant de Kalhausen le 17 septembre. (Séance du 21 septembre 1842)

L’exercice comptable 1843-1844, approuvé par le conseil de fabrique laisse apparaître 148 F (350 euros environ) de recettes des fondations et des dépenses pour les fondations, acquittées au curé pour 98 F (248 euros) et au chantre pour 23 F (58 euros). (Séance de Quasimodo 1844)

Un état des fondations existantes, dressé en 1853, énumère 28 fondations établies toutes au 19° siècle : la plus ancienne date de 1816 et la plus récente de 1846.
Le capital placé de ces fondations se monte à 5 581 F (14 119 euros environ) et les rentes servant à acquitter les charges sont de 393,05 F (994 euros).
 

La première fondation inscrite au registre par le curé Staub est la fondation Barbe Pefferkorn. (7 novembre 1847)


 

Extrait de la délibération en date du 7 novembre 1847.
(Le texte est de la plume du curé Staub.)

Cliquer pour accéder au tableau retraçant l'état des fondations avant 1854



Réorganisation des fondations

Le curé Staub entreprend en 1846-1847 la construction de la nouvelle église paroissiale dédiée à saint Florian, en remplacement de la chapelle qui se trouvait au centre du village, pratiquement à l’emplacement de l’église actuelle.

Au cours de cette opération, il prend quelques libertés dans la gestion des comptes de la paroisse, comme trésorier de fait. Des irrégularités sont observées dans la gestion et dans le fonctionnement du conseil suite à une enquête menée sur ordre de l’évêché par l’archiprêtre de Rohrbach, accompagné du curé Schmitt d’Etting. (17 janvier 1853)

Entre autres, les règles valables pour l’établissement et le maintien des fondations n’ont pas été scrupuleusement observées.

En conséquence, une ordonnance épiscopale en date du 10 mars 1853 et un arrêté préfectoral donné le 25 mars réorganisent alors le conseil de fabrique. Un nouveau conseil se réunit le 3 avril suivant.

Le 1er août, entre en fonction un nouveau curé, Nicolas Brunagel, nommé le 29 juillet.
L’abbé Staub a entre temps, sur la demande de l’évêché, dressé un état des fondations existantes avec le concours du conseil de fabrique (2 mai 1853) et il l’a transmis à Metz.

Sur cet état apparaissent deux fondations dont les fondateurs sont inconnus, deux autres dont les capitaux sont perdus et une dont le capital a été amputé de 200 F (506 euros), somme qui a servi pour la construction de l’église.

Le 30 mars 1854, l’évêché donne dans une ordonnance, sa réponse au sujet de l’état descriptif des fondations.

- Les fondations n° 1, 12, 23 et 24 continuent à être exécutées comme elles l’ont été jusqu’à présent.
- Les fondations n° 2, 3, 7, 8, 13, 16, 17, 18, 25, 26, 27 et 28 sont réduites.
- Les fondations n° 4, 5, 6, 9, 10, 11, 14 et 15 sont et demeurent supprimées jusqu’à leur régularisation canonique.
- Les fondations n° 19, 20, 21 et 22, dont les capitaux sont perdus sont supprimées définitivement.

Le conseil de fabrique est sommé de rétablir dans leur état primitif les capitaux des fondations utilisés indûment pour la construction de l’église.

"Pour établir entre les revenus des fondations et les charges imposées un rapport plus exact", les services diocésains réduisent ainsi 12 fondations : ils  fixent les services à célébrer, les dates et les honoraires à percevoir, conformément à la circulaire du 20 mars 1847.

- Pour chaque messe haute avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement, le curé touchera 4 F (10 euros environ), le chantre 1 F 25 (3 euros) et la fabrique 2 F 75 (7 euros).

- Pour chaque messe haute avec vigiles et obsèques, le curé aura 6 F (15 euros), le chantre 2 F (5 euros) et la fabrique 4 F (10 euros).
- Pour chaque messe haute ordinaire, le curé percevra 3 F (7,50 euros), le chantre 1 F (2,50 euros) et la fabrique 2 F (5 euros)
- Pour chaque messe basse, le curé aura 1 F 50 (3,70 euros) et la fabrique 0 F 50 (1,26 euros).

En fin de compte, sur les 28 fondations existantes, 6 sont purement et simplement supprimées, 12 sont réduites ou jumelées, 8 autres sont autorisées sous conditions, seules 4 sont considérées comme légales.
En supposant que le conseil de fabrique ait régularisé la situation selon les prescriptions épiscopales, 20 fondations subsistent sur les 28 répertoriées en 1853.

 Cliquer pour accéder au tableau retraçant l'état des fondations réduites



Après 1854


Désormais les services épiscopaux n’auront presque plus à intervenir, les prêtres successifs nommés à Kalhausen se plieront aux règles d’établissement des fondations et tout se fera dans la légalité.

Comme les sommes afférentes aux fondations sont inscrites annuellement au budget de la fabrique en recettes et charges, l’Evêché exerce un contrôle assez strict. Ainsi, en 1901, lors de l’affaire de la parcelle 1379 grevée d’une fondation, les fondations basées sur des immeubles sont passées à la loupe et les autorités épiscopales démontrent au curé que les charges de ces fondations au nombre de 4 sont plus importantes que les recettes.

Ainsi la fondation Jean-Pierre Demmerlé devrait rapporter, selon le tarif diocésain en vigueur, 72 F pour les 6 messes avec vigiles, les fondations Gross-Metzger devraient rapporter 32 F pour 5 messes hautes ordinaires et une messe basse et la fondation Marie-Eve Metzger devrait rapporter 6 F pour une messe haute ordinaire.
Le total de ces recettes devrait s’élever à 110 F ou 88 Marks. Or, dans le budget figure une charge de 100 Marks qui correspondent aux honoraires payés
au curé (88 Marks) et aux contributions payées au fisc (12 Marks). Malheureusement les recettes de ces fondations n’atteignent que 97,60 Marks. La fabrique a donc perdu annuellement 2,40 Marks pendant la période 1881-1892.


