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Les fondations pieuses
Sommaire
1. Les fondations en général
- La définition de la fondation
- La procédure d’établissement des fondations
- Le but des fondations
- Les bénéficiaires des fondations
- Les fondateurs
- Les charges des fondations
- Les honoraires pratiqués
- Les fonds nécessaires
2. Les fondations de la paroisse
- Avant 1847
- Réorganisation des fondations
- Après 1854
- L'affaire des titres de rente allemands
- Les fondations faites par les curés
- De nos jours
3. Quelques fondations particulières
- La fondation Marie-Eve Dehlinger
- La fondation Barbe Pefferkorn
- La fondation Nicolas Mourer
- La fondation d’Hausen
- La fondation des quarante heures
- La fondation Agathe Gross
- La fondation Albertus
Conclusion
___________________________________________
La coutume d’offrir des prières et
des sacrifices pour l’âme des parents défunts était déjà profondément
ancrée dans l’ancien judaïsme.
"C’est pour qu’ils fussent délivrés de leurs péchés qu’il offrit un sacrifice expiatoire pour les morts." (Macch.XII.45)
Cette coutume a été reprise par la
doctrine chrétienne qui déclare que par nos prières et par le sacrifice
de la messe, nous pouvons aider les âmes des défunts. En effet ces
dernières ont besoin des prières des vivants pour être entièrement
sauvées.
"Beaucoup
de ceux qui ont quitté cette vie ne sont ni assez mauvais pour être
indignes de miséricorde, ni assez bons pour avoir immédiatement droit à
la béatitude." (1)
Ces âmes qui ont besoin de la
prière et du soutien des vivants sont au purgatoire et espèrent être
délivrées de leurs souffrances et sauvées.
"Le
secours le plus précieux que nous puissions donner aux âmes, est sans
doute la messe, mais dans la mesure seulement où les défunts en ont eu
l’estime de leur vivant." (2)
Ainsi apparaît la donatio pro
anima, le don pour l’âme. Les fidèles donnent une certaine somme
d’argent à l’Eglise dans le but de faire célébrer des messes pour les
parents défunts et également pour le repos futur de leur propre âme.
En faisant un don matériel, les
fidèles espèrent non seulement venir en aide à leurs défunts, mais
aussi accumuler à leur propre profit, un trésor céleste, immatériel,
qui leur garantira la béatitude.
"Ne
vous amassez pas des richesses sur la terre où elles sont à la merci de
la rouille, des mites qui rongent, ou des cambrioleurs qui percent les
murs pour voler.
20
Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel, où il n'y a ni rouille,
ni mites qui rongent, ni cambrioleurs qui percent les murs pour voler.
(Matthieu 6 19-21)"
Les fondations se placent dans ce contexte de dons pour l’âme.
___________________
(1) Saint Augustin.
Euchiridion 29, 110 in Du don aux églises pour le salut de l’âme en
Occident. Eliana Magnani. Bulletin du centre d’études médiévales
d’Auxerre.
(2) Maria Simma Les âmes du purgatoire m’ont dit… Editions Christiana. Stein am Rhein
Cette mystique autrichienne
(1915-2004) a reçu pendant cinquante ans la visite d’âmes du
purgatoire. Elle donnait des conférences pour faire connaître les
souffrances des âmes du purgatoire et inciter ses auditeurs à faire
célébrer des messes pour elles, afin d’aider à les libérer de leurs
tourments et de leur permettre d’entrer au plus tôt dans la félicité
céleste.
http://Eschatologie.free.fr
__________________
1. Les fondations en général
La définition de la fondation
D’après le Littré (Dictionnaire de
la langue française), la fondation est un "fonds légué pour une œuvre
pieuse ou charitable ou louable d’une façon quelconque."
En d’autres mots, la fondation est
une donation (acte entre vifs) ou un legs (acte pour cause de mort)
d’un bien meuble ou immeuble ou d’une certaine somme d’argent dont le
revenu est affecté pour une durée assez longue à un but déterminé qu’on
appelle des charges.
Les fondations sont régies par le
droit canonique et soumises à l’autorité laïque (le préfet) et
ecclésiale (l’évêque). Elles sont établies dans un cadre juridique
strict.
La procédure d’établissement des fondations
La fondation trouve sa raison
d’être dans la volonté d’une ou de plusieurs personnes qui ont
manifesté de leur vivant le désir de faire un don à l’église de leur
paroisse. Ce désir se matérialise dans un acte notarié qui peut être un
testament ou, plus fréquemment, un acte de constitution d’une rente sur
l’Etat.
La personne fondatrice (celle qui
constitue la fondation) offre donc au conseil de fabrique (organisme
qui gère les biens matériels de la paroisse) une somme d’argent, un
bien (un terrain agricole) ou un titre de rente qu’elle a acquis grâce
à un apport de fonds auprès du notaire.
Dans un premier temps, le conseil
de fabrique, en réunion ordinaire (le dimanche de Quasimodo) ou en
réunion extraordinaire, prend connaissance de la libéralité consentie
par le fondateur. S’il juge la libéralité avantageuse pour lui, il
l’accepte provisoirement, sous conditions. Le trésorier sollicite
alors, auprès des autorités compétentes (préfecture et évêché),
l’autorisation d’accepter la donation.
Au vu de l’acte passé par le
donateur devant notaire, de la délibération du conseil de fabrique
acceptant provisoirement la donation, du budget de la paroisse,
de l’avis de l’évêché, du certificat de vie du donateur fourni
par la mairie et de l’avis donné par le maire sur la situation
financière du donateur et de ses héritiers présomptifs, la préfecture
autorise le trésorier du conseil de fabrique à accepter la donation.
Les services de l’évêché adressent
enfin une ordonnance épiscopale au conseil de fabrique : cette
ordonnance juge si la somme offerte par le donateur est suffisante pour
acquitter les charges et confirme les dates d’exécution des services
fondés.
Mais si les charges à acquitter
sont trop élevées (par exemple trop de messes demandées), les services
diocésains les réduisent, en se basant sur le barème diocésain des
honoraires de messes.
Le conseil de fabrique prend
connaissance de cette ordonnance qui est transcrite, tout comme
l’arrêté préfectoral, au registre des délibérations du conseil de
fabrique, en général par le curé, secrétaire de fait du conseil.
Cette ordonnance épiscopale régit la fondation et le conseil de fabrique est obligé de se plier à ses conditions.
Le conseil de fabrique accepte
alors définitivement la donation, par un acte notarié passé entre le
trésorier de la fabrique et le donateur, en présence de témoins.
La fondation
doit aussi être inscrite dans le tableau des fondations qui se
trouve à la sacristie, avec tous les détails qui se rapportent à elle,
à savoir :
- noms des personnes, qualités et demeure du fondateur
- noms des personnes pour lesquelles la fondation a été faite
- titre original de la fondation
- date de l’ordonnance épiscopale
- charges des services fondés
- jour(s) où ils doivent être acquittés
- capital du bien fondé
- rente ou revenus annuels
- noms, qualités et demeure des débiteurs
- rétributions fixées pour le curé, les enfants de chœur, le chantre et la fabrique
- page du registre contenant l’ordonnance épiscopale
En fin de compte, la fondation est
un acte officiel, encadré par les autorités de tutelle de la paroisse,
une sorte de contrat en bonne et due forme établi entre deux parties,
le fondateur et le conseil de fabrique, représenté par son trésorier.
Ne peut pas créer de fondation qui veut : la condition première est
bien sûr la solvabilité du donateur et de ses héritiers.
Ce contrat est signé pour une
longue durée : les services fondés doivent être exécutés "annuellement
et à perpétuité". Le conseil et le curé exécutent les fondations d’une
manière rigoureuse, d’autant plus qu’ils y trouvent une satisfaction
toute matérielle, non négligeable à cette époque.
Le but des fondations
Les fondations répondent au besoin
des fidèles d’assurer leur vie après la mort. L’idée de la damnation
éternelle en enfer ou des souffrances passagères au purgatoire est
entretenue par la doctrine chrétienne et elle hante sinon leur vie
terrestre, du moins leurs derniers instants. Ceux qui le peuvent
financièrement entreprennent de leur vivant de réserver une part de
leurs biens matériels – richesses terrestres- pour se constituer un
capital immatériel après leur mort – richesses célestes.
Il s’agit bien souvent de racheter
ses fautes terrestres, les péchés d’une vie et de se préparer une place
auprès du Sauveur. S’acheter une place au paradis, donner pour être
sauvé, voilà le principe des fondations.
Comme les fondations sont établies
à perpétuité, le fondateur a l’assurance que la communauté chrétienne
rassemblée autour du prêtre priera, chaque année, à un moment précis,
pour lui ou pour les personnes désignées dans la fondation.
Une fois que la fondation est
établie officiellement, c’est-à-dire agréée par le conseil de fabrique,
puis par l’Etat et l’Evêché, elle est définitive. De part sa nature,
elle doit être exécutée par le conseil de fabrique qui en tire un
avantage certain. Les dispositions de la fondation sont inviolables et
nul ne peut changer leur destination, ni divertir son revenu à d’autres
usages. La fondation est théoriquement toujours établie "annuellement
et à perpétuité".
Mais en réalité, la vérité est
souvent autre : parfois l’on ne recopie dans le tableau des fondations
que les noms des donateurs les plus importants ou ceux des fondateurs
dont les familles assurent toujours la mémoire.
Des capitaux mal placés sont
parfois perdus et les rentes ne sont plus suffisantes ou deviennent
inexistantes pour acquitter les charges imposées.
Des noms disparaissent ainsi dans
le tableau, à plus ou moins brève échéance et sont remplacés par
d’autres. Par là, des fondations disparaissent, alors qu’elles sont
sensées être perpétuelles.
L’Evêché a ainsi été amené à
intervenir en 1854, pour remettre de l’ordre dans les fondations
acquises à la paroisse de Kalhausen. Nous parlerons plus loin de cette
intervention.
Les bénéficiaires des fondations
La fondation peut être établie à
l’intention d’un parent du fondateur (le père, la mère, les enfants ou
un autre membre de la famille). En général, le bénéficiaire est déjà
décédé et il a, de son vivant, fait part de sa volonté de faire un don
à l’église. En quelque sorte, il a fait un testament oral, officieux,
et ses volontés pourront être exécutées par la descendance.
Un testament peut aussi avoir été
fait devant notaire, pour des sommes importantes. Le testateur est
alors sûr que ses volontés seront exécutées. Le notaire choisi est
souvent le plus proche, celui de Rohrbach (maître Bazaille, puis maître
Firmery), parfois celui de Sarre-Union (maître Stephany).
Le bénéficiaire peut encore être le
fondateur lui-même et la fondation est établie à son intention. Les
services seront célébrés de son vivant, à son intention, et plus tard,
pour le repos de son âme.
Quelques fondations ne sont pas
établies à une intention particulière, mais dans l’intérêt de toute la
communauté paroissiale : c’est le cas de la fondation de l’octave des
morts (voir plus loin la fondation Pefferkorn), de la fondation des
Quarante heures (voir la fondation Metzger) et de la fondation des 7
douleurs de Marie (voir la fondation Albertus). Deux de ces fondations
particulières ont été voulues par des prêtres.
Les fondateurs
Ce sont en général des habitants de
la paroisse, aisés ou moins aisés. Les personnes ayant peu de revenus
ou peu de fortune donnent le strict minimum nécessaire pour constituer
une rente annuelle de 8 F (20 euros environ) en 1865 ou de 9 Marks
(26,60 euros) en 1895 destinée à fonder une seule messe.
Les personnes plus aisées font des donations plus conséquentes et obtiennent plus de messes fondées.
Quelques fondations sont aussi le
fait de personnes originaires de la paroisse, mais qui ont déménagé et
passent le restant de leur vie ailleurs.
C’est le cas de Chrétien Muller,
rentier habitant Puttelange (donation de 220 F, soit 517 euros environ,
le 6 août 1858 devant le notaire Aubertin de Puttelange).
C’est aussi le cas d’Anne Victoire
Dehlinger, veuve de Mathias Metzger et concierge à Metz, qui offre un
titre de rente de 9 Marks le 18 novembre 1900 ou de Clémentine Pfister,
épouse de Frédéric Kremer, domiciliée à Strasbourg Koenigshoffen,
qui fait don d’un pré devant le notaire Heng.
Les charges des fondations
En général, les charges imposées
par les fondations répondent aux souhaits exprimés par les fondateurs,
à moins qu’elles n’aient été réduites par l’ordonnance épiscopale pour
insuffisance de revenus.
Ces charges se résument le plus
souvent à des messes: des messes hautes simples, des messes basses, des
messes des morts avec vigiles et libera,
des messes hautes avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement. (3) Mais elles peuvent aussi consister en des saluts, des sermons, des vêpres,
des complies. (4)
Les services religieux doivent se
tenir à l’église de la paroisse, pour que les vivants puissent
s’associer aux morts en union de prières.
Les dates de célébration sont
choisies par le fondateur et le plus souvent confirmées par
l’ordonnance épiscopale. Ce sont la plupart du temps les dates des
fêtes des bénéficiaires ou les anniversaires de leurs décès.
Certains jours de la semaine sont
ainsi réservés aux fondations : le jeudi et le vendredi. A noter que le
dimanche, la messe est dite "pro populo",
pour le peuple et qu’il ne saurait y avoir ce jour-là une messe
célébrée pour une intention particulière. Il en est de même pour
les principales fêtes
chrétiennes (Noël, Pâques, Toussaint).
Les messes fondées sont toujours
annoncées au sermon du dimanche qui précède leur célébration. En cas
d’empêchement du célébrant, le service est reporté à une date
ultérieure.
_____________________
(3) Une messe basse est un office simplement récité à voix basse par le célébrant (e Schdìllméss).
Autrefois, à Kalhausen, et jusqu’en 1983, la première messe du dimanche
était toujours une messe basse et avait lieu à 7 h 30.
La messe haute (e Hochòmt)
est une messe chantée par l’officiant, la chorale et les fidèles.
C’était le cas de la grand’messe du dimanche qui se tenait à 10 h. Aux
jours de fêtes religieuses, la grand’messe était dite "solennelle"
: l’église était particulièrement décorée par des tentures dans le
chœur, il y avait plus de servants d’autel et souvent la messe était
concélébrée avec d’autres prêtres qui tenaient les rôles du diacre et
sous-diacre. Cette messe concélébrée s’appelait "e Lévitteòmt".
La messe des morts ou messe de Requiem (e Doodeméss)
est un service funèbre célébré pour un défunt ou en mémoire d’une
personne décédée. En général, après la messe se déroulent les vigiles
des morts, qui sont des prières pour les défunts et l’absoute ou libera
qui est le dernier adieu ou la bénédiction du cercueil. On parle aussi
parfois de messe de requiem avec vigiles et obsèques. Pour la messe des
morts, le chœur était décoré de tentures noires.
La messe des morts établie par une
fondation se dit en mémoire d’une personne défunte, donc en l’absence
du cercueil. Dans ce cas, un catafalque, entouré de candélabres,
est placé dans l’allée centrale, devant le banc de communion et
il porte une caisse représentant le cercueil. Le tout est garni de
tentures noires.
(4) Le salut (de Sèèje)
est un office pendant lequel les fidèles adorent le Saint Sacrement
exposé dans l’ostensoir, au moyen de chants, de lectures, de prières. A
la fin de l’adoration, le prêtre donne la bénédiction du Saint
Sacrement en faisant le signe de croix sur les fidèles avec l’ostensoir.
Les vêpres (de Vèschber)
sont un office de l’après-midi, où l’on chante des psaumes, le
Magnificat et qui se termine par l’exposition du Saint Sacrement dans
l’ostensoir et la bénédiction du saint Sacrement.
Les complies sont un office du soir où l’on récite des psaumes et qui se termine par le Salve Regina.
___________________
Les honoraires pratiqués
L’ordonnance épiscopale fixe les
honoraires des personnes qui mettent les fondations en pratique, en se
basant sur un tarif diocésain en vigueur au moment de leur
établissement.
Ainsi le tarif diocésain, approuvé
par décret impérial en date du 6 août 1859, est le suivant pour une
messe haute avec exposition et bénédiction du
Saint Sacrement :
- célébrant : 4 F (valeur approximative actuelle 10,12 euros)
- chantre : 1F 20 (3 euros)
- enfants de chœur : 0F 30 (75 centimes)
Le surplus du revenu du capital
placé est acquis au conseil de fabrique pour couvrir les frais cultuels
tels que le pain, le vin, les luminaires,
les ornements.
En 1893, les honoraires sont les suivants :
- célébrant : 3 M 20 (9,50 euros environ)
- chantre : 1 M (3 euros)
- enfants de chœur : 0 M 24 (70 centimes)
Dans le cas où les charges sont
plus importantes que les revenus, l’ordonnance épiscopale réduit les
charges : réduction du nombre de messes hautes, réduction de la messe
haute en messe basse. Cette opération de réduction a pour but de ne pas
léser le conseil de fabrique (il ne faut pas qu’il soit déficitaire
dans l’exécution de la fondation), mais elle essaie toujours de
respecter, autant que faire se peut, les volontés du fondateur.
Les fonds nécessaires
Le fondateur peut faire donation au
conseil de fabrique d’une certaine somme d’argent, à charge pour ce
dernier d’acquérir une rente sur l’Etat. Ces sommes vont de 100 F à
4000 F (de 237 euros environ à 9480 euros actuels).
Autre cas, le fondateur fait
donation d’un bien immeuble, le plus souvent une terre cultivable ou un
pré. Le conseil loue alors ce bien à un particulier et encaisse un
loyer, ou bien il vend le bien et place le capital pour en tirer
une rente annuelle; le loyer ou la rente sert à acquitter les charges
de la fondation.
En 1912, Clémentine Pfister fait
don d’un pré situé dans le canton Schnèllhéck et d’une superficie de 34
a. Le conseil de fabrique estime le bien entre 400 Marks (1158 euros
environ) et 500 Marks (1480 euros) et considère que la rente obtenue
grâce à cette valeur est suffisante pour acquitter les charges
(une messe des morts avec vigiles et libera).