"Quand la recette est en-dessous de 97,60 Marks et la dépense pour les contributions d’épargne au moins 12 Marks, la perte annuelle augmente. Ainsi en 1893, à toucher 88 Marks + 19,38 Marks = 107,38 Marks

                     la fabrique  a touché 80 Marks
                     la fabrique a perdu 27,38 Marks" (lettre du vicaire général en date du 17 septembre 1901)

Cette perte s’explique par le fait que la fabrique paie les impôts fonciers et que les baux ruraux n’ont plus été actualisés depuis longtemps. Le curé est alors invité à adjuger la location des terres de la fabrique selon les lois en vigueur, le 18 mars 1903. (lettre du vicaire général)

"Vous êtes invité à me communiquer immédiatement
1°) le procès-verbal de la dernière adjudication des terres et prés et le cahier des charges sur lequel l’adjudication est basée
2°) une pièce signée par le trésorier où ce dernier rend compte auprès de quels adjudicataires et à quelle époque il a fait les démarches nécessaires pour préparer l’exécution de l’article 3 de l’ordonnance du 23 septembre 1901 et auprès de quels adjudicataires il n’a pas fait de démarche avant le 8 février 1903."


A partir de 1854 et jusqu’au départ de l’abbé Brunagel, en 1875, 12 nouvelles fondations sont établies.
Pendant la présence de l’abbé Pierron (1875-1890), 4 autres fondations se créent. Mais le record est battu pendant le ministère de l’abbé Albert (1890-1945) avec 14 fondations nouvelles, toutes mises en place avant 1912. Ensuite, il n’y a plus que 2 fondations en 1947.

  Cliquer pour accéder au tableau retraçant l'état des fondations après 1854


L’affaire des titres de rente allemands

Après la première guerre mondiale, les banques ont dû valoriser les titres allemands sur lesquels étaient basées la plupart des fondations, c’est-à-dire les convertir en Reichsmarks et les rembourser au fur et à mesure, par tirage au sort.

Les fabriques des églises d’Alsace-Moselle sont alors invitées par leurs autorités épiscopales à répartir les titres remboursés sur les fondations,
au fur et à mesure de leur valorisation, et à acheter de la rente française à 3%. Des instructions sont données aux curés dans ce sens.


Mais l’abbé Albert ne semble pas disposé à suivre les instructions des autorités diocésaines et il fait savoir à l’Evêché que les sommes remboursées jusqu’à présent sont impossibles à répartir sur les fondations.

Le secrétaire de l’Evêché lui répond le 16 avril 1929 :

"Monsieur le vicaire général ne comprend pas votre remarque disant qu’il vous est impossible de faire la répartition prescrite par Monseigneur, avant le versement complet des sommes dues par l’Allemagne.

Monsieur le vicaire général s’est rendu compte que cette répartition est relativement facile à faire pour votre paroisse, vu qu’à part la fondation Borsenberger qui repose sur deux titres de Rente d’Alsace-Lorraine (18,75 F et 3,75 F) et quelques fonds reposant sur immeubles, toutes les fondations de Kalhouse reposent sur titres allemands.

Monseigneur Siebert insiste donc pour que vous fassiez la répartition dès maintenant, comme si aucun titre n’était encore sorti au tirage.

Nous sommes prêts à vous aider dans votre travail, si vous aviez trop de difficultés. Dans ce cas il faudrait nous envoyer la liste exacte de vos fondations en nous indiquant quelles sont celles qui reposent sur des terres."

Le 30 avril suivant, l’abbé Albert remercie chaleureusement l’Evêché pour l’aide proposée, puis il explique sa position: la fabrique n’a encaissé pour le moment que 6 428,12 F, moins les frais de valorisation qui se montent à 255 F, soit en tout 6 173,12 F.

La fabrique a déjà acheté deux rentes : l’une de 18 F à 3% pour un capital de 424,95 F et une autre de 300F, également à 3%, pour une somme de 6 840,65 F, au total 7265,60 F.

La fabrique doit encore toucher la somme de 6 000 F, moins les frais se montant à 240 F et acheter d’autres rentes pour la somme donc de 5 760 F.
"C’est alors seulement qu’il est possible de fixer exactement la rente qui revient à chaque titre de fondation."

Le 7 mai, le secrétariat épiscopal lui répond :

"Votre manière de régler la question des fondations de votre fabrique reposant sur titres allemands ne correspond pas entièrement aux instructions de Monseigneur.

La première chose à faire est de répartir les différentes fondations sur les 3 coupures de titres allemands valorisés sans d’abord tenir compte du tirage…
Ainsi vous formerez 2 blocs de 200 et 1 bloc de 100 RM. Ensuite vous déterminerez, en tirant au sort, lequel des 2 blocs de 200 RM doit correspondre au numéro 43 504 amorti et remboursé.
Les 212,50 RM sortis au tirage et remboursés ayant produit (après défalcation des frais de valorisation) la somme de 6 173 F, c’est pour cette somme seulement qu’il fallait acheter de la rente 3% et non pour 7265 F.
Sur les 318 F de rente 3% que vous avez achetés, vous ne devez donc attribuer aux fondations reposant sur les titres de 200 et 12,50 RM amortis qu’une rente correspondant à 6 173. A vous de calculer combien de rente cela doit vous donner puisque vous connaissez sans doute le cours d’achat. Le reste de la rente est à considérer comme argent libre de la fabrique.
Quand le deuxième titre de 200 RM sortira au tirage, vous achèterez de la rente 3% avec le produit de remboursement (après avoir défalqué le reste des frais de valorisation).

Quand vous aurez calculé la rente française correspondant aux 6 173 F, comme il est dit ci-dessus, vous n’aurez plus qu’à attribuer à chaque fondation reposant sur les deux titres remboursés une portion de rente au prorata du capital en RM qui était préalablement affecté à chacune de ces fondations."