La volonté du conseil de fabrique,
au moins au 19° siècle et dans le première partie du 20° siècle est de
ne pas céder les biens immobiliers grevés d’une fondation. Son rôle est
ainsi de défendre l’intégrité du bien pour que la fondation continue à
être exécutée.
Ainsi, lors de la construction de la rue de la gare, au tout début du
20° siècle, le conseil de fabrique et le curé s’opposent fermement aux
autorités civiles sous le prétexte que la parcelle 1379 grevée d’une
fondation, mais dont une partie est nécessaire au projet, perdrait de
sa valeur et ne permettrait plus d’assurer pleinement la fondation (cf.
dossier relations maire-curé).
En 1971, le conseil de fabrique est
encore propriétaire de 17 parcelles situées sur les bans de Kalhausen
et d’Achen et représentant une superficie totale de 290,62 a.
Il vend en 1970 deux parcelles à
des particuliers (2,50 a section village et 3,10 a section Rosengarten)
aux prix respectifs de 600 F (618 euros) et 500 F (515 euros) l’are.
Ces terrains étant grevés de fondations, il décide de placer l’argent
résultant de la vente en valeurs sur l’Etat (titres de rentes à 5 %
avec revenu annuel de 220 F) (Séance du 4 octobre 1970).
Troisième cas, le plus fréquent, le
fondateur acquiert auprès du notaire un titre de rente sur l’Etat et
remet ce titre au conseil de fabrique. Ces rentes s’échelonnent entre 8
F (19 euros environ) et 80 F (189 euros) , puis, après 1870 entre 9
Marks (26,60 euros) et 66 Marks (195,50 euros).
Le taux de rapport d’une telle
rente (sur l’Etat ou après 1870 sur l’Alsace-Lorraine) est de 3%.
Ainsi pour un revenu annuel de 9 Marks en 1908, il faut placer une
somme de 300 Marks (888 euros). Ces 9 Marks servent à faire célébrer une messe haute avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement.
Sur cette somme, le total des honoraires versés par le conseil de
fabrique au curé, au chantre et aux enfants de chœur se monte à 4,44 M
(13 euros).
La différence entre ces honoraires
et la rente de 9 Marks est de 4,56 M, elle est acquise à la fabrique
pour couvrir les dépenses du culte (13,50 euros).
Pour l’année 1842, le revenu des
fondations se monte à 98,17 F pour le curé (248 euros environ) et 23 F
pour le chantre (58 euros). Ces sommes figurent dans la partie
"dépenses" du budget annuel du conseil de fabrique, car elles sont
payées au curé. (Séance de Quasimodo 1843).
En 1844, le revenu des 13
fondations établies représente 148 F (374 euros) sur un total de 832 F
de recettes (2104 euros), soit 17,78 % des produits du budget annuel.(Séance de Quasimodo 1844)
En 1850, les fondations rapportent
90 F au curé (227 euros environ), et 17 F au chantre (43 euros). Il
faut ajouter les revenus de la fondation Pefferkorn établie en 1847 (28
F pour le curé, soit environ 70 euros, et 8 F pour le chantre, soit 20
euros). Le conseil de fabrique encaisse 26 F (65 euros) pour la
fondation Pefferkorn.
En 1851, les fondations rapportent
en tout 136 F à la fabrique (cette somme, évaluée à 344 euros
environ, se trouve dans la partie "recettes").
Pour que la fondation puisse être
établie durablement, l’Evêché demande toujours au conseil de fabrique
de placer la somme léguée en rente sur l’Etat, ce qui est une valeur
sûre. Si elle est placée en rente sur particuliers, il demande une
garantie hypothécaire.
2. Les fondations de la paroisse
Avant 1847
Jusqu’en 1802, la paroisse de Kalhausen était une succursale de la paroisse-mère d’Achen, et desservie par un vicaire.
Un état descriptif de la chapelle
bâtie au centre du village, dressé par Cornélius Petri, curé d’Achen et
François Neuburger, vicaire, le 11 avril 1738, nous apprend que "le
produit des biens fondés à icelle se monte annuellement au-delà de
quatre-vingt livres, pour lesquels sont fondées quatre messes
solennelles, l’une le jour de St Florian, l’autre le jour de Ste
Agathe, les autres deux à l’honneur de la Ste Vierge."
Saint Florian (4 mai) est le patron principal de la chapelle, Sainte Agathe (5 février) en est la patronne secondaire.
Le 6 octobre 1803, un procès-verbal
de visite canonique, établi par l’archiprêtre Salzmann de Rohrbach,
note qu’il y a "deux messes basses et deux hautes messes avec vigiles
et obsèques fondées, dont on doit les arrérages depuis onze ans qui se
montent à cinq louis d’or, que le desservant tâchera de récupérer."
Une enquête diligentée par l’Evêché
le 18 octobre 1807 et à laquelle le curé Nicolas Kremer répond le 25
novembre suivant nous apprend que l’église
"n’a plus ni biens ni
rentes…Il existe une fondation pour l’acquit de deux messes
anniversaires avec vigiles qui rapportent en tout que 9 F et une autre
pour deux messes basses qui rapporte 3 F."
On ne sait pas plus sur ces
fondations. Le nom des donateurs, les dates d’établissement, le capital
placé et le montant de la rente sont inconnus.
Toujours est-il que le nombre des
fondations est peu important au début du fonctionnement de la paroisse,
mais ce nombre va rapidement progresser au cours du 19° siècle.
Le registre des délibérations du
conseil de fabrique en possession de la paroisse débute le 21 septembre
1842 avec l’entrée en fonction du curé Joseph Staub, nommé desservant
de Kalhausen le 17 septembre. (Séance du 21 septembre 1842)
L’exercice comptable 1843-1844,
approuvé par le conseil de fabrique laisse apparaître 148 F (350 euros
environ) de recettes des fondations et des dépenses pour les
fondations, acquittées au curé pour 98 F (248 euros) et au chantre pour
23 F (58 euros). (Séance de Quasimodo 1844)
Un état des fondations existantes,
dressé en 1853, énumère 28 fondations établies toutes au 19° siècle :
la plus ancienne date de 1816 et la plus récente de 1846.
Le capital placé de ces fondations
se monte à 5 581 F (14 119 euros environ) et les rentes servant à
acquitter les charges sont de 393,05 F (994 euros).
La première fondation inscrite au registre par le curé Staub est la fondation Barbe Pefferkorn. (7 novembre 1847)
Extrait de la délibération en date du 7 novembre 1847.
(Le texte est de la plume du curé Staub.)
Cliquer pour accéder au tableau retraçant l'état des fondations avant 1854
Réorganisation des fondations
Le curé Staub entreprend en
1846-1847 la construction de la nouvelle église paroissiale dédiée à
saint Florian, en remplacement de la chapelle qui se trouvait au centre
du village, pratiquement à l’emplacement de l’église actuelle.
Au cours de cette opération, il
prend quelques libertés dans la gestion des comptes de la paroisse,
comme trésorier de fait. Des irrégularités sont observées dans la
gestion et dans le fonctionnement du conseil suite à une enquête menée
sur ordre de l’évêché par l’archiprêtre de Rohrbach, accompagné du curé
Schmitt d’Etting. (17 janvier 1853)
Entre autres, les règles valables pour l’établissement et le maintien des fondations n’ont pas été scrupuleusement observées.
En conséquence, une ordonnance
épiscopale en date du 10 mars 1853 et un arrêté préfectoral donné le 25
mars réorganisent alors le conseil de fabrique. Un nouveau conseil se
réunit le 3 avril suivant.
Le 1er août, entre en fonction un nouveau curé, Nicolas Brunagel, nommé le 29 juillet.
L’abbé Staub a entre temps, sur la
demande de l’évêché, dressé un état des fondations existantes avec le
concours du conseil de fabrique (2 mai 1853) et il l’a transmis à Metz.
Sur cet état apparaissent deux
fondations dont les fondateurs sont inconnus, deux autres dont les
capitaux sont perdus et une dont le capital a été amputé de 200 F (506
euros), somme qui a servi pour la construction de l’église.
Le 30 mars 1854, l’évêché donne dans une ordonnance, sa réponse au sujet de l’état descriptif des fondations.
- Les fondations n° 1, 12, 23 et 24 continuent à être exécutées comme elles l’ont été jusqu’à présent.
- Les fondations n° 2, 3, 7, 8, 13, 16, 17, 18, 25, 26, 27 et 28 sont réduites.
- Les fondations
n° 4, 5, 6, 9, 10, 11, 14 et 15 sont et demeurent supprimées jusqu’à
leur régularisation canonique.
- Les fondations n° 19, 20, 21 et 22, dont les capitaux sont perdus sont supprimées définitivement.
Le conseil de fabrique est sommé de
rétablir dans leur état primitif les capitaux des fondations utilisés
indûment pour la construction de l’église.
"Pour établir entre les revenus
des fondations et les charges imposées un rapport plus exact", les
services diocésains réduisent ainsi 12 fondations : ils fixent
les services à célébrer, les dates et les honoraires à percevoir,
conformément à la circulaire du 20 mars 1847.
- Pour chaque
messe haute avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement, le curé
touchera 4 F (10 euros environ), le chantre 1 F 25 (3 euros) et la
fabrique 2 F 75 (7 euros).
- Pour chaque
messe haute avec vigiles et obsèques, le curé aura 6 F (15 euros), le
chantre 2 F (5 euros) et la fabrique 4 F (10 euros).
- Pour chaque
messe haute ordinaire, le curé percevra 3 F (7,50 euros), le chantre 1
F (2,50 euros) et la fabrique 2 F (5 euros)
- Pour chaque messe basse, le curé aura 1 F 50 (3,70 euros) et la fabrique 0 F 50 (1,26 euros).
En fin de compte, sur les 28
fondations existantes, 6 sont purement et simplement supprimées, 12
sont réduites ou jumelées, 8 autres sont autorisées sous conditions,
seules 4 sont considérées comme légales.
En supposant que le conseil de
fabrique ait régularisé la situation selon les prescriptions
épiscopales, 20 fondations subsistent sur les 28 répertoriées en 1853.
Cliquer pour accéder au tableau retraçant l'état des fondations réduites
Après 1854
Désormais les services épiscopaux
n’auront presque plus à intervenir, les prêtres successifs nommés à
Kalhausen se plieront aux règles d’établissement des fondations et tout
se fera dans la légalité.
Comme les sommes afférentes aux
fondations sont inscrites annuellement au budget de la fabrique en
recettes et charges, l’Evêché exerce un contrôle assez strict. Ainsi,
en 1901, lors de l’affaire de la parcelle 1379 grevée d’une fondation,
les fondations basées sur des immeubles sont passées à la loupe et les
autorités épiscopales démontrent au curé que les charges de ces
fondations au nombre de 4 sont plus importantes que les recettes.
Ainsi la fondation Jean-Pierre
Demmerlé devrait rapporter, selon le tarif diocésain en vigueur, 72 F
pour les 6 messes avec vigiles, les fondations Gross-Metzger devraient
rapporter 32 F pour 5 messes hautes ordinaires et une messe basse et la
fondation Marie-Eve Metzger devrait rapporter 6 F pour une messe haute
ordinaire.
Le total de ces recettes devrait s’élever à 110 F ou 88
Marks. Or, dans le budget figure une charge de 100 Marks qui
correspondent aux honoraires payés
au curé (88 Marks) et aux
contributions payées au fisc (12 Marks). Malheureusement les recettes
de ces fondations n’atteignent que 97,60 Marks. La fabrique a donc
perdu annuellement 2,40 Marks pendant la période 1881-1892.
"Quand la recette est en-dessous
de 97,60 Marks et la dépense pour les contributions d’épargne au moins
12 Marks, la perte annuelle augmente. Ainsi en 1893, à toucher 88 Marks
+ 19,38 Marks = 107,38 Marks
la fabrique a touché 80 Marks
la fabrique a perdu 27,38 Marks" (lettre du vicaire général en date du
17 septembre 1901)
Cette perte s’explique par le fait
que la fabrique paie les impôts fonciers et que les baux ruraux n’ont
plus été actualisés depuis longtemps. Le curé est alors invité à
adjuger la location des terres de la fabrique selon les lois en
vigueur, le 18 mars 1903. (lettre du vicaire général)
"Vous êtes invité à me communiquer
immédiatement
1°) le procès-verbal de la dernière adjudication des
terres et prés et le cahier des charges sur lequel l’adjudication est
basée
2°) une pièce signée par le trésorier où ce dernier rend compte
auprès de quels adjudicataires et à quelle époque il a fait les
démarches nécessaires pour préparer l’exécution de l’article 3 de
l’ordonnance du 23 septembre 1901 et auprès de quels adjudicataires il
n’a pas fait de démarche avant le 8 février 1903."
A partir de 1854 et jusqu’au départ de l’abbé Brunagel, en 1875, 12 nouvelles fondations sont établies.
Pendant la présence de l’abbé Pierron (1875-1890), 4 autres fondations se créent. Mais le record est battu pendant le
ministère de l’abbé Albert (1890-1945) avec 14 fondations
nouvelles, toutes mises en place avant 1912. Ensuite, il n’y a plus que 2 fondations en 1947.
Cliquer pour accéder au tableau retraçant l'état des fondations après 1854
L’affaire des titres de rente allemands
Après la première guerre mondiale,
les banques ont dû valoriser les titres allemands sur lesquels étaient
basées la plupart des fondations, c’est-à-dire les convertir en
Reichsmarks et les rembourser au fur et à mesure, par tirage au sort.
Les fabriques des églises d’Alsace-Moselle sont alors invitées par
leurs autorités épiscopales à répartir les titres remboursés sur les
fondations,
au fur et à mesure de leur valorisation, et à acheter de la
rente française à 3%. Des instructions sont données aux curés dans ce
sens.
Mais l’abbé Albert ne semble pas
disposé à suivre les instructions des autorités diocésaines et il fait
savoir à l’Evêché que les sommes remboursées jusqu’à présent sont
impossibles à répartir sur les fondations.
Le secrétaire de l’Evêché lui
répond le 16 avril 1929 :
"Monsieur le vicaire général ne comprend pas
votre remarque disant qu’il vous est impossible de faire la répartition
prescrite par Monseigneur, avant le versement complet des sommes dues
par l’Allemagne.
Monsieur le vicaire général s’est
rendu compte que cette répartition est relativement facile à faire pour
votre paroisse, vu qu’à part la fondation Borsenberger qui repose sur
deux titres de Rente d’Alsace-Lorraine (18,75 F et 3,75 F) et quelques
fonds reposant sur immeubles, toutes les fondations de Kalhouse
reposent sur titres allemands.
Monseigneur Siebert insiste donc pour
que vous fassiez la répartition dès maintenant, comme si aucun titre
n’était encore sorti au tirage.
Nous sommes prêts à vous aider dans
votre travail, si vous aviez trop de difficultés. Dans ce cas il
faudrait nous envoyer la liste exacte de vos fondations en nous
indiquant quelles sont celles qui reposent sur des terres."
Le 30 avril suivant, l’abbé Albert
remercie chaleureusement l’Evêché pour l’aide proposée, puis il
explique sa position: la fabrique n’a encaissé pour le moment que 6
428,12 F, moins les frais de valorisation qui se montent à 255 F, soit
en tout 6 173,12 F.
La fabrique a déjà acheté deux
rentes : l’une de 18 F à 3% pour un capital de 424,95 F et une autre de
300F, également à 3%, pour une somme de 6 840,65 F, au total 7265,60 F.
La fabrique doit encore toucher la
somme de 6 000 F, moins les frais se montant à 240 F et acheter
d’autres rentes pour la somme donc de 5 760 F.
"C’est alors seulement qu’il est possible de fixer exactement la rente qui revient à chaque titre de fondation."
Le 7 mai, le secrétariat épiscopal
lui répond :
"Votre manière de régler la question des fondations de
votre fabrique reposant sur titres allemands ne correspond pas
entièrement aux instructions de Monseigneur.
La première chose à faire est de
répartir les différentes fondations sur les 3 coupures de titres
allemands valorisés sans d’abord tenir compte du tirage…
Ainsi vous formerez 2 blocs de 200
et 1 bloc de 100 RM. Ensuite vous déterminerez, en tirant au sort,
lequel des 2 blocs de 200 RM doit correspondre au numéro 43 504 amorti
et remboursé.
Les 212,50 RM sortis au tirage et
remboursés ayant produit (après défalcation des frais de valorisation)
la somme de 6 173 F, c’est pour cette somme seulement qu’il
fallait acheter de la rente 3% et non pour 7265 F.
Sur les 318 F de rente 3% que vous
avez achetés, vous ne devez donc attribuer aux fondations reposant sur
les titres de 200 et 12,50 RM amortis qu’une rente correspondant à 6
173. A vous de calculer combien de rente cela doit vous donner puisque
vous connaissez sans doute le cours d’achat. Le reste de la rente est à
considérer comme argent libre de la fabrique.
Quand le deuxième titre de 200 RM
sortira au tirage, vous achèterez de la rente 3% avec le produit de
remboursement (après avoir défalqué le reste des frais de valorisation).
Quand vous aurez calculé la rente
française correspondant aux 6 173 F, comme il est dit ci-dessus, vous
n’aurez plus qu’à attribuer à chaque fondation reposant sur les deux
titres remboursés une portion de rente au prorata du capital en RM qui
était préalablement affecté à chacune de ces fondations."
Le curé n’a pas du tout l’intention
d’appliquer les consignes de ses supérieurs. Il se tient, comme dans
tous les dossiers qui l’ont opposé à la commune et déjà aux vicaires
généraux précédents, à ses convictions personnelles.
L’affaire des fondations ne
progresse pas : tant que le curé n’aura pas envoyé la liste des
fondations, l’Evêché ne lui retournera pas le récépissé des titres de
rente française adressés le 16 avril dernier.