Le curé n’a pas du tout l’intention d’appliquer les consignes de ses supérieurs. Il se tient, comme dans tous les dossiers qui l’ont opposé à la commune et déjà aux vicaires généraux précédents, à ses convictions personnelles.

L’affaire des fondations ne progresse pas : tant que le curé n’aura pas envoyé la liste des fondations, l’Evêché ne lui retournera pas le récépissé des titres de rente française adressés le 16 avril dernier.

L’Evêché note  le 27 juillet 1930 qu’il n’a pas reçu de nouvelle lettre de la part du curé, depuis le courrier ci-dessus parti le 7 mai 1929.
Il n’a pas l’intention de laisser traîner les choses et relance le curé le 26 mars 1931.

"Pour pouvoir terminer enfin la question des fondations et vous délivrer un récépissé pour les 318 F de rente française 3% déposés le 16 avril 1929, nous venons de dresser nous-mêmes une liste détaillée de vos fondations avec mention des capitaux resp. rentes primitifs…

Nous vous demandons simplement de confronter notre liste avec vos données et nous signaler, sur feuille séparée, les divergences que vous pourriez y constater…
Ces explications reçues, nous ferons nous-mêmes la répartition des RM et de la rente française achetée avec le produit de remboursement des 212,50 RM sortis au tirage.
Sur les 318 F de rente française que vous nous avez déposés, il y a :

-1° 270 F grevés de fondations. Nous les attribuerons de préférence aux fondations d’intérêt général (Octave des Morts, Quarante-Heures), puis aux fondations les plus récentes.

-2° 48 F non grevés. Si la fabrique est consentante, on pourra les attribuer comme supplément à l’Octave des Morts ou aux Quarante-Heures, les rentes actuelles étant loin d’être suffisantes.
Veuillez bien, si possible, nous répondre dans les huit jours. Nous avons hâte de liquider cette affaire qui est en souffrance depuis plus de 2 ans."

Le curé prend son temps et répond à l’Evêché le 7 juillet.

"J’ai été bien aise de recevoir votre concours pour le règlement des fondations. Après confrontation, je n’ai pas trouvé de divergence avec mes données…
Je dois en outre vous rendre attentif qu’il y a des familles qui sont prêtes soit à suppléer les rentes, soit à réduire les fondations faites par elles. Pour l’Octave des Morts et les Quarante-Heures j’espère trouver le capital pour produire les rentes requises actuellement."

Le 18 juillet, le curé reçoit le document officiel de la répartition de la rente sur les fondations.

"Vous verrez dans les différentes colonnes les valeurs qui appartiennent désormais aux fondations, soit rente française nominative, rente française au porteur, rente sur particulier, rente d’Alsace-Lorraine, immeubles, Reichsmarks non encore amortis, 2 Goldmarks Rhein-Westphäl. Bodenbank…

L’acquit des fondations reposant sur RM non encore amortis est provisoirement suspendu. Elles peuvent être acquittées si les familles des donateurs ou la fabrique verse au moins un montant correspondant au tarif actuel des messes manuelles (messe basse : 5 F, messe haute : 10 F, messe avec exposition : 20 F) Nous vous prions de bien vouloir considérer cette répartition comme officielle."

Le dernier titre de 200 RM sort au tirage en 1932 et chaque fondation reposant sur un titre allemand repose désormais sur un capital en francs.
Par suite de la dévaluation de la monnaie allemande, le capital ne suffit plus à produire la rente nécessaire et suffisante pour acquitter les charges.

L’Evêché décide donc de réduire les fondations et le curé est prié, le 12 juillet 1935, à "faire une enquête pour savoir si les fondateurs ou leurs familles consentent à fournir des suppléments permettant de maintenir les charges primitives…
Seules les fondations pour lesquelles personne ne consent à
fournir un supplément pourront être réduites
"
.

Le curé répond le 13 juin 1936 que "seules deux familles ont consenti à parfaire le capital pour l’une ou l’autre fondation".

En conclusion, la plupart des fondations sont réduites à cette époque. Suite aux dévaluations successives, les rentes seront encore réduites à l’avenir et les fondations condamnées. Elles continuent cependant pour la plupart d’entre elles à être exécutées jusqu’au décès de l’abbé Stab en 1983.


Fondations faites par les curés de la paroisse

Les prêtres montrent l’exemple et financent également des fondations, soit pour des membres de leur famille, soit pour des particuliers.

L’abbé Brunagel fait 5 donations d’un total de 960 F (2275 euros environ) pour créer 6 fondations :

- une donation de 200 F (474 euros environ)  pour faire lire une messe haute de requiem et une messe basse à l’intention de Adam Gross le vieux,
  son  épouse Anne-Marie Sutter et leur fils Jean-Nicolas Gross (Séance du 4 octobre 1857)


- une donation de 360 F (853 euros) pour 2 messes hautes en faveur de Nicolas et Adam Gross,  une donation de 180 F (426 euros) pour une messe
  haute à l’intention de Charles Jung, son épouse Catherine Reich et leur fils Jacques, une autre de 120 F (284 euros)  pour une  messe haute en faveur
  de  Catherine Gross, épouse de Nicolas Mourer, une dernière de 100 F (237 euros) pour une messe haute à l’intention de Adam Gross,
  son épouse  Anne-Marie Sutter et leur fils Jean Nicolas (Séance  du 1er janvier 1859)


- enfin un titre de rente de 8 F (19 euros environ) pour une messe avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement à son intention et plus tard pour
  le repos de son âme (Séance du 21 novembre 1875)


L’abbé Pierron  constitue 2 fondations pour des rentes se montant à 38 F (90 euros) :

- la première dotée d’une rente de 18 F (42,60 euros) sur l’Alsace-Lorraine pour 2 messes avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement à
  son intention (Séance du 12 avril 1885)


- la seconde dotée d’une rente de 20 F, soit 16 Marks (47 euros) pour 2 messes pour le repos de l’âme de Madeleine Gross et Catherine Gross
  (Séance du 17 mars 1889)


   

 Jean Baptiste Augustin Pierron.
Né à Knutange le 26 septembre 1845
 Ordonné à Metz en 1869. Vicaire à Inglange de 1869 à 1875
 Curé de Kalhausen de 1875 à 1890. Curé d’Ersdorf, de Moyeuvre-Petite
       Décédé le 8 juin 1909.