L’Evêché note le 27 juillet
1930 qu’il n’a pas reçu de nouvelle lettre de la part du curé, depuis
le courrier ci-dessus parti le 7 mai 1929.
Il n’a pas l’intention de laisser traîner les choses et relance le curé le 26 mars 1931.
"Pour pouvoir terminer enfin la
question des fondations et vous délivrer un récépissé pour les 318 F de
rente française 3% déposés le 16 avril 1929, nous venons de dresser
nous-mêmes une liste détaillée de vos fondations avec mention des
capitaux resp. rentes primitifs…
Nous vous demandons simplement de
confronter notre liste avec vos données et nous signaler, sur feuille
séparée, les divergences que vous pourriez y constater…
Ces explications reçues, nous
ferons nous-mêmes la répartition des RM et de la rente française
achetée avec le produit de remboursement des 212,50 RM sortis au tirage.
Sur les 318 F de rente française que vous nous avez déposés, il y a :
-1° 270 F grevés de fondations. Nous
les attribuerons de préférence aux fondations d’intérêt général (Octave
des Morts, Quarante-Heures), puis aux fondations les plus récentes.
-2° 48 F non grevés. Si la fabrique
est consentante, on pourra les attribuer comme supplément à l’Octave
des Morts ou aux Quarante-Heures, les rentes actuelles étant loin
d’être suffisantes.
Veuillez bien, si possible, nous
répondre dans les huit jours. Nous avons hâte de liquider cette affaire
qui est en souffrance depuis plus de 2 ans."
Le curé prend son temps et répond à l’Evêché le 7 juillet.
"J’ai été bien aise de recevoir
votre concours pour le règlement des fondations. Après confrontation,
je n’ai pas trouvé de divergence avec mes données…
Je dois en outre vous rendre
attentif qu’il y a des familles qui sont prêtes soit à suppléer les
rentes, soit à réduire les fondations faites par elles. Pour l’Octave
des Morts et les Quarante-Heures j’espère trouver le capital pour
produire les rentes requises actuellement."
Le 18 juillet, le curé reçoit le document officiel de la répartition de la rente sur les fondations.
"Vous verrez dans les différentes
colonnes les valeurs qui appartiennent désormais aux fondations, soit
rente française nominative, rente française au porteur, rente sur
particulier, rente d’Alsace-Lorraine, immeubles, Reichsmarks non encore
amortis, 2 Goldmarks Rhein-Westphäl. Bodenbank…
L’acquit des fondations reposant
sur RM non encore amortis est provisoirement suspendu. Elles peuvent
être acquittées si les familles des donateurs ou la fabrique verse au
moins un montant correspondant au tarif actuel des messes manuelles
(messe basse : 5 F, messe haute : 10 F, messe avec exposition : 20 F) Nous vous prions de bien vouloir considérer cette répartition comme officielle."
Le dernier titre de 200 RM sort au
tirage en 1932 et chaque fondation reposant sur un titre allemand
repose désormais sur un capital en francs.
Par suite de la dévaluation de la
monnaie allemande, le capital ne suffit plus à produire la rente
nécessaire et suffisante pour acquitter les charges.
L’Evêché décide donc de réduire les
fondations et le curé est prié, le 12 juillet 1935, à "faire une
enquête pour savoir si les fondateurs ou leurs familles consentent à
fournir des suppléments permettant de maintenir les charges primitives…Seules les fondations pour lesquelles personne ne consent à
fournir un supplément pourront être réduites".
Le curé répond le 13 juin 1936 que "seules deux familles ont consenti à parfaire le capital pour l’une ou l’autre fondation".
En conclusion, la plupart des
fondations sont réduites à cette époque. Suite aux dévaluations
successives, les rentes seront encore réduites à l’avenir et les
fondations condamnées. Elles continuent cependant pour la plupart
d’entre elles à être exécutées jusqu’au décès de l’abbé Stab en 1983.
Fondations faites par les curés de la paroisse
Les prêtres montrent l’exemple et
financent également des fondations, soit pour des membres de leur
famille, soit pour des particuliers.
L’abbé Brunagel fait 5 donations d’un total de 960 F (2275 euros environ) pour créer 6 fondations :
- une donation de
200 F (474 euros environ) pour faire lire une messe haute de
requiem et une messe basse à l’intention de Adam Gross le vieux,
son
épouse Anne-Marie Sutter et leur fils Jean-Nicolas Gross (Séance du 4
octobre 1857)
- une donation de
360 F (853 euros) pour 2 messes hautes en faveur de Nicolas et Adam
Gross, une donation de 180 F (426 euros) pour une messe
haute à
l’intention de Charles Jung, son épouse Catherine Reich et leur fils
Jacques, une autre de 120 F (284 euros) pour une messe
haute en faveur
de Catherine Gross, épouse de Nicolas Mourer, une
dernière de 100 F (237 euros) pour une messe haute à l’intention de
Adam Gross,
son épouse Anne-Marie Sutter et leur fils Jean Nicolas
(Séance du 1er janvier 1859)
- enfin un titre
de rente de 8 F (19 euros environ) pour une messe avec exposition et
bénédiction du Saint Sacrement à son intention et plus tard pour
le
repos de son âme (Séance du 21 novembre 1875)
L’abbé Pierron constitue 2 fondations pour des rentes se montant à 38 F (90 euros) :
- la première
dotée d’une rente de 18 F (42,60 euros) sur l’Alsace-Lorraine pour 2
messes avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement à
son
intention (Séance du 12 avril 1885)
- la seconde
dotée d’une rente de 20 F, soit 16 Marks (47 euros) pour 2 messes pour
le repos de l’âme de Madeleine Gross et Catherine Gross
(Séance du 17
mars 1889)
Jean Baptiste Augustin Pierron.
Né à Knutange le 26 septembre 1845
Ordonné à Metz en 1869. Vicaire à Inglange de 1869 à 1875
Curé de Kalhausen de 1875 à 1890. Curé d’Ersdorf, de Moyeuvre-Petite
Décédé le 8 juin 1909.
|
L’abbé Michel Albert est à l’origine de 3 fondations pour des titres de rentes d’un total de 34 Marks :
- une rente de 16 M (47 euros) pour des services à l’intention de ses
parents Jean Albert et Marguerite Pierre, ainsi que pour Adam Hoffmann,
Catherine Muller et leurs enfants (Séance du 8 octobre 1893)
- une rente de 9
M (26,60 euros) pour une messe haute avec exposition et bénédiction du
Saint Sacrement à l’intention de Pierre Muller, cuisinier
au séminaire
de Metz et originaire de Kalhausen (Séance du 21 avril 1895)
- une rente de 9
M également pour une messe haute avec exposition et bénédiction du
Saint Sacrement à l’intention de Georges Jung, Anne Lauer
et
leurs enfants (Séance du 27 octobre 1895)
Michel Albert.
Né à Vahl – Ebersing le 6 septembre 1862
Ordonné à Metz le 17 juillet 1887.
Vicaire de Saint Vincent à Metz de 1887 à 1890.
Curé de Kalhausen de 1890 à 1945.
Expulsé à Nancy le 28 juillet 1941.
Revenu à Kalhausen le 25 mai 1945.
Décédé le 14 juin 1945
Le nombre total de fondations, si
l’on compte aussi les fondations existant avant 1854, date de leur
réorganisation et qui sont au nombre de 20, atteint un total de 52
fondations établies et toujours en vigueur après la guerre. Les
abbés Ichtertz (1945- 1971) et Stab (1971-1983) continuent d’exécuter
fidèlement les fondations comme leurs prédécesseurs l’avaient fait.
Nicolas Ichtertz.
Né à Bettviller le 16 février 1901
Ordonné à Metz le 18 juillet 1926
Vicaire de Saint Vincent à Metz de 1926 à 1929
Curé de Charleville-sous-Bois de 1929 à 1945
Curé de Kalhausen de 1945 à1971
Retiré à Bettviller
Décédé le 28 mai 1976
|
Antoine Stab.
Né à Hottviller le 9 septembre 1911
Ordonné à Chartres en juillet 1936
Curé de Beaumont-les-Autels (Eure et Loir)
Curé de Kalhausen de 1971 à 1983
Décédé le 1er janvier 1983
|
Cliquer pour accéder au calendrier des fondations 2015
Ce
calendrier (au format Pdf) de l’année 2015 donne un aperçu des
fondations telles qu’elles auraient pu être acquittées dans la paroisse.
Il n’y a pas de messe fondée le dimanche, ni les jours de fêtes
religieuses, à part pendant l’octave des morts et la quinquagésime
(début des prières des quarante heures).
Les 102 messes basses fondées par Elisabeth d’Hausen et célébrées à raison de deux par semaine ne sont pas comptabilisées.
En général, les fondations sont acquittées dans la seconde partie de la
semaine (mercredi, jeudi et vendredi), décision qui découle de
l’autorité épiscopale qui essaie d’encadrer la pratique.
Quand deux fondations tombent le même jour, l’une est soit avancée,
soit reculée et le prêtre en avertit les paroissiens lors du prêche du
dimanche précédent.