L’abbé Michel Albert est à l’origine de 3 fondations pour des titres de rentes d’un total de 34 Marks
:

- une rente de 16 M (47 euros) pour des services à l’intention de ses parents Jean Albert et Marguerite Pierre, ainsi que pour Adam Hoffmann,
  Catherine Muller et leurs enfants (Séance du 8 octobre 1893)


- une rente de 9 M (26,60 euros) pour une messe haute avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement à l’intention de Pierre Muller, cuisinier 
  au séminaire de Metz et originaire de Kalhausen (Séance du 21 avril 1895)


- une rente de 9 M également pour une messe haute avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement à l’intention  de Georges Jung, Anne Lauer
  et leurs enfants (Séance du 27 octobre 1895)





Michel Albert.
Né à Vahl – Ebersing le 6 septembre 1862

Ordonné à Metz le 17 juillet 1887.
Vicaire de Saint Vincent à Metz de 1887 à 1890.
Curé de Kalhausen de 1890 à 1945.
Expulsé à Nancy le 28 juillet 1941.
Revenu à Kalhausen le 25 mai 1945.
Décédé le 14 juin 1945



Le nombre total de fondations, si l’on compte aussi les fondations existant avant 1854, date de leur réorganisation et qui sont au nombre de 20, atteint un total de 52 fondations établies et toujours en vigueur après la guerre. Les abbés Ichtertz (1945- 1971) et Stab (1971-1983) continuent d’exécuter fidèlement les fondations comme leurs prédécesseurs l’avaient fait.





Nicolas Ichtertz.
Né à Bettviller le 16 février 1901
Ordonné à Metz le 18 juillet 1926
Vicaire de Saint Vincent à Metz de 1926 à 1929
Curé de Charleville-sous-Bois de 1929 à 1945
Curé de Kalhausen de 1945 à1971
Retiré à Bettviller
Décédé le 28 mai 1976





Antoine Stab
.
Né à Hottviller le 9 septembre 1911

Ordonné à Chartres en juillet 1936
Curé de Beaumont-les-Autels  (Eure et Loir)
Curé de Kalhausen de 1971 à 1983
Décédé le 1er janvier 1983



 Cliquer pour accéder au calendrier des fondations 2015
  
Ce calendrier (au format Pdf) de l’année 2015 donne un aperçu des fondations telles qu’elles auraient pu être acquittées dans la paroisse.
Il n’y a pas de messe fondée le dimanche, ni les jours de fêtes religieuses, à part pendant l’octave des morts et la quinquagésime (début des prières des quarante heures).
Les 102 messes basses fondées par Elisabeth d’Hausen et célébrées à raison de deux par semaine ne sont pas comptabilisées.
En général, les fondations sont acquittées dans la seconde partie de la semaine (mercredi, jeudi et vendredi), décision qui découle de l’autorité épiscopale qui essaie d’encadrer  la pratique.
Quand deux fondations tombent le même jour, l’une est soit avancée, soit reculée et le prêtre en avertit les paroissiens lors du prêche du dimanche précédent.
La totalité des services fondés se monte grosso modo à 97 pour un an, ce qui signifie que pratiquement un quart de l’année est consacré aux fondations.
                               


                                            
De nos jours

Après le décès de l’abbé Stab, la paroisse de Kalhausen rejoint le secteur paroissial regroupant les paroisses d’Achen et d’Etting. Cette nouvelle communauté de paroisses élargie reste confiée à l’abbé Jean Marie Zapp qui réorganise toute la vie paroissiale locale et arrête l’exécution des fondations.

 

l’abbé Jean Marie Zapp
(photo Républicain Lorrain)


En charge désormais de plusieurs paroisses, le prêtre ne peut plus matériellement acquitter les fondations comme ses prédécesseurs l’avaient fait. Depuis longtemps, plus aucune fondation n’avait été instaurée et celles qui fonctionnaient encore jusqu’en 1983 sont désormais caduques. Les fonds placés en rente ont sans doute été récupérés avec l’aval de la hiérarchie et versés au budget du conseil de fabrique.

Actuellement, des messes continuent à être célébrées aux intentions des défunts des familles.

Les familles doivent désormais s’adresser au prêtre qui inscrit les messes à célébrer et reçoit l’offrande préconisée par le diocèse (13 euros par messe en Moselle contre 15 dans le Bas-Rhin). Les familles ont pris l’habitude de faire célébrer les messes généralement non pas à une intention particulière, mais plutôt pour tous les membres défunts de la famille.


La date de célébration du service demandé ne peut plus être choisie par la famille, puisqu’une seule messe est célébrée par semaine à date fixe dans chaque paroisse de la communauté. De plus, le nombre de messes à dire dans une paroisse étant bien trop important pour un seul prêtre chargé d’un secteur paroissial, un certain nombre d’honoraires et d’intentions de messes sont confiés à d’autres prêtres dans le besoin.

Si jadis la messe était célébrée quotidiennement à une seule intention, aujourd’hui la messe de semaine est célébrée une fois par semaine dans chaque paroisse de la communauté pour plusieurs intentions. Pour la paroisse de Kalhausen, elle a lieu tous les jeudis matin à 9 H.
                   


      Jeudi 13/11/2014             09 H 00 :  Messe

                                           Familles DEHLINGER - DEHNE - CLEMMER
                                           Jean et Anne FREYERMUTH
                                           Guy DUCHE et sa fille Gisèle
                                           Adolphe et Josephine LENHARD et famille
                                           Défunts de familles RIMLINGER - SCHLEGEL
                                           Marcel PROSZENUCK, son fils Denis - famille WECKER
                                           Ames délaissées
                                           Denis AMANN - familles AMANN - RIMLINGER - SCHMITT - ZINS
                                           Marie-Louise et Dominique PONTELLO

 


Certaines familles ont pris l’habitude, après un décès, de faire célébrer mensuellement une messe à l’intention du défunt. Cette pratique se poursuit pendant quelques années, puis s’estompe peu à peu, comme le souvenir du défunt. Il est aussi possible de faire célébrer une neuvaine (9 messes consécutives pour une offrande de 130 euros) ou un trentain (30 messes consécutives pour 400 euros).

Certaines associations locales, notamment le SAHK (Syndicat arboricole et horticole de Kalhausen) et l’AHK (Association Historique de Kalhausen) font aussi célébrer des messes pour leurs membres défunts.

Bien que la tradition des fondations ait disparu de nos paroisses, il est toujours possible de fonder des messes "perpétuelles"  à l’intention des défunts. Certains diocèses (5), certaines paroisses (6) s’engagent à célébrer de tels services.

Le diocèse de Metz ne parle pas sur son site de fondations de messes, mais accepte des dons et des legs. (www.metz.catholique.fr)
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5) Le diocèse de Cambrai édite un formulaire pour la constitution d’une fondation de messes.  (Cliquer pour accéder au formulaire)

6) Deux exemples trouvés sur le net :

- Pour une offrande de 600 Francs suisses, la paroisse Saint Laurent de Fribourg s’engage à célébrer une messe annuelle à la date choisie par la famille pendant 25 ans. (www.up-st-laurent.ch)

- La paroisse Sainte Rita de Nice accepte des offrandes de messes (16 euros la messe, 165 euros la neuvaine et 560 euros le trentain). Si l’on inscrit une personne à la Fondation des messes perpétuelles quotidiennes, une messe sera célébrée tous les matins à la chapelle à l’intention de toutes les personnes inscrites, vivantes ou défuntes (tarif 610 euros).

La Fondation des Messes perpétuelles et quotidiennes est une Fondation érigée en conformité aux dispositions du Droit Canon (Can.1303). Les Oblats
de la Vierge Marie s’engagent à célébrer, chaque jour et à perpétuité, une Eucharistie à l’intention de toutes les personnes inscrites, vivantes ou décédées
(à 7h30 en semaine et à 9h le dimanche en la Chapelle Sainte Rita à Nice, France).

(www.sainte-rita.net)

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3. Quelques fondations particulières

La fondation Marie-Eve Dehlinger

Elle a été mise en place en 1843 par Marie-Eve Dehlinger, veuve de Frédéric Huder : cette dernière lègue à la fabrique un pré de 7,10 a, à charge de faire célébrer annuellement, le 24 décembre, une messe haute avec libera pour le repos de l’âme de son mari et pour elle-même.
La rente annuelle s’élève à 6 F.


Le pré en question, la fameuse parcelle 1379, se situe dans le "Rosengarten", un peu plus bas que le cimetière et se trouve être au centre d’un conflit qui oppose en 1900-1902 la commune de Kalhausen au curé de l’époque, l’abbé Albert, lors de la construction de la rue de la gare.
Pour le curé et le conseil de fabrique, il s’agit de garantir la fondation et ils craignent que la parcelle, du fait de son morcèlement par la nouvelle route, perde de sa valeur. Ils réclament en conséquence une indemnisation juste, mais qui est jugée trop élevée par la commune.


Le curé n’obtient pas gain de cause, pourtant la fondation reste assurée, même après la vente de la parcelle, en 1970, par le conseil de fabrique, à un particulier. Le capital est placé en titres de rentes à 5% et permet d’acquitter les charges de la fondation.

 


La fondation Barbe Pefferkorn

Le 7 novembre 1847, le conseil de fabrique prend connaissance d’une donation faite le 1er janvier par Barbe Pefferkorn.

Cette dernière, célibataire, née le 1 juillet 1795 de Henri Pefferkorn, cordonnier et de Catherine Reich, était la "servante" de l’ancien curé de Kalhausen, l’abbé Jacques Kirsch, décédé  le 25 septembre 1836.
Elle avait hérité par testament de la maison que le prêtre s’était fait construire dans la ruelle de l’école, "de Schùùlgàss". Cette maison est la demeure actuelle de Marie-Thérèse Pefferkorn. Une somme de 600 F (1 518 euros environ) ainsi que des meubles lui avaient aussi été légués.


Barbe Pefferkorn donne 1 000 F (2 530 euros) au conseil de fabrique, à charge pour ce dernier d’acquérir des titres de rente en vue de célébrer annuellement et à perpétuité l’octave des morts.

Une seconde donation de 480 F (1 214 euros) doit servir à faire dire chaque année et à perpétuité 4 messes hautes à son intention et à celle du curé défunt. En agissant ainsi, la fondatrice agit "conformément aux intentions de feu Monsieur Kirsch décédé curé de Kalhausen".

L’ordonnance royale du 15 octobre 1847 et l’ordonnance épiscopale du 25 octobre 1847 autorisent cette fondation et précisent son exécution :

- L’octave des morts consistera en la tenue des vêpres des morts suivies de la bénédiction du Saint Sacrement le jour des Trépassés (2 novembre) et
  les 7 jours suivants sans interruption.

- 3 sermons seront tenus après les vêpres des morts du lendemain des Trépassés (3 novembre) et les 2 jours suivants (4 et 5 novembre)
- 3 messes hautes de Requiem seront chantées aux 3 jours suivant les Trépassés (3, 4 et 5 novembre)
- 1 messe haute sera célébrée le jour de l’octave (10 novembre)
   Cette fondation rapporte annuellement au curé 28 F (70 euros), au chantre 8 F (20 euros) et à la fabrique 26 F (65 euros).
   (Séance du 7 novembre 1847)

La fondation Nicolas Mourer

Le 5 janvier 1855, le conseil de fabrique prend connaissance du testament établi le 8 janvier1850 devant maître Bazaille de Rohrbach par Nicolas Mourer, appelé "de Gàllemìller".