La totalité des services fondés se monte grosso modo à 97 pour un an,
ce qui signifie que pratiquement un quart de l’année est consacré aux
fondations.
De nos jours
Après le décès de l’abbé Stab, la
paroisse de Kalhausen rejoint le secteur paroissial regroupant les
paroisses d’Achen et d’Etting. Cette nouvelle communauté de paroisses
élargie reste confiée à l’abbé Jean Marie Zapp qui réorganise toute la
vie paroissiale locale et arrête l’exécution des fondations.
l’abbé Jean Marie Zapp
(photo Républicain Lorrain)
En charge désormais de plusieurs
paroisses, le prêtre ne peut plus matériellement acquitter les
fondations comme ses prédécesseurs l’avaient fait. Depuis longtemps,
plus aucune fondation n’avait été instaurée et celles qui
fonctionnaient encore jusqu’en 1983 sont désormais caduques. Les fonds
placés en rente ont sans doute été récupérés avec l’aval de la
hiérarchie et versés au budget du conseil de fabrique.
Actuellement, des messes continuent
à être célébrées aux intentions des défunts des familles.
Les familles
doivent désormais s’adresser au prêtre qui inscrit les messes à
célébrer et reçoit l’offrande préconisée par le diocèse (13 euros par
messe en Moselle contre 15 dans le Bas-Rhin). Les familles ont pris
l’habitude de faire célébrer les messes généralement non pas à une
intention particulière, mais plutôt pour tous les membres défunts de la
famille.
La date de célébration du service
demandé ne peut plus être choisie par la famille, puisqu’une seule
messe est célébrée par semaine à date fixe dans chaque paroisse de la
communauté. De plus, le nombre de messes à dire dans une paroisse étant
bien trop important pour un seul prêtre chargé d’un secteur paroissial,
un certain nombre d’honoraires et d’intentions de messes sont confiés à
d’autres prêtres dans le besoin.
Si jadis la messe était célébrée
quotidiennement à une seule intention, aujourd’hui la messe de semaine
est célébrée une fois par semaine dans chaque paroisse de la communauté
pour plusieurs intentions. Pour la paroisse de Kalhausen, elle a lieu
tous les jeudis matin à 9 H.
Jeudi
13/11/2014
09 H 00 : Messe
Familles DEHLINGER - DEHNE - CLEMMER
Jean et Anne FREYERMUTH
Guy DUCHE et sa fille Gisèle
Adolphe et Josephine LENHARD et famille
Défunts de familles RIMLINGER - SCHLEGEL
Marcel PROSZENUCK, son fils Denis - famille WECKER
Ames délaissées
Denis AMANN - familles AMANN - RIMLINGER - SCHMITT - ZINS
Marie-Louise et Dominique PONTELLO
|
Certaines familles ont pris
l’habitude, après un décès, de faire célébrer mensuellement une messe à
l’intention du défunt. Cette pratique se poursuit pendant quelques
années, puis s’estompe peu à peu, comme le souvenir du défunt. Il est
aussi possible de faire célébrer une neuvaine (9 messes consécutives
pour une offrande de 130 euros) ou un trentain (30 messes consécutives
pour 400 euros).
Certaines associations locales,
notamment le SAHK (Syndicat arboricole et horticole de Kalhausen) et
l’AHK (Association Historique de Kalhausen) font aussi célébrer des
messes pour leurs membres défunts.
Bien que la tradition des
fondations ait disparu de nos paroisses, il est toujours possible de
fonder des messes "perpétuelles" à l’intention des défunts.
Certains diocèses (5), certaines paroisses (6) s’engagent à célébrer de
tels services.
Le diocèse de Metz ne parle pas sur
son site de fondations de messes, mais accepte des dons et des legs.
(www.metz.catholique.fr)
_________________
5) Le diocèse de Cambrai édite un formulaire pour la constitution d’une fondation de messes. (Cliquer pour accéder au formulaire)
6) Deux exemples trouvés sur le net :
- Pour une offrande de 600 Francs
suisses, la paroisse Saint Laurent de Fribourg s’engage à célébrer une
messe annuelle à la date choisie par la famille pendant 25 ans.
(www.up-st-laurent.ch)
- La paroisse Sainte Rita de Nice
accepte des offrandes de messes (16 euros la messe, 165 euros la
neuvaine et 560 euros le trentain). Si l’on inscrit une personne à la
Fondation des messes perpétuelles quotidiennes, une messe sera célébrée
tous les matins à la chapelle à l’intention de toutes les personnes
inscrites, vivantes ou défuntes (tarif 610 euros).
La Fondation des Messes perpétuelles et quotidiennes est une Fondation
érigée en conformité aux dispositions du Droit Canon (Can.1303). Les
Oblats
de la Vierge Marie s’engagent à célébrer, chaque jour et à perpétuité,
une Eucharistie à l’intention de toutes les personnes inscrites,
vivantes ou décédées
(à 7h30 en semaine et à 9h le dimanche en la Chapelle Sainte Rita à Nice, France).
(www.sainte-rita.net)
_________________
3. Quelques fondations particulières
La fondation Marie-Eve Dehlinger
Elle a été mise en place en 1843
par Marie-Eve Dehlinger, veuve de Frédéric Huder : cette dernière lègue
à la fabrique un pré de 7,10 a, à charge de faire célébrer
annuellement, le 24 décembre, une messe haute avec libera pour le repos
de l’âme de son mari et pour elle-même.
La rente annuelle s’élève à 6 F.
Le pré en question, la fameuse
parcelle 1379, se situe dans le "Rosengarten", un peu plus bas que le
cimetière et se trouve être au centre d’un conflit qui oppose en
1900-1902 la commune de Kalhausen au curé de l’époque, l’abbé Albert,
lors de la construction de la rue de la gare.
Pour le curé et le
conseil de fabrique, il s’agit de garantir la fondation et ils
craignent que la parcelle, du fait de son morcèlement par la nouvelle
route, perde de sa valeur. Ils réclament en conséquence une
indemnisation juste, mais qui est jugée trop élevée par la commune.
Le curé n’obtient pas gain de
cause, pourtant la fondation reste assurée, même après la vente de la
parcelle, en 1970, par le conseil de fabrique, à un particulier. Le
capital est placé en titres de rentes à 5% et permet d’acquitter les
charges de la fondation.
La fondation Barbe Pefferkorn
Le 7 novembre 1847, le conseil de fabrique prend connaissance d’une donation faite le 1er janvier par Barbe Pefferkorn.
Cette dernière, célibataire, née le
1 juillet 1795 de Henri Pefferkorn, cordonnier et de Catherine Reich,
était la "servante" de l’ancien curé de Kalhausen, l’abbé Jacques
Kirsch, décédé le 25 septembre 1836.
Elle avait hérité par
testament de la maison que le prêtre s’était fait construire dans la
ruelle de l’école, "de Schùùlgàss". Cette maison est la demeure
actuelle de Marie-Thérèse Pefferkorn. Une somme de 600 F (1 518 euros
environ) ainsi que des meubles lui avaient aussi été légués.
Barbe Pefferkorn donne 1 000 F (2
530 euros) au conseil de fabrique, à charge pour ce dernier d’acquérir
des titres de rente en vue de célébrer annuellement et à perpétuité
l’octave des morts.
Une seconde donation de 480 F (1
214 euros) doit servir à faire dire chaque année et à perpétuité 4
messes hautes à son intention et à celle du curé défunt. En agissant
ainsi, la fondatrice agit "conformément aux intentions de feu Monsieur
Kirsch décédé curé de Kalhausen".
L’ordonnance royale du 15 octobre
1847 et l’ordonnance épiscopale du 25 octobre 1847 autorisent cette
fondation et précisent son exécution :
- L’octave des morts consistera en
la tenue des vêpres des morts suivies de la bénédiction du Saint
Sacrement le jour des Trépassés (2 novembre) et
les 7 jours suivants
sans interruption.
- 3 sermons seront tenus après les
vêpres des morts du lendemain des Trépassés (3 novembre) et les 2 jours
suivants (4 et 5 novembre)
- 3 messes hautes de Requiem seront chantées aux 3 jours suivant les Trépassés (3, 4 et 5 novembre)
- 1 messe haute sera célébrée le jour de l’octave (10 novembre)
Cette fondation rapporte annuellement au curé 28 F (70 euros), au chantre 8 F (20 euros) et à la fabrique 26 F (65 euros).
(Séance du 7 novembre 1847)
La fondation Nicolas Mourer
Le 5 janvier 1855, le conseil de
fabrique prend connaissance du testament établi le 8 janvier1850 devant
maître Bazaille de Rohrbach par Nicolas Mourer, appelé "de Gàllemìller".
Nicolas Mourer (30/07/1781 - 7/10/1853), époux de Catherine Muller
était jusque vers 1831, propriétaire du moulin de la Gallenmühle, situé
non loin du village, sur le ruisseau d’Achen. Il lègue une somme de 3
000 F (7 590 euros), à charge de faire lire à perpétuité pour le
donateur, 16 services avec vigiles et obsèques et de consacrer le reste
de la somme à élever un autel en l’honneur de la sainte Vierge.