Nicolas Mourer (30/07/1781 - 7/10/1853), époux de Catherine Muller était jusque vers 1831, propriétaire du moulin de la Gallenmühle, situé non loin du village, sur le ruisseau d’Achen. Il lègue une somme de 3 000 F (7 590 euros), à charge de faire lire à perpétuité pour le donateur, 16 services avec vigiles et obsèques et de consacrer le reste de la somme à élever un autel en l’honneur de la sainte Vierge.

L’intention du donateur est de réserver la somme de 1 920 F (4 853 euros) pour des services religieux.

"Le testateur, ayant avant sa mort exprimé le désir d’avoir des messes avec exposition du Saint Sacrement les jeudis de l’année au lieu des services funèbres exprimés dans le testament, le conseil de fabrique émet le désir de voir se réaliser la vœu du testateur, s’il se peut, d’autant plus qu’il n’y a pas encore de messe de ce genre dans la paroisse.

L’épouse du testateur ayant demandé de conserver le capital et d’en payer les intérêts jusqu’à sa mort, époque à laquelle il serait transféré sur l’Etat,
le conseil de fabrique admet sa demande si l’autorité supérieure veut bien l’agréer".


Le décret impérial du 31 juillet 1855 autorise le conseil de fabrique à accepter le legs "aux charges, clauses et conditions imposées".

L’ordonnance épiscopale en date du 25 août 1857 approuve la fondation tout en la réduisant. "Attendu que la somme de dix-neuf cent vingt francs affectée à cette fondation est insuffisante pour assurer la rente nécessaire à l’acquit des charges imposées, nous réduisons celle-ci à treize messes hautes de requiem avec vigiles et obsèques".

Le fondateur souhaitait 10 messes à son intention, 4 en mémoire de sa mère Madeleine Mourer et 2 pour son épouse Catherine Muller.
Finalement, 11 messes seront célébrées à son intention, chaque 1er vendredi des 10 premiers mois de l’année et une le jour de la Saint Nicolas (fête du testateur).
Une messe sera dite le jour de la fête de sa mère (22 juillet) et la dernière le jour de la fête de son épouse (25 novembre).

Les honoraires du prêtre seront de 3 F par office et ceux du chantre de 1 F, le surplus étant destiné à la fabrique.

La fondation d’Hausen


Le 16 juillet 1860, le conseil prend connaissance d’une donation de 204 F (516 euros) faite le 11 juillet dernier devant maître Bazaille de Rohrbach, par Madame d’Hausen en vue de faire célébrer des messes basses à son intention.

Le conseil qualifie cette libéralité de "généreuse donation" et il l’accepte "avec beaucoup de reconnaissance".

Il s’agit de la veuve en secondes noces de Charles d’Hausen, née Elisabeth Lambert de Ballyhier, veuve du baron de l’Espée.

Charles d’Hausen, né le 10 mars 1799 à Weidesheim, décédé le 22 février 1853 à Paris et inhumé à Weidesheim le 4 mars, était juge au tribunal civil de Thionville. Il avait pris pour épouse Elisabeth Lambert de Ballyhier, le 11 janvier 1830.

Cette dernière, née le 25 décembre 1802 à Nancy, décédée le 27 septembre 1860 à Sarreguemines était veuve en premières noces du baron François Joseph de l’Espée, chef d’escadron de gendarmerie, né à Bar-le-Duc le 1er Décembre 1781, décédé à Metz le 25 février 1827. De leur union célébrée le 1er décembre 1821 étaient nés deux enfants, Marcien (1823-1896) et Berthe (1825-1827).
Malheureusement, la donation ne peut être approuvée définitivement par le conseil de fabrique, car la donatrice meurt prématurément en septembre de la même année.

Le 16 décembre 1860, le baron Marcien de l’Espée, refait une donation de 204 F par l’intermédiaire de son fondé de pouvoir, René Lherminier, ancien militaire, domicilié à Sarreguemines, pour remplacer la première, frappée de nullité. (Acte notarié passé le 9 novembre devant maître Boulanger, notaire à Sarreguemines).

Le décret impérial en date du 23 juillet 1861 et l’ordonnance épiscopale du 12 août de la même année approuvent la seconde donation. 2 messes basses des morts seront célébrées par semaine, à l’intention de la défunte, soit en la chapelle de Weidesheim, soit en l’église paroissiale de Kalhausen, sauf pendant la Semaine Sainte.

L’acceptation définitive de la donation a lieu entre le trésorier de la fabrique, Jacques Gross, et le fondé de pouvoir du baron de l’Espée, le 11 novembre 1861, en la demeure du trésorier, en présence du notaire, aux conditions prescrites par le donateur, soit 102 messes par an.


La fondation des quarante heures

Dans sa séance du 12 avril 1885, le conseil prend connaissance du testament établi par Jean-Pierre Metzger et Marie-Eve Dehlinger qui avaient souhaité de leur vivant voir établie à Kalhausen la dévotion des quarante heures et qui lèguent dans ce sens la somme de 4 000 F (9 480 euros environ).

Jean-Pierre Metzger (21/11/1814 - 6/09/1882) et Marie-Eve Dehlinger (15/09/1814 - 14/01/1885) sont un couple de laboureurs sans enfants. Il n’y a donc pas d’héritiers directs, mais la donation n’est pas acceptée par certains héritiers qui se montrent "récalcitrants pour verser ladite somme à la fabrique".
Jean Bruch,  légataire universel de Marie-Eve Dehlinger, prend alors sur lui de fournir à la fabrique un titre de rente de 80 F (189 euros) sur l’Alsace-Lorraine. (acte notarié du 6 février 1885)
Originaire de Zetting, Jean Bruch, laboureur et agent de la poste, a épousé Marie-Anne Muller, nièce de Marie-Eve Dehlinger.