L’intention du donateur est de réserver la somme de 1 920 F (4 853 euros) pour des services religieux.
"Le testateur, ayant avant sa mort
exprimé le désir d’avoir des messes avec exposition du Saint Sacrement
les jeudis de l’année au lieu des services funèbres exprimés dans le
testament, le conseil de fabrique émet le désir de voir se réaliser la
vœu du testateur, s’il se peut, d’autant plus qu’il n’y a pas encore de
messe de ce genre dans la paroisse.
L’épouse du testateur ayant demandé
de conserver le capital et d’en payer les intérêts jusqu’à sa mort,
époque à laquelle il serait transféré sur l’Etat,
le conseil de
fabrique admet sa demande si l’autorité supérieure veut bien l’agréer".
Le décret impérial du 31 juillet
1855 autorise le conseil de fabrique à accepter le legs "aux charges,
clauses et conditions imposées".
L’ordonnance épiscopale en date du
25 août 1857 approuve la fondation tout en la réduisant. "Attendu que la somme de dix-neuf cent vingt francs affectée à cette
fondation est insuffisante pour assurer la rente nécessaire à l’acquit
des charges imposées, nous réduisons celle-ci à treize messes hautes de
requiem avec vigiles et obsèques".
Le fondateur souhaitait 10 messes à
son intention, 4 en mémoire de sa mère Madeleine Mourer et 2 pour son
épouse Catherine Muller.
Finalement, 11 messes seront
célébrées à son intention, chaque 1er vendredi des 10 premiers mois de
l’année et une le jour de la Saint Nicolas (fête du testateur).
Une
messe sera dite le jour de la fête de sa mère (22 juillet) et la
dernière le jour de la fête de son épouse (25 novembre).
Les honoraires du prêtre seront de 3 F par office et ceux du chantre de 1 F, le surplus étant destiné à la fabrique.
La fondation d’Hausen
Le 16 juillet 1860, le conseil
prend connaissance d’une donation de 204 F (516 euros) faite le 11
juillet dernier devant maître Bazaille de Rohrbach, par Madame d’Hausen
en vue de faire célébrer des messes basses à son intention.
Le conseil qualifie cette libéralité de "généreuse donation" et il l’accepte "avec beaucoup de reconnaissance".
Il s’agit de la veuve en secondes noces de Charles d’Hausen, née Elisabeth Lambert de Ballyhier, veuve du baron de l’Espée.
Charles d’Hausen, né le 10 mars
1799 à Weidesheim, décédé le 22 février 1853 à Paris et inhumé à
Weidesheim le 4 mars, était juge au tribunal civil de Thionville. Il
avait pris pour épouse Elisabeth Lambert de Ballyhier, le 11 janvier
1830.
Cette dernière, née le 25 décembre
1802 à Nancy, décédée le 27 septembre 1860 à Sarreguemines était veuve
en premières noces du baron François Joseph de l’Espée, chef d’escadron
de gendarmerie, né à Bar-le-Duc le 1er Décembre 1781, décédé à Metz le
25 février 1827. De leur union célébrée le 1er décembre 1821 étaient
nés deux enfants, Marcien (1823-1896) et Berthe (1825-1827).
Malheureusement, la donation ne
peut être approuvée définitivement par le conseil de fabrique, car la
donatrice meurt prématurément en septembre de la même année.
Le 16 décembre 1860, le baron
Marcien de l’Espée, refait une donation de 204 F par l’intermédiaire de
son fondé de pouvoir, René Lherminier, ancien militaire, domicilié à
Sarreguemines, pour remplacer la première, frappée de nullité. (Acte
notarié passé le 9 novembre devant maître Boulanger, notaire à
Sarreguemines).
Le décret impérial en date du 23
juillet 1861 et l’ordonnance épiscopale du 12 août de la même année
approuvent la seconde donation. 2 messes basses des morts seront
célébrées par semaine, à l’intention de la défunte, soit en la chapelle
de Weidesheim, soit en l’église paroissiale de Kalhausen, sauf pendant
la Semaine Sainte.
L’acceptation définitive de la
donation a lieu entre le trésorier de la fabrique, Jacques Gross, et le
fondé de pouvoir du baron de l’Espée, le 11 novembre 1861, en la
demeure du trésorier, en présence du notaire, aux conditions prescrites
par le donateur, soit 102 messes par an.
La fondation des quarante heures
Dans sa séance du 12 avril 1885, le
conseil prend connaissance du testament établi par Jean-Pierre Metzger
et Marie-Eve Dehlinger qui avaient souhaité de leur vivant voir établie
à Kalhausen la dévotion des quarante heures et qui lèguent dans ce sens
la somme de 4 000 F (9 480 euros environ).
Jean-Pierre Metzger (21/11/1814 -
6/09/1882) et Marie-Eve Dehlinger (15/09/1814 - 14/01/1885) sont un
couple de laboureurs sans enfants. Il n’y a donc pas d’héritiers
directs, mais la donation n’est pas acceptée par certains héritiers qui
se montrent "récalcitrants pour verser ladite somme à la fabrique".
Jean Bruch, légataire
universel de Marie-Eve Dehlinger, prend alors sur lui de fournir à la
fabrique un titre de rente de 80 F (189 euros) sur l’Alsace-Lorraine.
(acte notarié du 6 février 1885)
Originaire de Zetting, Jean Bruch,
laboureur et agent de la poste, a épousé Marie-Anne Muller, nièce
de Marie-Eve Dehlinger.
La dévotion des quarante heures
consiste en prières expiatoires faites à l’église, devant le Saint
Sacrement exposé. Elles ont lieu pendant les trois jours qui précèdent
le carême dans le but de "contre-balancer les divertissements
criminels et d’apaiser, par des supplications la juste colère du
Seigneur". Il s’agit du dimanche de la quinquagésime, du lundi et du
mardi qui suivent.
Ces prières n’ont lieu que dans les
circonstances graves où l’Eglise croit devoir faire au Seigneur,
justement irrité, de solennelles réparations. Il s’agit ici de
réparer, par des prières, les péchés commis pendant le carnaval par
certains chrétiens.
Ces prières sont des messes avec
bénédiction du Saint Sacrement, des saluts, des récitations du Pater et
de l’Ave Maria, des adorations.
L’ordonnance épiscopale du 2 mai 1885 institue la dévotion des quarante heures de la façon suivante :
- 2 messes hautes
avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement le lundi et le mardi
de la quinquagésime à l’intention des fondateurs
- 3 saluts
solennels également avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement,
précédés du chant des complies
- 2 sermons donnés soit à la messe, soit à l’office du soir, selon la convenance du curé.
Pendant les 3 jours, le Saint
Sacrement sera exposé depuis le matin jusqu’au soir, après le salut, à
condition qu’il y ait constamment, "par les soins du curé", au moins
2 adorateurs présents devant le Saint Sacrement.
La bénédiction aura lieu le matin,
au moment de l’exposition, puis après la messe et enfin après le salut
pendant lequel on chantera le Miserere, le Domine non secundum
ainsi que les versets et oraisons d’usage.
Le curé est autorisé à publier
l’indulgence plénière accordée pour la dévotion des quarante heures à
tout fidèle présent aux prières des 40 heures.(7)
______________
7) Pour l'indulgence plénière, dont l'obtention est limitée à une fois par jour, les fidèles doivent :
- avoir le désir de gagner l'indulgence,
- se détacher complètement du péché, même véniel,
- se confesser dans les vingt jours (avant ou après l'indulgence),
- communier le jour même préférablement,
- participer pleinement aux prières des 40 heures.
"L'Indulgence plénière est la
rémission entière de toute la peine temporelle due au péché ; de sorte
que si vous êtes assez heureux de la gagner dans toute sa plénitude,
vous entrez dans le Ciel sans passer même par les flammes du Purgatoire
: mais qu'il est rare de la gagner dans toute sa plénitude ! Il faut
pour cet effet, non seulement être exempt de tout péché mortel, mais
encore de tout péché véniel, mais encore de la moindre affection au
péché véniel. Qui peut se flatter de se trouver dans cet heureux état ?
Ce qui doit consoler dans cette incertitude, c'est que si on ne gagne
pas l'Indulgence dans toute sa plénitude, on en gagne au moins une
partie ; il faut donc à cet effet y apporter les plus grandes
dispositions.
Si ces actions ne sont que
partiellement remplies, ou que le fidèle n'a pas les dispositions du
cœur requises, l'indulgence n'est que partielle".
Si un fidèle ne peut pas participer
pleinement aux prières pendant les 3 jours pour une question de temps,
de disponibilité, il peut toutefois prétendre à une indulgence
partielle de 3 ans, s’il est présent au moins 1 heure devant le
Saint Sacrement.
www.bmlisieux.com
Les honoraires sont fixés ainsi :
- le curé reçoit
4 F (9,50 euros environ) par messe, 2 F (4,70 euros) par salut et 10 F
par sermon (27 ,30 euros)
- le chantre touche respectivement 1 F 20 (2,80 euros) et 0 F 80 1,90 euros).