La dévotion des quarante heures consiste en prières expiatoires faites à l’église, devant le Saint Sacrement exposé. Elles ont lieu pendant les trois jours qui précèdent le carême dans le but de "contre-balancer les divertissements criminels et d’apaiser, par des supplications la juste colère du Seigneur". Il s’agit du dimanche de la quinquagésime, du lundi et du mardi qui suivent.

Ces prières n’ont lieu que dans les circonstances graves où l’Eglise croit devoir faire au Seigneur, justement irrité, de solennelles réparations. Il s’agit ici de réparer, par des prières, les péchés commis pendant le carnaval par certains chrétiens.

Ces prières sont des messes avec bénédiction du Saint Sacrement, des saluts, des récitations du Pater et de l’Ave Maria, des adorations.

L’ordonnance épiscopale du 2 mai 1885 institue la dévotion des quarante heures de la façon suivante :

- 2 messes hautes avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement le lundi et le mardi de la quinquagésime à l’intention des fondateurs
- 3 saluts solennels également avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement, précédés du chant des complies
- 2 sermons donnés  soit à la messe, soit à l’office du soir, selon la convenance du curé.

Pendant les 3 jours, le Saint Sacrement sera exposé depuis le matin jusqu’au soir, après le salut, à condition qu’il y ait constamment, "par les soins du curé", au moins 2 adorateurs présents devant le Saint Sacrement.

La bénédiction aura lieu le matin, au moment de l’exposition, puis après la messe et enfin après le salut pendant lequel on chantera le Miserere, le Domine non secundum ainsi que les versets et oraisons d’usage.

Le curé est autorisé à publier l’indulgence plénière accordée pour la dévotion des quarante heures à tout fidèle présent aux prières des 40 heures.(7)
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7)   Pour l'indulgence plénière, dont l'obtention est limitée à une fois par jour, les fidèles doivent :

- avoir le désir de gagner l'indulgence,
- se détacher complètement du péché, même véniel,
- se confesser dans les vingt jours (avant ou après l'indulgence),
- communier le jour même préférablement,
- participer pleinement aux prières des 40 heures.

"L'Indulgence plénière est la rémission entière de toute la peine temporelle due au péché ; de sorte que si vous êtes assez heureux de la gagner dans toute sa plénitude, vous entrez dans le Ciel sans passer même par les flammes du Purgatoire : mais qu'il est rare de la gagner dans toute sa plénitude ! Il faut pour cet effet, non seulement être exempt de tout péché mortel, mais encore de tout péché véniel, mais encore de la moindre affection au péché véniel. Qui peut se flatter de se trouver dans cet heureux état ? Ce qui doit consoler dans cette incertitude, c'est que si on ne gagne pas l'Indulgence dans toute sa plénitude, on en gagne au moins une partie ; il faut donc à cet effet y apporter les plus grandes dispositions.
Si ces actions ne sont que partiellement remplies, ou que le fidèle n'a pas les dispositions du cœur requises, l'indulgence n'est que partielle".

Si un fidèle ne peut pas participer pleinement aux prières pendant les 3 jours pour une question de temps, de disponibilité, il peut toutefois prétendre à une indulgence partielle de 3 ans, s’il est présent au moins 1 heure devant le Saint Sacrement.

www.bmlisieux.com



Les honoraires sont fixés ainsi :

- le curé reçoit 4 F (9,50 euros environ) par messe, 2 F (4,70 euros) par salut et 10 F par sermon (27 ,30 euros)
- le chantre touche respectivement 1 F 20 (2,80 euros) et   0 F 80 1,90 euros).
- les enfants de chœur ont droit respectivement à 0 F 30 (0,70 euros) et 0 F 20 (0,50 euros).

Traduction du Miserere


Pitié pour moi, mon Dieu, dans Ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.
Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.
Contre Toi, et Toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Ainsi, Tu peux parler et montrer Ta justice, être juge et montrer Ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais Tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, Tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Fais que j’entende les chants et la fête : ils danseront, les os que Tu broyais.
Détourne Ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés.
Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de Ta face, ne me reprends pas Ton Esprit Saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera Ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera Ta louange.
Si j’offre un sacrifice, Tu n’en veux pas, Tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.
Alors Tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur Ton autel.

Traduction du Domine non secundum


Seigneur, ne nous traite pas selon les péchés que nous avons commis, et ne nous rends pas ce que méritent nos fautes.
Seigneur, ne te souviens pas de nos fautes passées; que ta miséricorde nous prévienne plutôt, car nous sommes devenus pauvres à l’extrême.
Aide-nous, Dieu notre sauveur, et pour la gloire de ton nom, Seigneur, délivre-nous, et pardonne-nous nos péchés pour la cause de ton nom.
fr.wikipedia.org

La fondation Agathe Gross

Le conseil de fabrique prend connaissance le 5 juillet 1885 de la volonté de constitution, par Agathe Gross, épouse de Nicolas Malmasson, d’une
rente de 32 Marks, soit 40 F (94 euros environ), pour faire célébrer 4 messes hautes avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement.

Nicolas Malmasson (20/01/1824 - 26/03/1897) était le fils de Joseph Malmasson, jardinier au château de Weidesheim et originaire de Haroué, près de Nancy. Il exerça également le métier de jardinier, puis s’installa à Kalhausen où il tint le restaurant du "Wélschebèrsch", plus tard restaurant Juving, puis Simonin. Nicolas Malmasson était maire de Kalhausen de 1877 à 1882.

Le conseil relève une ambigüité dans la démarche de la fondatrice : en effet, cette dernière se réserve, d’un côté, le droit de verser le capital nécessaire à constituer la rente quand bon lui semblera et d’un autre côté, elle accorde à la fabrique le droit de lui réclamer le capital.

Devant cette ambigüité, le conseil accepte provisoirement la libéralité d’Agathe Gross, à condition que le capital nécessaire pour la constitution de
 la rente soit versé à la fabrique après l’ordonnance épiscopale ou un titre de rente sur l’Etat équivalent à la somme de 32 Marks. Si, au contraire, la fondatrice prétend verser le capital quand bon lui semblera, alors "le conseil refuse la libéralité d’Agathe Gross comme ne possédant pas les qualités de stabilité voulue pour semblable donation".