- les enfants de chœur ont droit respectivement à 0 F 30 (0,70 euros) et 0 F 20 (0,50 euros).
Traduction du Miserere
Pitié pour moi, mon Dieu, dans Ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.
Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.
Contre Toi, et Toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.
Ainsi, Tu peux parler et montrer Ta justice, être juge et montrer Ta victoire.
Moi, je suis né dans la faute, j’étais pécheur dès le sein de ma mère.
Mais Tu veux au fond de moi la vérité ; dans le secret, Tu m’apprends la sagesse.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Fais que j’entende les chants et la fête : ils danseront, les os que Tu broyais.
Détourne Ta face de mes fautes, enlève tous mes péchés.
Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de Ta face, ne me reprends pas Ton Esprit Saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.
Libère-moi du sang versé, Dieu, mon Dieu sauveur, et ma langue acclamera Ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera Ta louange.
Si j’offre un sacrifice, Tu n’en veux pas, Tu n’acceptes pas d’holocauste.
Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé.
Accorde à Sion le bonheur, relève les murs de Jérusalem.
Alors Tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur Ton autel.
Traduction du Domine non secundum
Seigneur, ne nous traite pas selon les péchés que nous avons commis, et ne nous rends pas ce que méritent nos fautes.
Seigneur, ne te souviens pas de nos
fautes passées; que ta miséricorde nous prévienne plutôt, car nous
sommes devenus pauvres à l’extrême.
Aide-nous, Dieu notre sauveur, et
pour la gloire de ton nom, Seigneur, délivre-nous, et pardonne-nous nos
péchés pour la cause de ton nom.
fr.wikipedia.org
La fondation Agathe Gross
Le conseil de fabrique prend
connaissance le 5 juillet 1885 de la volonté de constitution, par
Agathe Gross, épouse de Nicolas Malmasson, d’une
rente de 32 Marks,
soit 40 F (94 euros environ), pour faire célébrer 4 messes hautes avec
exposition et bénédiction du Saint Sacrement.
Nicolas Malmasson (20/01/1824 -
26/03/1897) était le fils de Joseph Malmasson, jardinier au château de
Weidesheim et originaire de Haroué, près de Nancy. Il exerça également
le métier de jardinier, puis s’installa à Kalhausen où il tint le
restaurant du "Wélschebèrsch", plus tard restaurant Juving, puis
Simonin. Nicolas Malmasson était maire de Kalhausen de 1877 à 1882.
Le conseil relève une ambigüité
dans la démarche de la fondatrice : en effet, cette dernière se
réserve, d’un côté, le droit de verser le capital nécessaire à
constituer la rente quand bon lui semblera et d’un autre côté, elle
accorde à la fabrique le droit de lui réclamer le capital.
Devant cette ambigüité, le conseil
accepte provisoirement la libéralité d’Agathe Gross, à condition que le
capital nécessaire pour la constitution de
la rente soit versé à la
fabrique après l’ordonnance épiscopale ou un titre de rente sur l’Etat
équivalent à la somme de 32 Marks. Si, au contraire, la fondatrice
prétend verser le capital quand bon lui semblera, alors "le conseil
refuse la libéralité d’Agathe Gross comme ne possédant pas les qualités
de stabilité voulue pour semblable donation".
L’ordonnance épiscopale est rendue le 1er septembre 1885 et il semble que tout soit rentré alors dans l’ordre.
La fondation Albertus
Le conseil de fabrique prend
connaissance le 30 octobre 1895 d’un acte de constitution de rente sur
l’Alsace-Lorraine d’une valeur de 66 Marks (195 euros), faite par
l’abbé Jean-Pierre Albertus, curé de Breidenbach et originaire de
Kalhausen.
Jean Albertus (19 mai 1847-) est le
fils de Joseph Albertus, laboureur, né à Kalhausen le 8 septembre 1813,
décédé le 25 janvier 1881 et de Anne Zins (10/03/1821-4/10/1879).
Le souhait du donateur est
d’instituer dans sa paroisse d’origine 6 services religieux en honneur
des 7 douleurs de Marie (8) et pour des défunts.
L’ordonnance épiscopale du 10 juillet 1898 prescrit
- une messe haute
avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement en l’honneur des 7
douleurs de Marie, le jeudi avant le 3° dimanche de septembre
- le dimanche suivant, une adoration avec sermon et bénédiction
- 5 messes hautes
avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement respectivement
pour Henri Hoffmann et Madeleine Grosz (le 2° ou 3° jeudi de janvier),
pour Christophe Borsenberger, Louise Borsenberger et Christine Schutz
(le jeudi avant ou après le 17 février), pour Adam Metzger (pendant
l’octave de la Fête-Dieu), pour Henri Hoffmann et Madeleine Grosz (le
jeudi avant ou après le 22 juillet), pour Joseph Albertus et Anne Zins
(le 1er jeudi de février).
Le curé touchera 2 Marks (6 euros
environ) par messe et 8 M (23 euros) par sermon, le chantre aura 0,64 M
(1,80 euros) et les enfants de chœur 0,16M (0,50 euros)
______________________
8) La dévotion des douleurs de
Marie a été instaurée en souvenir des souffrances dites éprouvées par
la Vierge et se fête le 15 septembre. Ces souffrances sont
la prophétie de Syméon sur l'Enfant Jésus. (Lc, 2, 34-35)
la fuite de la Sainte Famille en l'Égypte. (Mat, 2, 13-21)
la disparition de Jésus pendant trois jours au temple. (Lc, 2, 41-51)
la rencontre de Marie et Jésus sur le chemin vers la crucifiction. (Lc, 23, 27-31)
Marie contemplant la souffrance et le décès de Jésus sur la Croix. (Jn, 19, 25-27)
Marie accueille son fils mort dans ses bras lors de la Descente de croix. (Mat, 27, 57-59)
Marie abandonne le corps de son fils lors de la mise au tombeau. (Jn, 19, 40-42)
_________________
Conclusion
Les fondations pieuses ont rempli
leur double rôle, qui était d’une part de "s’acheter" une place au
paradis, et d’autre part d’apporter quelques revenus supplémentaires au
conseil de fabrique d’abord, au curé, au sacristain-chantre et aux
enfants de chœur ensuite.
Mais sur un plan philosophique, le
système des messes fondées rejoint celui de l’achat d’indulgences
contre lequel s’était levé Luther et qui avait abouti à la Réforme
protestante : comment peut-on expliquer que l’argent permette de
s’acheter le paradis et que seuls les riches puissent alors être sauvés
grâce à leurs dons ? Ne vaut-il pas mieux faire confiance en la grâce
de Dieu qui peut nous sauver, bien plus que l’argent et les messes ?
L’établissement des fondations a certes été une mode encouragée par les
curés qui donnaient même l’exemple à leurs paroissiens.
Quelques "grosses" fondations
sont à mettre au compte de personnes aisées, mais la plupart des
fondations sont très modestes et proviennent de personnes qui se sont
certainement privées pour arriver à faire ce genre de don.
Quoiqu’on puisse penser des
fondations, le don fait par un particulier pour établir une fondation
d’intérêt privé ou d’intérêt collectif fait partie en tout cas
des dons pour les bonnes œuvres et ne saurait être délaissé par les
chrétiens.
Octobre 2014
Gérard Kuffler
Sources
Registres des délibérations du conseil de fabrique de Kalhausen.
Archives Départementales
Nota :
Le taux de conversion retenu dans
la première partie du 19° siècle est de 1 F pour 2,53 euros environ.
Dans la seconde moitié, il est de 1 F pour 2,37 euros environ.
Pour la conversion des Marks en Francs, il a été retenu le taux de 1 M pour 1,25 F.
www.leparticulier.fr
Pour agrandir l'acte, cliquer sur la photo
Acte notarié passé le 22 décembre 1858, devant Adolphe Bazaille, notaire à Rohrbach,
par le curé Nicolas Brunagel en vue d’instituer une fondation de 760 F en faveur de diverses personnes.
Arrêté préfectoral en date du 21 octobre 1858 autorisant le trésorier de la fabrique de l’église
à accepter la donation de 220 F faite par Chrétien Muller de Puttelange.
Avis donnés par le maire de la commune de résidence du curé Albertus et par le maire de la commune
de résidence de ses héritiers sur leur état financier.
Ces avis sont transmis à la Présidence de Metz en vue de l’arrêté autorisant la donation.
"La mairie de Breidenbach atteste que la donation de la rente de 66 Marks, dont il est question,
a été effectuée volontairement par le curé Jean-Pierre Albertus et ne dépasse pas l’état de sa fortune.
Breidenbach, le 26 mars 1898
Le maire Kieffer
Le maire de Kalhausen atteste que les héritiers présomptifs de monsieur l’abbé Albertus
vivent dans des conditions suffisantes.
Kalhausen, le 7 avril 1898
Le maire Fabing"
Autorisation de la Présidence de Metz en vue de l’acceptation par le conseil de fabrique
de la constitution d’une rente d’un montant de 9 Marks, par Anne Pefferkorn. (21 juin 1898)