L’ordonnance épiscopale est rendue le 1er septembre 1885 et il semble que tout soit rentré alors dans l’ordre.

La fondation Albertus

Le conseil de fabrique prend connaissance le 30 octobre 1895 d’un acte de constitution de rente sur l’Alsace-Lorraine d’une valeur de 66 Marks (195 euros), faite par l’abbé Jean-Pierre Albertus, curé de Breidenbach et originaire de Kalhausen.

Jean Albertus (19 mai 1847-) est le fils de Joseph Albertus, laboureur, né à Kalhausen le 8 septembre 1813, décédé le 25 janvier 1881 et de Anne Zins (10/03/1821-4/10/1879).

Le souhait du donateur est d’instituer dans sa paroisse d’origine 6 services religieux en honneur des 7 douleurs de Marie (8) et pour des défunts.
L’ordonnance épiscopale du 10 juillet 1898  prescrit

- une messe haute avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement en l’honneur des 7 douleurs de Marie, le jeudi avant le 3° dimanche de septembre
- le dimanche suivant, une adoration avec sermon et bénédiction
- 5 messes hautes avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement respectivement  pour Henri Hoffmann et Madeleine Grosz (le 2° ou 3° jeudi de janvier), pour Christophe Borsenberger, Louise Borsenberger et Christine Schutz (le jeudi avant ou après le 17 février), pour Adam Metzger (pendant l’octave de la Fête-Dieu), pour Henri Hoffmann et Madeleine Grosz (le jeudi avant ou après le 22 juillet), pour Joseph Albertus et Anne Zins (le 1er jeudi de février).

Le curé touchera 2 Marks (6 euros environ) par messe et 8 M (23 euros) par sermon, le chantre aura 0,64 M (1,80 euros) et les enfants de chœur 0,16M (0,50 euros)
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8) La dévotion des douleurs de Marie a été instaurée en souvenir des souffrances dites éprouvées par la Vierge et se fête le 15 septembre. Ces souffrances sont
la prophétie de Syméon sur l'Enfant Jésus. (Lc, 2, 34-35)
la fuite de la Sainte Famille en l'Égypte. (Mat, 2, 13-21)
la disparition de Jésus pendant trois jours au temple. (Lc, 2, 41-51)
la rencontre de Marie et Jésus sur le chemin vers la crucifiction. (Lc, 23, 27-31)
Marie contemplant la souffrance et le décès de Jésus sur la Croix. (Jn, 19, 25-27)
Marie accueille son fils mort dans ses bras lors de la Descente de croix. (Mat, 27, 57-59)
Marie abandonne le corps de son fils lors de la mise au tombeau. (Jn, 19, 40-42)

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Conclusion


Les fondations pieuses ont rempli leur double rôle, qui était d’une part de "s’acheter" une place au paradis, et d’autre part d’apporter quelques revenus supplémentaires au conseil de fabrique d’abord, au curé, au sacristain-chantre et aux enfants de chœur ensuite.

Mais sur un plan philosophique, le système des messes fondées rejoint celui de l’achat d’indulgences contre lequel s’était levé Luther et qui avait abouti à la Réforme protestante : comment peut-on expliquer que l’argent permette de s’acheter le paradis et que seuls les riches puissent alors être sauvés grâce à leurs dons ? Ne vaut-il pas mieux faire confiance en la grâce de Dieu qui peut nous sauver, bien plus que l’argent et les messes ? L’établissement des fondations a certes été une mode encouragée par les curés qui donnaient même l’exemple à leurs paroissiens.

Quelques "grosses" fondations sont à mettre au compte de personnes aisées, mais la plupart des fondations sont très modestes et proviennent de personnes qui se sont certainement privées pour arriver à faire ce genre de don.

Quoiqu’on puisse penser des fondations, le don fait par un particulier pour établir une fondation d’intérêt privé ou d’intérêt collectif fait partie en tout cas des dons pour les bonnes œuvres et ne saurait être délaissé par les chrétiens.


Octobre 2014
Gérard Kuffler

Sources

Registres des délibérations du conseil de fabrique de Kalhausen.

Archives Départementales
Nota :
Le taux de conversion retenu dans la première partie du 19° siècle est de 1 F pour 2,53 euros environ. Dans la seconde moitié, il est de 1 F pour 2,37 euros environ.
Pour la conversion des Marks en Francs, il a été retenu le taux de 1 M pour 1,25 F.
www.leparticulier.fr

Pour agrandir l'acte, cliquer sur la photo

                      


                               
                                                                                                                                                   
Acte notarié passé le 22 décembre 1858, devant Adolphe Bazaille, notaire à Rohrbach,
par le curé Nicolas Brunagel en vue d’instituer une fondation de 760 F en faveur de diverses personnes.




                     


                               
                                                            

     Arrêté préfectoral en date du 21 octobre 1858 autorisant le trésorier de la fabrique de l’église
      à accepter la donation de 220 F faite par Chrétien Muller de Puttelange.





                                                                                                                  

Avis donnés par le maire de la commune de résidence du curé Albertus et par le maire de la commune
de résidence de ses héritiers sur leur état financier.

Ces avis sont transmis à la Présidence de Metz en vue de l’arrêté autorisant la donation.

 "La mairie de Breidenbach atteste que la donation de la rente de 66 Marks, dont il est question,
a été effectuée volontairement par le curé Jean-Pierre Albertus et ne dépasse pas l’état de sa fortune.

Breidenbach, le 26 mars 1898
Le maire Kieffer

Le maire de Kalhausen atteste que les héritiers présomptifs de monsieur l’abbé Albertus
vivent dans des conditions suffisantes.

Kalhausen, le 7 avril 1898
Le maire Fabing"



                                                                                                                                                      

Autorisation de la Présidence de Metz en vue de l’acceptation par le conseil de fabrique
de la constitution d’une rente d’un montant de 9 Marks, par Anne Pefferkorn. (21 juin 1898)